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On donne le nom
d'anthéridies (du grec : anhéros = fleuri,
et eidos, forme) chez les plantes cryptogames,
à l'organe qui produit et renferme les éléments fécondateurs,
que ces derniers soient mobiles (anthérozoïdes)
ou immobiles (pollinides), qu'ils soient formés directement aux
dépens du contenu de l'anthéridie, ou par l'intermédiaire
de celIules-mères spéciales.
Dans la classe des Algues,
l'anthéridie, lorsqu'elle existe, peut revêtir les formes
les plus variées, et son étude, dans ce groupe, est d'autant
plus intéressante, qu'on peut, en s'adressant aux types les plus
inférieurs, saisir les diverses phases de son apparition et de sa
différenciation et voir un organe, d'abord entièrement semblable
aux éléments voisins, se spécialiser de plus en plus
dans les types supérieurs, pour s'adapter mieux au rôle qu'il
est appelé à jouer.
Anthéridies de Fucus. Le premier fait qui frappe, dans cette étude comparée, est l'absence de reproduction sexuée connue, dans le groupe le plus inférieur des Algues, les Cyanophycées. Chez les Chlorophycées et les Phéophycées, les types les plus inférieurs sont isogames, et il est impossible de différencier l'organe reproducteur môle de l'organe reproducteur femelle, tandis que, dans les types inférieurs, cette différenciation se produit et peut même être poussée très loin; il s'ensuit que, dans un très grand nombre de cas, il est impossible de trouver un organe qui mérite réellement le nom d'anthéridie (Conjuguées, Cénobiées, Siphonées isogames, Confervacées isogames, Phéosporées isogames). L'existence de types isogames à la base de chacun de ces deux grands groupes, et même à la base de presque toutes les familles qui constituent l'ordre des Chlorophycées, semble indiquer que la spécialisation des éléments reproducteurs et des organes qui les produisent ne s'est opérée que lorsque les principaux groupes des Algues étaient déjà constitués et que tous ces groupes, issus dune souche commune isogame, ont conservé, au début de leur évolution, le souvenir de cette isogamie; dans chacun d'eux, la différenciation se serait alors effectuée isolément, dans un sens spécial, et ce fait expliquerait les divergences considérables qui existent d'un groupe à l'autre dans la constitution et la forme de l'appareil reproducteur. Pour se faire, dans ces conditions, une idée exacte de l'anthéridie, il faut la suivre dans son évolution, dans chaque groupe Chlorophycées.
Vauchéria (anthéridie). Dans ce dernier cas, il n'y a pas encore de distinction extérieure entre l'organe qui contient les éléments mâles et celui qui renferme les éléments femelles, entre l'anthéridie et l'oogone; cette différence apparaît chez les Vaucheria, dont les organes reproducteurs sont de courtes ramifications du thalle, rapprochées deux à deux; I'anthéridie, qui ici reçoit le nom de cornicule, a la forme d'un tube recourbé en corne, en seulement coudé, quelquefois droit, séparé du filament par une cloison transversale qui s'est formée près de sa base; elle est remplie par un nombre considétable d'anthérozoïdes à deux cils qui, à maturité, sont mis en liberté par la résorption du sommet de l'anthéridie. Une différenciation paraIlèle a lieu dans la famille des Confervacées, dont certains types inférieurs sont isogames (Ulothrix, Cladophora, Chaetophora, Ulva), tandis, que d'autres sont pourvus d'oogones et d'anthérozoïdes; ces derniers éléments peuvent être contenus dans des cellules non différenciées c'est le cas chez Sphaeroplaea annulina, dont toutes les cellules, sans changer de forme, deviennent, soit des oogones, soit des anthéridies; ces dernières contiennent des anthérozoïdes à deux cils, formés par division cellulaire. Dans les autres types de Confervacées, l'oogone et l'anthéridie se spécialisent et prennent alors des aspects différents. Ce dernier organe est formé, chez les Aedogonium, par une cellule aplatie, isolée, au jointe à des cellules semblables pour former un chapelet; chacun de ces éléments forme à son intérieur un Ae. curvum ou deux anthérozoïdes mobiles, pourvus d'une couronne de cils; dans un grand nombre de cas, le corps qui prend naissance dans l'anthéridie n'est pas un anthérozoïde, mais une androspore, qui va se fixer sur la membrane de l'oogone avant sa maturité, et germe en une petite plantule formée d'une cellule basilaire stérile et de quelques éléments aplatis, qui forment chacun deux anthérozoïdes. Chez les Coleochoete, les anthérozoïdes
à deux cils sont produits chacun dans une petite cellule en forme
de bouteille, insérée sur les cellules végétatives.
