| L'âge des mythes On attribuait à la Lune des influences de toutes sortes sur les humains, les animaux et les plantes, et même de nos jours ces croyances imaginaires n'ont pas encore complètement disparu, soutenues qu'elles sont par les influences réelles de notre satellite (marées), et tous les malentendus qui peuvent en résulter et que d'aucuns savent parfaitement exploiter. Les heures nocturnes du clair de lune, l'obscurité, la solitude, le silence, l'enveloppent d'un certain mystère. Hésiode la fait fille d'Hypérion et de Théa. Les Égyptiens et les Orientaux donnaient à la Lune les deux sexes. Astre, elle était du féminin, être mystique, c'était un dieu que tous ces peuples adorèrent sous des nom différents. En Orient c'était Céleste; chez les Phéniciens, Astarté; chez les Égyptiens, Isis; chez les Perses, Mylissa; chez les Arabes, Alilat; à Rome, Diane; et chez les Grecs, Sélène. Elle était encore la même que Phoebé, Proserpine et Hécate. On la mettait au rang des dieux du ciel. Elle était à la fois admirée et redoutée. A minuit, dans les ruines solitaires, elle faisait sortir du tombeau les ombres réveillées, qui se précipitaient vers sa lumière en souvenir de la vie et des soleils d'autrefois. On croyait que la Lune exerçait une influence occulte, mais réelle, sur le genre humain. Tandis que les hommes subissaient, principalement l'action du Soleil, les femmes subissaient celles de la Lune, qui réglait une partie de leurs fonctions. Toutefois, les hommes qui naissaient le lundi et à l'époque de la pleine lune étaient prédestinés à un caractère mélancolique, taciturne, flegmatique. Sa conjonction avec Vénus était très favorable et produisait les meilleurs effets; mais avec Saturne, elle était si fatale qu'elle pouvait conduire à la mort... Quand elle s'éclipsait, on croyait que c'était l'effet de quelque enchantement magique; c'est pourquoi ils faisaient un grand bruit en frappant sur des bassins d'airain, afin qu'elle ne pût entendre ces en enchantements. Elle avait deux temples à Rome, l'un sur le mont Palatin et l'autre sur le mont Aventin, où elle était honorée sous le nom de Noctiluca. La Lune chez les Incas était regardée comme la soeur et la femme du Soleil, et comme la mère de leurs empereurs. Ils l'appelaient la mère universelle de toutes choses. Les anciens Arabes la saluaient dès qu'elle paraissait, et lui présentaient. leurs bourses ouvertes, la priant d'y faire multiplier les espèces. |
| Premières spéculations Les cycles de la Lune comme ceux des autres astres ont bénéficié de l'attention des anciens astronomes babyloniens, chinois, perses, mayas, etc. Les éclipsesétaient également une préoccupation importante de la première astronomie. Mais on ne sait rien de l'opinion qu'ils se faisaient de la constitution physique de la Lune. Il n'est même pas certain que le sujet les aient jamais intéressés. Le plus vieux témoignage à ce sujet concerne Thalès (vers 640 av. J. C.). Lui aussi, prétendait, paraît-il, être en mesure de prédire les éclipses. Mais surtout, on lui attribue d'avoir expliqué qu'une partie de la lumière de la Lune provenait en fait du Soleil. Il était donc en mesure d'expliquer les phases du satellite de la Terre. Par ailleurs, il pensait que la faible lueur (lumière cendrée) que l'on peut voir sur la partie non éclairée de la Lune après la nouvelle lune correspondait quant à elle à une luminosité propre à la surface lunaire. Après lui, quantité de spéculations sur la Lune et sa nature se sont faites jour. Selon Diogène Laërce, Anaxagore (vers 500 av. J.-C.) pensait que la Lune était un monde semblable au nôtre, mais seulement de la taille du Péloponnèse, et qu'elle était habitée. Il interprétait les différences de coloration de la Lune comme les indications de la présence de montagnes et de plaines. Pour certains Pythagoriciens, en revanche, la Lune était un corps très spécial, lisse et cristallin. Si bien que sa surface avait le pouvoir de réfléchir la lumière comme un miroir, et que le différentes taches que l'on y voyait correspondaient en réalité aux reflets des océans et des continents terrestres. Pour Héraclite (vers 500 av. J.-C.), la Lune n'était ni de pierre ni de cristal : elle était d'une matière semblable à celle qui constitue le Soleil, mais simplement plus sombre, car plus dense. Aristote (vers 350 av. J.-C.) adopta l'opinion selon laquelle les taches visibles à la surface de la Lune étaient bien les reflets des continents et des océans terrestres. Les Stoïciens, de leur côté pensait que la Lune était était sphérique comme la Terre et le Soleil et que, quant à sa composition, elle correspondait à un mélange de feu, de terre et d'air (trois des quatre éléments traditionnels). Plutarque, enfin, vers la seconde moitié du Ier siècle de notre ère, en revint à l'opinion avancée six siècles plus tôt par Anaxagore. Selon lui aussi, la Lune possédait des montagnes. Et il y voyait pour preuve les irrégularités constatées à proximité du terminateur, qu'il comparait à l'ombre portée du mont Athos, au nord de la Grèce, qui, le soir, au moment du solstice d'été, traverse toute la mer de Thrace, et envahit la place du marché de Myrina, sur l'île de Lemnos, éloignée de plus de cent kilomètres. Toutes ces conceptions (auxquelles il convient d'ajouter la croyance selon laquelle la Lune est le séjour des âmes des morts) seront celles que l'on adoptera encore pendant quinze siècles et plus. Il faudra en fait attendre l'invention des premières lunettes pour que les idées puissent évoluer sur des bases différentes. | |