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Les marais Pontins

Les Marais Pontins, Pomptinae Paludes, ital. Paludi Pontine, ou Afgro Pontino, sont de vastes marais d'Italie (aujourd'hui en grande partie asséchés et transformés en terres agricoles) situés à une cinquantaine de kilomètres et qui sont limités à l'est par les monts Lepini, à l'ouest par la mer Tyrrhénienne, au sud par le golfe de Terracine, au nord par une ligue joignant Cisterna à Torre Astura, ils forment un quadrilatère irrégulier long d'une cinquantaine de kilomètres, large d'une trentaine et d'une superficie de près de 1500 kilomètres carrés. La transformation, au cours de l'époque historique, de cette région en une vaste zone marécageuse et insalubre s'explique par la nature du terrain, la topographie et les conditions climatiques. 
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Marais Pontins.
Les marais Pontins.
(Début du XXe s.).

Les monts Lepini et les contreforts qui projettent dans la plaine des promontoires d'une altitude de 500 à 700 mètres (une colline qui s'élève au-dessus de Terracine monte à 670 mètres) sont formés de calcaires jurassiques. La plaine qui s'étend au pied des monts Lepini et que limite à l'ouest la mer Tyrrhénienne, est au contraire de formation toute récente. Le sous-sol est formé de trois couches de terrain superposées; couche de débris, cendres, lapiIli et pierres ponces, sables, recouverts par place d'une mince couche de terre végétale. L'Agro Pontino fait front sur la mer Tyrrhénienne par une côte rectiligne, long et étroit cordon littoral qui, s'accrochant au sud-est au mont Circeo, isole des lagunes peu profondes (lagunes de Fogliano, de Monaci, de Caproface, de Paola). Sur ce cordon littoral, le sable s'est accumulé en dunes, qui forment une barrière presque continue du promontoire de Torre Astura au Monte Circeo. Ces dunes se retrouvent sur le littoral du golfe de Terracine, dont la côte toujours rectiligne, mais non lagunaire, limite au sud la plaine littorale. 

L'ensemble de cette région forme donc une sorte de cuvette au fond parfaitement plat (il n'y a que six mètres de dénivellation entre la base des monts Lepini et la mer), divisée en deux compartiments allongés, par la chaîne de dunes médiane, totalement enfermée entre des rebords rectilignes peu élevés, mais constituant un sérieux obstacle à l'écoulement des eaux, pouvant ralentir et même arrêter leur cours. Ce ne sont pas seulement d'ailleurs les eaux tombées sur le versant occidental des monts Lepini qui tendent à s'accumuler dans la dépression des marais Pontins. Il existe tout un réseau de rivières souterraines qui, passant sous les monts Lepini, mettent en communication les petits fleuves côtiers comme le Badino, déversoir naturel de la plaine littorale, et les bassins des grandes artères fluviales de l'Italie centrale, Tibre et Garigliano. Le Teverone, affluent du Tibre, et le  Saceo, affluent du Garigliano envoient ainsi à l'ouest des monts Lepini une partie de leurs eaux qui reparaissent à la base de ces montagnes par des sources abondantes. Aussi une rivière comme le Badino verse-t-elle à la mer une masse d'eau dépassant de plus de moitié la quantité d'eau de pluie reçue annuellement dans le bassin.

Aussi les fleuves des marais Pontins, qui descendent des monts Lepini, qui ont leur cours soit perpendiculaire à ces montagnes, comme le Ninfa, la Canapa, l'Ufente, I'Amaseno, le Scarafata, le Pedicazza, ou parallèles comme le Sisto, ne peuvent-ils assurer le drainage de la région. La topographie, la nature du terrain et le climat s'unissent donc pour en faire, si elle est livrée à elle-même, un pays marécageux, et insalubre.

