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Nevers
Nevers (Noviodunum, Nevirnum, Neberno, Nivernis) est une ville de France, chef-lieu du département de la Nièvre; à 236 kilomètres de Paris, sur le flanc d'une colline de la rive droite de la Loire, au confluent de la Nièvre, à l'origine d'un embranchement du canal latéral de la Loire. Population :  41 000 habitants. 
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Nevers.
Vue générale de Nevers. - Nevers se présente en léger amphithéâtre sur la rive droite de la Loire.

Histoire.
On identifie Nevers avec le castrum gaulois de Noviodunum dans lequel César, en l'an 52 av. J.-C., avait centralisé ses approvisionnements, la caisse de l'armée, ses chevaux, les otages que lui avaient livrés les peuples de la Gaule; les Eduens, ayant fait défection, s'emparèrent de Nevers, massacrèrent la garnison romaine et incendièrent la ville. Il n'est pas probable que Nevers fût comprise, comme on l'a cru, dans la cité des Eduens; cette ville était plutôt dans le territoire de la cité d'Auxerre, car l'évêché qui y fut établi à la fin du Ve siècle fut suffragant de l'archevêché de Sens. Le Nivernais faisait partie, au Ve siècle, du royaume des Burgondes; lors du partage de ce royaume entre les rois francs, en 534, le Nivernais fut attribué à Théodebert, et plus tard, en 561. englobé dans le royaume de Gontran.

En 1194, le comte Pierre de Courtenay fit des conventions avec ses bourgeois de Nevers, mais la charte qui fut dressée à cette occasion n'a pas été conservée; il est probable que le comte renonçait à certaines coutumes; l'existence de cet acte n'est attestée que par des lettres de Michel, archevêque de Sens, qui se porta garant de l'accord, comme l'avait fait déjà l'évêque de Nevers. 

En 1231, la comtesse Mahaut et son mari, Gui de Forez, accordèrent une charte de liberté à leurs bourgeois de Nevers, par laquelle ils renonçaient aux coutumes qu'ils prélevaient sur eux, se réservant toutefois le droit d'host et de chevauchée, et un cens, dont la répartition était faite par les représentants de la communauté; la procédure était réglementée, le tarif des amendes abaissé; de plus, les bourgeois devaient élire annuellement quatre d'entre eux (plus tard appelés échevins) pour régir leurs affaires communes et constituer un tribunal chargé de vider les différends entre bourgeois on juger les hommes qui auraient porté atteinte aux droits du comte; enfin, une sauvegarde était accordée aux étrangers qui pénétraient dans la ville et même sa banlieue, limitée par des croix. Ces franchises furent confirmées par le pape en 1245, puis par saint Louis, plus tard, en 1356, par le dauphin Charles et en 1549 par le duc François et enfin en 1566 par le duc Louis de Gonzague

Louis II, comte de Flandre, y institua un tribunal des grands-jours, en 1329. 

En 1747, un différend éclata entre les bourgeois et le duc de Nivernais, Jules-François Mancini, au sujet de l'élection des échevins, qui, porté devant le conseil d'Etat, fut tranché en faveur de la communauté. 

En 1376, l'Université d'Orléans fut momentanément transférée à Nevers. Pendant les guerres de religion, Nevers resta fidèle au roi; elle refusa son adhésion à la Ligue. A la suite de l'arrestation du prince de Condé en 1616, le duc Charles de Gonzague ayant pris les armes, la duchesse, sa femme, se retira à Nevers, qui fut assiégée par le maréchal de Montigny; la mort du maréchal d'Ancre étant survenue, la paix fut rétablie et le siège levé. Il y avait à Nevers, avant la Révolution, onze paroisses et treize communautés religieuses. 

Armoiries.
Les armoiries de Nevers sont : D'azur semé de billettes d'or, au lion de même, armé et lampassé de gueules, brochant sur le tout.

