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Malcolm Lowry

Malcolm Lowry est un écrivain anglais né le 28 juillet 1909 à New Brighton,  près de Liverpool, en Angleterre et mort le 27 juin 1957 à Chalvington with Ripe. Il est surtout connu pour son roman Au-dessous du volcan (Under the Volcano). 

Lowry est né dans une famille de la classe moyenne aisée. Son père, Arthur Lowry, était un homme d'affaires prospère, ce qui permit à la famille de mener une vie confortable. Cependant, malgré ce confort matériel, la relation entre Malcolm et son père fut souvent tendue, ce qui influença profondément la sensibilité de l'écrivain. Dès son plus jeune âge, Malcolm a montré une affinité pour la mer et la littérature. À l'âge de 14 ans, il est envoyé au pensionnat de Leys School à Cambridge. Il y découvre une passion pour la littérature et commence à écrire de la poésie et des nouvelles. À 18 ans, en 1927, Lowry décide de prendre une année sabbatique avant d'aller à l'université et s'embarque comme marin à bord d'un cargo, le Pyrrhus, qui fait route vers l'Extrême-Orient. Cette expérience en mer sera l'une des plus marquantes de sa vie et l'inspirera plus tard dans ses oeuvres, notamment dans son premier roman Ultramarine (1933).

En 1929, après son retour, Lowry s'inscrit à l'Université de Cambridge, au St Catharine's College, pour étudier la littérature anglaise. Il continue à écrire de la poésie et commence à s'intéresser de plus près à l'alcool, une habitude qui deviendra un thème central dans sa vie et son travail. Pendant cette période, il est influencé par des écrivains tels que Joseph Conrad et Dostoïevski. Lowry termine ses études à Cambridge en 1931, mais au lieu de suivre une carrière stable, il choisit de poursuivre ses rêves littéraires. Il voyage à travers l'Europe et s'installe brièvement à Paris, où il entre en contact avec d'autres expatriés, tels que l'écrivain Jean Rhys et l'éditeur Ford Madox Ford. C'est aussi à cette époque qu'il devient de plus en plus alcoolique, un problème qui ne fera que s'aggraver avec le temps.

En 1933, il publie Ultramarine, inspiré de son expérience en mer. Ce livre est bien accueilli par la critique, mais n'obtient pas un grand succès commercial. Malgré cela, Lowry se plonge dans des projets d'écriture plus ambitieux et continue à voyager, en quête d'inspiration pour son prochain grand travail.

• Ultramarine (1933) est le premier roman de Malcolm Lowry, publié en 1933. Il est inspiré par les propres expériences de l'auteur en tant que marin, notamment son voyage à bord du cargo Pyrrhus en 1927. Cette expérience en mer, qui l'a profondément marqué, a fourni à Lowry la matière de ce premier roman, à la fois sur le plan thématique et stylistique. Le roman suit Dana Hilliot, un jeune homme de la classe moyenne, lors de son premier voyage en mer sur un cargo. Dana est un novice parmi des marins plus expérimentés et rudes, et il lutte pour être accepté par eux tout en faisant face à des sentiments d'isolement, de doute de soi et de mélancolie. Ce voyage est à la fois physique et initiatique, car Dana découvre les dures réalités de la vie en mer, la hiérarchie sociale entre les marins, et affronte ses propres insécurités. Ultramarine se concentre sur la tension entre le désir de Dana de s'intégrer et ses propres sentiments de différence, en raison de son éducation privilégiée. Cette lutte pour s'intégrer, combinée avec une quête existentielle, est un thème récurrent dans loeuvre de Lowry. Le livre aborde également des thèmes comme la solitude, la masculinité, et la quête de sens dans un monde dur et indifférent. Ultramarine est un roman plus simple que les oeuvres ultérieures de Lowry, mais il montre déjà un sens aigu de la langue et un goût pour l'exploration psychologique. Le style est influencé par les auteurs que Lowry admirait, comme Joseph Conrad, avec une attention particulière aux descriptions atmosphériques et aux états d'âme du personnage principal. Le livre n'a pas connu un grand succès commercial, mais il a attiré l'attention de critiques littéraires qui y ont vu un premier roman prometteur.
En 1934, Malcolm Lowry quitte l'Angleterre pour voyager en Europe. Il se rend notamment en Espagne, où il s'installe à Madrid. Pendant cette période, il continue à écrire et à travailler sur divers projets littéraires. C'est aussi à cette époque qu'il rencontre et épouse sa première femme, Jan Gabrial, une actrice américaine. Leur relation est tumultueuse, en grande partie en raison de l'alcoolisme croissant de Lowry et de ses problèmes psychologiques. En 1935, Lowry et Jan déménagent à Paris, mais leur mariage se détériore rapidement en raison de ses crises d'alcoolisme et de ses tendances autodestructrices. Lowry est brièvement interné dans une clinique psychiatrique en 1936. Cette période de sa vie inspirera certaines scènes d'Au-dessous du volcan, notamment l'aliénation et la confusion psychologique du personnage principal.

