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Les Médicis

Les Médicis (Medici) sont une célèbre famille italienne, qui joua un rôle prépondérant dans l'histoire de Florence et de la Toscane. Les Medici étaient originaires du Mugello (haute vallée de Sieve, au Nord de Florence). C'était apparemment une de ces familles de propriétaires campagnards qui durent venir s'établir dans la ville et y firent le commerce. Dès le XIIIe siècle, ils étaient parmi les plus riches de Florence. Dans leurs armes ils portaient six palles ou globules rouges qui peut-être figurent des pilules et feraient alors allusion à la profession de médecins ou d'apothicaires exercée par les premiers Médici; mais cela n'est pas prouvé. Les généalogistes contèrent plus tard que le paladin Averardo de Médici, compagnon de Charlemagne, aurait obtenu ces armes à la suite d'une victoire sur le géant Mugello. Quoi qu'il en soit, ces palle devinrent le signe de ralliement des Medici dont les partisans furent appelés Palleschi. Ils se classaient dans le parti des Popolasi opposé à celui des Grandi.

Les premiers qui paraissent dans l'histoire sont :  Giovanni de Medici qui défit les Lombards devant Scarperia (dans le Mugello) en 1251; Ardingo qui fut prieur des métiers en 1291, gonfalonier en 1314. Son fils Francesco prit une part active à l'expulsion de Gautier de Brienne qui avait fait périr, en 1342, un de ses parents, Giovanni de Medici, auquel il imputait la perte de Lucques. Francesco fut mi des bourgeois chargés de rédiger la nouvelle constitution. Sa famille prit le parti des Ricci contre les Albizzi. En 1360, Bartolomeo de Medici tenta de renverser l'oligarchie, avec l'appui des arts moyens. En 1378, Silvestro ou Salvestro détermina par ses réformes le soulèvement des Ciompi. Après leur défaite, il fut banni.

La direction de la famille passa à ses parents Vieiri (mort en 1395), puis Giovanni di Bieci (1360-1429), fils d'Averardo. Exclu de la direction politique, il accrut beaucoup sa fortune par le commerce et finit par être appelé aux honneurs par les Albizzi eux-mêmes; il fut membre de la seigneurie en 1402, 1408, 1417, du conseil de guerre en 1414, gonfalonier de justice en 1421, réforma le cadastre. De sa femme Picardacri, il eut deux fils Cosimo (Cosme ou Côme) et Lorenzo (Laurent). L'ascendant de leur énorme fortune assurait le triomphe final des habiles banquiers; le prestige de ces financiers cosmopolites s'étendait à l'Europe entière. 
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Cosme de Médicis.

Cosme dit l'Ancien, né en 1389, mort le 1er août 1464, demeuré seul maître de la fortune paternelle par la mort de son frère, devint véritable dictateur de Florence.  Surnommè le Père de la patrie pour avoir nourri le peuple pendait une famine, succéda, en 1429, à son père Jean de Médicis dans la charge de gonfalonier de Florence, protégea les lettres, les sciences et les arts, fut exilé en 1433 par l'infuence des Albizzi, mais reprit, dès l'année suivante, une autorité presque absolue, dont il usa avec intelligence. Il fit acheter en Orient beaucoup de manuscrits précieux, éleva de nombreux monuments dans Florence, commença la bibliothèque dite Lanrentienne, et fonda une Académie pour l'enseignement de la philosophie platonicienne.

Son fils, le maladif Piero (né en 1416, mort le 3 décembre 1469), eut pour successeurs ses fils Lorenzo, né le 1er janvier 1449, mort le 8 avril 1492, et Giuliano. Ce dernier disparut le 26 avril 1478, assassiné dans la cathédrale par les Pazzi, mais son frère échappa.

Laurent le Magnifique fut un des acteurs-clés de la Renaissance. C'était un homme aimable mais résolu, diplomate habile qui consolida définitivement la puissance et la réputation des Medici. Son faste et ses munificences succédant à celles de son grand-père Cosme, faillirent le ruiner. Il n'échappa à la banqueroute qu'en y entraînant l'État, et, renonçant à la banque, plaça sa fortune en terres, transformation fréquente dans les évolutions des capitalistes qui acquièrent le pouvoir politique. Sa finesse d'esprit et son charme personnel séduisirent la plupart de ses contemporains. Il sut échapper aux dangers que lui créait la jalousie de la plupart des princes italiens. En 1466, Laurent a fait une tournée dans les diverses cours d'Italie; en 1469, il épouse Clarisse Orsini (morte en 1488); les prodigalités, multipliées surtout lors de son fameux voyage à Naples, par lequel il gagna son redoutable adversaire, le roi Ferdinand (1480), furent inspirées par des calculs politiques autant que par une magnificence de caractère. 

