| Turpin, archevêque de Reims à la fin du VIIIe siècle. Il figure en cette qualité parmi les douze pairs dans un grand nombre de chansons de geste fort anciennes, notamment dans le Voyage de Charlemagne, la Chanson de Roland, Aspremont, Ogier le Danois, etc. On lui attribua de bonne heure une chronique latine « dont les cinq premiers chapitres ont été écrits vers le milieu du XIe siècle par un moine de Compostelle, et les chapitres VI et suiv. entre 1109 et 1119, par un moine de Saint-André de Vienne » (G. Paris). Cette dernière partie, rédigée d'après des chansons de geste ou des traditions épiques, est précieuse pour l'étude de ces traditions sous une de leurs formes les plus anciennes. La chronique de Turpin a été publiée par F. Castets (Montpellier et Paris, 1880). | |
| Turpin (Eugène). - Chimiste né à Rosendaël (Nord) en 1849. Fils d'un cordonnier, il s'appliqua, de bonne heure, à l'étude de la chimie, fit plusieurs découvertes ingénieuses, notamment celle de couleurs inoffensives, reçut même pour cela un prix Monthyon et, en 1885, trouva un procédé de préparation de l'acide picrique qui transformait ce produit très dangereux en un produit maniable et utilisable pour l'artillerie. Le ministère de la guerre, qui lui acheta son secret 250000 F, en fit la mélinite. Turpin, qui avait vendu à une société particulière, la « Panclastite », l'exploitation de toutes ses inventions, se prétendit spolié. Il réclama 5 millions, puis, furieux d'être éconduit, entra en pourparlers avec plusieurs puissances étrangères et, finalement, fut accusé d'avoir dérobé à l'usine de Puteaux le modèle du détonateur en service dans l'artillerie française et plusieurs autres documents secrets. Il dut être absous de ce chef, par application de l'art. 10 de la loi du 18 avril 1885, ayant préalablement dénoncé son ancien associé et complice, Triponé; mais il fut condamné, dans des conditions mal connues, les débats ayant eu lieu à huis-clos, à cinq ans de prison et dix ans d'interdiction de séjour pour la publication d'un livre : Comment on a vendu la mélinite (Paris, 1889), où se trouvaient divulgués des documents intéressant la défense nationale. Gracié le 10 avril 1893, il engagea immédiatement une vive campagne pour l'expérimentation d'un engin nouveau, dont il aurait conçu le plan dans sa prison, à Étampes, et qui devait dépasser, comme puissance destructive, tout ce qui avait encore été imaginé. Le gouvernement, après une longue résistance et la main forcée par un vote de la Chambre, consentit à saisir la commission des inventions, qui se prononça dans un sens défavorable. Turpin a écrit, outre l'ouvrage précité : la Formation des Mondes (Paris, 1893); les Causes des phénomènes (Paris, 1893). |
| Turpin (François Henri). - Historien et littérateur né à Caen en 1709, mort à Paris en septembre 1799. Il fit à Caen de brillantes études et par deux fois remporta le prix décerné par l'Académie de cette ville à la meilleure ode en l'honneur de l'Immaculée Conception. Mais il abandonna bientôt la poésie pour l'histoire qu'il enseigna pendant vingt ans à l'Université de Caen. Une fois las de son métier, il résigna sa chaire et vint à Paris. L'abbé Pérau le chargea de continuer les Vies des hommes illustres de France; mais, faute de documents, il dut interrompre ce travail; et dès lors commença pour lui une vie pénible et parfois misérable. Il fut quelque temps attaché au prince Kourakin avec mission de l'initier « aux merveilles des lettres françaises »; puis, il fit partie de la clientèle d'Helvétius, consacra presque tout son temps à des travaux de librairie, et même, dit-on, prêta sa plume à de grands seigneurs avides de gloire littéraire. En 1795, il fut porté pour une somme de 3000 F sur la liste des gens de lettres à qui la Convention vota des secours. Il mourut dans l'indigence. La liste des écrits de François Turpin est longue; les principaux d'entre eux sont les suivants : Vie de Louis II de Bourbon, prince de Condé, Vies de Charles et de César de Choiseul du Plessis-Praslin (Paris, 1767-68); Histoire du gouvernement des anciennes Républiques (1769), ouvrage imité de l'ouvrage anglais d'Edward Montagne; Voyage à Ceylan par Henriquès Pangrapho (1770); Histoire universelle imitée de l'anglais (1770); Histoire naturelle et civile du royaume de Siam, jusqu'en 1770 (1771); Cyrus (1773), tragédie non représentée; Histoire de la vie de Mahomet(1773); Histoire de l'Alcoran (1775); la France illustre ou le Plutarque français (1777-1790); les Fastes ou Tableau historique de la marine française (1784); Histoire des Révolutions d'Angleterre (1786); Histoire de Louis de Gonzague, duc de Nevers (1789); Histoire des hommes publics tirés du tiers état (1789); enfin, des instructions républicaines écrites pendant la Révolution n'ont pas été imprimées. Les ouvrages de Turpin sont loin d'être sans intérêt : ses récits ont de la verve et de l'abondance; et quelques-uns de ses écrits peuvent être considérés comme des modèles de biographie anecdotique. Mais, forcé d'écrire vite, Turpin s'est trop souvent contenté de relater dans une langue négligée des faits mal contrôlés et d'intérêt fort mince. On trouvera des appréciations contradictoires de son oeuvre dans La Harpe et dans les Trois Siècles de Sabatier de Castres. (A. Bayet). |