Monnaies.
Il y a eu un atelier monétaire à Nevers dès l'époque mérovingienne, mais qui paraît avoir été peu actif, car on ne connaît que deux tiers de sol d'or, dont l'un signé du monetarius Beroaldus, et l'autre d'un monétaire dont le nom n'a pas été déchiffré. On attribue hypothétiquement au même atelier un denier du roi Pépin, marqué des lettres NE. Des deniers et oboles de Charles le Chauve, de Charles le Gros, de Raoul et de Louis IV portent la légende Nevernis récitas et ses variantes. C'est probablement sous le règne de Louis IV que les comtes de Nevers enlevèrent complètement au pouvoir royal l'exploitation de l'atelier monétaire dont ils n'avaient, au IXe siècle, que la surveillance. Le nom de Louis IV resta inscrit sur les monnaies nivernaises jusqu'au milieu du XIIe siècle; le type s'immobilisa et se déforma; c'est ainsi que le mot rex, gravé dans le champ, se transforma, l'R en une faucille, l'E en un trait et trois globules; l'X en une croisette; ce type se modifia encore dans la seconde moitié du XIIe siècle; mais l'élément essentiel resta une faucille, accompagnée de diverses figures, par exemple, d'une étoile ou d'une fleur de lys sur les deniers d'Hervé de Donzy, d'un dauphin sur ceux de Gui de Forez, etc. Le comte Guillaume IV (1161-1168), le premier, inscrivit son nom sur les espères frappées dans son atelier de Nevers.

Pierre de Courtenay et la comtesse Agnès s'engagèrent, l'an 1188, pour eux et leurs successeurs, vis-à-vis de l'évêque, des abbés et barons du Nivernais, à faire de la monnaie au titre de 4 deniers d'argent fin (0,333) et à la taille de 16 sols 8 deniers de poids au marc de Troyes (c.-à-d. 1,223 g pour chaque denier) et à ne plus la changer; pour indemniser le comte de ce qu'il pouvait perdre à cet accord, on lui permit de lever, une fois seulement, 12 deniers par feu. Mais les successeurs de Pierre de Courtenay ne se firent pas faute d'abaisser le titre et le poids de leurs monnaies, ce qui donna lieu, de 1280 à 1347, à un long procès devant le Parlement entre l'évêque et le chapitre de Nevers, d'une part, et les comtes Robert de Béthune, puis Louis de Flandre, d'autre part. Le projet d'ordonnance royale de 1345 relative au monnayage seigneurial porte que les deniers du comte de Nevers doivent être au titre de 3 deniers 16 grains (0,306) argent le roi (argent à 23/24 de fin) et à la taille de 19 sols 6 deniers au marc de Paris (234 deniers au marc ou 1,0459 g pour un denier). L'an 1355, Louis de Male vendit au roi son droit de monnayage. Un atelier royal fut établi à Nevers dès 1419 ; on y frappa monnaie au nom de Charles VI, puis de Henri VI jusqu'en 1429.

Faïences.
La ville a également été connue dans l'histoire pour ses fabriques de faïences.

Monuments.
Nevers, avec des rues souvent escarpées, est bâtie en amphithéâtre sur une colline, au milieu de campagnes fertiles; fort pittoresque. Les principales curiosités sont :

Monuments romains.
Restes de l'enceinte romaine, derrière la mairie; cette enceinte renfermait la cathédrale, l'évêché, l'église Saint-Sauveur, le cloître de Saint-Cyr, le château et l'ancien courent des Récollets.

La cathédrale Saint-Cyr et sainte-Julitte.
Cette cathédrale s'élève sur l'emplacement d'une autre construite au IXe siècle, et qui avait elle-même succédé à une basilique consacrée à Saint Gervais et à Saint Protais. On a soutenu, sans beaucoup de vraisemblance, que deux piliers ronds situés au bas de la nef, et quelques pans de muraille de la chapelle Sainte-Julitte, mère de Saint Cyr, de Tarse, sont des vestiges de l'ancienne construction. La grande nef appartient au style gothique primitif, le choeur et trois chapelles absidales au style secondaire, les chapelles latérales et la tour, au style tertiaire. 