Réconcilié avec le Saint-Siège, il fait donner la pourpre cardinalice à son fils Jean (le futur Léon X) à peine âgé de treize ans (1489), après avoir marié sa fille Madeleine à François Cibo, fils du pape (1487). II achève sa vie dans sa campagne de Caneggi, pratiquant avec un éclat croissant le rôle de Mécène qui l'a immortalisé. Il en a été parlé ailleurs, ainsi que de ses collections, de sa fameuse bibliothèque Laurentienne. Lui-même fut un des plus remarquables écrivains de l'Italie. Pour l'élégance et la pureté du style, ses poésies sont incomparables. L'édition complète de ses oeuvres a été publiée par le grand-duc Léopold Il (Florence, 1826, 4 vol.). Les principales sont : Stanze bellissime (Pesaro, 1513); Poesie vulgare (Venise, 1554); Rime sacre (Florence, 1680). On cite: la Nencia da Barberino, joli poème en dialecte rustique, l'Ambra, poème descriptif, des Canti Carnascialeschi (chants du carnaval), une « chasse du faucon », un poème philosophique, des satires, un poème dramatique. Sans égaler Pétrarque dans les sonnets et canzoni, il est celui qui en a le plus approché, et se place au premier rang des écrivains de la Renaissance.

Il laissa trois fils Piero Il (né le 15 février 1471, mort le 28 décembre 1503), Giuliano II (né en 1478, mort le 17 mars 1516), Giovanni (Léon X), et quatre filles.
Pierre II (Piero), successeur de son père, banni par le mouvement populaire et théocratique au moment de l'invasion de Charles VIII, devint le protégé du roi de France et se noya dans la déroute du Garigliano.

Julien II  (Giuliano), fut ramené à Florence par les Espagnols en septembre 1512. L'année suivante, son frère devenait pape, mais Julien, doux et faible, dut abdiquer et se retirer à Rome. En 1515, il épousa Philiberte de Savoie, tante du roi de France, François Ier, qui lui donna le titre de duc de Nemours. Il mourut de la fièvre à Florence.

Laurent II, né le 13 septembre 1492, mort le 4 mai 1419, fils de Pierre II, fut créé duc d'Urbino par le pape, son oncle (1516), marié en 1518 à une princesse française, Madeleine de la Tour (fille de Jean III, comte d'Auvergne); il laissa gouverner sous son nom son secrétaire Goro Pistoia et mourut de la syphilis cinq jours après sa femme qui succomba en accouchant de la célèbre Catherine de Médicis, future reine de France. 

En lui et son oncle Léon X s'éteignit la descendance légitime masculine
de Cosme Ier Les Medici se perpétuèrent par des rejetons illégitimes. 

Jules, bâtard de Julien Ier, cardinal archevêque de Florence, gouverna la Toscane, avant de devenir pape, sous le nom de Clément VII. - Hippolyte, né à Urbin en 1514, mort à Itri le 13 août 1535, bâtard de Julien II, créé cardinal par son cousin Clément VII (1529), devint administrateur d'Avignon, vice-chancelier de l'Église, légat auprès de Charles-Quint; il essaya de faire assassiner son cousin Alexandre de Medici, lequel le fit empoisonner. Lui-même laissa un fils naturel, Asdrubal de Medici qui fut chevalier de Malte. - Alexandre, bâtard de l'esclave Anne, et de Laurent Il ou de Julien ou de Clément VII lui-même, né en 1510, assassiné à Florence le 6 janvier 1537, fut élevé sous la tutelle de son oncle ou père, le futur pape Clément VII, avec son cousin Hippolyte. Sous leur nom, le pouvoir était exercé par le cardinal de Cortoue Silvio Passerini et les cardinaux Cibo et Ridolf. Tous furent chassés en 1527. Alexandre devint alors duc de Penna, fut rétabli par Charles-Quint à condition d'épouser sa fille naturelle Marguerite (1531), et se fit proclamer duc de Florence. Ses crimes et ses débauches provoquèrent son assassinat par son cousin Lorenzino de Medici. Il est le fondateur du duché de Toscane, et le représentant de la branche aînée des Medici.
La branche cadette descendait de Lorenzo (Laurent), frère de Cosme. Mort en 1440, celui-ci eut, pour fils Pier-Francesco (mort en 1497), lequel eut deux fils :
Lorenzo, père de Pier-Francesco, père de Lorenzino, né en mars 1514, meurtrier du duc Alexandre et assassiné lui-même à Venise le 26 février 1548 par ordre de son cousin Cosme Ier de Toscane; 

Giovanni ou Jean, époux de Catherine Sforza; le fils de ce dernier, également appelé Jean (mort en 1526), fut un des plus fameux condottieres du XVIe siècle, chef des Bandes noires. Son fils, Cosme Ier, né le 11 juin 1519, mort le 21 avril 1574, fut accepté par Charles-Quint pour succéder au duc Alexandre. 

