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La Nativité

Sous ce titre de Nativité on désigne généralement les compositions qui se rattachent à la grande commémoration de Noël : elles sont nombreusès à travers les arts, et, depuis la Salutation angélique jusqu'à l'Adoration, les divers épisodes de la Nativité de Jésus ont été retracés par quantité de maîtres, peintres ou sculpteurs, dont chacun eut son génie propre, sa conception particulière.

A. Romano : la Nativité.
La Nativité, avec saint laurent et saint André, par Antoniazzo Romano (1480-1485).

Mais la Nativité proprement dite, ce sont les épisodes mêmes qui suivent la naissance du Christ. Jésus vient de naître dans la crèche de Bethléem; Marie et Joseph sont auprès de lui, qui le veillent, et d'après l'antique prophétie : 

« le boeuf a reconnu son maître et l'âne l'étable de son seigneur ». 
Aussi l'âne et le boeuf figurent-ils sur les plus anciens monuments de l'art chrétien représentant la Nativité. Un curieux ivoire du XIe siècle, conservé au musée de South-Kensington (Londres); nous montre en même temps l'apparition de l'ange venant révéler aux prêtres de Bethléem la naissance du Messie : c'est l'Annonciation aux Bergers. Même juxtaposition de l'une et de l'autre scène chez Giotto, dans ses fresques et dans l'église inférieure d'Assise

Aux temps modernes la Nativité inspire fréquemment les maîtres des écoles Italiennes : Gentile da Fabriano, frit Filippo Lippi, le Sodoma, le Corrège. Le premier la peint d'une touche aimable, précieuse, avec une pointe d'affectation dans la pantomime; le second joint la naïveté, l'adoration d'un âge fervent, à toute la science d'une époque déjà avide de progrès : avec le Sodoma, avec le Corrège, toute trace d'émotion a disparu; une grâce exquise, un charme raffiné remplacent la foi absente. Sur le même sujet enfin, il faut noter un admirable chef-d'oeuvre du Pérugin; c'est le grand tableau que le maître ombrien eut à peindre pour la Chartreuse de Pavie et qui se trouve aujourd'hui à la National Gallery de Londres

L'Adoration des Bergers.
L'Adoration des Bergers ne devait pas inspirer d'une façon moins heureuse les grandes écoles d'art de l'Italie et des Flandres. Domenico Ghirlandajo lui réserve une place dans la chapelle de l'église de la Trinité que Francesco Sassetti lui fit peindre à fresque en l'honneur de son patron saint François d'Assise. Avec moins de génie sans doute, mais d'un pinceau consciencieux et habile, Francia traite aussi le même épisode. Et Lorenzo di Credi, le doux peintre florentin, met à son tour dans cette scène d'adoration et de tendresse toute la mansuétude de son âme.
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Veronese : l'Adoration des Bergers.
L'Adoration des Bergers, par Veronese (1523-1525).

Les madones et les anges des Primitifs flamands sont assurément d'un galbe moins pur : n'importe, dans la familiarité de leur type, dans l'exactitude intime de leur costume, une touchante chasteté, une ferveur sereine les anime, témoin ce tableau de Hugo van der Goes (hospice de Santa Maria Nuova, à Florence), d'un faire large et simple, d'un art austère et naïf qui a bien son charme. On peut le rapprocher, si l'on aime les contrastes, de la toile célèbre de Ribera exposée au musée du Louvre. La sculpture, elle aussi, a pris l'Adoration des bergers pour thème de maint ouvrage mémorable : l'église de Lorette en Italie et les charmants bas-reliefs extérieurs de la Santa Casa qu'elle renferme en sont la preuve. 

L'Adoration des Mages.
Pour l'Adoration des Mages, c'est aux premiers temps de l'art chrétien qu'il faudrait remonter, afin d'en observer les primitives représentations : le sarcophage en marbre du musée de Latran est à cet égard un remarquable monument, intéressant à plus d'un titre, de l'art officiel du Ve siècle, succédant aux symboles des premiers âges. D'autres progrès plus décisifs restaient à accomplir; ils furent, plus tard au XIIIe siècle, l'oeuvre de ces précurseurs immortels de la Renaissance, parmi lesquels brilla Nicolas Pisano (chaire à prêcher du Baptistère de Pise). Un siècle et demi après, Ghiberti achève de rénover l'art statuaire avec ces deux ouvrages merveilleux : les portes du Baptistère de Florence, dont l'Adoration des Mages n'est pas un des morceaux les moins étonnants.
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Uccello : L'Adoration des Mages.
L'adoration des Mages, par Paolo Uccello (1435-1440).

Vers la même époque, et dans le cours des XVe et XVIe siècles, les peintres italiens font parattre un goût marqué pour l'Adoration des Mages qui permet et facilite toutes les splendeurs du costume; par contre, les écoles germaniques y apportent la rudesse de leurs conceptions parfois bizarres, originales toujours; puis les maîtres hollandais, Rembrandt et ses satellites, viseront à émouvoir le cour plus qu'à éblouir les yeux. Et c'est ainsi que par les moyens les plus opposés, par les voies les plus diverses, l'art et les artistes des plus belles époques ont concouru à rajeunir sans cesse, grâce à une interprétation infiniment variée, le vieux mystère de la Nativité. (G. Cougny).

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Dictionnaire Architecture, arts plastiques et arts divers
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