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Henri IV, roi d'Angleterre

Henri IV ou Henry IV est un roi d'Angleterre, né en 1367, avait pour père le duc de Lancaster, troisième fils d'Édouard III. Persécuté et exilé par Richard Il, il profita des haines que la tyrannie de ce prince avait soulevées pour le faire déposer (1399), et pour s'emparer de la couronne, qui, au défaut de Richard, revenait à Roger Mortimer, petit-fils du duc de Clarence, deuxième fils d'Édouard III, et à Anne Mortimer, sa fille. Cette usurpation et le meurtre de Richard II excitèrent des révoltes qui furent réprimées par la sanglante bataille de Shrewsbury, en 1403, et suivies de cruelles vengeances. Henri IV, après avoir fait la guerre à l'Écosse et à la France, mourut détesté, en 1413.

Henri IV, dont la tombe, dans la cathédrale de Canterbury, a été ouverte en 1832, était de petite taille, vigoureux, avec une barbe épaisse. Aventureux dans sa jeunesse, toujours orthodoxe et dévot, il semble avoir été colérique, mais relativement clément. Sa conscience, pendant ses dernières années, si douloureuses, le tourmenta; il l'apaisait, dit Capgrave, par la casuistique. Il était instruit, entendait le latin, et patrona Gower, Chaucer, Christine de Pisan. De sa première femme, Mary Bohun, il eut quatre fils et deux filles : Henri V, qui fut sont successeur sur le trône d'Angleterre; Thomas de Clarence; Jean, duc de Bedford; Humnphrey, duc de Gloucester; Blanche, qui épousa, en 1402, le comte palatin du Rhin, et Philippa, reine de Danemark.
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Henry IV.
Henri IV (National Gallery).

Une jeunesse aventureuse.
Henri IV était l'aîné des fils survivants de Jean de Gand, quatrième fils d'Edouard III et de Blanche de Lancaster, né le 3 avril 1367, mort le 20 mars 1413. Comte de Derby dès 1377, commis par son père l'année suivante à la garde du comté palatin de Lancaster, il épousa, en 1380, l'une des héritières du comté de Hereford, Mary Bohun. 

En 1387, on le voit déjà s'associer, contre Richard Il, à son oncle Gloucester; il fut un des cinq lords qui, en décembre de cette année-là, firent campagne contre le roi et ses favoris, et entrèrent en victorieux à Oxford et à Londres. Il joua un grand rôle dans le « Parlement impitoyable » et dans celui de 1389. Puis il parut se désintéresser de la politique, et se montra passionné pour les tournois et pour la croisade. Aux joutes de Saint-Inglevert, près de Calais, en mars 1390, il força l'admiration des Français par son adresse et sa générosité. Puis, au lieu de se joindre, comme il en avait eu d'abord l'intention, à l'expédition du maréchal Boucicault contre les Barbaresques, il fit campagne en Poméranie contre les Lithuaniens avec les chevaliers teutoniques. Il ne revint en Angleterre qu'à la fin d'avril 1392. Ce ne fut pas pour Iongtemps. 

En juillet, il s'embarquait à Lyon pour une seconde croisade en Prusse; mais ses gens s'étaient rendus insupportables aux chevaliers teutoniques, et, Ie 23 septembre, il résolut d'aller faire un pèlerinage en Terre sainte. Par Prague, Vienne, Venise, Zara, Rhodes, Jaffa, il atteignit Jérusalem, qu'il visita très rapidement; en mars 1399, il était de retour à Venise d'où il partit pour Milan, Pavie, Paris (22 juin) et Londres (5 juillet). 

On le perd à peu près de vue durant les années qui suivent; il semble qu'il se soit effacé devant son père; il se montra, comme Jean de Gand, très loyal à Richard II durant sa grande lutte pour l'absolutisme; ses anciens associés, Gloucester, Arundel, Warwick, il parut les considérer alors comme ses adversaires, et, en août 1397, il leva des troupes pour la défense du roi; il fut élevé, le 29 septembre, à la dignité de duc de Hereford. C'est alors que s'éleva, entre lui et Nottingham, devenu duc de Norfolk, un différend célèbre. Norfolk aurait invité Hereford à se méfier des sentiments du roi à son égard, à craindre que le roi n'eût pas oublié encore les événements de 1387; Hereford s'en plaignit hautement devant le parlement tenu à Shrewsbury le 30 janvier 1398, et accusa de trahison Norfolk, qui répliqua en l'accusant de mensonge. Un duel parut inévitable, et de grands préparatifs furent faits en vue d'une rencontre, en septembre, à Coventry. Hereford, l'idole du peuple de Londres, était accompagné dans la lice des voeux unanimes de la foule accourue pour assister au combat; mais Richard ne permit pas que ce combat eût lieu; il bannit Norfolk à vie et Hereford pour six ans. Le départ de dernier pour l'exil fut son triomphe, et Richard II ne lui ménagea pas, en cette occasion, les marques de ses regrets.