Tentatives anciennes d'assèchement des marais Pontins.
La tradition veut cependant qu'à une époque reculée, dans la première moitié du premier millénaire avant l'ère chrétienne, l'Agro Pontino ait été riche et bien cultivé. Des populations intelligentes et énergiques, en particulier les Pomptins ou Pontins qui donnèrent leur nom à la région, l'auraient habité, y auraient accompli de très vastes travaux de drainage et d'assainissement et y auraient bâti des villes nombreuses. Celles-ci  (Pometa, Cori, Velitrae, Norba, Satrico, Anxur) auraient été florissantes avant la fondation de Rome. L'histoire et l'archéologie ont confirmé ces traditions. Un érudit, La Blanchère, qui fit, à la fin du XIXe siècle, la prospection archéologique des marais Pontins, a relevé les traces de tout un système de canalisations souterraines prenant jour par des puits d'aération; ces canalisations conduisaient à la  mer les eaux surabondantes et assuraient le drainage des marais. Cette prospérité subsistait encore au temps des Volsques qui succédèrent aux Pomptins, battus au début du Ve siècle par le quatrième roi de Rome, Tarquin l'Ancien. Ce sont les guerres longues et difficiles qu'aux premiers temps de la République, Rome dut soutenir contre les Volsques - ces guerres auxquelles est resté attaché le nom de Coriolan - qui ont dépeuplé le pays, amené sa ruine, la destruction des canaux de drainage, la disparition des villes, le dépérissement de l'agriculture et le retour offensif, pour de longs siècles, cette fois, des marais et du paludisme. Quoiqu'il en soit, il est certain qu'au milieu du IVe siècle avant notre ère, la région des marais Pontins était déjà déserte et insalubre. 

Lorsque vers cette époque Appius Claudius fit construire la voie Appienne à travers ce territoire (312 avant J. C.), les ingénieurs romains éprouvèrent de graves difficultés pour l'établir sur le sol spongieux et instable. Il fallut exhausser la route et celle-ci formant barrage augmenta la stagnation des eaux et accentua le caractère marécageux de la contrée. L'existence d'une zone insalubre aux portes de Rome, et le danger qu'elle faisait courir à la capitale, posait devant les hommes d'Etat romains un grave problème. Nombre d'entre eux s'efforcèrent de le résoudre; à la fin de la République et au début de l'Empire (Auguste), l'assèchement des marais Pontins fut à l'ordre du jour. Au milieu du IIe siècle avant l'ère chrétienne, le préteur Marcus Cornélius Céthégus y songea; un siècle plus tard, César, qui avait fait le projet de détourner le Tibre pour drainer les marais; après eux, Nerva et Trajan. Mais finalement les ingénieurs romains reculèrent toujours devant des difficultés jugées par eux insurmontables, et ils se bornèrent à des travaux de protection de la voie Appienne. Les derniers de ces travaux furent accomplis par le roi ostrogoth Théodoric, au début du VIe siècle. A partir de ce moment, l'Italie est constamment en butte aux invasions, et c'est l'arrêt total de toute tentative pour faire des marais Pontins une région saine et cultivable. De plus en plus les marécages s'étendent, et le paludisme qui y sévit se propage jusqu'à Rome.
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Carte des marais Pontins au XVIIIe siècle.
Carte des marais Pontins au temps de Pie VI (XVIIIe siècle).

Les travaux de la Renaissance et des Temps modernes.
Mais la Renaissance voit refleurir, avec mainte autre idée, maint autre projet emprunté à l'Antiquité, celui du dessèchement des marais Pontins. L'autorité pontificale s'est d'ailleurs affermie dans les Etats romains, et, pourvus en outre de copieuses ressources,  Boniface VIII et les papes des XV et  XVIe siècle (Martin V, Léon X et Sixte-Quint) peuvent entreprendre dans leur capitale et dans les provinces de grands travaux d'édilité. Sur l'ordre de Léon X, Giovanni Scotti trace le canal Portatore qui, partant de la base des monts Lepini, traverse la partie sud-est des marais, perce les dunes de sable qui arrêtent, l'écoulement des eaux vers la mer et va déboucher à Torre di Badino, à 5 kilomètres de Terracine. Sixte-Quint fait exécuter par Ascanio Fenizzi de vastes travaux d'élargissement et d'approfondissement de l'Antrio, petit fleuve côtier qui débouche à Olevola, et devient le canal Sixte. Tous ces travaux s'avèrent rapidement comme des palliatifs insuffisants. 

