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Les
Bélemnites sont un genre de Mollusques'
Céphalopodes
Dibranches, créé par Breyn (1732) pour les organismes fossiles
que les Anciens, notamment Agricola ,
désignaient déjà sous ce nom, qui veut dire, en grec ,
pierre en forme de flèche. Ce genre est devenu le type d'une importante
famille (Belemnitidae ou Phragmophora de P. Fischer), qui forme, avec les
Seiches et les Calmars (Sepiophora et Chondrophora), le sous-ordre des
Décapodes. A l'exception du genre Spirula, tous les phragmophores
sont éteints. Dans ce groupe, la coquille
interne est dure, en partie cloisonnée et traversée par un
siphon. Ces caractères rapprochent les Bélemnites des Tétrabranches
(Nautiles et Ammonites), mais la coquille était complètement
enveloppée par le manteau et cachée dans les parties molles,
au lieu de servir d'abri à l'animal. Sous
ce dernier rapport, les Bélemnites se rapprochent beaucoup plus
des Seiches, dont elles avaient vraisemblablement les formes extérieures,
et il est permis de les considérer comme les ancêtres de ces
dernières ou comme un groupe frère de ces ancêtres.
En effet, la coquille interne des Seiches (os de seiche), bien que beaucoup
moins dure et de forme différente, présente encore, à
la pointe postérieure de la plume, un rudiment du cône cloisonné
des Bélemnites; ce rudiment est plus développé dans
un genre fossile (Belosepia), qui forme la transition entre les deux groupes.
Les Phragmophores ou Belemnitidae se subdivisent en trois sous-familles
: Belemnitinae, Belemnoteuthinae et Spirulinae.
Les Bélemnites,
c.-à-d. les coquilles internes de ces animaux, sont répandues
dans les couches géologiques, du trias à la fin de la période
crétacée ( Mésozoïque);
le type est déjà en décadence à cette époque,
et les rares survivants que l'on trouve dans le tertiaire ( Cénozoïque),
ou qui sont parvenus jusqu'à nos jours (Spirula), différent
déjà beaucoup du type primitif. Quant à celui-ci,
on ignore son origine exacte: on peut le faire dériver de certains
Tétrabranches (Orthoceras ou Bactrites), ou bien admettre qu'il
provient de quelque forme paléozoïque
nue, et par conséquent n'ayant pas laissé de traces de son
existence.
Les Bélemnites,
de même que les Ammonites, ont de tout
temps attiré l'attention à cause de leur abondance dans certains
terrains et de leur forme sans analogue dans la nature actuelle. On a successivement
attribué ces corps aux trois règnes sous les noms de pierres
de foudre ou de tonnerre ( Jacquart,
Céraunies ou Pierres de tonnere,
texte en ligne), pierres fulminaires, pierres de Lynx, ou en les considérant
comme des pétrifications de plantes marines. A ces corps énigmatiques
on attribuait toute espèce de vertus merveilleuses; on les employait
comme remède contre la colique, la pierre, la diarrhée, la
dysenterie, les hydropisies, etc.; dans certaines contrées, enfin,
on les nommait Chandelles de spectres ou de sorcières. On trouve
la trace de ces croyances et de beaucoup d'autres, dans les noms populaires
que portent encore ces fossiles dans les pays où ils abondent, notamment
en Suisse
et en Allemagne .
Ehrart (1724) fut, paraît-il, le premier à considérer
les Bélemnites comme la coquille d'une espèce de Nautile
ou d'Ammonite, mais il suppose que l'animal était contenu dans la
coquille (alvéole) au lieu de la contenir dans son intérieur.
Au commencement du XIXe siècle,
on discutait encore (Deluc
et Sage )
sur la question de savoir si cette coquille était interne ou externe.
L'opinion de Deluc, qui est la vraie, finit par triompher lorsque l'on
connut mieux les rapports qui unissent les Bélemnites aux Seiches
et qu'on eut découvert la Spirule, seul représentant encore
vivant du groupe des Phragmophores.
La coquille
(interne) des Bélemnites est formée de trois parties :
1° l'étui
solide, calcaire, ordinairement très allongé, cylindro-conique,
désigné sous le nom de rostre (rostrum) on de gaine, et pourvu
en avant d'une alvéole profonde dans laquelle s'enfonce le phragmocone;
2° ce phragmocone
est conique, cloisonné, traversé par un siphon marginal ventral;
3° la partie
dorsale du phragmocone s'allonge pour former le proostracum, prolongement
foliacé, aplati, arrondi en avant, très délicat, correspondant
à la plume des Calmars.
De ces trois parties,
on ne trouve généralement que le rostre dans les couches
géologiques; dans tous les cas le phragmocone en est généralement
détaché et séparé; quant au proostracum, on
n'en connaît que des fragments incomplets. Quelques empreintes de
l'animal, trouvées notamment dans le lias d'Angleterre ,
montrent que l'animal avait dix bras munis de crochets, et qu'il existait
une poche à encre. Quant à la forme exacte des bras et à
l'existence de deux bras plus allongés, comme chez les Seiches actuelles,
on en est réduit à des conjectures par analogie.
La taille des Bélemnites
(coquille) est très variable; les espèces les plus communes
paraissent avoir eu, lorsqu'elles étaient entières, de 10
à 12 centimètres; il en est de beaucoup plus petites (12
à 15 lignes); d'autres, au contraire, atteignent 60 et 80 centimètres
(B. giganteus), ce qui donnerait 2 m à 2,50 m pour la longueur de
l'animal vivant. Les formes varient aussi beaucoup, et le nombre des types
génériques, actuellement connus, est considérable.
Les Belemnitinae ou véritables Béleninites commencent dans
le trias et s'éteignent dans l'éocène.