La cathédrale de Nevers est bâtie sur un plan qui n'a guère d'analogue en France; elle présente à ses deux extrémités deux grandes absides, dont l'une, celle de l'Ouest, forme le choeur, et l'autre, celle de l'Est, est consacrée à Sainte Julitte; par suite, les portes d'entrée sont rejetées sur les flancs de l'édifice. Le transept, qui est de la période romano-byzantine, n'est pas, comme dans les autres monuments de France, entre le choeur et la nef, mais au bas de celle-ci, ainsi qu'on le voit encore à l'église des Saints-Apôtres, à Cologne
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Nevers : une chapiteau de la cathédrale Saint-Cyr.
Chapiteau d'un pilier de la nef de la cathédrale de Nevers.

A l'extérieur, le monument présente un aspect grave et sévère. De deux tours qui avaient été élevées d'abord à l'occident, l'une a été brûlée; l'autre, construite de 1509 à 1528, et restaurée, a une hauteur de 52 m, depuis le sol jusqu'à l'appui de la balustrade découpée à jour. Elle est divisée sur sa hauteur en trois parties par des galeries à jour portant sur des corniches en encorbellement; les quatre angles en sont flanqués de tourelles, octogonales en commençant et hexagonales à leur sommet. La partie la plus rapprochée du sol est simplement recreusée de nervures; les faces de la partie intermédiaire offrent de grandes figures en demi-ronde bosse, recouvertes de riches dais; la partie supérieure est décorée de statues et de sculptures délicatement travaillées. 

L'intérieur de l'église, long de 110 m, se divise en 9 travées, dont 5 pour le choeur et 4 pour la nef. La perspective en est imposante; mais une partie des anciens vitraux a péri. On remarque, entre les ogives du triforium, des Anges figurés en relief. Les chapiteaux des colonnes montrent une étonnante variété de détails, empruntés au règne végétal. La comtesse Marie d'Albret et les dames de sa cour avaient fait, pour l'ornement du choeur, des tapisseries de haute lisse représentant le martyre de Saint Cyr. (B.).

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Nevers : cathédrale Saint-Cyr.
Cathédrale de Nevers.

Les autres monuments religieux.
Eglise romane Saint-Étienne, autrefois église d'un prieuré de Cluny, aujourd'hui paroissiale, construite entre 1063 et 1097; très simple de style; plan cruciforme avec chevet semi-circulaire flanqué de chapelles rayonnantes et de deux absides latérales; la nef, de six travées, voûtée en berceau; au-dessus des grandes arcades, tribune; les bas-côtés voûtés d'arête; l'abside voûtée en cul de four; au carré du transept, coupole; de la tour centrale, il ne reste que l'amorce ; les deux tours de la façade ont été abattues en 1792; il y avait en avant de la façade un porche dont on a retrouvé les substructions en 1894. Cette église a été restaurée au XIXe siècle sur les instances de Mérimée et de l'évêque Crosnier. Restes d'un cloître du XIIIe siècle.
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Nevers : l'église Saint-Etienne.
L'église Saint-Etienne.

Citons encore  : la porte latérale et débris de l'ancienne l'église romane Saint-Sauveur, tombée en 1838 (elle est voisine de la Loire et remonte au XIVe siècle); les restes de l'église Saint-Genest du XIIe siècle; l'église Saint-Laurent; il n'en reste qu'une abside du XIIe siècle; l'église Sainte-Marie.