Au milieu du XVIIIe siècle, le marais a reconquis tous ses domaines. Un nouvel effort est alors teinté par Pie VI, qui, avec l'aide d'un ingé nieur bolonais, Gaetano Rappini, mit sur pied le premier grand plan de bonification des marais Pontins. C'est sous le pontificat de Pie VI que fut ouvert le canal Linea Pia qui, suivant la voie Appienne sur une longueur de 30 kilomètres, débouchait à Terracine, et sur lequel venait se greffer le canal Portatore, élargi et approfondi. De cette artère centrale se détachaient les canaux milliaires, ainsi appelés parce qu'ils étaient séparés par une distance d'un mille romain. La Linea Pia fut doublée à quelques centaines de mètres plus à l'ouest par le canal Botte. Les travaux durèrent plus de vingt ans. Quand ils furent terminés il sembla qu'une ère nouvelle allait s'ouvrir pour les marais Pontins. Une partie des zones marécageuses disparut. Mais la belle oeuvre de Gaetano Raffina ne fut pas durable. La pente des canaux était un peu trop faible, et en outre les terrains qu'ils traversaient, tourbes et limons, étaient extrêmement instables. Aussi les fleuves artificiels ainsi créés se chargeaient-ils de débris meubles qui, s'accumulant, finissaient par les engorger. Leur lit était en outre encombré par une luxuriante végétation d'herbes aquatiques tendant à former barrage. Sans doute, au cours de la période de cinq années (1809-1814) où les Etats pontificaux firent partie de l'Empire français, Napoléon s'efforça-t-il de compléter l'oeuvre de Pie VI. Mais la commission qu'en 1810 il avait envoyée sur place put seulement faire un plan de travaux, que l'écroulement de la domination impériale ne permit pas de mettre à exécution. 
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Halte des moissonneurs dans les marais Pontins, de Léopold Robert.
Halte des moissonneurs dans les marais Pontins, de Léopold Robert (1831).

Aussi peu à peu le réseau de canaux tracé par Pie VI s'obstrua-t-il complètement, et, à la fin du XIXe siècle, l'Agro Pontino était redevenu un territoire complètement inculte, vraie zone désertique, d'aspect sauvage et vouée à une vie toute primitive, au milieu de l'Italie et sur la route unissant Rome et Naples, la capitale et la ville la plus populeuse. Dans les marais Pontins proprement dits, le sol, couvert d'herbes émaillées de fleurs au printemps, en été de broussailles desséchées où la moindre imprudence allumait de vastes incendies, était presque complètement inondé et impraticable pendant l'automne et l'hiver. Plus à l'ouest, correspondant à la zone la plus récente des sables et des tufs, s'étendait la Macchia, forêt de chênes poussant au-dessus d'une brousse hantée par des buffles sauvages et des sangliers. Les habitants, extrêmement peu nombreux, ne constituaient qu'une population temporaire; buteros gardant leurs buffles, bûcherons, braconniers s'en éloignaient l'été, saison ou le dessèchement des marais en faisait proliférer les moustiques (Anopheles labranchiae) vecteurs du paludisme si redouté. L'exploitation économique, comme la vie humaine, était réduite à sa plus simple expression.

L'entreprise mussolinienne.
Sans doute en serait-il resté ainsi de longues années encore sans l'avènement du régime fasciste qui prétendait amener, au point de vue économique en particulier, une rénovation totale de l'Italie. Mais le fascisme triompha en 1922 et, en 1923, Mussolini, désireux d'assurer à l'Italie l'autonomie agricole, élabora son plan de bonification intégrale (integrale de bonifica) tendant à la remise en culture des terres en friches. Il renouvelait une loi de 1882 qui n'avait reçu au cours des quarante années qui s'étaient écoulées depuis lors qu'une application partielle, les crédits nécessaires à cette oeuvre étant mesurés, et les travaux se déroulant sur un système très lent. Le plan de bonification intégrale élaboré en 1923 comportait entre autres la mise en valeur de la campagne romaine et l'aménagement des marais Pontins. Le programme ne fut pas rempli, mais, pour en masquer les échecs, la propagande se focalisa puissamment sur l'assèchement des marais Pontins, qui devenus une vitrine du régime, concentrèrent l'essentiel des efforts.

