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 L'histoire de l'Europe
Histoire de l'île de Man

Les premiers habitants arrivent sur l'île de Man à l'époque mésolithique (vers 5000 av. JC). Ce sont des chasseurs-cueilleurs qui vivent de la pêche et de la collecte de ressources naturelles. On trouve encore des traces de campements préhistoriques sur l'île, montrant qu'elle fut habitée à partir de cette période. Au  Néolithique (vers 3000 av. JC), avec l'introduction de l'agriculture, les habitants commencent à cultiver la terre, à élever des animaux et à construire des monuments mégalithiques. Ces derniers, notamment les tombes à chambres funéraires comme Cashtal yn Ard, reflètent l'influence des cultures néolithiques voisines (notamment celles des îles Britanniques). Vers  1500 av. JC, l'ÃŽle de Man voit l'introduction du travail du métal, et certains objets en bronze et en pierre datant de cette époque ont été retrouvés, tels que des outils et des armes.

Le mode de vie celte s'installe à l'Âge du fer (vers 500 av. JC)  avec la construction de fortifications en pierre et en bois sur les collines, appelées promontory forts. Les premières populations celtes,venues de Grande-Bretagne et d'Irlande vers le Ier siècle avant notre ère, introduisent leur langue et leur culture. Aux Ve et VIe siècles ap. JC, des missionnaires chrétiens venus d'Irlande, tels que Saint Patrick et Saint Maughold, évangélisent l'île de Man. l'île devient une région chrétienne, avec des monastères et des croix celtiques sculptées. L'homme connu sous le nom de Saint Maughold a d'ailleurs donné son nom à la paroisse de Maughold, où certaines des croix celtiques les plus anciennes subsistent encore aujourd'hui.

Au IXe l'île fut conquise par les Vikings norvégiens d'Harald Harfager. Au Xe, le jarl danois Orry devint roi. Ses descendants régnèrent jusqu'en 1077 sur le royaume des îles qui comprenait, avec Man, les îles de la côte occidentale d'Écosse. Puis vinrent les descendants du Godred Crovom, sous la suzeraineté norvégienne. Après leur extinction et la défaite d'Haakon par les Écossais (1263), le roi de Norvège Magnus céda Man et les Hébrides au roi d'Écosse Alexandre III. A la mort de celui-ci, les Manx (= habitants de Man) se mirent sous le protectorat du roi d'Angleterre Édouard Ier (1290). 

En 1333, les Anglais prennent le contrôle de l'île, qu'ils confient à des seigneurs féodaux. Pendant cette période, l'île devient une seigneurie semi-indépendante. Elle est gouvernée par une série de seigneurs appelés les Lords of Man. En 1405, Henry IV attribue à sir John Stanley qui la reçoit à perpétuité, à charge de donner aux rois lors de leur couronnement une paire de faucons. Les Stanleys régiront l'île avec le titre de roi jusqu'au jour où James (Jacques), septième comte de Derby, se contentera de celui de lord. Ils établissent des bases solides pour son administration, notamment le développement du Tynwald, le parlement insulaire, l'un des plus anciens parlements continuellement en activité au monde. Aux XVIe et XVIIe siècles, l'île de Man subit les conséquences des bouleversements religieux en Angleterre. En 1651, la comtesse de Derby est chassée par le receveur général Christian qui armz les insulaires et remet Man aux parlementaires anglais. L'île est donnée à Thomas, lord Fairfax; mais à la Restauration la famille Derby en reprend possession.

En 1735, James, dixième comte de Derby, étant mort sans héritiers, le titre de lord de Man passa à James, second duc d'Athol, qui descendait de Sophie, fille du septième comte de Derby. Comme l'île de Man était le centre d'un vaste commerce de contrebande, le gouvernement anglais résolut de l'annexer; il en acheta la souveraineté en 1765, moyennant 70 000 livres sterling et une annuité de 2000 livres, ne laissant au duc que certains droits seigneuriaux, lesquels furent rachetés en janvier 1829, au quatrième duc d'Athol, moyennant 417 144 livres. La Loi de rachat (Revestment Act) mit ainsi  fin à la domination des Lords of Man. L'île sera désormais directement placée sous la Couronne britannique, sous le contrôle de Westminster. Toutefois, le Tynwald conserve une autonomie administrative marquée.

