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Les
Isoétacées
constituent l'unique famille vivante de
l'ordre des Isoétales, groupe appartenant à la
classe
des Lycopodinées (ptéridophytes).
Cette famille, représentée par le seul genre
Isoetes (nombre réduit d'espèces) est formée de plantes
souvent aquatiques.
Etudié par
J. Gay, Durieu, de Maisonneuve, Al. Braun, Notaris, Engelmann, l'Isoetes
offre un exemple remarquable d'un type très distinct, tout à
fait différent de la famille des Lycopodiacées
avec, laquelle on le confondait autrefois. Cette plante présente
l'aspect d'une rosette stérile de Graminée ou de Jonc, ce
qui la cachait facilement à l'attention de l'observateur. On trouve
les organes fructifères dans une concavité formée
par la base élargie des feuilles et recouverts par un voile qui
n'est qu'une membrane de la feuille;
ce qui fait qu'ils purent échapper à Llyods et à Richardson,
les premiers qui découvrirent et observèrent l'Isoetes lacustris
(Ray,
Syn. rnath. Stirp Brit., 1690), et ils s'étonnèrent que
la plante ne fleurît jamais.
Sur la même
souche, on rencontre des sporanges
de deux sortes, concordant par leur forme et leur point d'attache, mais
tout à fait différents quant au contenu : les uns, sur les
feuilles supérieures du cycle, sont pleins de spores
volumineuses et tétraédriques (Macrospores), observées
pour la première fois par Dillenius et dont il a fait mention dans
son historia Muscorum (1741); les autres, sur des feuilles plus
internes renfermant des spores plus petites, plus allongées (Microspores)
et découvertes par Linné
(Iter Scan., 1754 ). L'illustre botaniste regarda les conceptacles
à grosses spores comme des capsules à
graines,
et, ceux à petites spores comme renfermant des anthéridies
pleines de pollen. On peut voir qu'il apprécia
avec justesse, sinon morphologiquement, du moins physiologiquement, car
il affirma que les grosses spores germaient sous l'influence des petites.
Mettenius (Beitr. z. Bot., 1850) et peu après Hofmeister
(Beitr. z. Kenntn. d, Gefoeskrypt., 1852) ont décrit, d'une
manière explicite, l'anthérozoïde
roulé en spirale.
Au moment de la germination,
le prothalle d'un Isoète, avec
ses archégones, présente un rapport
singulier avec le sac des Gymnospermes;
c'est à cause de la ressemblance qu'ont leurs microspores avec les
grains de pollen que ces plantes sont surtout
propres à nous montrer le pont qui unit les deux grandes divisions
du règne végétal. Tige
courte, épaisse, renflée et simple; elle porte inférieurement
des racines et supérieurement des feuilles
nombreuses supportées en faisceau à base dilatée,
longuement rétrécies et subulées.
Isoetes.
Port;
feuille, coupe longitudinale, sporocarpes.
L'aire de dispersion
des Isoètes se rencontre dans les deux hémisphères.
Il existe en France trois ou quatre espèces : l'Isoetes lacustris
se trouve en Auvergne,
dans les plateaux de l'Aubrac et dans les Vosges (lac de Longemer); l'Isoetes
setacea se rencontre dans le département de l'Hérault.
On n'a guère
trouvé d'Isoétacées fossiles que dans les couches
de l'époque tertiaire. Mais il n'est pas improbable que des Isoétacées
aient vécu côte à côte avec les Lépidodendracées
(autres Lycopodinées) paléozoïques,
perdues au sein des marécages des âges carbonifères;
l'humilité même de leur rôle les aurait fait échapper
aux causes de destruction qui ont déterminé la disparition
de leurs congénères géants, avec lesquels ils ont
des rapports évidents. On trouve des vestiges d'Isoétacées
terrestres dans l'éocène récent des gypses
d'Aix, d'autres aquatiques, peu différents des Isoètes actuels;
citons l'I. Brauni Ung., trouvé dans les schistes calcaires du miocène
supérieur d'Oeningen et très voisin de l'I. lacustris.
(A. Vendryes / Dr L. Hn). |
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