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La Terre en quelques mots
Vocabulaire de géographie physique

Les terres : îles et continents

En jetant les yeux sur un globe terrestre ou sur un planisphère, on est frappé d'abord de l'espace immense occupé par la masse d'eau continue nommée Océan, réceptacle de la plus grande partie des eaux du globe, dont elle couvre environ les trois quarts de la surface. Au milieu de l'Océan se montrent différentes portions de terres, toutes séparées les unes des autres. Ces parties de terres ainsi environnées d'eau se nomment îles.

Les continents.
Parmi ces portions de terre, quatre se font remarquer au premier coup-d'oeil par leur grandeur, et doivent être nommées continents. La plus considérable est appelée Ancien-Continent, parce que c'est le premier dont nous ayons eu connaissance; elle comprend l'Europe, l'Asie et l'Afrique; la seconde est nommée Nouveau-Continent, parce qu'elle a été découverte beaucoup plus tard; on l'appelle aussi Amérique; enfin, les deux dernières, qui sont nettement plus petites que les deux premières, ont reçu le nom  d'Australie et d'Antarctide. Toutes les autres terres qui s'élèvent au-dessus du niveau des eaux sont regardées comme des îles. Les contours des continents et des îles que baignent les eaux de l'Océan et de ses subdivisions, se nomment côtes.

Les îles.
Les circonstances différentes de position absolue ou relative dans laquelle se trouvent les îles, ont engagé les géographes à leur donner différentes dénominations. On pourrait s'arrêter aux distinctions suivantes :

Ile proprement dite : tout espace de terre environné de tous côtés par l'eau, quelle que soit son étendue; le géographe n'admet que trois seules exceptions, qui sont les continents que nous avons nommés. 

Les plus grandes îles du globe sont : Bornéo, la Nouvelle-Guinée, le Groenland, Sumatra, Madagascar, Honshu, Cuba, la Grande-Bretagne, etc.

Un petit nombre d'îles placées à peu de distance les unes des autres, ou bien une île principale environnée de plusieurs autres incomparablement moins étendues qu'elle, forme un groupe; le groupe de Malte, en Europe, et le groupe de Sumatra, dans l'Océanie, peuvent servir d'exemple.

Plusieurs îles, de différente étendue, tantôt assez rapprochées entre elles pour être en vue l'une de l'autre, tantôt même à de plus grandes distances, forment un archipel. Presque tous les archipels se composent de la réunion de plusieurs groupes. Tout le monde connaît l'archipel grec, constitué par les îles de la Mer Egée, que par antonomase on a appelle l'Archipel. Nous citerons en outre l'archipel des Antilles, en Amérique, et l'archipel de la Sonde, en Asie du Sud-Est.

Les atolls.
On a étendu la dénomination d'atoll, que l'usage a employée initialement pour désigner les groupes qui forment l'archipel des Maldives, à toutes les réunions d'îles qui offrent le même caractère. Ce sont de petites îles basses, groupées sur d'étroits plateaux madréporiques (coralliens), qui ceignent un bassin ovale ou circulaire et présentent des dentelures plus ou moins accessibles aux pirogues ou aux navires. Toutes les îles de l'archipel des  Tuamotou, par exemple, sont des atolls. Des atolls servent aussi quelquefois de ceintures à des îles fort élevées, et plus importantes; ainsi les îles d'Hogoleu, dans l'archipel des Carolines, celles de Bora Bora et de Maupiti, dans l'archipel de la Société, sont entourées par des atolls, sans lesquels elles n'auraient pas de bons ports. L'Amérique nous offre sous les dénominations de Keys, de Cayes, de Jardins, et d'Arrecifes, de véritables atolls dans l'archipel des Bahamas, au Sud de la Floride et près des côtes de la grande île de Cuba. L'Afrique en offre aussi dans le grand archipel, que nous avons proposé de nommer archipel de Madagascar, et dont les Seychelles font partie.

Les côtes.
Une portion de terre qui avance dans la mer, et qui ne tient au continent ou à l'île dont elle dépend que par un terrain étroit, se nomme presqu'île ou péninsule, comme le Péloponnèse, la Crimée, etc. La portion resserrée de terre qui l'empêche d'être entièrement entourée d'eau est un isthme, comme celui de Corinthe qui joint le péloponnèse à la Livadie, de Précop qui réunit la Crimée au reste de l'Ukraine. On peut considérer que la plus grande de toutes les péninsules du globe est l'Afrique, qui ne tient à l'Asie que par l'isthme de Suez. Un autre isthme célèbre est celui de Panama, qui joint l'Amérique du Nord à l'Amérique du Sud. L'usage classe depuis longtemps, mais parfois abusivement, parmi les péninsules : l'Espagne avec le Portugal, l'Italie, la Turquie d'Europe au sud du Danube, l'Anatolie, l'Arabie, l'Inde, etc., malgré la largeur du côté qui les unit au corps du continent. Nous admettrons volontiers cette qualification pour l'Espagne et le Portugal , pour l'Italie moyenne et méridionale, pour l'Anatolie, pour l'Arabie entre la mer Rouge et le golfe Persique, etc. ; mais il  cette qualification devient tout-à-fait impropre en l'appliquant sans aucune restriction aux pays que nous venons de nommer. Il conviendrait d'appeler ces péninsules et tant d'autres qu'offre le globe, presqu'îles ouvertes, parce que le plus souvent elles ne tiennent au continent que par leur côté le plus large, comme l'Inde, et l'Italie.

L'extrémité d'une terre qui s'avance dans la mer d'une manière bien prononcée se nomme promontoire ou cap, comme le Cap-Nord dans la Laponie norvégienne, le Cap-de-Bonne-Espérance à l'extrémité de l'Afrique australe , etc. Les saillies les moins considérables et peu élevées s'appellent Pointes. Ces deux distinctions ne sont pas toujours employées avec tout le discernement désirable. Le mot promontoire, comme synonyme de cap, appartient au style élevé et désigne plus particulièrement l'extrémité d'un continent dans une direction remarquable.

