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Le Moyen Âge
L'Europe au VIIIe siècle
Depuis l'Indus jusqu'au sein de l'Espagne, qui est enlevée aux Wisigoths dans les premières années de ce siècle, vingt peuples plient sous les armes des musulmans. Déjà leur empire a acquis une telle vigueur, qu'il est à peine affaibli par la révolution sanglante qui fait passer le califat de la famille des Omeyyades à celle des Abbassides : l'Espagne reste seule aux Omeyyades. Ces derniers ne peuvent étouffer la résistance des rois des Asturies; Oviédo sera le berceau de puissantes dynasties chrétiennes.

Les Anglo-Saxons sont en proie aux guerres civiles. La suprématie semble enlevée aux Saxons par les Angles pendant le règne d'Offa.

Les Lombards jettent un assez vif éclat sous leurs rois Liutprand, Astolphe et Didier. Lorsqu'ils ne se contentent pas d'attaquer les Grecs; lorsqu'ils font trembler les pontifes romains, que les hérésies et les violences des empereurs iconoclastes ont placés à la tête de l'Italie orthodoxe et de la république romaine, ces princes attirent contre eux les armes de Pépin le Bref et de Charlemagne qui réalisent la dernière pensée de Charles Martel.

Ce fils de Pépin d'Héristal s'était déjà fait un renom populaire de bravoure par la grande victoire qu'il avait gagnée entre Tours et Poitiers sur les Sarrasins d'Espagne. Pépin le Bref, maire du palais des trois royaumes, après la retraite de Carloman, détrône le dernier roi fainéant. Vainqueur des Saxons, des Bavarois, des Musulmans, des Lombards, du duc mérovingien d'Aquitaine, il trace la voie des conquêtes et des améliorations sociales à son fils Charlemagne. La puissance de Charlemagne s'étend sur presque tout l'Occident. La royauté lombarde est détruite. Quoique le maître de l'Italie se réserve la dignité de patrice et reçoive bientôt celle d'empereur, les évêques de Rome trouveront l'affermissement de leur pouvoir temporel dans cette révolution qui semblait devoir l'annuler complètement. Rome, siège de l'Église, ne sera pas la résidence du nouvel auguste; et les papes administreront le territoire romain comme délégués de l'empereur d'Occident, en attendant qu'ils s'affranchissent de toute tutelle étrangère.

Les conquêtes de Charlemagne sont moins admirables et d'un effet moins solide, que le zèle qu'il a mis à civiliser ses peuples par les lois, par la religion chrétienne, par les lumières. Il fonde et retient dans sa main, avec un certain despotisme un gouvernement intérieur qui domine tous les éléments confus de la société. Dans un monde où les droits, les privilèges, les servitudes étaient à la merci de la force et des circonstances, où l'on comptait autant de législations particulières qu'il y avait de peuples divers, soumis ou tributaires, où l'aristocratie des bénéficiers et le clergé n'avaient pas de pouvoirs circonscrits, il fallait bien qu'il y eût un maître. Les assemblées nationales et les envoyés royaux chargés de veiller à l'exécution des capitulaires contribuent à la centralisation nouvelle.

Les efforts de Charlemagne pour ranimer la littérature sont plutôt marqués par la multiplication des écoles que par d'importantes publications d'ouvrages. L'Anglo-Saxon Alcuin, qui dirigeait l'école du palais, et qui a ranimé le goût des études dans la célèbre abbaye de Tours, laisse quelques oeuvres médiocres en prose et en vers. La muse du Goth Théodulphe est un peu moins fruste. Éginhard est l'historien de ce règne; nous avons de lui des Annales et la Vie de Charlemagne. La fameuse chronique latine De vita et gestis Carolimagni n'a pas été composée par le véritable Turpin, archevêque de Reims, un des amis du roi franc. Un Irlandais, Jean le Scot, ou Érigène, cherche à mettre d'accord la théologie chrétienne et le néoplatonisme d'Alexandrie. Des livres d'Aristote, mal traduits, sont la base de l'enseignement scolastique : on y cherche des méthodes, on y recueille des subtilités.

Les Grecs n'offrent pour ce siècle que la chronographie de George le Syncelle, qui manque d'exactitude, et les travaux de Jean Damascène, défenseur ardent de la foi orthodoxe, qui a cultivé toutes les branches de la philosophie.

Les études profanes se sont réfugiées chez les Arabes, surtout depuis Haroun-al-Raschid, calife abbasside de Bagdad, contemporain de Charlemagne, presque son émule. Ils commencèrent par s'approprier, au moyen de traductions, les richesses de la littérature des Grecs, et s'ouvrirent bientôt à eux-mêmes, par le développement des sciences, surtout de l'algèbre et de l'arithmétique, des routes qui pouvaient sembler nouvelles. Aux études pratiques ils allient déjà la poésie. (Ch. Dreyss).

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