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 Histoire de l'Amérique > L'Amérique précolombienne
Les populations autochtones d'Amérique
Les Indiens d'Amérique du Sud
et des Caraïbes
Les populations autochtones d'Amérique du Sud et des Caraïbes représentent une diversité incroyable de cultures, de langues, de croyances et de modes de vie enracinés dans des liens profonds avec leurs territoires ancestraux. Avant l'arrivée des colons européens, elles avaient établi des sociétés complexes. 

Les peuples autochtones de l'Amérique du Sud comptent parmi les groupes culturels et linguistiques les plus divers au monde. Chaque langue porte des savoirs uniques sur la faune, la flore, et les pratiques de survie en forêt tropicale. Les Caraïbes abritaient également des civilisations florissantes, comme les Taïnos et les Kalinagos, qui avaient développé des systèmes sociaux et religieux avancés avant d'être décimés par la colonisation.

Les peuples de l'Amazonie, comme les Yawanawa, les Tukano, ou les Achuar, dépendent fortement de la forêt pour leur subsistance, leur médecine traditionnelle et leurs pratiques spirituelles. Dans les Andes, les  Quechua et les Aymara cultivent des terres en terrasses et vivent selon des cycles agricoles qui honorent la Pachamama (la Terre Mère). Dans les Caraïbes, les peuples autochtones des îles avaient une économie de subsistance basée sur la pêche, l'agriculture, et les échanges entre îles, avant l'arrivée des colons.

Malgré les apports inestimables des cultures autochtones, ces populations ont souffert de siècles de colonisation, de violence et de dépossession territoriale. Aujourd'hui, elles continuent de faire face à des menaces importantes, notamment l'exploitation des ressources naturelles (comme l'extraction de minéraux, la déforestation et les projets hydroélectriques) et la marginalisation socio-économique. Dans de nombreux cas, ces peuples sont à l'avant-garde de la lutte pour la protection de l'environnement, défendant la biodiversité et l'équilibre climatique mondial grâce à leur savoir traditionnel et à leur engagement envers leurs terres ancestrales. Aujourd'hui, leur rôle est de plus en plus reconnu sur la scène internationale, notamment à travers des forums comme l'ONU, où les voix autochtones gagnent en visibilité pour plaider en faveur de la justice environnementale et des droits humains.

Les aires culturelles

Les populations autochtones d'Amérique du Sud et des Caraïbes se répartissent en plusieurs aires culturelles, chacune avec des spécificités en termes de mode de vie, de langue, de religion et d'organisation sociale. 

L'Amazonie.
L'Amazonie constitue l'aire culturelle la plus vaste et diversifiée d'Amérique du Sud (Les Indiens d'Amazonie). Elle couvre des portions de plusieurs pays (Brésil, Pérou, Colombie, Venezuela, Équateur, Bolivie, Guyana, Suriname et Guyane française) . Cette région est caractérisée par une forêt tropicale dense, des rivières abondantes, et une biodiversité extraordinaire. Parmi les groupes autochtones, on mentionnera  les Yanomamis, les Ticunas, les Mundurucus, les Ashaninkas, les Shuar et les Guarani-Kaiowá, entre autres. 

• Les Yanomamis vivent dans la région à la frontière entre le Venezuela et le Brésil. Ils sont connus pour leur mode de vie communautaire et leur relation étroite avec la forêt tropicale. Cependant, ils sont confrontés à des menaces telles que la déforestation et l'exploitation minière illégale.

• Les Yawanawa sont originaires de l'État d'Acre au Brésil. Ils  sont réputés pour leurs connaissances en médecine traditionnelle, leurs rituels et leur art, notamment la peinture faciale et les parures de plumes.

• Les Bora sont un peuple des régions amazoniennes de la Colombie et du Pérou. Ils sont renommés pour leurs cérémonies traditionnelles, qui incluent des danses et des chants. Leur culture est fortement liée à la forêt et à ses ressources.

• Les Tucano vivent entre le Brésil et la Colombie. Ils pratiquent une culture de subsistance en harmonie avec l'écosystème amazonien et possèdent une mythologie riche qui impacte leur vision du monde et leur mode de vie.

• Les Achuar sont résents au Pérou et en Équateur. Ils  sont célèbres pour leur savoir environnemental et leur cosmologie complexe.

• Les Piaroa sont un peuple du Venezuela qui vit le long de l'Orénoque et se distingue par sa tradition pacifique. Leur philosophie repose sur l'égalité sociale et une gouvernance collective.

La vie communautaire en Amazonie est souvent centrée sur des structures de maisons communes (malocas) et les villages sont généralement organisés autour des rivières. Ces populations ont des pratiques de subsistance variées comme la chasse, la pêche, l'agriculture itinérante, et la cueillette. Les croyances sont fortement ancrées dans l'animisme. Les chamans jouent un rôle central en tant que guérisseurs et guides religieux, souvent par l'utilisation de plantes médicinales et de rituels psychotropes (comme l'ayahuasca). La déforestation, l'exploitation minière, les incendies et les pressions des industries agroalimentaires constituent des menaces pour ces peuples et leur mode de vie.

Les Andes.
Les Andes sont une autre aire culturelle majeure en Amérique du Sud (Les cultures andines). Elle englobe la région montagneuse qui s'étend de la Colombie au nord du Chili et de l'Argentine. C'est une zone de hautes altitudes avec des plateaux, des vallées fertiles et des montagnes enneigées, où vivent les Quechuas, les Aymaras, les Kogis, les Arhuacos et d'autres groupes. 

• Les Quechuas sont l'un des plus grands groupes ethniques en Amérique du Sud. Ils sont surtout concentrés au Pérou, en Équateur et en Bolivie. Ce sont les descendants des Incas et parlent principalement le quechua. Leur culture reste très vivante, avec des traditions agricoles, des festivals et des textiles colorés emblématiques.

