| Les Caristie sont une famille d'architectes français des XVIIIe et XIXe siècles. • Michel-Ange Caristie, le plus anciennement connu, était d'origine italienne et fut chargé, en 1709, par les jésuites, de la construction du collège d'Autun, vaste édifice qui, avec l'église Notre-Dame érigée cinquante ans plus tard mais sur un même plan d'ensemble, forme trois côtés d'une belle cour s'ouvrant à l'extrémité du Champ de Mars d'Autun. Appelé à Amiens, Michel-Ange Caristie y reconstruisit, de 1726 à 1732, l'église des Célestins dont il conçut le portail en s'inspirant de celui de l'église Saint-Gervais de Paris; mais cette église, convertie pendant la Révolution en palais de justice, a été détruite à la fin du XIXe siècle, lors de l'inauguration du nouveau palais de justice d'Amiens. • Auguste Caristie, fils du précédent, était architecte à Dijon vers la fin du XVIIIe siècle et y construisait les maisons des chanoines du chapitre, lorsqu'il fut appelé vers 1770, à Sergines, où il visita l'église dont la nef menaçait ruine et ensuite à Avallon où il se fixa et où il construisit l'Hôtel de ville et fit divers projets et devis pour la restauration de l'église collégiale de Saint-Lazare et de l'église paroissiale de Saint-Pierre, par la suite annexée à la première. • Auguste-Nicolas Caristie, fils et petit-fils des précédents, né à Avallon (Yonne) le 6 décembre 1783, mort à Paris le 5 décembre 1862. D'abord élève de son père, Auguste Caristie fut, de 1804 à 1807, attaché comme conducteur aux travaux du pont de l'Archevêché et du quai de la Baleine à Lyon, puis vint à Paris où il fut élève de Vaudoyer et de Percier et de l'Académie, suivit de 1811 à 1813, comme sous-inspecteur, les travaux de construction de l'Hôtel des postes (alors rue de Rivoli); il obtint en 1812 le prix départemental et, en 1813, le premier grand-prix sur un projet d'hôtel de ville pour une capitale. Pendant les sept années qu'il passa en Italie, de 1813 à 1820, Caristie dessina le Forum romain, la Voie sacrée et leurs monuments, entre autres le temple dit de Jupiter Stator; le Panthéon, les ruines de Pompéi et le fameux temple de Sérapis à Pouzzoles, édifice dont il étudia la restauration en 47 feuilles de dessin, accompagnées d'un mémoire. De retour à Paris, Auguste-Nicola Caristie fut attaché comme inspecteur aux travaux de la Bourse, fit divers projets : fontaine monumentale pour la place de Breteuil, église paroissiale pour Paris, presbytère pour la Madeleine (projet suivi d'exécution) et hôtel de préfecture pour Nevers; il fut chargé par le gouvernement de la restauration de l'arc de Marius à Orange et de la construction du mausolée et de la chapelle de Quiberon en souvenir des victimes de l'expédition de l'an IV. On doit encore à Caristie le palais de justice, la caserne de gendarmerie et la prison de Reims, ainsi que la restauration, pour le comte de Caraman, du portail d'entrée et de la chapelle du château d'Anet. Appelé en 1829 au conseil des Bâtiments civils comme inspecteur général, Caristie fut vice-président de ce conseil depuis 1846 jusqu'à sa mort et devint, en 1848, membre et plus tard vice-président du comité des Monuments historiques. Il avait été élu en 1840 membre de l'Institut, en remplacement de Huyot, et en 1842, membre honoraire de l'Institut royal des architectes britanniques. Caristie, qui avait obtenu plusieurs médailles au Salon et à l'Exposition universelle de 1855, avait été nommé chevalier de la Légion d'honneur dès 1829 et promu officier en 1852; en outre, il avait été appelé en 1859 à faire partie du conseil municipal de Paris. Mais une des fonctions qui lui tenait le plus à coeur était celle de membre du jury d'architecture de l'Ecole des beaux-arts, fonction à laquelle il avait été appelé en 1835, et, dès cette époque, il indiquait la nécessité de créer un enseignement commun aux trois arts : ainsi, disait-il, « les artistes peintres et sculpteurs sauraient assez d'architecture et les architectes sauraient dessiner et modeler ; ils auraient tous une langue commune », idée féconde qui, reprise par Eugène Guillaume et Paul Dubois, ne fut guère réalisée que tardivement. On doit à Caristie les ouvrages suivants : Plan et Coupe d'une partie du Forum romain et des Monuments de la Voie Sacrée (Paris, 1821, in-fol.); Monument destiné à honorer les Victimes de Quiberon (Paris, 1824, in-4); Notice sur l'état actuel de l'arc d'Orange et des théâtres antiques d'Arles et d'Orange (Paris, 1829, in-4); Monuments antiques à Orange, arc de triomphe et théâtre (Paris, 1856, gr. in-fol., 55 pl.). (Charles Lucas). | |