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Les Ségusiaves
Les Ségusiaves (Segusiani, Segosianôn, Segusiavi) sont une population celtique occupant le bassin de la Loire depuis sa sortie du Velay jusqu'à la plaine de Marcigny et débordant, par delà les monts du Forez, jusqu'au confluent de la Saône et du Rhône. L'étymologie du nom de cette peuplade qu'Auguste Bernard a contribué à faire orthographier exactement (Segusiavi et non Segusiani) est fort discutée; la plus judicieuse, émise par d'Arbois de Jubainville et adoptée par Steyert, fait dériver le nom de Ségusiave de la racine indo-européenne' sigo-sigu, caractérisant les peuples habitant un lieu naturellement fortifié. Les Ségusiaves paraissent avoir vécu primitivement à l'état de population libre. On admet, qu'à la suite d'une révolution, opérée chez eux, les deux chefs Momor et Atepomar auraient fondé, sur une colline dominant la Saône, un oppidum, qu'à cause des présages qui signalèrent sa fondation on appela, s'il faut en croire Clitophon, Lugdunum, la colline des corbeaux. Strabon (IV, 1, 11) reconnaît formellement que Lyon est une ville des Ségusiaves. Puis, à une époque indéterminée, ils sont devenus les clients des Eduens. C'est sur leur territoire que César se porte pour combattre les Helvètes (De bell. Gall., 1, 10) ; après Gergovie, Vercingétorix lève des contingents sur eux, ainsi qu'à l'époque du siège d'Alésia (ibid., VII, 64 et 74). Mais ils paraissent avoir été d'assez peu farouches adversaires des Romains, si l'on en juge par la différence de traitement qui distingue, après la conquête, leur sort de celui des Eduens. Tandis que les Eduens sont des federati, c -à-d. réduits à un demi-vasselage, les Ségusiaves sont liberi,c.-à-d, jouissent du droit de cité complet (Pline, Hist. nat., IV, 32 [18]). 

Avant la conquête romaine, ils vivaient sans être réunis en bourgades, ayant seulement semé les rives escarpées de la Loire, depuis les frontières du pays éduen, jusqu'au point où le fleuve cesse d'être navigable, d'oppida et de mottes défensives. Citons celui du Crêt-Châtelard (commune de Saint-Marcel-de-Félines), en aval de Balbigny, et celui d'Essalois, en aval de Saint-Victor-sur-Loire : tous deux ont révélé, en même temps qu'une masse d'objets antiques, la présence de murailles en pierres maintenues par des poutres entrecroisées et des crosses en fer.

Après la réduction de la Gaule en province et la fondation de la colonie de Copia (Lyon), au confluent de la Saône et du Rhône, par L. Munatius Plancus, en 43 avant notre ère, ils formèrent la civitas Segusiavorum; ils furent au nombre des 60 cités associées au culte de l'autel de Rome et d'Auguste et eurent des duumvirs (inscription de Marclopt). On commence alors à leur connaître des villes : Mediolanum, diversement identifiée (ordinairement Amions; Miolans, commune des Olmes, d'après Vincent-Durand; Saint-Symphorien-sur-Coise, d'après Steyert); Feurs (Forum Segusiavorum; (Phoros Segousianôn), qui se développe à partir du règne de Tibère, avec un théâtre, d'abord de bois, puis de pierre (inscription de Tib. Cl. Capito), des corporations d'artisans (inscription de Feurs), une déesse indigène, la dea Segeta (inscription de Bussy-Albieux et le poids de Feurs au Louvre) et quatre grandes voies, dont deux furent usitées durant tout le Moyen âge, la voie Sayette, allant vers Roanne, et la voie Bolène, allant allant vers Usson (Icidmagus); Roanne (Roidomna, Rodumna), citée par Ptolémée et la Table de Peutinger; Moind, d'abord Nodonium, puis Aquae Segetae avec ses thermes et les ruines de son théâtre, et enfin Ariolica, totalement disparue aujourd'hui et vraisemblablement située sur les bords d'un ruisseau, qui a gardé son nom, l'Aruelhe, commune de Crozet, près de La Pacaudière. 

Le monnayage des Ségusiaves présente deux types. Le type le plus fréquent, imité de la monnaie de Marseille (au droit, tête barbare; à gauche, diadémée; au revers, quadrupède informe à queue relevée en S), est commun aux Eduens et aux Ségusiaves. Quelques numismates admettent que les types au diadème à quatre bandes appartiennent aux Ségusiaves en propre. L'autre type, qui daterait de l'époque comprise entre la réduction en province et le décret partageant le monnayage de l'empire entre Auguste et le Sénat, est représenté par un exemplaire en argent, aujourd'hui égaré. C'est, au droit, un buste casqué, imberbe; à droite, derrière, une lance légende SEGVSIAVS; au revers, Hercule, nu, debout, s'appuyant sur la jambe droite, il porte sur son bras gauche la peau du lion de Némée et tient une massue de la main droite; l'autre main, touchant Télesphore debout à sa gauche, sur une base : légende ARVS. Quant aux pièces à la légende SEGISV, la rareté des noms de lieux et de peuples sur les monnaies de la Celtique et du Belgium ne permet pas de l'attribuer aux Ségusiaves. (Maurice Dumoulin).

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