Le relief.
Les montagnes.
Les montagnes sont les éminences les plus considérables de la terre, et qui en même temps ont une pente rapide, ou du moins sensible. Il faut les distinguer des plateaux, qui sont de grandes masses de terre élevées, formant d'ordinaire le noyau des continents ou des îles, mais qui ont des pentes moins rapides et plus étendues. Un plateau petit renfermer des montagnes, des plaines et des vallées; il y en a qui sont assez inclinés pour laisser écouler les eaux qui se rassemblent à leur surface; il y en a d'autres qui conservent pendant un long espace le même niveau, et où les rivières ne trouvent pas de débouché. On rencontre des plateaux de cette dernière espèce en Europe, principalement en Croatie et en Carniole; mais ils sont de petites dimensions ; le Tibet, l'Iran, l'intérieur de l'Afrique et de l'Amérique en possèdent une étendue très considérable. Ces plateaux ont un niveau général plus élevé que le reste des continents. 

Le plus vaste et le plus célèbre de tous les plateaux est celui de l'Asie moyenne. Les pentes des plateaux et les monts qui les soutiennent et par où l'on y monte, se nomment leurs escarpements. Les anciens m'ont pas su distinguer les plateaux des montagnes, ou plutôt ils désignaient toujours les plateaux par le nom de montagnes, ce qui a causé beaucoup de méprises, surtout à l'égard de la chaîne du mont Taurus.

Quelquefois, sur un sol entièrement uni et loin de toute grande chaîne, s'élève une montagne ou un amas de rochers, qui supportent une plaine fertile et arrosée de sources, semblable à une île verdoyante suspendue au milieu des airs. Cette espèce de montagnes est assez commune en Ethiopie où on les nomme ambas. Après l'Ethiopie, c'est le Congo, l'Inde, la Chine et le nord de l'Amérique méridionale, qui sont les régions où on les rencontre. Le nom espagnol de mesa sert le plus sovent à les désigner.

Les mesas sont comme disposées par la nature à recevoir des forteresses; aussi y a-t-on construit celles de Gwalior et de Doulatabad en Inde, celle de San Salvador au Congo. Les plus célèbres ambas d'Ethiopie sont l'amba Geshen, où l'on renfermait les membres de la famille impériale; I'ambacel qui servait au même usage, l'amba Gideon, l'amba Sanet, etc. Koenigstein, Lilienstein et Sonnenslein en Saxe, rappellent les mesas de l'Asie et de l'Afrique.

On distingue dans un mont ou une montagne, sa base ou le pied, qui est l'endroit où elle commence à se séparer de la plaine; le flanc, qui forme la pente; la croupe, qui surmonte le flanc; le sommet , qui repose sur la croupe; la cime, qui couronne le sommet; et le point culminant, qui est l'extrémité de la cime. Les montagnes , au lieu de s'élever de la base au sommet par une pente insensible , sont souvent taillées en gradins réguliers qui se nomment assises. Quand le sommet d'une montagne est conique ou pointu, on le nomme pic, piton ou puy; un mont est souvent désigné par la forme de son sommet: c'est ainsi qu'on dit le pic de Ténériffe et le Puy de Dôme. Un sommet prismatique ou anguleux , comme dans les Alpes, prend le nom d'aiguille, de dent ou de corne; s'il est détaché on le nomme brèche; telle est la brèche de Roland dans les Pyrénées. Un sommet arrondi, comme on en trouve plusieurs dans la chaîne des Vosges, s'appelle ballon. Si un sommet a une forme cylindrique, il prend le nom de cylindre, comme le cylindre de Marboré, dans les Pyrénées; s'il est aplati, comme la montagne du Cap-de-BonneEspéranceetlefameux Mont-Thabor,on le nomme table ou plateau.

On appelle volcan toute montagne qui vomit des flammes, des fumées, des laves, etc., quelles que soient son altitude et sa position.

Les montagnes sont isolées, ou assemblées en chaînes, groupes ou systèmes. Une chaîne est formée d'une longue suite de montagnes dont la base se touche; un groupe est l'union de plusieurs chaînes, et un système est l'ensemble de plusieurs groupes. Le point où des chaînes de montagnes se réunissent s'appelle noeud. Indépendamment de ces deux grandes divisions des montagnes, il existe des groupes de plusieurs chaînes irrégulières, qui semblent ne suivre aucun ordre dans leur direction, et dont aucune ne peut être regardée comme la chaîne principale. On doit ranger dans cette classe les montagnes de l'Iran, et celles de l'Anatolie.

On regarde comme chaîne principale d'un groupe, ou d'un système quelconque de montagnes, celle dont les revers ou les points culminants donnent naissance à de grands cours d'eau. Les deux grandes faces d'une chaîne principale, d'un chaînon, d'un contrefort, etc., sont appelées versants, flancs ou revers. Un chaînon, embranchement, ou une chaîne secondaire est une série irrégulière, mais assez suivie, de hauteurs, qui, se détachant de la chaîne principale, prend, à plus ou moins de distance de son point de départ, une direction qui tend au parallélisme, et forme les grandes vallées longitudinales, ou légèrement inclinées sur l'axe de la chaîne : c'est ainsi qu'on peut considérer les Apennins.

Le contre-fort ne diffère du chaînon qu'en ce qu'il a moins d'étendue; que sa direction, par rapport à l'axe de la chaîne, se rapproche plus de la perpendiculaire; qu'il n'accompagne et n'alimente pas toujours un grand cours d'eau, et qu'il se termine ordinairement, soit en s'abaissant dans une vallée longitudinale ou d'une manière abrupte sur la côte.

Les subdivisions latérales ou terminales des chaînons et des contre-forts qui ont quelque étendue, et qui forment les vallons de la vallée principale, se nomment rameaux.

