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Un tumulus
(mot latin signifiant terre amoncelée) est un tas conique
de pierres brutes et de terre que l'on élevait sur l'endroit où
l'on venait d'enterrer un mort. Les dolmens
étaient toujours recouverts d'un tumulus plus ou moins élevé,
et destiné à mettre la chambre sépulcrale à
l'abri de la pluie et à empêcher les carnassiers d'atteindre
les cadavres qui y étaient déposés.
Ces tumulus étaient composés
de matières différentes, selon les localités où
on les élevait. Celui du mont Saint-Michel, à Carnac,
forme une petite colline mesurant 40 000 mètres cubes; il est composé
d'un dolmen recouvert de couches alternatives de pierrailles et de relais
de mer amené d'assez loin. Il n'y a pas de dolmen sans tumulus,
et ceux de ces monuments qui n'ont plus leur revêtement de terre
l'ont perdu dans la suite des temps; il a été enlevé
soit par les intempéries, soit par la main de l'homme, qui, en cultivant
ses champs, en a nivelé le sol; mais il existe des tumulus sans
dolmen. C'est ainsi que dans les Causses, où nombre de ces monuments
funéraires subsistent encore, on a trouvé des tumulus renfermant
des mégalithes, tandis que d'autres n'en contiennent pas; on peut
même suivre le passage des premiers monuments aux seconds, qui, du
reste, sont les plus nombreux.
Dans les tumulus qui ne surmontent pas
de dolmens, les corps étaient déposés
dans des cercueils. Ceux-ci étaient de deux sortes : les uns étaient
faits d'un tronc d'arbre fendu dans le sens de son axe; les deux moitiés
étaient alors creusées; mais l'inférieure l'était
moins à l'extrémité qui devait recevoir la tête.
De plus, deux trous étaient pratiqués dans cette cuve de
bois, l'un à la hauteur des genoux, l'autre vers le dos. La seconde
sorte, de cercueils était faite de deux madriers épais de
5 à 6 centimètres placés de champ au fond de la fosse
et une planche de même épaisseur les reliait supérieurement;
le fond du cercueil était formé de trois baguettes de bois
disposées entre les madriers et dans le sens longitudinal. C'est
sur ces baguettes que le corps du défunt était déposé.
La plupart des tumulus contenaient peu
de cadavres; cependant celui de Bousin, près de Landrecies
(Nord), renfermait cent squelettes. Les corps avaient été
déposés sur le sol naturel et recouverts d'une couche de
terre d'environ 0,50 m d'épaisseur. Par-dessus, on avait placé
des pièces de charpente en chêne et des fascines. Sur le tout,
on avait amoncelé une masse de terre haute de 9 mètres et
dont le diamètre était de 19 mètres à la base.
Les tumulus les plus anciens datent de
la fin de l'époque néolithique; ils ont été
en usage tout le temps qui s'est écoulé depuis cet âge
reculé jusqu'à l'époque mérovingienne.
Ils ont dû servir, à enterrer les morts d'une même famille
ou d'une même tribu. Aussi trouve-t-on dans leur sein des restes
de toutes sortes : âge de la pierre, âge du bronze, âge
du fer ont déposé dans leurs entrailles de riches mobiliers
funéraires qui accusent des moeurs différentes; on voit aussi
que l'on y a pratiqué des inhumations et des incinérations.
A l'époque hallstattienne,
on pratiquait un genre d'inhumation particulier qui nous est révélé
par plusieurs tumulus, notamment par celui de la Motte d'Apremont (Haute-Saône).
A 2,30 m de profondeur, on a trouvé les débris d'un char
avec des ferrures rouillées et présentant des traces d'étoffes.
Le corps était entièrement consommé et sa place n'était
indiquée que par les objets qu'il portait au moment de son ensevelissement.
Le corps avait été placé au milieu du char: à
la place du cou se trouvaient des perles d'ambre et un collier d'or massif
(232 grammes); vers la poitrine trois fibules d'or; au côté
droit un bassin de bronze avec poignées
en fer, une petite coupe en or du poids de 50 grammes et une tête
d'épingle en os; à gauche un bracelet d'os ou d'ivoire.
Ordinairement, les mobiliers funéraires des tumulus de France
sont moins riches que ceux que l'on rencontre en Allemagne.
On peut se demander comment de pareilles
masses de terre, quelquefois si considérables, ont pu être
ainsi transportées et amoncelées sur des sépultures.
Il faut supposer que toute une population a dû y participer. Peut-être
en trouvera-t-on l'explication dans un passage d'Hérodote
(livre VII, § 117), où ce père de l'histoire raconte
qu'à la mort d'Achéménide, général des
Perses, l'armée tout entière
versa de la terre sur le tombeau. Ne pourrait-on voir aussi dans l'usage
catholique de jeter une pelletée
de terre sur le cercueil, au moment de l'inhumation d'un mort, un souvenir
de cette pratique plusieurs fois séculaire?
Au reste, cet usage s'est perpétué
chez les nomades du Sahara occidental:
aucun d'eux ne passerait devant un tumulus sans y déposer une pierre.
En Europe, les tumulus se rencontrent un peu partout
: on en voit en Russie notamment dans le
Caucase, en Autriche,
en Allemagne, en France,
en Espagne. On en trouve aussi en Algérie
et au Maroc, où on en élève
encore de nos jours. (DMC). |
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