Durant le XIXe siècle, l'île commence à renforcer son organisation parlementaire, même si le contrôle britannique demeure marqué. Les réformes politiques s'accélèrent. Le Tynwald se modernise progressivement, notamment au niveau de la représentation démocratique. Les réformes électorales permettent à l'économie locale et à la population d'être mieux représentées, bien qu'il faille attendre encore plusieurs décennies pour des réformes démocratiques complètes. Parallèlement, à partir du début des années 1800, l'île de Man devient une destination touristique prisée, d'abord pour les classes aisées anglaises, puis pour les classes moyennes avec le développement des voyages en ferry à vapeur dans la mer d'Irlande. La beauté pittoresque des paysages, un climat sain et des attractions telles que les promenades le long de la côte attirent de nombreux visiteurs. Des infrastructures touristiques, notamment à Douglas (la capitale), comme des hôtels, des théâtres et des promenades, sont développées pour répondre aux afflux croissants de visiteurs. Les courses hippiques et équestres, ainsi que des festivals locaux, renforcent la popularité de l'île auprès des Anglais.En 1821, la population vivant sur l'île est d'environ 40 000 habitants. Elle augmente durant le siècle grâce à l'amélioration des conditions de vie et au développement urbain dans des villes importantes comme Douglas et Ramsey.

Pendant la Première Guerre mondiale, l'île joue un rôle particulier en accueillant plusieurs camps d'internement pour les étrangers dits "ennemis", c'est-à-dire des ressortissants des puissances de l'Axe vivant dans l'Empire britannique. Ces camps, parfois improvisés dans des hôtels abandonnés ou des terrains ouverts, sont situés principalement à Knockaloe (près de Peel).  Le tourisme, devenue une activité clé pour l'économie de l'île, est sévèrement affecté par la guerre. Une fois la Première Guerre mondiale terminée, l'île reprend son rang de destination touristique populaire. Le tourisme devient une industrie de premier plan durant les années 1920 et 1930, attirant des visiteurs britanniques en quête de loisirs abordables. Cependant, la Grande Dépression des années 1930 provoque une baisse significative des recettes du tourisme et pousse l'île à diversifier ses activités économiques.

Au cours de la Seconde Guerre mondiale, comme lors de la Première, des camps d'internement sont aménagés pour des civils étrangers du camp ennemi (notamment des Allemands et des Italiens). Le camp de Douglas et d'autres sites similaires sont utilisés pour héberger ces internés. Bien que relativement isolée, l'île n'est pas à l'abri des tensions et participe également par ses habitants et ses ressources à l'effort de guerre britannique. Après la Seconde Guerre mondiale, l'industrie touristique de l'île de Man connaît un lent déclin. La popularité croissante des voyages à l'étranger, notamment dans des destinations plus ensoleillées, détourne une partie des visiteurs traditionnels. Ce déclin pousse l'île à chercher encore davantage d'alternatives économiques.

À partir des années 1960, l'île commence à se développer comme un paradis fiscal et un centre financier international. Elle établit un régime fiscal avantageux qui attire les entreprises, les banques offshore et les particuliers fortunés. Le gouvernement insulaire met également en place des lois qui encouragent l'industrie de l'assurance et de la finance. Ce statut économique controversé permet à l'île de préserver un niveau de prospérité élevé, mais suscite également des critiques quant à son rôle dans les mouvements financiers internationaux.

Bien que l'île de Man reste sous souveraineté britannique, elle jouit depuis longtemps d'une autonomie interne significative, notamment grâce à son parlement, le Tynwald.    L'île administre ses propres affaires intérieures tout en restant sous la protection militaire et diplomatique du Royaume-Uni. Avant le Brexit, elle n'était pas directement membre de l'Union européenne, mais bénéficie d'accords particuliers en tant que "territoire associé".  L'île fait aujourd'hui des efforts importants pour rajeunir et préserver son patrimoine culturel. Cela comprend des initiatives pour revitaliser la langue mannoise, qui était autrefois proche de l'extinction. Depuis les années 1990, des politiques culturelles ont permis de relancer l'enseignement et l'utilisation du mannois, qui est aujourd'hui une langue régionale reconnue.  Les événements culturels et sportifs, comme le célèbre Tourist Trophy (TT), une course de moto organisée pour la première fois en 1907, continuent à attirer des visiteurs du monde entier.

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