Les études préliminaires faites sous la direction d'un ingénieur du génie civil, Giuseppe Marchi, avec la collaboration de l'Institut de géographie militaire demandèrent plus de trois ans. C'est seulement en 1927 qu'elles furent terminées. Elles aboutirent au tracé d'une bonne carte à grande échelle (un cinq-millième) de la région et cette carte permit la correction de nombreuses erreurs d'altimétrie auxquelles, à l'estimation des géographes italiens, étaient en grande partie imputables les échecs subis jusqu'alors. Une carte pluviométrique et hydrographique plus exacte que celles dont l'on disposait précédemment fut également dressée. Les études préliminaires accomplies, on put procéder à l'élaboration du plan de bonification. Il comportait deux parties essentielles : bonification hydraulique et bonification agricole, la première étant naturellement la condition de la seconde. Les ingénieurs italiens ayant conclu à l'impossibilité de se livrer à un travail quelconque d'assèchement de la zone marécageuse si toute l'eau tombée sur les montagnes venait à descendre dans la plaine, le travail pré liminaire était l'établissement d'une gouttière recueillant directement les eaux de la montagne et les dérivant vers la mer. 
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Jardin de Ninfa.
Le jardin de Ninfa, encore
submergé au début des années 1920.
(au fond les ruines du château).

On entreprit donc le creusement de deux grands canaux collecteurs partant du mont della Bufala, d'une altitude de près de 700 mètres. Le premier se dirigeant vers le nord-ouest, puis vers le sud pour tourner à l'ouest la zone des marais et utilisant à fine dizaine de kilomètres du rivage le cours du Moscarello, conduit dans la mer, à Foce Verdi, les eaux tombées sur la partie occidentale des monts Lepini. Ainsi était asséchée toute la partie, occidentale des marais, la Piscinaria. Le deuxième se dirige vers le sud-est en longeant la base des collines par lesquelles les monts Lepini font front sur la plaine et dont l'altitude est de 500 à 600 mètres. Il emprunte à la fin de sa course le lit élargi de l'Amaseno et se termine à Porto Badino, à l'autre bout de la zone des marais. Empêcher les eaux de la montagne de se répandre dans la plaine, c'était là les conditions préliminaires indispensables à l'assainissement de la zone littorale et c'était faute de l'avoir réalisée que les ingénieurs romains et pontificaux avaient finalement échoué. Les deux grands canaux collecteurs détournant vers la mer la masse des hautes eaux qui désormais ne risquaient plus de s'engouffrer dans lés canaux tracés en plaine, l'assèchement de toute la zone plate comprise entre les monts Lepini et la mer devenait plus aisé. 

Il fallait d'ailleurs  distinguer dans ce vaste espace deux régions distinctes : à l'ouest, en bordure de la mer, la Piscinaria; à l'est, entre celle-ci et les monts Lepini, la zone des marais Pontins proprement dits. Séparées par la voie Appienne elles correspondent à deux régions topographiques et géologiques un peu différentes et l'on n'a pu adopter pour l'une et l'autre un plan de drainage identique. Dans la Piscinaria, on a divisé les eaux en hautes eaux, moyennes eaux et basses eaux et fait partir du lac de Ninfa, situé au pied des monts Lepini, un grand collecteur, le Marlino, qui atteint la mer entre les lacs de Fogliano et de Monaci, après avoir recueilli les eaux du Cicerchia et du Nocchia, descendus des dunes voisines de la mer. Les eaux qui tombent sur le versant occidental de celles-ci sont d'autre part captées par de nombreux canaux secondaires. Le drainage de la zone pontine proprement dite était plus difficile. Elle se trouve en effet immédiatement en contre-bas des monts Lepini et la pente y est à peu près nulle. Toutes les eaux ne peuvent pas être évacuées par des canaux. Une grande partie dut être pompée au moyen de pompes mues par des moteurs de grande puissance. Le drainage ainsi accompli rendait disponibles pour la culture 76.000 hectares dans la Piscinaria et 75.000 dans l'Agro Pontino proprement dit. La bonification hydraulique terminée, la deuxième phase de la rénovation des marais Pontins, la bonification agricole, commença. Il fallut d'abord rétablir ou plutôt établir un réseau routier permettant d'accéder facilement dans toutes les parties de la région à bonifier : 400 kilomètres de routes ont été tracés ainsi que 200 kilomètres de voie ferrée Decauville.