Les rameaux se subdivisent en collines, entre lesquelles se trouvent les sources des ruisseaux.

Les rochers coupés à pic qui bordent les côtés de la mer reçoivent le nom de falaises; et on appelle dunes les monticules sablonneux qui longent les rivages.

Le nom d'arête est appliqué à l'intersection obtuse ou aiguë des plans que forment les deux versants d'une chaîne, ligne qui détermine le partage des eaux des deux revers opposés : c'est le faîte de la montagne.

Le mot de crête est employé pour désigner l'arête ou le faite du contre-fort.

Col est ordinairement le point où l'arête paraît faire une inflexion, et qui offre un passage d'un versant à l'autre, d'une tête de vallée à celle de la vallée opposée; c'est le point de partage des eaux. Ce même passage est appelé port et pas dans les Pyrénées, et pertuis dans le Jura. La double rencontre des rameaux sur les chaînons et contre-forts produit aussi des cols sur leur crête, aux têtes des vallons; mais ce nom appartient plus particulièrement aux passages de la chaîne.

Le défilé diffère du col en ce qu'il peut se trouver au pied des hauteurs, et que c'est un passage toujours resserré entre deux escarpements, par lesquels il est encaissé ou supporté.

Plusieurs cols et défilés sont célèbres, dans la géographie ancienne, sous le nom de portes des nations, parce qu'ils étaient regardés comme le seul point par où l'on pût pénétrer dans la vallée occupée par la nation indépendante qui l'avait choisie pour s'y fixer. Telles étaient les portes du Caucase, les portes Caspiennes, celles de
Suse on de la Perside, les Thermopyles, les Fourches Caudines, etc.

On donne le nom de gorge à une partie de vallée très étroite; c'est l'intervalle resserré entre deux contre-forts, qui se trouve plus ordinairement voisin de leur point d'attache à la chaîne, et qui sert de couloir plus ou moins fortement accidenté à un torrent.

Quand la gorge a une certaine étendue, sans prendre trop d'évasement, quoique sa pente diminue, elle prend le nom de val.

Quand le val se prolonge et s'élargit, c'est une vallée, qui prend quelquefois son nom, même dès sa naissance, lorsqu'elle y est large et à berges adoucies. On distingue par la dénomination de vallée principale celle qui sert de berceau à un grand cours d'eau, qui, partant de la chaîne et suivant entre deux contre-forts le plan de la pente générale (à moins qu'il ne soit détourné par une contre-pente, comme le Rhône l'est par le chaînon de l'Ardèche), se rend au récipient principal, vers lequel verse ce plan de pente. 

La vallée est dite secondaire, quand elle prend son origine sur les flancs d'un chaînon ou d'un contre-fort, et qu'elle est le berceau d'un cours d'eau qui est affluent de celui d'une vallée principale. La vallée est longitudinale, lorsqu'elle a pour une de ses berges les flancs mêmes de la chaîne ou du chaînon d'où elle descend, ou qu'elle en reçoit les affluents; telle est la vallée du Rhône jusqu'au lac Léman ou de Genève. Elle est transversale, lorsque sa direction approche de la perpendiculaire à l'axe de la chaîne ou du chaînon, et qu'elle a pour berges les flancs correspondants de leurs contre-forts ou rameaux, ou que ces affluents en descendent.

On appelle plaines les différentes parties des continents ou des îles dont la surface est horizontale, unie, ou simplement sillonnée de légères ondulations peu profondes, larges et étendues, et bien distinctes des vallons ou des vallées Elles sont rarement d'une horizontalité parfaite; la rondeur de la Terre rend cela impossible à l'égard de toutes les plaines d'une étendue considérable; presque toujours elles sont inclinées vers quelques points de l'horizon. Les plaines se rencontrent dans les différentes sortes de terrains, à toutes les hauteurs au-dessus du niveau de la mer, sous toutes les latitudes, et présentent les caractères les plus divers depuis l'inépuisable fécondité du Delta égyptien, jusqu'à la stérilité indestructible du sable des déserts.

La hauteur absolue ou relative des montagnes ayant des conséquences très importantes dans la détermination des conditions climatiques et des zones de végétation, et dans les événements politiques qu'offre l'histoire des peuples anciens et modernes, les géographes et les naturalistes emploient, pour les classer, des dénominations différentes; mais, en première approche, on regardera comme de simples collines toutes les hauteurs qui ne dépassent pas 600 m; montagnes basses, ou de premier ordre, celles dont l'élévation va depuis 600 jusqu'à 1200 m; montagnes moyennes, ou de second ordre, celles dont la hauteur est comprise entre 1200 et 1800 m. Les pointes qui s'élèvent de 1800 à 3000 m des montagnes proprement dites.

C'est toujours relativement au niveau des mers qu'on évalue les hauteurs respectives des montagnes. Les plus hautes se trouvent dans l'Himalaya, en Asie, et dans les Andes, dans l'Amérique Méridionale.

Quelques types de paysages.
Les steppes.
La surface du globe offre plusieurs grands espaces incultes, dépourvus de montagnes, et dont le sol, quoique fécond, n'est pas propre dans son état naturel à la production de grandes forêts. Ces vastes solitudes diffèrent beaucoup entre elles par leur aspect général, par leurs produits et par le caractère de leur végétation. On les nomme steppes en Asie, djengles en Inde, karrous en Afrique du Sud, savanes, llanos et pampas en Amérique. Des solitudes semblables, mais infiniment moins étendues, se trouvent dans l'Europe occidentale, où on leur donne les noms de landes ou de bruyères en France, comme les landes de Bordeaux, entre les embouchures de la Garonne et de l'Adour, et les bruyères ou le bocage dans la Basse-Bretagne; en Espagne (Castille), elles sont appelées arendal; et haiden, dans le nord de l'Allemagne, etc. 