Après sa séparation avec Jan Gabrial, Lowry décide de partir au Mexique en 1936, où il commence à travailler sur le manuscrit de Au-dessous du volcan. Le Mexique devient un cadre important pour le développement de ce roman. En 1937, il s'installe à Cuernavaca, une petite ville près de Mexico. Cette période est marquée par des voyages erratiques, des phases de création littéraire intense et une consommation excessive d'alcool. Le personnage du consul Geoffrey Firmin, l'anti-héros du roman, est directement inspiré des propres luttes de Lowry. En 1938, Lowry retourne aux États-Unis. À Los Angeles, il rencontre Margerie Bonner, une scénariste américaine qui devient sa seconde épouse en 1940. Margerie joue un rôle important dans la vie de Lowry, à la fois en tant que soutien émotionnel et collaboratrice littéraire. Ensemble, ils voyagent, s'installent temporairement en Californie, et Margerie l'aide à retravailler le manuscrit d'Au-dessous du volcan.

En 1940, Lowry et Margerie s'installent au Canada, près de Dollarton, en Colombie-Britannique, dans une cabane isolée au bord de l'océan. Cette période marque une stabilisation relative dans la vie de Lowry, bien que ses luttes avec l'alcool continuent. L'isolement de Dollarton lui offre un environnement propice à l'écriture, et c'est là qu'il termine Au-dessous du volcan en 1944, après près de dix ans de travail.
En 1947, le roman est finalement publié. Le livre raconte la dernière journée de Geoffrey Firmin, un consul britannique déchu vivant à Cuernavaca, au Mexique, qui sombre dans l'alcoolisme et la déchéance. Ce roman est rapidement salué comme un chef-d'oeuvre, et bien qu'il n'ait pas été un succès commercial immédiat, il obtient des critiques élogieuses et devient une oeuvre incontournable de la littérature moderne. Au-dessous du Volcan a été comparé aux grandes oeuvres de James Joyce et Wiliam Faulkner pour sa profondeur symbolique et sa complexité narrative.

• Au-dessous du volcan (ou Sous le volcan), publié en 1947, est le chef-d'oeuvre de Malcolm Lowry. Il a travaillé près de dix ans sur ce roman, écrivant plusieurs versions avant de le finaliser. Le livre est en grande partie autobiographique et est fortement influencé par les propres expériences de Lowry au Mexique dans les années 1930, ses batailles contre l'alcoolisme, ses voyages et ses tourments personnels. L'histoire du livre reflète également une longue période de turbulence personnelle pour l'auteur, − ses démêlés avec la justice, son internement en hôpital psychiatrique, ses relations sentimentales compliquées et sa consommation excessive d'alcool. L'histoire se déroule sur une seule journée, le 2 novembre 1938, le jour de la Fête des Morts au Mexique, dans la petite ville fictive de Quauhnahuac (l'ancien nom de Cuernavaca). Le protagoniste principal est Geoffrey Firmin, un consul britannique déchu, alcoolique, qui vit dans une désintégration mentale et physique complète. La journée commence avec le retour d'Yvonne, l'ex-épouse de Firmin, qui est revenue pour tenter de le sauver de sa déchéance et raviver leur relation. Ils sont rejoints par Hugh, le demi-frère de Firmin, un idéaliste engagé politiquement, et Jacques Laruelle, un ami de la famille. Au fil de la journée, Firmin plonge de plus en plus dans l'alcool et l'isolement, alors que ses proches tentent de l'aider, mais sont impuissants à le sortir de son enfer personnel. L'alcool devient une métaphore centrale dans le roman, symbolisant non seulement la dépendance de Firmin, mais aussi son incapacité à affronter la réalité et à se reconnecter avec ceux qui l'entourent. Le roman culmine tragiquement avec la mort de Firmin, abandonné et abattu par des soldats dans une taverne locale.

