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Tarquin l'Ancien

Tarquin l'Ancien, roi semi-légendaire de Rome. - Les Romains racontaient qu'à la fin du règne d'Ancus Martius, un étranger nommé Tarquin, originaire de la ville étrusque de Tarquinies, était venu s'établir à Rome et avait réussi à capter la faveur du peuple. Lorsqu'Ancus Martius mourut, ne laissant que des fils tout jeunes, Tarquin se fit proclamer roi. Plus tard, on l'appela Tarquin l'Ancien pour le distinguer du dernier roi de Rome, Tarquin le Superbe. Sous la légende de Tarquin l'Ancien se dissimule probablement la subordination momentanée de Rome à une cité de l'Etrurie méridionale. Il est du moins certain que le nom de Tarquin est un nom étrusque; une des cités les plus importantes de l'Etrurie s'appelait Tarquinies près de Caere, autre ville étrusque, a été retrouvé le tombeau d'un personnage nommé Tarchnas. Et, d'autre part, les auteurs anciens sont d'accord pour affirmer que Turquin fut roi de Rome, qu'il exerça le pouvoir après en avoir dépouillé les fils d'Ancus Martius, et qu'il accomplit une oeuvre matérielle, religieuse et politique, dont il est difficile de contester le caractère étrusque.

La ville même de Rome fut assainie et embellie. Primitivement entre le Palatin, le Capitole et les dernières pentes du Quirinal s'étendait an bas-fonds marécageux, où, lors des grandes pluies, se réunissaient les eaux qui ruisselaient sur les pentes des collines environnantes ; par la construction d'un grand égout voûté, la Cloaca Maxima, qui aboutissait au Tibre, Tarquin l'Ancien dessécha cette vallée, qui devint le Forum romain; des maisons et des portiques s'élevèrent dès lors le long de cette place. La Cloaca Maxima existe aujourd'hui encore en partie. De l'autre côté du Palatin, entre cette colline et l'Aventin, se trouvait une vallée de forme oblongue, la Valus Murcia, où avaient lieu les jeux les plus anciens de Rome, les Equirria et les Consualia; Tarquin édifia dans cette vallée le grand Cirque (Circus Maximus), et donna, suivant la coutume étrusque, un développement considérable aux jeux solennels. Rome fut sans doute agrandie à la même époque ; la légende attribue au successeur immédiat de Tarquin l'Ancien, Servius Tullius, la construction d'une enceinte continue, qui embrassait, outre le Palatin et le Capitole, l'Aventin, le Coelius, l'Esquilin, le Viminal et le Quirinal. 

C'est de même à Tarquin l'Ancien que les historiens romains rapportent l'introduction à Rome de certaines pratiques religieuses, propres aux Etrusques, par exemple l'interprétation des prodiges, signes et présages. L'épouse même de Tarquin, Tanaquil, passait pour avoir été très versée dans la science de la divination. D'après la tradition, c'est elle qui aurait prévu les destinées de Servius Tullius en constatant un jour qu'une couronne de feu entourait le front de l'enfant endormi. Certes, il n'y a rien d'historique dans cet épisode légendaire, mais il nous prouve qu'aux yeux des Romains, Tanaquil, la femme de Tarquin l'Ancien, était une devineresse expérimentée; or, comme le remarque Mommsen le nom de Tanaquil, qui n'est certainement pas latin, se trouve au contraire communément en Etrurie.

Enfin, si nous en croyons les Anciens, c'est Tarquin qui le premier fit connaître aux Romains les processions grandioses et les pompes fastueuses, spectacles depuis longtemps populaires en Etrurie.

Au nom de Tarquin l'Ancien se rattachent des récits de conquêtes. Sous le règne de ce prince, plusieurs guerres furent dirigées par les Romains contre des cités voisines et contre quelques peuples turbulents. Des territoires nouveaux furent annexés. La primauté de Rome dans le Latium, déjà affirmée par la défaite et la destruction d'Albe la Longue, fut définitivement établie.

L'organisation intérieure de la cité subit alors une première transformation. Tarquin, nous dit-on, augmenta le nombre des familles patriciennes et porta le chiffre des sénateurs, soit de 200 à 300, soit de 150 à 300. Il est probable que ce roi, d'origine étrangère, s'efforça d'affaiblir l'influence de l'ancienne aristocratie romaine. Jusqu'alors cette aristocratie, le patriciat, avait seule possédé dans Rome les droits civils et politiques. Tarquin aurait voulu, semble-t-il, faire partager ces droits aux nombreux étrangers non patriciens qui avaient afflué dans la ville, à cette masse restée inorganique et confuse, qui s'appelait la plèbe. Mais, suivant toute apparence, il rencontra une résistance énergique; il ne put que créer de nouvelles familles patriciennes, qui pendant longtemps n'occupèrent qu'un rang inférieur; on les désignait sous le nom de minores gentes; les chefs de ces minores gentes furent admis dans le Sénat, où ils n'étaient consultés et ne votaient qu'après les autres sénateurs. Cette réforme, bien imparfaite, fut cependant le premier coup porté à la toute-puissance exclusive de l'aristocratie romaine. Aussi les membres du patriciat furent-ils les ennemis de Tarquin. La tradition romaine rapportait que Tarquin l'Ancien fut assassiné à l'instigation des fils d'Ancus Martius. (J. Toutain).

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Dictionnaire biographique
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