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Les Marais Pontins,
Pomptinae Paludes, ital. Paludi Pontine, ou Afgro Pontino,
sont de vastes marais d'Italie![]() ![]() - ![]() Les marais Pontins. (Début du XXe s.). Les monts Lepini et les contreforts qui
projettent dans la plaine des promontoires d'une altitude de 500 Ã 700
mètres (une colline qui s'élève au-dessus de Terracine monte à 670
mètres) sont formés de calcaires jurassiques L'ensemble de cette région forme donc
une sorte de cuvette au fond parfaitement plat (il n'y a que six mètres
de dénivellation entre la base des monts Lepini et la mer), divisée en
deux compartiments allongés, par la chaîne de dunes médiane, totalement
enfermée entre des rebords rectilignes peu élevés, mais constituant
un sérieux obstacle à l'écoulement des eaux, pouvant ralentir et même
arrêter leur cours. Ce ne sont pas seulement d'ailleurs les eaux tombées
sur le versant occidental des monts Lepini qui tendent à s'accumuler dans
la dépression des marais Pontins. Il existe tout un réseau de rivières
souterraines qui, passant sous les monts Lepini, mettent en communication
les petits fleuves côtiers comme le Badino, déversoir naturel de la plaine
littorale, et les bassins des grandes artères fluviales de l'Italie centrale,
Tibre et Garigliano. Le Teverone, affluent du Tibre Aussi les fleuves des marais Pontins, qui descendent des monts Lepini, qui ont leur cours soit perpendiculaire à ces montagnes, comme le Ninfa, la Canapa, l'Ufente, I'Amaseno, le Scarafata, le Pedicazza, ou parallèles comme le Sisto, ne peuvent-ils assurer le drainage de la région. La topographie, la nature du terrain et le climat s'unissent donc pour en faire, si elle est livrée à elle-même, un pays marécageux, et insalubre. Tentatives anciennes
d'assèchement des marais Pontins.
![]() Carte des marais Pontins au temps de Pie VI (XVIIIe siècle). Les travaux de
la Renaissance et des Temps modernes.
Au milieu du XVIIIe
siècle, le marais a reconquis tous ses domaines. Un nouvel effort est
alors teinté par Pie VI, qui, avec l'aide d'un
ingé nieur bolonais, Gaetano Rappini, mit sur pied le premier grand plan
de bonification des marais Pontins. C'est sous le pontificat de Pie VI
que fut ouvert le canal Linea Pia qui, suivant la voie Appienne sur une
longueur de 30 kilomètres, débouchait à Terracine, et sur lequel venait
se greffer le canal Portatore, élargi et approfondi. De cette artère
centrale se détachaient les canaux milliaires, ainsi appelés parce qu'ils
étaient séparés par une distance d'un mille romain. La Linea Pia fut
doublée à quelques centaines de mètres plus à l'ouest par le canal
Botte. Les travaux durèrent plus de vingt ans. Quand ils furent terminés
il sembla qu'une ère nouvelle allait s'ouvrir pour les marais Pontins.
Une partie des zones marécageuses disparut. Mais la belle oeuvre de Gaetano
Raffina ne fut pas durable. La pente des canaux était un peu trop faible,
et en outre les terrains qu'ils traversaient, tourbes et limons, étaient
extrêmement instables. Aussi les fleuves artificiels ainsi créés se
chargeaient-ils de débris meubles qui, s'accumulant, finissaient par les
engorger. Leur lit était en outre encombré par une luxuriante végétation
d'herbes aquatiques tendant à former barrage. Sans doute, au cours de
la période de cinq années (1809-1814) où les Etats pontificaux firent
partie de l'Empire français,
Napoléon s'efforça-t-il de compléter l'oeuvre
de Pie VI. Mais la commission qu'en 1810 il avait envoyée sur place put
seulement faire un plan de travaux, que l'écroulement de la domination
impériale ne permit pas de mettre à exécution.
![]() Halte des moissonneurs dans les marais Pontins, de Léopold Robert (1831). Aussi peu à peu le réseau de canaux tracé par Pie VI s'obstrua-t-il complètement, et, à la fin du XIXe siècle, l'Agro Pontino était redevenu un territoire complètement inculte, vraie zone désertique, d'aspect sauvage et vouée à une vie toute primitive, au milieu de l'Italie et sur la route unissant Rome et Naples, la capitale et la ville la plus populeuse. Dans les marais Pontins proprement dits, le sol, couvert d'herbes émaillées de fleurs au printemps, en été de broussailles desséchées où la moindre imprudence allumait de vastes incendies, était presque complètement inondé et impraticable pendant l'automne et l'hiver. Plus à l'ouest, correspondant à la zone la plus récente des sables et des tufs, s'étendait la Macchia, forêt de chênes poussant au-dessus d'une brousse hantée par des buffles sauvages et des sangliers. Les habitants, extrêmement peu nombreux, ne constituaient qu'une population temporaire; buteros gardant leurs buffles, bûcherons, braconniers s'en éloignaient l'été, saison ou le dessèchement des marais en faisait proliférer les moustiques (Anopheles labranchiae) vecteurs du paludisme si redouté. L'exploitation économique, comme la vie humaine, était réduite à sa plus simple expression. L'entreprise mussolinienne.