En même temps étaient aménagées les canalisations permettant la distribution d'eau potable. Pendant plusieurs années, les marais Pontins, jusqu'alors véritable brousse presque complètement, déserte évoquant l'idée d'une région sauvage et désolée, totalement à l'écart de toute activité humaine, a été le théâtre d'une intense animation. A peine établies, les routes étaient sillonnées par de longues files d'automobiles et de tracteurs transportant les matériaux et convoyant les milliers de travailleurs dirigés sur différents points fixés à l'avance, - points destinés à être des croisements de route - pour être les centres de bonification. Chacun de ces campements est devenu un village avec son église, son école, son bureau de poste, sa gendarmerie. On a installé également dans quelques-uns d'entre eux le télégraphe et la radiotélégraphie, et tous possèdent la lumière électrique. Deux grandes voies les unissent à Rome, la voie ferrée qui va de la capitale à Naples et une autostrade Rome-Anzio-Nettuno-Velletri qui dessert la partie occidentale de la région des marais Pontins.

Tout autour de ces petites agglomérations se sont étendu de bonnes terres de culture, où poussent le blé, le maïs, la vigne et de grasses prairies où paît un nombreux troupeau. Jadis à peu près totalement inculte et improductif, nous l'avons vu, l'Agro Pontino est à partir de ce moment producteur de céréales, de vin, de lait et beurre, de volailles, de légumes. Le principal centre urbain de la région ainsi rendue à la vie est Littoria qui, inaugurée officiellement par Mussolini le 18 décembre 1932, est la plus jeune de toutes les cités italiennes. Elle est située dans la partie occidentale de l'Agro Pontino, entre Cisterna et Sezze, à 8 kilomètres du rivage de la lagune de Fogliano.

Régulièrement bâtie autour d'une grande place centrale, autour de laquelle s'élèvent d'imposants monuments publics (le palais communal, surmonté d'un beffroi haut de 34 mètres, l'hôtel des Postes, la maison fasciste, le siège de l'oeuvre des Balilla), elle compte 6.000 habitants. Ils sont groupés en moins de 500 familles; le gouvernement italien, en effet, a concédé aux seuls anciens combattants pères de familles nombreuses (7 enfants au minimum) les bonnes terres de la banlieue de Littoria (auj. Latina), divisées en lots de 20 hectares. D'autres villes neuves furent construites : Sabaudia, Pontinia, Aprilia.

La grande oeuvre entreprise en 1927 et déclarée complète en 1939, aura coûté 600 millions de lires, dont 350 millions pour la Piscinaria, et 240 millions pour l'Agro Pontino proprement dit. Mais elle aura rendu à la culture environ 20 000 hectares de bonnes terres (la propagande en revendiquait 100 000).

Depuis 1943.
Après la chute de Mussolini (1943) et le débarquement des Alliés en Sicile, les Allemands ont tenté de freiner l'avancée de ces derniers en rendant les Marais Pontins à leur ancien état, pour y favoriser de nouveau la propagation du paludisme. Des digues ont été détruites, les pompes ont été stoppées. L'effet sur l'avancée des Alliés a été dérisoire, mais ce sabotage à grande echelle a impacté terriblement les populations locales, dont les cultures ont été détruites, et qui ne disposaient pas en quantité suffisante de la quinine qui les auraient protégé du retour des fièvres paludéennes. Après la bataille d'Anzio, les Marais pontins étaient pratiquement retourné à leur état d'avant 1922. Les travaux commencés aussitôt après la fin de la guerre ont permis cependant en peu d'années d'assécher de nouveau la zone. Les moustiques ont été éradiqués dans les années 1950 grâce à l'emploi massif de DDT, mais la pollution chimique que cela a entraîné n'a toujours pas écarté, aujourd'hui, le risque sanitaire, dans une région désormais rendue à l'agriculture et très peuplée. (L. Abensour).

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Dictionnaire Territoires et lieux d'Histoire
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