Quelques-unes des steppes de l'Asie sont sablonneuses et n'offrent que de rares touffes de gazon ou de buissons rabougris; il en est qui se couvrent d'herbes; d'autres se parent de plantes salines toujours vertes, grasses et articulées; un grand nombre, revêtues d'efflorescences muriatiques, cristallisées, jettent au loin des lueurs chatoyantes; pendant la saison sèche, tout y parait brûlé, les pluies seules y ramènent la verdure. 

Les karrous de l'extrémité méridionale de l'Afrique sont sillonnés, pendant la saison des pluies, par un plus grand nombre de cours d'eau que les steppes de la Russie et de l'Asie centrale; mais, composés d'une terre glaiseuse, parsemée de pierres, ils sont tout aussi stériles. Les savanes de l'Amérique du Nord sont au contraire couvertes d'herbes hautes et abondantes; il eu est de même des llanos de la Colombie; situées dans la zone torride, leur aspect change deux fois chaque année à des époques régulières, et ces vastes plaines sont tantôt arides et stériles comme les karrous de l'Afrique, tantôt verdoyantes et fertiles comme quelques steppes d'Asie. Les immenses pampas de l'Argentine sont entrecoupées de bosquets de palmiers. Les djengles de l'Inde sont des espèces de fourrés composés d'arbrisseaux, de hautes herbes et de roseaux.

On doit aussi comprendre sous la désignation générale de steppes ces grandes plaines de la côte de Guinée, où l'herbe dite de Guinée, s'élève de 3 à 4 m de hauteur, et forme pour ainsi dire d'immenses forêts herbacées; ainsi que ces vastes espaces qui paraissent formés d'alluvions, et dont le sol, composé de sable ou de terre fine, ne contient pas une seule pierre. On en trouve au Benin, dans la Basse Guyane, dans le bassin de l'Orénoque et dans celui de l'Amazone. Ceux de ce dernier , dits pampas del Sacramento, sont les plus grands de tous.

Les déserts.
Les déserts proprement dits sont des espaces, quelquefois d'une étendue immense, absolument stériles, où les végétaux ne peuvent croître, où les humains et les autres animaux ne peuvent subsister. Ces solitudes privées d'eau et de verdure, dévorées par un soleil brûlant, n'offrent que des plaines sablonneuses, des montagnes encore plus arides, sur lesquelles l'oeil se fatigue vainement à chercher quelque indice de vie.

Parfois un vent embrasé et suffoquant s'élève, soulève et roule des colonnes et des montagnes de sable, qui engloutissent tout sur leur passage, et ensevelissent des caravanes et des armées entières. Au milieu de ces océans de sable se trouvent des espaces resserrés, arrosés par des sources, ombragés par des arbres bienfaisants, où la nature développe souvent avec une surprenante fécondité ses productions les plus précieuses; ces terres heureuses, placées au milieu des déserts comme les îles au milieu des mers, se nomment oasis. L'Afrique et l'Asie offrent les déserts les plus vastes du globe. Celui de Sahara en Afrique est le plus vaste.

Les forêts.
Le sol fertile de la terre dont l'eau n'a pas envahi la surface se couvre ordinairement d'arbres majestueux qui, réunis en grandes masses, forment ce que l'on appelle forêts. Ces forêts naturelles, épaisses et sombres, ne ressemblent pas celles que l'humain exploite; la végétation , plus riche chaque jour de ses propres produits, s'y développe sans obstacle et offre aux regards des prodiges de végétation. 

Lorsque les arbres ne couvrent pas une grande étendue de pays, ils ne forment pas des forêts, mais des bois; et quand ils sont réunis en masses encore moins considérables, ils composent ce qu'on appelle bocages.

Dans le voisinage des mers, des rivières et des sources, on trouve souvent plusieurs sortes de terrains qui tiennent le milieu entre le sol des marais et celui de la terre ferme ; tels sont ces polders de Hollande, ces kogs de Danemark, terrains cultivés, enlevés à l'Océan qui les couvrait, et enfermés par des digues et par des canaux de desséchernent; telles sont encore ces lavines, ou ces terrains amollis par les pluies et par les eaux souterraines qui coulent dans les sinuosités des montagnes et dans le fond de certaines vallées, et qui, délayés, produisent les troubles des fleuves : tels sont enfin ces cores ou terrains errants au milieu des eaux, qui forment les îles flottantes.

Les océans et les mers

Il n'y a sur notre globe, à proprement parler, qu'une seule mer, un seul fluide liquide, continu répandu autour des terres, et qui couvre à peu près les trois quarts de sa surface. Tous les golfes , toutes les méditerranées ne sont que des parties détachées, mais non pas séparées, de cette mer mondiale que forme l'Océan général. Pour plus de commodité, on a subdivisé, dans l'usage ordinaire, l'Océan en plusieurs sections, auxquelles on a donné des noms différents; mais ces divisions sont assez arbitraires. A la simple inspection d'un globe terrestre on voit que l'Océan n'offre que cinq sections qu'on puisse regarder comme principales. Ces divisions sont : l'océan Pacifique; il a pour bornes l'Asie, l'Insulinde, l'Australie et l'Amérique; l'Océan-Atlantique, qui sépare l'Europe et l'Afrique de l'Amérique; l'Océan-Indien, qui s'étend entre l'Afrique, l'Asie Méridionale, l'Insulinde et l'Australie ; l'Océan-Arctique glacial, renfermé par les extrémités boréales de l'Ancien et du Nouveau-Continent; et l'Océan Antarctique, qui n'est à proprement parler que la continuation de l'Océan Pacifique, de l'océan Indien et de l'Atlantique et qui forme un anneau autour de l'Antarctide.

On subdivise souvent l'Océan Atlantique et l'océan Pacifique, deux parties, selon que l'on considère qu'elle est au Sud ou au Nord de l'équateur. 