Les études préliminaires faites sous
la direction d'un ingénieur du génie civil, Giuseppe Marchi, avec la
collaboration de l'Institut de géographie militaire demandèrent plus
de trois ans. C'est seulement en 1927 qu'elles furent terminées. Elles
aboutirent au tracé d'une bonne carte à grande échelle (un cinq-millième)
de la région et cette carte permit la correction de nombreuses erreurs
d'altimétrie auxquelles, à l'estimation des géographes italiens, étaient
en grande partie imputables les échecs subis jusqu'alors. Une carte pluviométrique
et hydrographique plus exacte que celles dont l'on disposait précédemment
fut également dressée. Les études préliminaires accomplies, on put
procéder à l'élaboration du plan de bonification. Il comportait deux
parties essentielles : bonification hydraulique et bonification agricole,
la première étant naturellement la condition de la seconde. Les ingénieurs
italiens ayant conclu à l'impossibilité de se livrer à un travail quelconque
d'assèchement de la zone marécageuse si toute l'eau tombée sur les montagnes
venait à descendre dans la plaine, le travail pré liminaire était l'établissement
d'une gouttière recueillant directement les eaux de la montagne et les
dérivant vers la mer.
![]() Le jardin de Ninfa, encore submergé au début des années 1920. (au fond les ruines du château). On entreprit donc le creusement de deux grands canaux collecteurs partant du mont della Bufala, d'une altitude de près de 700 mètres. Le premier se dirigeant vers le nord-ouest, puis vers le sud pour tourner à l'ouest la zone des marais et utilisant à fine dizaine de kilomètres du rivage le cours du Moscarello, conduit dans la mer, à Foce Verdi, les eaux tombées sur la partie occidentale des monts Lepini. Ainsi était asséchée toute la partie, occidentale des marais, la Piscinaria. Le deuxième se dirige vers le sud-est en longeant la base des collines par lesquelles les monts Lepini font front sur la plaine et dont l'altitude est de 500 à 600 mètres. Il emprunte à la fin de sa course le lit élargi de l'Amaseno et se termine à Porto Badino, à l'autre bout de la zone des marais. Empêcher les eaux de la montagne de se répandre dans la plaine, c'était là les conditions préliminaires indispensables à l'assainissement de la zone littorale et c'était faute de l'avoir réalisée que les ingénieurs romains et pontificaux avaient finalement échoué. Les deux grands canaux collecteurs détournant vers la mer la masse des hautes eaux qui désormais ne risquaient plus de s'engouffrer dans lés canaux tracés en plaine, l'assèchement de toute la zone plate comprise entre les monts Lepini et la mer devenait plus aisé. Il fallait d'ailleurs distinguer
dans ce vaste espace deux régions distinctes : à l'ouest, en bordure
de la mer, la Piscinaria; Ã l'est, entre celle-ci et les monts Lepini,
la zone des marais Pontins proprement dits. Séparées par la voie Appienne
elles correspondent à deux régions topographiques et géologiques un
peu différentes et l'on n'a pu adopter pour l'une et l'autre un plan de
drainage identique. Dans la Piscinaria, on a divisé les eaux en hautes
eaux, moyennes eaux et basses eaux et fait partir du lac de Ninfa, situé
au pied des monts Lepini, un grand collecteur, le Marlino, qui atteint
la mer entre les lacs de Fogliano et de Monaci, après avoir recueilli
les eaux du Cicerchia et du Nocchia, descendus des dunes voisines de la
mer. Les eaux qui tombent sur le versant occidental de celles-ci sont d'autre
part captées par de nombreux canaux secondaires. Le drainage de la zone
pontine proprement dite était plus difficile. Elle se trouve en effet
immédiatement en contre-bas des monts Lepini et la pente y est à peu
près nulle. Toutes les eaux ne peuvent pas être évacuées par des canaux.
Une grande partie dut être pompée au moyen de pompes mues par des moteurs
de grande puissance. Le drainage ainsi accompli rendait disponibles pour
la culture 76.000 hectares dans la Piscinaria et 75.000
dans l'Agro Pontino proprement dit. La bonification hydraulique terminée,
la deuxième phase de la rénovation des marais Pontins, la bonification
agricole, commença. Il fallut d'abord rétablir ou plutôt établir un
réseau routier permettant d'accéder facilement dans toutes les parties
de la région à bonifier : 400 kilomètres de routes ont été tracés
ainsi que 200 kilomètres de voie ferrée Decauville.
Tout autour de ces petites agglomérations se sont étendu de bonnes terres de culture, où poussent le blé, le maïs, la vigne et de grasses prairies où paît un nombreux troupeau. Jadis à peu près totalement inculte et improductif, nous l'avons vu, l'Agro Pontino est à partir de ce moment producteur de céréales, de vin, de lait et beurre, de volailles, de légumes. Le principal centre urbain de la région ainsi rendue à la vie est Littoria qui, inaugurée officiellement par Mussolini le 18 décembre 1932, est la plus jeune de toutes les cités italiennes. Elle est située dans la partie occidentale de l'Agro Pontino, entre Cisterna et Sezze, à 8 kilomètres du rivage de la lagune de Fogliano. Régulièrement bâtie autour d'une grande place centrale, autour de laquelle s'élèvent d'imposants monuments publics (le palais communal, surmonté d'un beffroi haut de 34 mètres, l'hôtel des Postes, la maison fasciste, le siège de l'oeuvre des Balilla), elle compte 6.000 habitants. Ils sont groupés en moins de 500 familles; le gouvernement italien, en effet, a concédé aux seuls anciens combattants pères de familles nombreuses (7 enfants au minimum) les bonnes terres de la banlieue de Littoria (auj. Latina), divisées en lots de 20 hectares. D'autres villes neuves furent construites : Sabaudia, Pontinia, Aprilia. La grande oeuvre entreprise en 1927 et déclarée complète en 1939, aura coûté 600 millions de lires, dont 350 millions pour la Piscinaria, et 240 millions pour l'Agro Pontino proprement dit. Mais elle aura rendu à la culture environ 20 000 hectares de bonnes terres (la propagande en revendiquait 100 000). Depuis 1943.
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