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On a coutume de
partager l'histoire de l'art au XXe siècle
entre deux périodes, qui d'ailleurs débordent du siècle. La première,
que l'on fait commencer vers la fin du XIXe
siècle s'étend jusqu'à la Seconde guerre mondiale, c'est celle qui définit
l'art moderne. Cet art est essentiellement européen, même si les
Etats-Unis
commencent à subir son influence après le premier conflt mondial. La
seconde période, dans laquelle l'Amérique joue souvent un rôle prédominant,
commence au lendemain de la Seconde guerre mondiale et s'étend jusqu'Ã
nos jours : elle définit l'art contemporain. On considère
parfois que l'art moderne se prolonge jusqu'à la fin des années 1960.
La période qui suit est alors qualifiée de post-moderne.
Les artistes du XXe
siècle ont transformé les concepts traditionnels de l'esthétique, en
plaçant l'art dans une perspective qui n'est plus (uniquement) celle de
la recherche du beau, et encore moins celle d'une fidélité Ã
la "nature", mais en incluant d'une manière nouvelle, non seulement l'artiste,
dans un premier temps, mais aussi, et de plus en plus, le spectateur de
l'oeuvre et l'oeuvre elle-même dans un même processus : un dialogue dans
lequel la provocation, sans être un ingrédient indispensable, est souvent
présente. L'art est devenu un acte de communication.
L'art
moderne
L'invention de la photographie
a joué un rôle déterminant dans l'évolution de l'art à la fin du XIXe
siècle et dans l'appartition de l'art moderne. Alors que jusque là on
croyait (ou feingnait de croire) que l'objet de la peinture
et de la sculpture
était la représentation littérale du réel, la fidélité à la nature,
on constate avec la photographie que l'objectivité de la représentation
peut en principe exister d'un simple point de vue technique, mais qu'en
pratique il est impossible de faire abstraction de la subjectivité de
l'artiste. Même La photographie n'est pas un constat neutre du réel,
elle est le produit du regard du photographe : c'est aussi de l'art. VoilÃ
qui ne pouvait que questionner les peintres et sculpteurs sur la nature
de leurs oeuvres, sur les fonctions qu'elles remplissent, sur l'importance
du point de vue de l'artiste. L'art moderne se veut la réponse à ces
interrogations. Exploration et expérimentation seront ses
mots-clés.
Les oeuvres de Cézanne,
de Gauguin et de Van
Gogh préfigurent cette nouvelle approche de l'art. Chacun de
ces peintres entame déjà l'exploration de nouveaux territoires; ils recherchent
de nouveaux modes de représentation de l'espace, de la lumière, un nouvel
usage de la couleur et même de la peinture comme matière. La génération
suivante sera plus radicale. C'est celle d'artistes (principalement des
peintres), qui commencent à se faire connaître
dans les premières années du XXe siècle.
Il s'agit en particulier des Fauves (Chagall, Matisse, Vlaminck) qui font
leur apparition dans un Salon en 1905, des Expressionnistes (Ensor, Munch,
Soutine, Modigliani) et des tenants de l'Art nouveau (Klimt). On voit aussi
apparaître l'art abstrait, initié principalement par Kandinsky. Parallèlement
à ces courants se développe le mouvement cubiste,
avec Picasso, Braque, Léger, etc., qui lui même inspire une foule
d'écoles : Futuristes, Rayonnistes, Vorticistes, Néo-plasticiens, Suprématistes,
etc. (La peinture moderne).
Après la Première
Guerre mondiale, l'Art abstrait et le Cubisme (qui a connu une
nouvelle mutation sous la forme du Constructivisme) partagent la scène
de l'art avec de nouvelles tendances. En Allemagne,
le Bahaus de Walter Gropius, rassemble des architectes (Gropius lui-même),
des sculpteurs et des peintres (Kandinsky, Klee) et pose la problématique
des relations entres les différents arts. De leur côté, le Dadaïsme
puis le le Surréalisme (Arp, Duchamp, Dali, Magritte, etc.), dont le champ
dépasse les arts proprements dits en touchant également la littérature
(Breton, par exemple), installent le concept d'anti-art et définissent
durablement l'art comme un instrument de contestation sociale, mais aussi
comme un territoire d'expérimentation.
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Fresque
murale (passage des Patriarches, à Paris). ©
Photo : Serge Jodra, 2009.
L'art
contemporain
Alors que le cubisme et le surréalisme
continuent de représenter des composantes notables de l'art au lendemain
de la Seconde Guerre mondiale, on assiste aussi un essor considérable
de l'art abstrait. C'est, aux Etats-Unis,
l'Expressionnisme abstrait d'un Jackson Pollock (Action painting)
ou d'un Mark Rothko (Color Field painting), et en Europe,
un mouvement qui lui est parallèle et qui prend en France
le nom d'abstraction lyrique (Mathieu, Dubuffet, etc.).
Une mutation se produit dans les années
1960, avec le franchissement désormais systématiquement assumé des frontières
entre les différents arts. L'Art cinétique est ainsi représenté par
Calder et ses mobiles, par Vasarely, etc; l'art optique ou Op'art,
le prolonge à partir de la fin des années 1960. A la
même époque on commence à entendre parler, en vrac, du Land art,
de l'Art pauvre, ainsi que du Pop'Art, de l'Art conceptuel, du Minimalisme,
du Happening, du Performance art, etc. (La
peinture contemporaine).
