| Antoine Le Maistre est un célèbre avocat français, né à Paris le 2 mai 1608, mort à Port-Royal le 4 novembre 1658. Fils d'Isaac Le Maistre, maître des comptes, et de Catherine Arnauld, fille d'Antoine Arnault et soeur d'Arnauld d'Andilly, il fut élevé par son grand-père Antoine Arnauld, ses parents s'étant brouillés à cause de la conversion de son père à la religion réformée. - Antoine Le maistre (1608-1658). Il plaida dix ans au barreau de Paris, de 1628 à 1638, et y obtint le plus grand succès, rivalisant avec Patru. Ses plaidoyers, même à en juger d'après l'édition authentique de 1657, publiée par Issali, ne justifient pas tout à fait aux yeux de la postérité cette réputation; ils sont bourrés de citations des auteurs profanes et surtout des Pères de l'Eglise, mais la langue en est bonne. Le chancelier Séguier fit nommer Le Maistre conseiller d'Etat; mais bientôt l'influence de ses tantes Arnault et de Saint-Cyran le décida à renoncer au monde; il se retira à Port -Royal et fut un des membres les plus illustres de cette fameuse congrégation collaborant avec son frère, Pascal, etc. Ses restes ont été transportés à Saint-Etienne-du-Mont, après la destruction du couvent. Durant la seconde moitié de sa vie, il publia des ouvrages et des traductions ecclésiastiques: Vie de saint Bernard (sous le nom de Lamy; Paris, 1648, in-4), traductions de ce père, de saint Cyprien et de saint Jean Chrysostome; l'Aumône chrétienne (1658, 2 vol. in-12), etc. (A.-M. B.). | |
| Isaac-Louis Le Maistre, dit de Saci (anagramme d'Isac), théologien français, né à Paris le 29 mars 1613, mort le 4 janvier 1684, frère du précédent. Il fit de brillantes études littéraires au collège de Beauvais avec son oncle, Antoine Arnauld, plus âgé d'un an seulement, devint le disciple de Saint-Cyran et assista à la première dispersion de la congrégation de Port-Royal. Il leur resta complètement fidèle, mais ce ne fût que le 25 janvier 1650 qu'il se décida à prendre la prêtrise, sur les instances de Singlin. Il fut, dès lors, le principal directeur de conscience des pensionnaires de Port Royal. Il prit, une part active aux polémiques contre les jésuites, répondant à leur pamphlet, la Déroute et la Confession des jansénistes (décembre 1653), par une diatribe en vers d'un goût médiocre, les Enluminures du fameux almanach des jésuites intitulé le Déroute... (1654, in-4). La persécution de 1661 l'obligea à fuir et à se cacher à Paris; arrêté le 13 mai 1664, il fut enfermé à la Bastille jusqu'au 31 octobre 1668 et y traduisit l'Ancien Testament. Après une dizaine d'années de vie paisible à la tête des solitaires, il dut quitter de nouveau Port-Royal-des-Champs sur l'ordre de l'archevêque de Paris (1679) et acheva sa vie dans la maison de campagne de M. de Pomponne. Il fut enterré à Port-Royal-des-Champs. Le Maistre de Saci a publié de mauvaises traductions rimées du poème de saint Prosper contre les ingrats (1646), des fables de Phèdre (1647), de quelques comédies de Térence expurgées (1647). Ses traductions religieuses eurent un énorme retentissement: celle de l'Imitation de Jésus-Christ (sous le nom de Beuil, prieur de Saint-Val, 1662, in-8) aurait en 150 éditions; celle du Nouveau Testament, dit de Mons parce que les premières éditions portèrent cette indication d'ailleurs inexacte puisqu'elles furent imprimées par les Elzevier à Amsterdam (1667, 2 vol. in-8), fut rédigée par lui avec la collaboration d'Arnauld, Antoine Le Maistre, Nicole et le duc de Luynes; elle fut vivement attaquée, mais non condamnée; celle de la Bible (1672 et suiv., 32 vol. in-8), avec commentaires (rédigés par Saci jusqu'à la fin des Prophètes, par Huré jusqu'aux Actes des Apôtres, achevés par Huré et Beaubrun), paraît aujourd'hui bien faible et dénuée de critique. Saci ne savait guère que le latin et a traduit la Vulgate en consultant les notes de Vatable; il a souvent paraphrasé plus que traduit, édulcorant le style et la pensée trop rude des auteurs hébreux et grecs. Cette oeuvre n'en a pas moins été réimprimée un très grand nombre de fois; on cite l'édition de 1789-1804 en 12 vol. gr. in-8. Saci a encore laissé une traduction des Psaumes avec explication (1696, 3 vol. in-12) et des Lettres chrétiennes et spirituelles (1690, 2 vol. in-8). (A.-M. B.). |