Les mers.
L'Océan général, en pénétrant dans l'intérieur des terres, forme des mers méditerranées, des golfes, des manches , des détroits, des ports, des havres, etc., que nous allons définir, en suivant, pour les méditerranées et pour les golfes, les distinctions proposées en son temps par Walckenaer :

Il y a trois espèces de mers méditerranées : les unes sont presque entièrement entourées par les terres des continents, et ne communiquent avec l'Océan que par une ouverture peu large, nommée détroit; ce sont les mers fermées (celles-ci peuvent être considérées comme des mers méditerranées proprement dites). La plus célèbre est celle qui communique avec l'Océan par le détroit de Gibraltar et qu'on comme exclusivement la mer Méditerranée; la mer Baltique, malgré sa triple ouverture, est aussi une autre mer fermée.

Il en est d'autres dont l'enceinte est formée par des continents et des îles, ou par plusieurs rangées d'îles, et qui par conséquent communiquent avec l'Océan par plusieurs détroits;  Walckenaer proposait de les appeler mers méditerranées percées. Il  semble qu'il serait préférable de les désigner sous le nom de mers méditerranées à plusieurs issues. Nous nommerons par exemple la mer des caraïbes, qui est formée par la côte de l'Amérique, depuis la Floride, aux Etats-Unis, jusqu'au golfe de Paria, en Colombie, et par l'archipel des Antilles.

Enfin, plusieurs mers ne sont que des enfoncements très larges de l'Océan, entre des côtes très écartées : la mer de Norvège, la mer d'Arabie, sont les mers de ce genre les plus remarquables.

Les golfes.
Lorsque l'Océan on les mers pénètrent dans les terres et torment des enfoncements trop peu considérables pour mériter le nom de mers, ces enfoncements ou ces avances se nomment golfes; et comme les golfes ne sont à proprement parler que de petites méditerranées, on devrait même les diviser en golfes proprement dits, en golfes à plusieurs issues et eu golfes ouverts. Parmi les premiers, toujours resserrés à leur entrée, les plus célèbres sont : le golfe Arabique, nommé de temps immémorial mer Rouge; le golfe Persique Persique (ou Arabo-Persique), le golfe de Venise, dit communément mer Adriatique ; le golfe d'Azov et le golfe de Zuiderzeee, auxquels l'usage, par un étrange abus de mots, a donné le titre de mers ; les golfes de Botnie et de Finlande, etc.

Parmi les golfes à plusieurs issues, on peut citer en Europe ceux de la mer Egée et de la mer de Marmara, qualifiés improprement du titre de mers; le golfe du Tonkin , en Asie, seulement en partie fermé par l'île de Hainan; celui du saint-Laurent, en Amérique, que cernent les côtes du continent et celles de l'île de Terre-Neuve et de l'île Royale. Les golfes ouverts les plus remarquables sont : le golfe de Gascogne, entre la France et l'Espagne, en Europe ; les golfes de Cambayre et du Siam, en Asie, et celui de Carpentarie, en Australie.

Les bras de mer.
Lorsqu'un golfe à plusieurs issues est d'une forme très allongée, que ses sorties sont larges et non resserrées par des détroits, il prend le nom de bras de mer, ou de manche ou de canal; ainsi l'espace de mer compris entre Madagascar et la côte de du Mozambique en Afrique, se nomme canal de Mozambique; entre la France et I' Angleterre, la Manche ou canal de la Manche; entre la péninsule de malacca et l'île de Sumatra canal de Malacca. Un passage étroit, tortueux entre des terres, entre des écueils ou des bancs de sable, se nomme chenal. Lorsque dans un canal les terres se rapprochent beaucoup entre elles, l'étroit passage de mer qu'elles forment se nomme détroit; mais quand en se rapprochant elles restent encore écartées, l'endroit le moins large ou le plus resserré du canal prend le nom de pas; tel est le pas de Calais, ou le plus court passage de France en Angleterre. Parmi les détroits les plus remarquables on doit citer celui de Gibraltar, entre l'Europe et l'Afrique, et celui de Bering, entre l'Amérique et l'Asie.

Les ports, anses, rades.
Les plus petites portions d'eau environnées de terres, et qui offrent un abri aux navires contre les vents ou contre les courants, s'appellent : port, anse, havre ou rade; le premier terme indique un asile très sûr; le second s'applique à des ports d'une petite dimension; on nomme havre ceux d'une grande étendue qui sont quelquefois l'ouvrage de l'art; enfin la rade ne présente qu'un mouillage temporaire ou un abri contre certains vents; elle précède souvent un port comme la rade de Brest. Il y a aussi des ports qui sont situés sur des fleuves, le plus souvent vers leur embouchure, mais quelquefois aussi à de grandes distances dans les terres, comme les ports de Québec, au Canada, de Washington, aux Etats-Unis, etc.. On pourrait les nommer ports intérieurs pour les distinguer des autres, qui sont les ports proprement dits, et qu'on pourrait qualifier de ports maritimes, tels que les ports de Toulon, de Cadix, etc. On dit qu'un port est beau lorsque l'eau y est assez profonde pour permettre aux plus gros vaisseaux d'y mouiller, et lorsque son bassin est assez grand pour contenir à la fois un nombre considérable de navires. Les marins distinguent plusieurs espèces de ports : ceux, par exemple, où les marées sont très hautes; ceux où elles sont très faibles et ceux où elles ne sont aucunement sensibles; les ports ouverts toute l'année, et ceux qui pendant l'hiver sont fermés par les glaces, et que la débâcle annuelle ouvre de nouveau; les ports dont l'entrée et la sortie sont également faciles dans toutes les saisons; enfin ceux dont l'accès et la sortie exposent à de grands dangers, ou dont l'entrée est toujours facile et la sortie difficile ou vice versa.