On peut les diviser
en genres de la manière suivante : Aulacoceras (Haver): coquille
plissée ou striée extérieurement; siphon étroit
et rétréci à intervalles réguliers. Cloisons
relevées en avant dans le voisinage du siphon. Rostre très
court, en relation avec le phragmocone et présentant des sillons
transversaux et des bourrelets longitudinaux. Les phragmocones se rencontrent
plus souvent que les rostres, très rarement en connexion avec ceux-ci.
On connait quatre
espèces du trias supérieur des Alpes (A. reticulatus Hauer).
Atractites (Gümbel) : Rostre et phragmocone lisses, sauf quelques
stries au côté dorsal ;section parfois elliptique; trias supérieur
et lias des Alpes (A. alveolaris Quenst.). - Xiphoteuthis (Huxley), de
forme très grêle et allongée, le phragmocone très
long, plus épais en avant, se prolongeant en un proostracum étroit,
cinq fois aussi long que le rostre qui est cylindrique; la coupe transversale
du phragmocone est plate, elliptique. Une espèce (X. elongata, de
la Bèche), du lias inférieur d'Angleterre. - Bélemnites
(Lister ex Breyn), à rostre sub-cylindrique ou conique, court et
épais ou grêle et allongé, rétréci et
pointu ou arrondi en arrière, se prolongeant en avant par une alvéole
eu forme de cornet ou de cône renversé pour recevoir le phragmocone
à paroi interne fragile et nacrée (godet ou gonothèque),
partagé en chambres par des cloisons transversales légèrement
concaves supérieurement et traversées par le siphon étranglé
au niveau de chaque cloison : la première chambre sphérique.
Le godet se prolonge
sur la face dorsale pour former le proostracum, lame simple, élargie
et arrondie en avant ou à contour anguleux. On a trouvé des
empreintes de l'animal assez nettes pour qu'on puisse restaurer ses formes
: le corps était allongé avec deux nageoires assez étroites
vers le milieu du corps ; les tentacules étaient courts et les huit
autres bras portaient. chacun deux rangs de, crochets cornés. La
poche à encre, est souvent conservée. Tel est l'échantillon
du lias inférieur de Charmouth figuré par Huxley .
Cette figure indique un animal plus allongé, dans son ensemble,
que les types actuels. Le genre Bélemnite renferme un grand nombre
de types que l'on a distingués d'après la forme du rostre,
des sillons qu'il porte, etc. Mayer admet deux, genres, principaux (Bélemnites
et Hastites), dont chacun renferme plusieurs sous-genres. Zittel préfère
conserver l'ancienne classification de d'Orbigny en Belemnites acuarii
(B. acutus Millet, du lias inférieur d'Angleterre), B. canaliculati
(B. canaliculatus Schlotheim, du Jurassique moyen), B. clavati (B. clavatus
Schl., du lias), B. bipartiti (B. exilis d'Orbigny), B. hastati (B. hastatus
Blainv., de l'oxfordien), B. conophori (B.
conophorus Oppel), B. dilatati (B, dilatatus Blainv.).
La plupart des types
cités ici se rencontrent en France .
On distingue, en outre, les sous-genres Actinocamax (Miller), exemple :
A. plenus (Blainv.), du cénomanien
supérieur
Belemnitella (d'Orbigny), remarquable par le piquant qui termine le rostre
(B. mucronata Schloth., du crétacé supérieur). Les
genres Diploconus (Zittel), Banyanoteuthis (Munier-Chalmas), Vasseuria,
Belemnosis, sont plus distincts.
Beloptera (Deshayes)
est remarquable par son rostre portant deux expansions aliformes et rétréci
au point où s'insèrent ces deux expansions (B. belemnitoidea
Blainv., du calcaire grossier du bassin parisien). Spirulirostra (d'Orbigny)
est bien distinct par son rostre court, triangulaire, acuminé au
sommet, épaissi à sa base et portant un phragmocone recourbé
et cloisonné, à siphon ventral; l'unique espèce (Sp.
Bellardii Mich.) est du miocène de l'Italie
septentrionale.
La sous-famille des
Belemnoteuthinae se distingue des véritables Bélemnites par
la réduction de sa coquille interne, qui présente les mêmes
éléments, mais dont le rostre est réduit à
un mince enduit calcaire déposé sur le phragmocone. Ce dernier
forme un cime régulier; le proostracum, bien développé,
est mince, en feuille. L'empreinte de l'animal, du reste, diffère
très peu de celle des vraies Bélemnites : il y avait une
poche à encre et des bras munis d'une double rangée de crochets.
Ce type s'étend du trias au jurassique, et comprend plusieurs genres
: Pragmoteuthis (Molsisovics), à proostracum trilobé, le
grand lobe dorsal correspondant à celui des Bélemnites; le
phragmocone était
muni d'un siphon ventral; le type est P. bisinuata (Brown), du trias supérieur
de Saint-Cassian (Tyrol ),
dont l'empreinte est souvent assez bien conservée pour qu'on distingue
les dix bras avec leurs crochets et même les mandibules. Ostracoteuthis
(Zittel) porte un long proostracum, très délicat, arrondi
en avant (O. superba, des schistes lithographiques d'Eichstad en Franconie).
Belemnoteuthis (Pearce) a son phragmocone entouré d'une écaille
fibreuse un peu épaisse vers la pointe postérieure. On a
trouvé des empreintes complètes du B. antiqua, type du genre,
dans l'argile jurassique d'Angleterre; ces empreintes semblent indiquer
que la peau de l'animal secrétait une substance calcaire striée
en travers. Le genre Onychoteuthis (Quenstedt) ne diffère probablement
pas du précédent. (E. Trouessart). |
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