| Différentes opinions ont été émises sur l'origine du Panthéon de Rome, tel que cet édifice se présente encore aujourd'hui à l'admiration de tous. Une des plus accréditées, du moins jusqu'à la fin du XIXe siècle, était que, dans le voisinage de l'emplacement du Champ de Mars où M. V. Agrippa fit construire de vastes thermes, existait déjà une grande salle circulaire, couverte d'un dôme et décorée de sept grandes niches à l'intérieur, et de deux à l'extérieur, l'une à droite et l'autre à gauche de la porte d'entrée. Agrippa aurait fait, en l'an 25 avant notre ère, élever au-devant de cette salle le majestueux portique de huit colonnes corinthiennes surmontées d'un fronton et, deux siècles plus tard, Septime-Sévère et Caracalla auraient fait restaurer le portique d'Agrippa et modifier la décoration intérieure de la salle en plaçant des colonnes au-devant des grandes niches rectangulaires et circulaires et les petites colonnettes formant petites niches qui font saillie sur le mur circulaire. La figure ci-dessous indiquerait bien ces différentes transformations : à gauche, le demi-plan de l'état primitif; à droite, le demi-plan montrant le portique d'Agrippa et les remaniements intérieurs de Septime-Sévère et de Caracalla. Une autre version, assez plausible aussi, serait que le Panthéon ne fût autre que la grande salle même des thermes d'Agrippa, remaniée à une époque postérieure. - Plan du Panthéon de Rome. Quoi qu'il en soit, de ces hypothèses, un fort remarquable travail de Chédanne, accompli en 1893 comme envoi de pensionnaire de la villa Médicis, semble avoir fait la lumière sur les différentes transformations subies par le Panthéon. D'après Chédanne, qui eut la bonne fortune de pouvoir diriger quelques travaux de réparations à cet édifice et de faire faire les sondages nécessaires pour reconnaître les époques successives des remaniements qui y ont été apportés, la salle ronde, construction et décoration - cette dernière intimement liée à la première - remonterait seulement à l'époque de l'empereur Hadrien, ainsi qu'en témoignent les marques des briques employées en de nombreux endroits, et le portique, qui serait bien, comme le portent les inscriptions, du temps d'Agrippa, aurait été restauré par Septime-Sévère et, primitivement décastyle, c.-à-d. à dix colonnes, aurait été ramené à l'octostyle, c.-à-d. à huit colonnes, lors de la restauration par cet empereur. - Le Panthéon de Rome sur une gravure du XVIIe s. Remarquablement construit, le Panthéon a su résister aux injures du temps, et élève toujours dans l'air sa coupole ajourée d'un si puissant effet dans sa masse extérieure et dans son ensemble intérieur; mais il a cependant subi de nombreuses altérations. D'abord consacré à Jupiter Ultor, puis à Mars, à Vénus et à Jules César, enfin à tous les dieux, avant d'être dédié par le pape Boniface IV à Sainte Marie des Martyrs et par le pape Grégoire IV à Tous les Saints, le Panthéon a été dépouillé de ses riches ornements de bronze et des statues qui garnissaient ses niches intérieures par l'empereur Constant lI en 663; les groupes de statues qui représentaient dans son fronton la lutte des dieux et des géants ont été détruits; les poutres de bronze, qui supportaient la toiture du portique, ont été enlevées par ordre du pape Urbain VIII, et jetées à la fonte pour fournir le métal des colonnes du baldaquin de Saint-Pierre; enfin le temps a fait disparaître le revêtement de stuc et de terre cuite qui dissimulait à l'extérieur la construction de briques du corps de la rotonde. Mais, plus imposant peut-être aujourd'hui dans sa nudité, le Panthéon, dont la rotonde mesure 41,42 m de diamètre intérieur et dont le portique a 35 m de largeur sur 16 m de profondeur, est resté le type des édifices de ce genre et a inspiré, depuis vingt siècles, de fort nombreuses imitations qui sont loin, malheureusement, d'offrir aux regards sa majestueuse simplicité. (Charles Lucas). - A l'intérieur du panthéon d'Agrippa. Source : The World Factbook. | |