Le 13 octobre 1398, Henri quitta l'Angleterre pour Paris, où l'hôtel Clisson fut sa résidence, et où il demeura jusqu'à la mort de son père (3 février 1399). Alors Richard Il jeta le masque; Norfolk n'avait pas eu tort de dire qu'il n'avait pas pardonné sincèrement : il bannit Hereford à toujours, confisqua ses domaines de Lancaster, et, persuadé qu'il avait ainsi consommé la ruine de son cousin, il partit imprudemment pour l'Irlande. 

Henri, aventureux, sûr de sa popularité, d'accord avec les Arundel, quitta presque aussitôt Paris, secrètement, après avoir reçu ces nouvelles, pour faire une descente en Angleterre; il débarqua à Ravenspur le 15 juillet 1399; le 9 août, il était à Chester, sans avoir rencontré nulle part de résistance sérieuse dans sa promenade triomphale. Richard, abandonné de tous dès qu'il eût mis le pied en Galles, se rendit le 18 août; le 29 septembre, à Londres, il renonça à la couronne, désignant Henri comme son successeur. Celui-ci fut, en effet, choisi par le Parlement « à raison du mauvais gouvernement de Richard, et comme descendant en droite ligne de Henri III par Edmond, son fils cadet ».

Henri IV sur le trône.
Le 13 octobre, Henri IV fut couronné en grande pompe par l'archevêque Arundel. La révolte de quelques seigneurs, Kent, Salisbury, Huntingdon, etc., en janvier 1400, qui formèrent le projet de s'emparer de sa personne, n'entraînèrent que le massacre de la plupart de ceux qui y prirent part, et la mort suspecte de Richard II dans sa prison. L'usurpateur eut ensuite à considérer l'effet produit à l'extérieur par la révolution de 1399 : Charles VI de France, beau-père de Richard II, réclama sa fille Isabelle et la restitution de sa dot. Louis, duc d'Orléans, ancien ami de Henri, l'accusa du meurtre de Richard Il et le provoqua en duel; sans que la guerre fût ouvertement déclarée avec la France, la mer et les côtes anglaises furent inquiétées par les corsaires français. 

Le nouveau roi d'Angleterre chercha contre la France des alliés au Portugal et en Castille, pays dont ses soeurs étaient reines; il maria l'une de ses filles, Blanche, à Louis, fils de Rupert, roi des Romains; une autre, Philippa, à Eric XIII de Danemark. Lui-même épousa, en 1403, Jeanne de Navarre, duchesse douairière de Bretagne. 

