| Juan-Fernandez Navarrete (ou Navarrette), surnommé el Mudo) est un peintre espagnol né à Logroño vers 1526, mort à Tolède en 1579. Une maladie survenue pendant son enfance l'avait rendu sourd-muet, de là son surnom. Il avait, de bonne heure, montré une véritable aptitude pour le dessin, et un moine du couvent d'Estrella lui en enseigna les principes; frappé des progrès de son élève, il décida son père à l'envoyer en Italie. Navarrete visita Florence, Rome, Naples, Milan, prenant des leçons des artistes alors en renommée et s'inspirant des chefs-d'oeuvre consacrés. A Venise, terme de son voyage, il fut, dit-on, admis parmi les élèves de Titien. Son talent et son habileté ayant été signalés par l'ambassadeur d'Espagne à Philippe Il, il revint en 1568 dans son pays, ou, l'un des premiers, il prit part aux travaux de décoration de l'Escurial. Il recevait en effet, le 6 mars de cette même année, sa nomination de peintre du roi avec des émoluments de 200 ducats. Ses premiers ouvrages à l'Escurial auraient été des figures de Prophètes exécutées en grisaille, ainsi qu'un Christ en croix, avec le Vierge et saint Jean, qui se voit encore au monastère. Ayant obtenu, à la suite d'une maladie grave, de transporter son atelier à Logroño, il y peignit pour le compte du roi quatre grandes compositions : une Assomption, le Martyre de saint Jacques le Majeur, Saint Philippe et Saint Jérôme, pénitent; ces toiles furent placées en 1571, sous sa surveillance, dans la sacristie du couvent. Il se rendit alors à Madrid pour y terminer quatre grandes nouvelles peintures destinées à la sacristie du collège de l'Escurial ; elles furent achevées en 1575. Ce sont la Nativité, le Christ à la colonne, la Sainte Famille et Saint Jean écrivant l'Apocalypse dans l'île de Pathmos; quelques-unes ont été détruites par un incendie; celles qui subsistent sont placées dans le grand cloître de l'Escurial. Ces divers ouvrages n'appartiennent pas tous à une même manière; le Saint Jérôme et le Martyre de saint Jacques contrastent par leur exécution très attentive et minutieuse avec le faire libre, hardi, tout vénitien, que l'artiste adopta à partir de 1572. C'est dans cette donnée qu'il achevait en 1576 son beau tableau représentant Abraham recevant les trois anges, qui, enlevé du couvent lors de l'occupation napoléonienne a fait partie de la collection du maréchal Soult, en même temps qu'un vivant et expressif portrait de l'artiste peint par lui-même. - Jean-Baptiste dans sa prison, par Navarrete el Mudo. (ca. 1570). En 1578, Navarrete travaillait encore pour l'Escurial, et il venait de terminer diverses figures d'Apôtres et d'Evangélistes lorsque, terrassé de nouveau par la maladie, il vint s'éteindre à Tolède chez son ami Nicolas de Vergara. Navarrete ne forma pas d'élèves. Ses principaux ouvrages au musée du Prado sont : un Baptême du Christ, d'une exécution délicate, rappelant les Primitifs florentins, et des Apôtres, esquissés et brossés largement. (Paul Lefort). | |