Les hauts fonds et les bancs de sable.
Dans quelques endroits, non seulement la mer n'a pas une grande profondeur, mais encore par intervalle son lit se rapproche de la surface en formant des hauts-fonds, ou des écueils, ou des bancs de sable, ou des bancs de coquillages; ces derniers sont quelquefois d'une très grande importance, car c'est là qu'on trouve ces mollusques qui fournissent les perles : les bancs du golfe ouvert de Manaar à l'extrémité méridionale de l'Inde, ceux des îles Barhein, dans le golfe Persique, jouissent depuis longtemps d'une grande célébrité. C'est ordinairement sur ces grands bancs de sable que des myriades de poissons viennent déposer leur frai, aussi les bancs de Terre-Neuve, de Dogger, de Well et de Cromer, dans l'Océan Atlantique, sont depuis longtemps fréquentés par des milliers de pêcheurs qui s'y rendent tous les ans, et en rapportent d'immenses quantités de morues et de harengs. D'autres bas-fonds offrent des forêts de coraux; les côtes du Maghreb et celles de la Sardaigne fournissent des produits de ce genre.

Marées et courants.
Parmi les différents mouvements qu'on observe dans l'Océan et dans ses branches, il en est deux qui intéressent particulièrement le géographe et le navigateur, et qui doivent être mentionnés; nous voulons parler des courants et des marées.

Les marées.
Les marées sont des oscillations régulières et périodiques, que les mers subissent par l'attraction de la Lune et secondairement du Soleil. Dans les parties de l'Océan sujettes aux marées, on remarque chaque jour deux oscillations régulières plus ou moins fortes, et d'une durée généralement inégale. Sur les côtes de France, la première de ces oscillations fait monter la mer pendant environ 6 heures. Parvenue à sa plus haute élévation, elle reste stationnaire à-peu-près un quart d'heure. C'est le moment de la haute mer ou de la pleine mer : on nomme flux ou flot le mouvement qui l'a produite; bientôt la mer commence à baisser; elle met environ 6 heures pour se retirer, et demeure basse àpeu près une demi-heure. Le courant produit par cet abaissement prend le nom de reflux, de jusant ou d'ébé. Après quelques instants de repos, la mer recommence à monter, et présente de nouveau les mêmes phénomènes; ainsi, dans l'intervalle de 24 heures et 48 mn il y a deux marées.

Courants.
Les courants se subdivisent en courants généraux et en courants particuliers; on les appelle aussi : mouvements propres de la mer, parce que la plupart ont leurs causes dans l'élément même qui en est agité. Nous nous bornerons à parler des trois qu'on regarde comme les plus considérables.

On remarque, surtout entre les tropiques et jusqu'à 30° de latitude nord et sud, un mouvement continu dans les eaux de l'océan Pacifique et de l'océan Atlantique, qui les porte d'orient en occident dans une direction semblable à celle des vents alizés, mais contraire à celle de la rotation du globe. Les navigateurs, pour aller d'Europe en Amérique, sont obligés de descendre à la latitude des Canaries pour prendre le courant qui les porte avec rapidité à l'occident. Ils observent la même règle pour aller d'Amérique en Asie par le Pacifique. Un second mouvement porte les mers des pôles vers l'équateur. Il a aussi son mouvement correspondant dans l'atmosphère. Une manifestation de ce mouvement est donné par le déplacement des glaces flottantes (icebergs), qui se portent constamment des pôles vers l'équateur.

Le plus remarquable de tous les courants connus est sans contredit le Gulf Stream. Grâce à ce courant, que Humboldt a comparé à un immense fleuve, la navigation de l'Océan Atlantique, à partir des côtes d'Espagne aux Canaries, et de là aux côtes orientales de l'Amérique, présente moins de dangers que la traversée des grands lacs de la Suisse, ou le voyage de Rouen au Havre, ou celui de Bordeaux à l'embouchure de la Gironde. Il parcourt en 35 mois un cercle irrégulier, immense de 20 000 km; 13 mois pour aller des Canaries aux côtes du Vénézuela, 10 pour faire le tour du golfe du Mexique, 2 pour parvenir au grand banc de Terre-Neuve, et 10 à 11 pour aller de ce banc à la côte d'Afrique, en passant près des Açores et se dirigeant vers le détroit de Gibraltar.

Les lacs

On appelle lacs des amas d'eau entourés de terre de tous côtés, et qui n'ont aucune communication immédiate avec l'Océan ou avec toute autre mer. On peut distinguer quatre espèces de lacs.

La première classe comprend ceux qui n'ont pas d'écoulement et qui ne reçoivent pas d'eaux courantes. Ils sont ordinairement très petits. On peut citer comme exemple celui celui d'Albano près de Rome.

La deuxième classe renferme les lacs qui ont un écoulement, mais qui ne reçoivent aucune eau courante. Quelques grands fleuves ont de semblables lacs pour sources. Ces lacs sont naturellement situés à de grandes altitudes; il y en a un sur le Monte-Rotondo, en Corse, qui se trouve à 2700 m au-dessus de la mer.

Dans la troisième classe, qui est très considérable, nous rangerons ceux qui reçoivent et qui émettent des eaux courantes. Chaque lac peut être regardé comme un bassin qui reçoit les eaux voisines; il n'a ordinairement qu'un seul débouché, et celui-ci porte presque toujours le nom de la plus grande des rivières qui s'y jettent. Mais on ne saurait pas dire proprement que les rivières traversent les lacs; leurs eaux se mêlent avec celles du bassin où elles se répandent. Ces lacs ont souvent des sources propres, soit près des bords, soit dans leur fond. Les grands lacs du Canada sont les plus vastes de cette division, à laquelle appartiennent aussi ceux de Ladoga, d'Onega, de Constance, en Europe; le lac Victoria en Afrique; le Baïkal, en Asie, etc. Ce dernier, que quelques naturalistes placent à tort parmi les lacs de la classe suivante, est remarquable parce qu'il reçoit la Selinga, et que l'on peut regader comme la source du IJenisseï, et parce qu'il donne naissance à l'Angara, que l'usage fait regarder à tort comme un affluent de ce fleuve. En admettant cette différente manière d'envisager le cours du Ienisseï, ce lac serait traversé par le fleuve, dont le parcours surpasse celui de tous les autres fleuves de l'Ancien-Continent.