Dans l'île mêm, Henri IV eut à lutter énergiquement contre les Lollards, les Gallois et les Ecossais. Il détestait les hérétiques, les Lollards, pour lesquels son père avait eu des ménagements; appuyé sur le parti orthodoxe dont l'archevêque Arundel était le chef, il approuva le statut De IHaeretico comburendo, qui fut la première loi de persécution publiée en Angleterre en matière religieuse; l'un des premiers martyrs exécutés en vertu de ce statut fut un certain William Sawtree, prêtre de l'église de Saint-Osyth. De leur côté, les Gallois restèrent inébranlables dans leur fidélité à la mémoire de Richard II, et Henri IV ne parvint jamais à leur faire reconnaître sa légitimité. A la suite d'une querelle privée entre sir Owain of Glyndwr (Owen Glendower) et un partisan des Lancaster, lord Grey of Ruthin, Owen souleva tout le pays; il brûla, en 1400, Oswestry, les monastères de Saint-Asaph, Llandaff, Bangor, etc. En 1402, il se fit couronner comme prince de Galles. Plus dangereux encore étaient les Ecossais, dont le roi, gouverné par Rothesay et Albany, refusa l'hommage. La défense des marches anglaises de ce côté appartenait aux Percies, au comte de Northumberland et à son fils Harry, que les Écossais avaient surnommé Hotspur. Les Percies remportèrent, le 14 septembre 1402, à Homildon Hill, une victoire signalée sur l'armée écossaise de Douglas. Mais ce succès faillit être fatal à Henri IV. Les Percies, en effet, se plaignirent de son ingratitude; leurs plans de pacification ne furent pas adoptés par la cour royale; ils furent offensés qu'on leur demandât de se dessaisir entre les mains du roi du comte de Douglas, leur prisonnier. Dans une entrevue très orageuse, Hotspur fit valoir que le roi, qui avait payé aux Gallois la rançon de lord Grey of Ruthin, eût refusé d'agir de même pour un autre prisonnier d'Owen. Edmond Mortimer, comte de March, allié des Percies. Une rébellion formidable s'ensuivit : Mortimer, délivré gratuitement par le chef gallois, épousa sa fille; Douglas, délivré gratuitement par les Percies, se joignit à eux, à Mortimer et aux Gallois. Les Français envoyèrent des secours. L'étendard de Richard Il fut relevé dans les comtés du Nord. 

Jamais Henri IV n'avait encore couru pareil danger; mais il en fut délivré par la victoire de Shrewsbury (23 juillet 1403), où Hotspur fut tué. En 1405, James, le jeune héritier du royaume d'Ecosse, que l'on envoyait en France pour apprendre le français, fut pris en mer par ses gens et amené à sa cour; il s'en fit un otage précieux. Cependant les comtés du Nord avaient encore besoin d'une leçon : Thomas Mowbray, Northumberland, l'archevêque d'York Richard le Scrope, prirent de nouveau les armes, comme proctors for the commonwealth of England; ils demandaient un Parlement libre, des réformes dans la maison du roi, des mesures efficaces contre les Gallois; tel était leur programme. On les prit par surprise : l'archevêque et Mowbray, capturés, furent condamnés, malgré l'opposition du chief-justice, sir William Gascoigne, sans avoir comparu devant leurs pairs, et exécutés le 8 juin 1405. Northumberland et lord Bardolf avaient réussi à s'enfuir en Ecosse; mais ils partirent de là en 1407 pour une tentative suprême; ils périrent au combat de Bramham Moor, et leur complice, l'abbé de Hales, fut pendu. 

C'est ainsi que Henri IV fut débarrassé de ses plus redoutables ennemis; mais il resta peu puissant, les mains liées, incapable de poursuivre ses succès, faute de santé et d'argent. Elu par le Parlement, Henri IV fut obligé de compter avec le Parlement et de gouverner d'accord avec lui; ce fut un roi constitutionnel. Richard II avait essayé de concentrer toute l'autorité dans le Privy Council réorganisé; Henri IV souffrit que le Parlement désignât les membres de ce conseil. Toutefois, si parcimonieuses que fussent les Communes à son égard, il ne consentit jamais à accepter les taxes sur les biens d'Eglise, à sanctionner la confiscation du tiers de ces biens au profit de l'Etat que les Communes, toujours animées du vieil esprit lollard, lui proposèrent à plusieurs reprises. 

Du reste, à partir de 1406, l'état de sa santé lui interdit à peu près toute activité, et il laissa lutter entre elles dans le conseil, sans intervenir, les influences rivales des Arundel et des Beaufort, jusqu'au jour où les Beaufort, d'accord avec le prince de Galles (le futur Henni V), essayèrent de le forcer à abdiquer; il montra qu'il était encore le maître en disgraciant son fils aîné (1412), et en organisant une expédition, sous le commandement de son second fils, Thomas de Clarence, pour appuyer les Armagnacs, alors que le prince de Galles était l'ami des Bourguignons.

Il mourut non de la lèpre, comme on l'a dit, mais d'une maladie mal définie, chronique, qui semble avoir été une affection du cour accompagnée d'herpes labialis. La légende qui représente le prince de Galles, au lit de mort de son père, s'emparant de la couronne avant le temps, se trouve pour la première fois dans la chronique de Monstrelet.  (I.).

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Dictionnaire biographique
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