| Pierre III, roi d'Aragon, était le fils de Jayme Ier et de Yolande de Hongrie. Il fut couronné le 27 novembre 1276, par suite de l'abdication de son père. Après avoir tenté de s'emparer de la Navarre, il se réconcilia avec Philippe III et combattit une ligue de barons révoltés ayant à sa tête le comte de Foix. Il se brouilla avec le roi de Castille en recevant les infants de La Cerda et leur mère, Yolande d'Aragon, qui était sa soeur, mais il ne fit rien pour eux et les garda comme une arme contre la Castille. Marié à Constance, fille de Manfred, il tenait d'elle ses droits sur la Sicile qu'il songea à faire valoir : dans une entrevue à Toulouse, en 1281, avec Philippe III, il laissa voir son hostilité contre les Angevins et se rapprocha de la Castille où le prince Sanche avait fait déposer son père Alphonse X. Tranquille en Espagne, Pierre prépara d'immenses armements pour envahir la Sicile, quand Charles d'Aragon serait occupé en Orient. Philippe III ayant demandé des explications sur ces armements n'obtint que de vagues assurances. Quand les Vêpres siciliennes éclatèrent, le 30 mars 1282, Pierre feignit d'emmener sa flotte en Afrique; mais, à Alcoyl, il reçoit les délégués de la Sicile qui lui offrent la couronne, il accepte, est couronné à Monréal et repousse Charles d'Anjou hors de l'île. Robert d'Artois, venu pour secourir Charles, rétablit l'équilibre entre les deux partis, mais après une guerre d'escarmouches, les deux adversaires décident de faire de la Sicile l'enjeu d'un duel entre eux, assistés chacun de cent chevaliers. Charles d'Anjou va en France implorer le secours de Philippe III; de passage à Rome, il obtient du pape Martin IV l'excommunication et la déposition du roi d'Aragon (21 mars 1283). Le roi d'Angleterre, Edouard Ier, ayant refusé d'assister au duel qui devait avoir lieu à Bordeaux, le roi d'Aragon s'y rendit en secret, tandis que Philippe III et Charles d'Anjou y arrivaient avec une nombreuse escorte, et, après avoir fait constater, par notaire, sa présence au rendez-vous, il retourna en toute hâte dans ses Etats. Aussitôt une croisade fut préparée contre l'Aragon; le pape accorda aux combattants les décimes et les indulgences qu'ils lui demandaient et donna la couronne d'Aragon à Charles de Valois, deuxième fils de Philippe III et d'Isabelle d'Aragon, soeur de Pierre III (mars 1284). En mai 1285, une grande armée française envahit le Roussillon, détruisit Elne, franchit les Pyrénées au col de Paniçars, et Charles de Valois, ayant été sacré roi au château de Lers, vint assiéger Girone. Pendant ce temps, René de Loria, amiral de la flotte aragonaise, attirait en haute mer la flotte angevine et faisait prisonnier Charles, fils aîné de Charles d'Anjou. A son retour, il détruisait la flotte française sur les côtes de Catalogne. La longueur du siège, des épidémies, des difficultés de ravitaillement décimèrent les Français qui, après avoir pris Girone, durent battre en retraite. Les Aragonais, qui reprirent Girone quelques semaines après, harcelèrent l'armée et lui firent subir d'énormes pertes. Pierre mourut le 10 novembre 1285, laissant l'Aragon à son fils aîné Alphonse et la Sicile au second, Jacques. (Joseph Petit). | |