 
Nevers : église Sainte-Marie.
L'église Sainte-Marie.
Nevers : la chapelle de la Visitation.
Façade de l'église Sainte-Marie.
Eglise Saint-Martin, ancienne chapelle de la Visitation, bâtie de 1639 à 1641, renfermant une chasuble et une mitre de saint François de Sales, confectionnées par sainte Jeanne de Chantal; c'est dans ce couvent que Gresset a placé la scène de son poème de Vert-Vert.

Eglise Saint-Père, célèbre par une statue de la reine Pédauque, au portail, ruinée en 1771, transférée dans l'ancienne chapelle des jésuites, bâtie en 1612.

Chapelle de Notre-Dame, du XIIe siècle, avec restes des bâtiments claustraux du XIIIe au XVIIe siècle. 

Chapelle Saint-Gildard; en partie du XIIIe siècle, comprise dans le couvent des soeurs dites dames de Nevers, où a vécu de 1860 à 1879 Bernadette, de Lourdes

Pignon du XIVe siècle du couvent des Cordeliers

Dans le faubourg de Mouesse, abside romane et pignon du XIIIe siècle, restes de la maladrerie de Saint-Lazare. 

Eglise des Minimes, démolie au XIXe s., la façade démontée et conservée. 

Chapelle de l'Oratoire, bâtie en 1680.

Evêché du XVIIIe siècle, salles souterraines du XIIIe siècle, chapelle du XVIe siècle.

Monuments civils.
Quelques restes des fortifications du Moyen âge et surtout la porte du Croux (ou de Crou), bâtie de 1393 à 1399, précédée d'un petit ouvrage de défense construit de 1417 à 1419 ; la porte du Croux renferme un musée archéologique, où sont déposés des stèles romaines, les chapiteaux romans de l'ancienne église de la Marche et ceux de l'église Saint-Martin et de l'église Saint-Sauveur, le tympan du portail de cette dernière église orné d'un Christ qui présente la clef à saint Pierre.
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Nevers : la porte de Croux.
La porte de Croux, à Nevers.

Le château ou palais des ducs du Nivernais, aujourd'hui palais de justice, long bâtiment à deux étages, flanqué aux angles du Nord de grosses tours rondes, et sur la façade méridionale de trois tourelles à pans, engagées, et de deux tourelles en encorbellement, commencé vers 1475 par Jean de Clamecy, comte de Nevers, achevé au cours du XVIe siècle par les ducs des maisons de Clèves et de Gonzague; la plus grande partie appartient au style de transition entre le gothique et la Renaissance; la tourelle centrale renferme l'escalier; elle est percée de fenêtres en spirale dont les soubassements sont ornés de bas-reliefs retraçant les origines légendaires de la famille de Clèves, et spécialement la légende du chevalier au cygne; ces bas-reliefs, mutilés à la Révolution, ont été refaits par le sculpteur Jouffroy. Les lucarnes de la façade sont de la seconde moitié du XVIe siècle. Au deuxième étage, le musée nivernais contenant des objets du Moyen âge et de la Renaissance, des émaux peints et une belle collection de faïences nivernaises
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Nevers : palais des ducs.
Palais ducal, à Nevers.

Devant le château, au milieu de parterres, bustes du poète-menuisier Adam Billault et du pamphlétaire Claude Tillier. 

Beffroi du XVe siècle. 

La Porte de Paris, arc de triomphe construit en 1746 en commémoration de la bataille de Fontenoy; inscriptions composées par Voltaire

Sur la Loire, pont de quinze arches, construit de 1826 à 1832. 

Quelques maisons du XVe au XVIIe siècle, notamment celle d'Adam Billaut, le menuisier poète du XVIIe siècle, surnommé le Virgile au rabot, ou maître Adam, dans la rue de la Parcheminerie.

Ils sont nés à Nevers...
Outre Adam Billaut , Nevers a vu naître notamment le procureur de la Commune, Chaumette, guillotiné en 1794, Bourdillon, maréchal de France et  l'ingénieur Vicat.

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Dictionnaire Villes et monuments
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