Cosme Ier, surnommé le Grand, fut un digne successeur de son homonyme et de Laurent le Magnifique. Il étendit leurs collections et musées d'antiquités, de statues, de tableaux, fonda une académie, s'adonna lui-même à la chimie et aux lettres, rédigea un Viaggio per l'alta Italia descritto da Fil. Pezzichi (éd. Moreni, Florence, 1828).
Son fils aîné, François Ier, duc de Toscane, né le 25 mars 1541, épousa Jeanne, soeur de l'empereur Maximilien II, puis la belle vénitienne Bianca Capello, avec laquelle il fut empoisonné (19 octobre 1587). Sa fille, Marie de Médicis, épousa Henri lV et fut reine régente de France. - Son frère, Ferdinand Ier, fut ensuite duc d  Toscane et eut à lutter contre un frère illégitime, don Pedro de Medici, général an service de Philippe II mort à Madrid le 25 avril 1604. - Un bâtard de Cosme Ier et de Éléonore des Albizzi, Jean de Médicis (1566-1621), fut ministre des ducs Ferdinand Ier et Cosme II, servit dans les armées espagnole et vénitienne. - Cosme Il, fils de Ferdinand Ier, né le 12 mai 1590, mort le 28 février 1621, eut pour successeur son aîné, Ferdinand II (1621-70), que remplaça Cosme IIII, né le 14 août 1642, mort le 31 octobre 1723. Le fils de celui-ci, Jean-Gaston, né le 24 mai 1671, mort le 9 juillet 1737, épuisé par les débauches, fut le dernier des Medici. A sa mort, le grand-duché de Toscane passa à la maison de Lorraine.
Le nom de Medici fut conservé toutefois par une lignée qui prétendit s'en être détachée au XIIIe siècle. Elle avait acquis, en 1567 la principauté d'Ottajano dans la Terre de Labour (Campanie). On en cite Don Louis de Medici, duc de Sarto, dit le chevalier de Médicis, né en 1760, mort à, Madrid le 25 janvier 1830. Le roi Ferdinand de Naples le nomma vice-président du conseil des finances, puis ministre, en succession d'Acton; le délégua au Congrès de Vienne où il négocia le traité secret, qui stipulait la restauration des Bourbons à Naples. Il géra habilement les finances, fut tour à tour ministre de la police (1815), des finances (1818), s'exila après la révolution militaire de Nola (1820), redevint ministre des finances en 1822, puis président du conseil, cumulant les finances, la police, les affaires étrangères. (A.-M. B.).


Jacques Heers, Le clan des Médicis, Comment Florence perdit ses libertés (1200-1500), Perrin, 2008. - La peinture violente et raffinée de la Renaissance italienne à travers l'exercice du pouvoir des Médicis à Florence. Dans cet ouvrage, Jaques Heers étudie les conflits politiques et la lutte pour le pouvoir qui se jouèrent à Florence. Type même de la cité " libre ", fleuron des arts et des lettres à la Renaissance, la ville va pendant plus de deux siècles se soumettre au pouvoir d'un tyran. A l'inverse de nombreuses autres cités italiennes, Florence n'est pas conquise par un capitaine victorieux, mais c'est volontairement qu'elle confie son avenir à un clan de simples citoyens. Longtemps obscurs, suffisamment habiles pour survivre aux convulsions d'une cité en proie aux pires désordres, les Médicis unissent leur destinée à celle de la ville. Se gardant des ambitions des princes et des capitaines d'aventure, Florence s'est elle-même asservie à l'un des siens. Cette période illustre également ce qui aujourd'hui semble incompréhensible et même choquant pour notre esprit. A savoir qu'une civilisation si brillante et si raffinée s'est éclose, maintenue et développée, non en un temps de paix et de concorde sociale, mais dans un climat de désordres, de massacres, de destructions et d'exils. 
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