Enfin, les Mycoidea sont dépourvus d'anthérozoïdes,
et les cellules qui, morphologiquement, correspondraient aux anthéridies,
viennent s'appliquer directement sur l'oogone; la fécondation
a lieu.
La spécialisation la plus complète des anthéridies nous est offerte, dans le groupe des Chlorophycées, par la famille des Characées, qui en est, d'ailleurs, le point culminant; l'anthéridie est formée, chez les Nitella, par la cellule terminale d'une feuille; chez les Chara, par métamorphose des rayons latéraux inférieurs ou du rayon principal d'une feuille; la cellule qui doit lui donner naissance est le siège de divisions répétées, aboutissant à la formation d'une base globuleuse, de 0,5 à 1 mm de diamétre, constituée par huit cellules périphériques, huit intermédiaires et huit centrales; les premières, très développées en surface, prennent le nom d'écussons; leurs bords, irréguliers, s'engrènent réciproquement et leur surface se creuse de sillons rayonnants; leur coloration, d'abord verte, passe rapidement au rouge. Les huit cellules intercalaires, sans s'accroître en surface, ont augmenté de taille dans le sens du rayon, de manière à former huit cylindres, ou manubries, adhérant chacun à la partie centrale d'un écusson. Enfin, les huit cellules internes, ou têtes, adhérentes chacune à l'extrémité d'une manubrie, s'arrondissent et forment une masse centrale, appuyée sur l'extrémité de la cellule foliaire qui supporte l'anthéridie et qui s'est enfoncée dans la cavité de cette dernière. Plus tard, chaque tête produit par
bourgeonnement six cellules arrondies ou têtes secondaires, d'où
procèdent quatre filaments longs et grêles, enroulés
sur eux-mêmes; le nombre de ces filaments est donc de 192 (24 pour
chaque tête); chacun d'eux est cloisonné transversalement
en une série de petits articles discoïdes, dont le nombre varie
de 100 à 200 pour chaque filament et de 20 à 40,000 pour
toute l'anthéridie, et dont chacun donne naissance, à son
intérieur, à un anthérozoïde; à maturité,
les huit écussons se séparent, les anthérozoïdes
quittent leurs cellules-mères, dont la membrane se dissout dans
l'eau, et nagent dans le liquide ambiant. Cette déhiscence se produit
en général le matin.
Coupe transversale d'un conceptacle mâle de Fucus vesicolosus renfermant des spores. Phéophycées.
Toutes les Fucacées sont hétérogames; les anthéridies et les oogones naissent dans des cryptes pilifères, conceptacles, par différenciation de certains poils; chaque conceptacle peut renfermer des anthéridies et des oogones (Halidrys, Myriodesma, Cystoseira) ou être unisexué (Fucus serratus, F. vesiculosus, etc.); la paroi de la cavité est tapissée de longs poils pluricellulaires, dont les uns, non ramifiés, demeurent stériles et constituent les paraphyses, tandis que d'autres se divisent en branches nombreuses qui portent les anthéridies; chacune de ces anthéridies, formée par une cellule ovoïde, contient de très nombreux anthérozoïdes, qui sont mis en liberté par la chute de l'anthéridie, il sort du conceptacle, et par la rupture de la paroi. Chez les Dyctiotées, les anthéridies, qui naissent la surface du thalle, sont groupées en sores, quelquefois renfermées dans une sorte de cupule (Dyctiota); chacune d'elles renferme un grand nombre d'anthérozoïdes ou plutôt de pollinides arrondis ou ovales, immobiles. Floridées.
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