La vogue de ses mouvements
n'aura qu'un temps, mais leur influence restera considérable jusqu'Ã
nos jours. Et curieusement, leur importance viendra de la réaction que
les uns suscitent et que les autres expriment. On discutera même de la
notion de modernisme, de là le terme de
post-modernisme
(lui même post-moderne ou, plutôt, post-structuraliste). Le temps
de l'exploration et de l'expérimentation est terminé. En peinture, par
exemple, la peinture devient secondaire; la notion même de beaux-arts
tombe dans l'obsolescence : on reprend le terme d'arts plastiques, qui
existait d'ailleurs déjà au XIXe siècle,
pour désigner les arts du dessin, où le dessin
peut être design, mais aussi seulement image, lumière, occupation
de l'espace ("installations"). Ce mouvement de dissolution ou de dislocation
des bases traditionnelles de l'art
ne traduit pas pour autant la fin de l'art, mais l'heure est venue pour
les artistes d'envisager l'art comme un système de signes, comme un langage,
dont la grammaire et le vocabulaire seraient désormais entièrement connus,
mais qui a encore à découvrir ce qu'il va servir à dire.
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Elisabeth
Couturier, L'art
contemporain : Mode d'emploi, Filipacchi , 2008. - Aujourd'hui,
l'art contemporain reste pour beaucoup impénétrable et énigmatique.
L'incroyable diversité de ses formes et de ses styles déboussole, effraie,
agace, mais ne laisse jamais indifférent ! Face à des oeuvres qui bousculent
les notions de beau et de laid tout en se jouant des notions d'éternité
et d'éphémère, il peut être facile de perdre pied... Ce guide original
et ludique fournit les clés et les repères nécessaires pour décrypter
les créations d'aujourd'hui et prendre plaisir à découvrir de nouveaux
horizons esthétiques. Un guide indispensable pour être de son temps et
savoir apprécier un art qui, loin d'être enfermé dans les musées et
les galeries, influence des domaines aussi divers que la mode, la publicité,
le cinéma, la littérature... (couv.).
Agata
Losantos, Daniela Santos, Urban
landscape, Loft publications, 2007. - Le
design urbain comprend l'apparence et la fonctionnalité des aires et infrastructures
publiques de nos villes. Les créateurs se sentent profondément concernés
par la façon dont ces espaces peuvent être vécus et utilisés et y prennent
de plus en plus en compte le développement à long terme et le bien-être
des communes Cet ouvrage montre les meilleurs interventions actuelles:
du jardin aux passerelles, ces créations rivalisent d'originalité quand
à leurs dimensions et matériaux, toujours dans le but d'offrir une grande
qualité de vie aux citadins du monde entier. (couv.).
Claire
Moulène, Art
contemporain et lien social,
Cercle d'Art, 2007.
Sensible
à un contexte particulièrement désenchanté, de déréliction de la
part du politique, et de disparition d'une certaine solidarité, certains
artistes contemporains oeuvrent aujourd'hui dans le sens d'une consolidation
du lien social. Ils activent l'échange direct, la réciprocité immédiate,
initiant de grands rassemblements ou créant de plus modestes structures
d'accueil. Ils préconisent une prise de conscience et une (auto)critique
sociale nécessaire à un "être ensemble" serein et constructif. D'autres,
refusant l'engagement direct au sein d'une pratique sociale, élaborent
des utopies qui interrogent et critiquent l'organisation sociale et son
lot de frustrations. (couv.).
Colette
Garraud, L'artiste
contemporain dans la nature, Hazan, 2007. - Consacré
à la création contemporaine européenne, dans les parcs, les jardins,
le long des sentiers, des berges, en plein champ ou au choeur des forêts,
cette enquête porte sur ces lieux d'art « naturels »ou «-semi-naturels
» et sur la place que tient l'idée de nature dans la motivation des artistes.
Elle est introduite par une présentation historique des notions telles
que earth art, land art, art environnemental. Dans sa première
partie, l'ouvrage décline thématiquement cette relation de l'art à la
nature. L'auteur y traite d'abord des différentes catégories de lieux
selon leur caractère, du « grand paysage » au parc urbain, leurs dimensions,
le degré d'intervention et d'appropriation par l'artiste qui peut en faire
son atelier ou son territoire privé. Sont recensés également les matériaux
utilisés (naturels ou artificiels, sans omettre le recours à l'immatérialité
du son et de la lumière), la question de l'échelle de l'objet dans sa
relation au site, les modalités de sa découverte par la marche, l'usage
de marqueurs, le déplacement (Wooden Boulder de David Nash) Les objets
de nature manipulés par les artistes se meuvent en effet sur une échelle
de temps qui, au regard de la temporalité humaine, touche aux extrêmes
(temps cosmique, temps géologique, temps cyclique de la vie végétale)
mais peut se clore sur des évènements éphémères.
L'insertion
de l'oeuvre dans un environnement naturel a profondément modifié les
rapports qu'elle entretient avec le temps. L'artiste (Richard Serra, par
exemple) sera amené tantôt à oeuvrer avec des temps longs, tels ceux
de la croissance végétale, tantôt confronté à la destruction rapide.
A cet égard, la ruine, traditionnel objet de méditation sur le temps,
fera dans l'ouvrage de multiples occurrences. Toutes les installations
empreintes, destinées parfois à disparaître, peuvent être pérennisées
et sorties de leur contexte par des prélèvements et par la photographie
(chez Richard Long, en particulier) qui en constituent souvent la seule
trace. La seconde partie de l'ouvrage propose une description topographique,
par sites, de quelques 70 lieux répertoriés en Europe : Espagne, Angleterre,
Irlande, Hollande, Islande, Danemark, Suède, Allemagne, France On y trouve
des oeuvres d'artistes aussi réputés que Abramovic, Karl Andre, Baugmarten,
Buren, Chillida; T. Cragg, I. Hamilton Finlay, Goldsworthy, Sol le Witt,
R. Long, Merz, Morellet, Morris, D. Nash, Parmiggiani, Penone, Poirier,
Raynaud, Sakis, R. Serra, Smithson, Venet, de Vries. (couv.). |
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