La quatrième classe comprend les lacs qui reçoivent des rivières, souvent même de grands fleuves, sans avoir aucun écoulement visible. Le plus célèbre et le plus grand parmi ces lacs est la prétendue mer Caspienne; on en trouve encore beaucoup d'autres en Asie ; nous citerons le lac d'Aral (mer d'Aral ); le lac Asphallite ( mer Morte); les lacs de Van, d'Ourmiah, de Dourrah, le lac Tchad. L'Amérique Méridionale offre le lac Titicaca, qu'on doit compter parmi cette espèce de lacs, quoique, par le Desaguadero, il envoie ses eaux à un autre lac beaucoup moins considérable.

Quelquefois les eaux d'un ou de plusieurs fleuves ou rivières, avant de s'écouler dans la mer, s'épanchent sur un rivage plat, peu profond, et offrent à leurs embouchures des espèces de golfes, qu'à tort on a nommés lacs, et qu'il faut désigner par le nom de lagunes, dénomination qui, depuis le commencement du moyen âge, a été employée pour désigner le lieu où s'élève une ville célèbre, qui, pendait tant de siècles, a été la reine des mers. Nous voulons parler des lagunes de Venise, situées près des embouchures de la Brenta , du Bacchiglione et autres fleuves. C'est aussi parmi les lagunes les plus remarquables de l'Europe que l'on doit ranger celles bien plus considérables qui sous le nom de haff s'étendent aux embouchures de l'Oder, du Niémen et de la Vistule; c'est encore parmi les lagunes que l'on doit classer les prétendus lacs de Menzaleh et de Bourlos dans le Delta du Nil, ainsi que cette longue série de bras de mer, qui, sous les noms de sounds, de lacs et autres, longent les côtes orientale et méridionale des Etats-Unis, car ils ont tous le caractère de véritables lagunes, parmi lesquelles on distingue les vastes sounds de Pamplico et d'Albemarle en Caroline-du-Nord, et les grands lacs Borgne, Mermentau, Calcasui et Sabine en Louisiane. Les côtes du Mexique, sur le golfe du Mexique, en offrent d'une grande étendue; nous citerons celles qui sont connues sous les noms de baie de San-Bernardo, laguna de Madre, laguna de Temjagua et laguna de Terminos.

Les étangs diffèrent des lacs en ce qu'ils sont moins grands, souvent marécageux, peu profonds, et que généralement ils n'ont pas d'écoulement et ne reçoivent pas d'eau courante. Cependant nous ajouterons que, dans l'usage ordinaire, un étang est un lac artificiel, un amas d'eau retenu par une chaussée, où l'on nourrit du poisson, et que le réservoir diffère de l'étang en ce qu'il est employé, soit à fournir de l'eau à des canaux de navigation, soit à alimenter des canaux d'irrigation. Tel est, par exemple, le fameux réservoir de Saragambra dans le Bas-Karnatic, qui fournit pendant 18 mois l'eau nécessaire aux cultures de 32 villages.

Souvent l'abondance des pluies produit des amas d'eau que l'évaporation fait disparaître. Dans les contrées tempérées, ces amas d'eau sont de simples mares; mais entre les tropiques, où les pluies tombent par torrents, elles forment de vastes lacs inférieurs périodiques et temporaires, qui ont quelquefois plusieurs centaines de milles carrés tel est dans l'Amérique Méridionale le lac des Xarayes. Ces lacs périodiques on temporaires. lorsqu'ils commencent à se dessécher, forment de vastes marais qui sont des amas d'eau peu profonds, parsemés de plantes qui s'élèvent au-dessus de leur surface, ou des terrains humectés, mais non submergés.

Comme la nature semble vouloir toujours échapper à nos définitions, il y a des amas d'eau qui participent à la fois des lacs, des lagunes et des marais; tel est le lac d'Ybera, dans l'Amerique méridionale; il ne reçoit ni rivières ni ruisseaux; il est en grande partie rempli de plantes aquatiques, et renferme mène quelques arbres. Dans certains endroits il ressemble à un véritable lac, dans d'autres à une lagune , et ailleurs à un marais.

Les cours d'eau

Les divers cours d'eau qui ornent, rafraîchissent et fertilisent la surface du globe, se nomment sources immédiatement à leur sortie du sol à travers lequel ils filtrent : ces sources produisent des ruisseaux, qui prennent le nom de torrents lorsqu'ils coulent avec une grande rapidité; on donne aussi ce dernier nom à un cours d'eau passager qu'aucune source n'alimente, mais que produisent temporairement de grandes pluies ou la fonte des neiges. Les ruisseaux et les torrents, en se réunissant dans un terrain plus bas, donnent naissance aux rivières; et les rivières, par leur réunion dans le fond d'un mène bassin hydrographique, forment les fleuves. Le mot fleuve semble désigner une grande rivière; mais l'usage veut que l'on ne donne le nom de fleuve qu'a tous les cours d'eau qui aboutissent directement à la mer.

 On remarque aussi que pour les petits courants d'eau il existe déjà plusieurs noms caractéristiques imaginés par plusieurs nations, tels que les wadis en Arabie, les oulastous dans les steppes des Kalmouks, les oueds au Maghreb, les barrancos dans les pays de langues portugaise ou espagnole, les creek en Amérique du Nord, les elfen en Suède, les gangas en Inde. 