Le roman est ainsi avant tout une plongée dans la psyché d'un homme dévasté par l'alcoolisme. Firmin, le consul, boit pour échapper à la réalité de sa propre culpabilité, à ses échecs personnels et à la douleur de la perte de son épouse. L'alcool devient le vecteur de son auto-anéantissement et le roman est une chronique de cette chute inévitable. Geoffrey Firmin est hanté par la culpabilité. Ses échecs en tant que mari, diplomate et être humain le poursuivent, et l'alcool est son refuge pour éviter d'affronter cette culpabilité. Le roman tourne autour des questions de rédemption et de celle de savoir si, malgré ses erreurs, Firmin pourrait être sauvé, soit par l'amour d'Yvonne, soit par ses propres efforts. Mais il est trop profondément enfoncé dans sa spirale destructrice. La Fête des Morts, qui se déroule pendant l'intrigue, ajoute un élément symbolique important au roman. La mort est omniprésente, non seulement à travers les rituels de la fête mexicaine, mais aussi dans l'idée que Firmin est condamné dès le début du livre. Son destin semble scellé par ses choix et son incapacité à changer. Le Mexique joue un rôle important dans le roman, non seulement en tant que cadre exotique, mais aussi comme un lieu de symbolisme. Le volcan (ou plutôt les volcans, le Popocatepetl et sa compagne l'Iztaccihuatl), les ruines aztèques, les festivités de la Fête des Morts et la présence omniprésente de la violence et de la pauvreté reflètent l'état intérieur chaotique de Firmin. Le Mexique devient ainsi une sorte de miroir de son désespoir et de sa désintégration. Lowry multiplie les références symboliques, mythologiques et littéraires. Le volcan, visible en arrière-plan tout au long du roman, symbolise à la fois la destruction imminente, le couple séparé inéluctablement et la force latente, prête à éclater. Le roman est également parsemé de références à des mythes anciens, à des religions et à des philosophies qui ajoutent à sa profondeur thématique.

Au-dessous du volcan a été comparé aux oeuvres modernistes comme celles de James Joyce et William Faulkner. Le style de Lowry est dense, introspectif et rempli de symbolisme. Le roman est écrit dans une prose poétique complexe, avec des flux de conscience et des retours en arrière fréquents. Ce style reflète l'état mental de Firmin, souvent confus et désorienté, et intensifie le sentiment d'aliénation et de désespoir. Le livre est également structuré de manière non linéaire. Bien que l'action se déroule en une seule journée, les personnages sont hantés par leur passé, et ces souvenirs surgissent dans le texte, volontiers de manière fragmentée. Cela ajoute à la tension dramatique du roman et crée un sentiment de désespoir croissant au fur et à mesure que la journée avance. Au-dessous du volcan a été salué dès sa publication comme un chef-d'oeuvre de la littérature moderne. Bien qu'il n'ait pas été un succès commercial immédiat, il a été acclamé par la critique et est devenu, avec le temps, une oeuvre culte, considérée comme l'un des plus grands romans du XXe siècle. Le livre est lu pour sa profondeur psychologique, son style littéraire unique et sa richesse symbolique. Il a été adapté en film en 1984 par le réalisateur John Huston, avec Albert Finney dans le rôle du consul Geoffrey Firmin et Jacqueline Bisset dans celui d'Yvonne. Bien que la performance d'Albert Finney ait été saluée, le film n'a pas réussi à capturer toute la complexité et la densité du roman.

