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Fès ou
Fez. - Ville du Maroc![]() Fès est à environ 320 kilomètres de la frontière algérienne, à 180 kilomètres de Rabat, à 195 kilomètres au Sud de Tanger et à 140 kilomètres au Sud du littoral de la Méditerranée au point dit du Peñon de Velez de la Gomera, toutes ces distances étant mesurées à vol d'oiseau. L'altitude moyenne de Fès est de 300 m, mais une grande différence de niveau existe entre Fès Djedid ou la Neuve et Fès et Bâli ou l'Ancienne, qui est au fond de l'étroit vallon où coule l'oued Fès. La ville jouit d'un climat relativement humide; il y pleut beaucoup durant le printemps et les chaleurs y sont très fortes pendant l'été où le thermomètre se maintient entre 35° et 40° à l'ombre; en hiver, il est rare qu'il s'abaisse au delà de +3°. L'oued Fès, appelé jadis oued Djouhaïr,
ou la rivière des Perles, prend naissance à Ras el-Mâ à peu de distance
au Sud-Ouest. L'humidité y est excessive en été; c'est dans une buée
chaude que l'on vit; mais c'est à cela que Fès doit la beauté vraiment
éclatante de ses jardins qui produisent les
plus savoureuses grenades au grain jaune du Maghreb, les meilleures qualités
de figues, de raisins, de pêches, d'abricots, de citrons, etc. Cette richesse
des jardins et des pâturages de Fès explique l'admiration qu'elle a inspirée
aux poètes arabes émerveillés de ce vallon où s'étendent de si jolis
jardins d'où montent le parfum des fleurs et le chant de mille oiseaux Située à peu près vers le centre de
la dépression qui sépare le système rifain du système de l'Atlas, Fès
se trouve sur la route naturelle qui longe la base occidentale de l'Atlas
à l'extrémité de vastes plaines qui s'étendent jusqu'au littoral atlantique,
et elle est en même temps près de l'entrée de la vallée de l'oued Innaouen,
communication toute tracée entre l'Algérie Fes el-Bâli ou l'Ancienne a été fondée
en 793 de J.-C. ou 177 de l'hégire par Idris ben Idris ou Idris Serir,
fils du grand Idris, l'apôtre de la religion musulmane ![]() Une tannerie, à Fès. Source : The World Factbook. Pendant le règne de Yahia, ce fut aux
soins éclairés de ce prince idrisside, vers 840 de J.-C., que Fès dut
la construction de ses bains, de ses faubourgs et de ses caravansérails;
aussi était-elle devenue une ville très florissante, dans laquelle affluaient
jusqu'aux habitants des contrées éloignées. En effet, tant que la puissance
des Maures s'est maintenue dans tout son éclat, Fès en a été en quelque
sorte le foyer. Dans la suite, une terrible rivalité et des guerres sans
fin devaient s'établir dans sa population jusqu'au siège que, en 1069
de J.-C., Youçof ben Tachefin, à la tête des Berbères
Lemtouna ( Le vainqueur fit alors abattre le mur qui
séparait le quartier des Cairouanides ou Adoua et Carouïyn de celui des
Andalous ![]() Une ancienne vue de Fès. Les toitures vertes et lumineuses des mosquées se détachent de la blancheur des terrasses, et une ceinture de jardins semble suivre la vieille muraille pour enserrer la ville de tous côtés. Au loin, le Sebou promène ses eaux que le soleil fait briller comme un serpent d'argent; Fès, en effet, n'est qu'à 4 kilomètres de ce fleuve que l'on franchit sur un pont qui fut construit en 1669 sous le règne du sultan Errechid. L'horizon est, dans le Sud, borné par les hautes montagnes des Beni Ouaraïne dont la neige blanchit en hiver les sommets et jusqu'à la fin du printemps, par le massif des Aït Youssi et enfin par la chaîne des Beni Meguild, au pied de laquelle vient expirer la grande plaine dite de Fès, large d'une vingtaine de kilomètres. L'enceinte de Fès se compose d'un grand mur en pisé, flanqué de distance en distance de tours carrées également crénelées, ces créneaux se terminant par une petite pyramide tronquée. La ville est dominée par deux petits forts isolés sans portes apparentes et qui n'ont aucune valeur; ce sont de simples blockhaus, mais la principale force défensive de Fès a toujours consisté dans la nature des voies de communication intérieure, les rues formant un labyrinthe inextricable où il était très difficile à des assaillants de s'aventurer, même en nombre, si la population poursuivait la lutte après la prise des remparts. Ceux-ci constituaient aussi un obstacle assez sérieux, moins par leur hauteur de 8 à 10 m et par leur épaisseur de 2 à 3 m à la base, que par la nature de leurs constructions. Ils sont tout entiers en pisé; les projectiles ordinaires de campagne ne pouvaient en avoir que difficilement raison, et une armée assiégeante ne pouvait les détruire qu'à la mine ou à la sape. Cette enceinte à demi ruinée donne à la ville l'aspect d'une cité du temps des croisades; elle est percée de portes monumentales dont les principales sont au nombre de six pour Fès el-Bâli et deux pour Fès Djedid. Ce sont : Bab el-Hadid qui mène à Sefrou et dans le Sud, Bab Djedid qui mène dans les jardins; Bab Sidi bou Jida et Bab Fteur qui, toutes deux, conduisent au pont du Sebou, c.