On donne en Afrique le nom de marigot à une sorte de canal naturel ou de ruisseau sans pente sensible, dont le courant est tantôt diriger vers le fleuve ou bras principal, tantôt dans le sens opposé, suivant que la saison fait grossir ou diminuer le volume des eaux; ainsi, dans la saison des basses eaux, le marigot de Goumian afflue au Sénégal, et le Yerico à la Gambie; dans celle des hautes eaux, l'un et l'autre effluent vers un point commun marqué par l'étang, ou ghialy de Dendoudy, et par leur jonction en cet endroit réalisent la communication du Sénégal et de la Gambie. Les Anglais confondent les marigots avec tous les autres courants peu considérables sous le nom de creek. Les autres parties du monde, et surtout l'Arnérique offrent plusieurs exemples de ces canaux naturels.

Nous ajouterons que l'Amérique Méridionale présente dans le Cassiquiare, qui forme la bifurcation de l'Orénoque, le plus grand canal naturel connu, par lequel le bassin de ce fleuve immense communique avec le bassin bien plus grand de l'Amazone.

La cavité qu'occupe un fleuve ou une rivière est ce qu'on appelle le lit, et la ligne formée par la partie la plus profonde est ce qu'on nomme thalweg. Les bords d'un cours d'eau s'appellent rives quand ils sont peu élevés et que le cours d'eau n'est pas encaisser; dans ce dernier cas, ces bords prennent le nom de berges. La rive d'un cours d'eau qui se trouve à la droite de celui qui le descend est la rive droite, et la rive opposée est la rive gauche.

L'endroit où un cours d'eau se décharge dans un autre, dans un lac, ou dans la mer, se nomme embouchure; et le lieu de jonction de deux cours d'eau se nomme confluent. Le cours d'eau secondaire, ou celui qui porte le tribut de ses eaux au courant principal, est ce qu'on appelle un affluent.

Les fleuves se déchargent souvent dans la mer par plusieurs bras ou embouchures; ils forment alors un delta, comme celui  du Nil, et ceux du Gange, de l'Indus, de l'Euphrate, du Rhin et de plusieurs autres grands fleuves. 

On appelle estuaire l'embouchure de des fleuves qui, au lieu d'offrir des prolongements de terres produits par leur atterrissement successif comme ceux que nous venons de nommer, présentent une vaste embouchure ou une espèce de golfe. L'Amazone, le Rio de la Plata, l'Obi, le Ienissei, le Saint-Laurent, la Colombia et autres fleuves, en offrent des exemples remarquables. 

Quand le lit d'un cours d'eau change brusquement de niveau, il forme une chute ou un saut. Si ses eaux se précipitent d'une grande hauteur, se brisent sur des rochers, écument et rejaillissent, ce saut se nomme cascade. Si un fleuve ou une grande rivière tombe en formant plusieurs cascades de suite, et fait entendre au loin le fracas de ses flots bondissants, cette suite de chutes ou de cascades se nomme cataractes

La chute du Velino, près de Terni en Italie; les chutes du Niagara entre les Etats-Unis et le Canada; le saut de Tequendama près de Bogota en Colombie, sont connus de tout le monde, et malgré les différentes manières de les qualifier, ce sont autant de cataractes. Quelquefois un cours d'eau, sans changer beaucoup de niveau se trouve obstruer ou barré par des rochers au travers desquels ses flots sont obligés de se faire jour; ces rochers se nomment brisants ou barrages. Souvent aussi une rivière sans changer très brusquement de niveau, précipite son cours en tombant par une pente unie et fortement inclinée, ou par une série de chutes peu élevées, qui se succèdent comme les degrés d'un escalier. On nomme rapides ces sortes de sauts. Dans les hautes eaux les bateaux peuvent quelquefois franchir les brisants et les rapides, mais jamais les cascades ni les cataractes. Les cataractes de Maypurés, formées par l'Orénoque sont de véritables rapides, malgré les dénominations diverses sous lesquelles l'usage les désigne.

Les sauts, les cascades, les chutes, les disparitions sous terre, les inondations et les crues périodiques ou irrégulières apportent souvent des obstacles insurmontables à la navigation des fleuves et des rivières.

Aussi, a-t-on entrepris de creuser des canaux navigables, sortes de rivières artificielles, au moyen desquelles on obvie à la différence des niveaux, à l'inégalité ou à la rapidité des rivières naturelles, par des bassins et des écluses, par des ponts jetés sur les vallées, et par des souterrains creusés dans les montagnes. On a aussi creusé des canaux pour faciliter le passage entre les mers et les océans (canal de Suez, cana le panama).

Les rivières et les lacs ont leurs îles, leurs presqu'îles, leurs promontoires, leurs caps, leurs anses et leurs ports, qui ne différent de ceux des mers que parce qu'ils sont beaucoup plus petits.

Les grands fleuves en se réunissant, lorsqu'ils forment entre eux des angles très aigus, dont les côtés sont très allongés, ou qu'ils circonscrivent de grands espaces de terre, donnent lieu à un genre de classification que les Grecs anciens ont désignée sous le nom de Mésopotamie; les Indiens par celui de Douab, et les Arabes par celui de Djezireh ou presqu'île; telle est la Mésopotamie, proprement dite, formée par l'Euphrate et le Tigre; la contrée comprise entre le Gauge et la Yamuna en Inde , qu'on nomme Douab par excellence. 

L'ensemble des pentes d'où découlent les ruisseaux et les rivières qui se jettent dans un fleuve, s'appelle le bassin de ce fleuve, ou sa région hydrographique. Les plus grands bassins du globe sont : le bassin de l'Amazone et ceux de la Plata, du Congo, du Saint-Laurent, de l'Obi, du Mississippi, du Inissei, du Lena et du Fleuve-Bleu.

En partageant la surface terrestre en parties correspondantes aux bassins de ses fleuves et de ses mers, on obtient ses divisions naturelles principales, dont l'ensemble forme ce qu'on appelle les géographies par bassins. (Balbi).

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