Après la publication d'Au-dessous du volcan, Lowry tente de poursuivre sa carrière littéraire, mais il est de plus en plus accablé par ses démons personnels, notamment l'alcoolisme et la dépression. En 1949, lui et Margerie quittent Dollarton et commencent à voyager à travers l'Europe et les États-Unis. Pendant cette période, il tente de travailler sur plusieurs autres romans, dont Dark as the Grave Wherein My Friend is Laid, qui est une sorte de suite à Au-dessous du volcan, mais aucun de ces projets n'aboutit avant sa mort.
• Dark as the Grave Wherein My Friend is Laid (Sombre comme la tombe où repose mon ami, 1968) est un roman qui a été publié de manière posthume, plus d'une décennie après la mort de Lowry. Ce livre, souvent vu comme une sorte de suite à Au-dessous du volcan, a été écrit dans les années 1940, mais Lowry n'a jamais achevé de le réviser complètement. L'ouvrage a été publié avec l'aide de sa veuve, Margerie Bonner, qui a aidé à assembler et à finaliser certains des manuscrits laissés par l'auteur. Le roman suit un écrivain nommé Sigbjørn Wilderness, un personnage qui est en grande partie une figure autobiographique représentant Lowry lui-même. Sigbjørn retourne au Mexique après la publication de son chef-d'oeuvre (qui rappelle Au-dessous du volcan), dans l'espoir de renouer avec ses souvenirs et de trouver l'inspiration pour continuer à écrire. Il est accompagné de sa femme, Primrose (qui ressemble à Margerie Bonner), et ce voyage devient pour lui une sorte de pèlerinage où il revisite des lieux marqués par ses anciennes souffrances. Sigbjørn se retrouve hanté par ses échecs passés, ses démons intérieurs et la mort d'anciens amis. Le titre du roman, tiré d'un passage biblique, renvoie à ces thèmes de mort, de mémoire et de regret. Au coeur du roman se trouve la lutte intérieure de Sigbjørn pour trouver la rédemption, tant en tant qu'artiste qu'en tant qu'être humain. Dark as the Grave Wherein My Friend is Laid continue à parcourir des thèmes essentiels chez Lowry : la culpabilité, la rédemption, l'alcoolisme et la lutte entre la création artistique et la destruction personnelle. Le Mexique, une fois encore, joue un rôle central en tant que toile de fond symbolique, comme dans Au-dessous du volcan. Le roman est également un hommage à ses propres luttes créatives, car Sigbjørn, tout comme Lowry, est un écrivain en crise, cherchant désespérément à compléter un travail. L'oeuvre se caractérise par une écriture dense, une forte introspection et une symbolique riche. Cependant, comme le roman n'a pas été achevé de son vivant, il est parfois jugé moins abouti et moins maîtrisé qu'Au-dessous du volcan. Comme le livre a été publié de manière posthume, il n'a pas eu non plus le même impact qu'Au-dessous du volcan, mais il est tout de même considéré comme une oeuvre significative pour mieux comprendre les luttes personnelles et artistiques de Lowry. Il offre un aperçu poignant de l'état d'esprit de l'auteur dans ses dernières années et  peu être lu comme un complément de son oeuvre principale.
En 1954, Lowry est hospitalisé à New York pour des problèmes de santé liés à l'alcool. Sa consommation excessive d'alcool, ses troubles mentaux et ses problèmes de santé se multiplient. Malgré cela, il continue à écrire des poèmes et des récits, bien qu'il ne parvienne pas à produire une nouvelle oeuvre majeure. Malcolm Lowry meurt le 26 juin 1957 à l'âge de 47 ans dans des circonstances mystérieuses à Ripe, un petit village du Sussex en Angleterre, où lui et Margerie s'étaient installés. Il est retrouvé mort avec une combinaison d'alcool et de barbituriques dans son organisme. Bien que certains pensent que sa mort était accidentelle, d'autres suggèrent un suicide, une hypothèse renforcée par ses antécédents de dépression et d'autodestruction.
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