-à -d. à la route d'Oudjda; Bab et Guiza pour la région des Cherarda; Bab Mahrouk vers Meknas et Moulaï Yakoub. A Fès Djedid, ce sont : Bab Sidi bou Nafa ou Bab Jiaf vers Sefrou et le Sud, puis enfin Bab Segma où passe le chemin de Meknas et Tanger. L'ancienne division en quartier des Andalous et en quartier des Cairouanides n'existe plus; on divise actuellement la ville en sept parties qui rappellent le souvenir historique des grandes familles telles que les Bennis, les Berrada, les Bennani, El Quebadj, El Ha'llou, puis ceux qui proviennent de familles de chorfa, tels les Belretïyen, Idrissïyen et enfin Squelïyen. Ces grandes divisions se subdivisent elles-mêmes en treize quartiers auxquels il convient d'ajouter El Queceba (le village des fleurs) quartier de Filala ou indigènes du Tafilalet. Fès Djedid, à part le Mellah, l'ancienne juiverie, possède cinq quartiers. Entre le nouveau et l'ancien Fès se trouve Bou Djeloud ou l'endroit des tanneries avec le palais du sultan et le cimetière de Sidi bou Beker el-Arabi, du nom du tombeau de ce saint. A Bou Djeloud campaient autrefois des troupes de cavalerie durant le séjour du sultan, et on y remarque aussi l'ancienne qasba El Lebtata. Les rues de Fès sont, en général, en pente, quelques-unes pavées et si étroites qu'on ne peut guère y circuler plus de deux ou trois de front. Les maisons sont, pour la plupart, très hautes, et les façades qui donnent sur les rues sont de simples murs droits sans aucun ornement extérieur et presque sans ouvertures. Des voûtes étroites et obscures, sous lesquelles on rejoint d'autres quartiers, complètent cette impression. L'intérieur des maisons est souvent fort beau et remarquable autant par la richesse que par la variété et par le goût de l'ornementation architecturale. Quant aux marchés, bazars et qaiserïya ou marchés à la criée, ils sont fort nombreux et fort animés, Fès a toujours été un centre de commerce considérable. Sous la domination des Zenata , Fès fut très agrandie, mais c'est à l'époque des Almohades qu'elle atteignit toute la splendeur de la richesse, du luxe et de l'abondance. On y comptait alors 985 mosquées ou chapelles, 122 lieux aux ablutions, 93 bains publics, 472 moulins, non compris ceux du dehors, et sous le règne de Nacer, 89 236 maisons, 19 041 mezriza ou chambrettes indépendantes pour célibataires, 467 fondouks ou caravansérails. Quoique bien déchue de cette époque, Fès compte encore un grand nombre de mosquées dont quelques-unes ont une importance spéciale. Au premier rang, nous citerons celle de Moulaï Idris ou des chorfa qui est la plus vénérée. C'est un vaste sanctuaire élevé sur le tombeau de ce fondateur de la ville. La mosquée du quartier des Cairouanides ou Djama et Carouïyn, fondée en 859 av. J.-C. par une femme de Cairouan, est peut-être la plus belle de la ville; on remarque ensuite la mosquée du quartier des Andalous. Ces deux mosquées possèdent des medarsa ou écoles religieuses dont les tholba ou étudiants, surtout ceux de la mosquée des Cairouanides, jouissent d'une réelle autorité dans le monde musulman. La porte superbe de la mosquée des Andalous domine presque toute la ville comme une sorte d'arc de triomphe. Citons encore la medarsa des Soffarin, qui fut jadis la plus fréquentée; elle est située près du marché aux cuivres, et sa porte d'entrée est célèbre dans l'histoire locale de la ville, puis la medarsa des Cherrâthin, construite par le sultan Errechid; la mosquée de Si Ahmed Chaoui, bâtie sur l'emplacement de la maison du saint, était autrefois très vénérée; puis celle importante comme centre d'enseignement, et finalement la zaouiya ou couvent de Sidi Hamza des Ahl Seri de l'Idraren, où se forment une grande partie des tholba, missionnaires de la région de l'Atlas : à ce titre, elle est très fréquentée. Nous ajouterons la mosquée de Bab el-Guisa qui est une des plus grandes, et, comme medarsa, celle de Mechâtin du sultan Errechid, de Bab Souk et de Moulaï bou Anan, à Talla, qui, jadis, était la plus vaste. Dans le nouveau Fès, on remarque la grande mosquée, puis la Djama de Moulaï Abdallah à Bou Djeloud où chaque sultan devait recevoir l'investiture, et enfin la mosquée d'En Nacer. Les mosquées de Fès n'ont pas de coupoles, mais de simples toits en pente, parfois formés de tuiles vertes qui brillent alors au soleil comme du verre incandescent. Presque tous les ordres religieux du Maroc Bien que capitale du Maroc ![]() Un atelier d'artisans à Fès. © Elsa Soucasse, 2006. Ville très religieuse, Fès n'en a pas
moins été tout au long de l'histoire une ville aussi industrieuse que
commerçante, car, sauf les chorfa et les uléma, il n'est quasiment personne
qui ne soit négociant ou artisan. Cette ville a toujours été le point
traditionnel d'arrivée de toutes les marchandises du Tafilalet, et elle
reçoit tous les produits depuis ceux du Gourara |
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