• Les Aymaras sont présents principalement en Bolivie, au Pérou et dans le nord du Chili. Ils ont une longue tradition agricole et artisanale, et leur langue, l'aymara, est encore parlée par de nombreuses personnes.

L'agriculture est au coeur de la culture andine, avec la culture de ma pommes de terre, du maïs et du quinoa. Les populations andines ont construit des terrasses agricoles ingénieuses et élèvent des lamas et des alpagas. L'architecture, l'artisanat textile et les festivités colorées comme Inti Raymi (la fête du Soleil) sont emblématiques. Les croyances des populations andines sont souvent centrées sur la Pachamama (la Terre-Mère) et les Apus (les esprits des montagnes). Les rituels andins intègrent des offrandes à ces divinités pour assurer des récoltes abondantes et la prospérité de la communauté. Les Andes subissent aujourd'hui des défis liés à la modernisation, à l'exploitation minière, et aux changements climatiques qui perturbent les cycles agricoles.

Les Plaines et le Chaco.
Le Gran Chaco est une vaste région de plaines sèches qui s'étend sur le Paraguay, la Bolivie, le nord de l'Argentine, et une petite partie du Brésil. Cette région est moins boisée que l'Amazonie et se compose principalement de savanes, de forêts sèches et de marécages. Les populations autochtones qui y vivent sont principalement  les Guaranis, les Ayoreos, les Wichis, les Enxet et les Toba. 

• Les Guaranis habitent principalement dans le sud du Brésil, au Paraguay et dans le nord de l'Argentine. Leurs croyances religieuses mettent l'accent sur la relation entre l'humain et la nature, et ils possèdent une mythologie riche où chaque élément naturel a un esprit. Les Tupi-Guarani ont influencé les cultures locales, et leur langue a laissé des traces dans les toponymes et les noms de plantes. Eux aussi, sont  aujourd'hui en lutte pour la protection de leurs terres ancestrales. 
Ces populations pratiquent la chasse, la pêche, la cueillette, et l'agriculture. Les relations entre les tribus sont souvent pacifiques, mais elles ont été marquées par des conflits avec les colons et les grands propriétaires terriens. Les croyances du Chaco sont généralement liées aux esprits de la nature et à un profond respect des animaux et de la forêt. L'exploitation agricole, en particulier pour le soja, a conduit à la déforestation et à la destruction des écosystèmes du Chaco, menaçant la subsistance des peuples autochtones.

 La Patagonie et la Terre de Feu.
Les Mapuches (en Patagonie), les Selknams (ou Onas) et les Yagans (en Terre de Feu). vivent au sud de l'Amérique du Sud, qui sont des régions froides et venteuses, aux paysages variés comprenant des steppes, des forêts subpolaires et des montagnes. 

• Les Mapuches, originaires du Chili et de l'Argentine, ont résisté aux conquérants espagnols pendant des siècles. Aujourd'hui, ils continuent de lutter pour la préservation de leurs terres et de leur culture, bien que beaucoup aient été marginalisés et déplacés.
Ces peuples ont des modes de vie adaptés aux environnements difficiles et climats rigoureux. Il pratiquaient traditionnellement  la chasse et la pêche. Les Mapuches sont connus pour leur résistance historique face aux conquérants européens. La religion des Mapuches est centrée sur les esprits de la nature, et ils honorent les forces naturelles dans leurs cérémonies. Le nguillatun est l'une de leurs cérémonies rituelles importantes. De nos jours, l'accès aux terres et la préservation des traditions culturelles sont des enjeux majeurs pour ces peuples qui font face à la pression de l'agriculture intensive et de la modernisation.

Les Caraïbes.
Les îles des Caraïbes constituent une aire culturelle particulière en raison de leur diversité ethnique. La colonisation européenne a eu un impact majeur sur les populations autochtones, mais certains groupes et leurs traditions ont survécu, tels less Taïnos, les Kalinagos (Caraïbes) et les Garifunas (qui sont un mélange d'autochtones et d'Africains). Les Taïnos et les Kalinagos étaient des pêcheurs, agriculteurs et artisans, connus pour leur organisation sociale complexe et leurs traditions maritimes. 

• Les Taïnos sont parmi les premiers peuples des Caraïbes rencontrés par Christophe Colomb en 1492. Les Taïnos vivaient dans des régions comme Hispaniola (actuels Haïti et République dominicaine), Porto Rico, Cuba et la Jamaïque. Bien que la majorité ait été décimée par la colonisation, certains descendants Taïnos revendiquent aujourd'hui leur identité et travaillent à faire revivre leurs traditions.
• Les Kalinagos (ou Caraïbes) vivaient principalement dans les îles de la Dominique, de la Guadeloupe, de la Martinique et de Saint-Vincent. Les Kalinagos ont une histoire de résistance contre les colonisateurs, et une petite communauté subsiste encore en Dominique, où elle maintient des traditions culturelles.

• Les Garifunas sont un mélange de peuples autochtones et d'Africains. Ils vivent principalement dans des régions côtières du Honduras, du Belize, du Nicaragua et du Guatemala. La culture Garifuna est unique et syncrétique, avec des influences africaines, amérindiennes et caribéennes.

Aujourd'hui, les descendants revendiquent leur héritage culturel, bien que de nombreuses traditions aient été perdues. Les croyances des Taïnos incluaient des divinités et des esprits de la nature appelés zémis, auxquels ils rendaient hommage dans des cérémonies. Les descendants autochtones des Caraïbes luttent pour la reconnaissance de leur héritage et la protection de leurs droits culturels, souvent en marge des identités nationales modernes.

Les peuples de la côte Pacifique et Atlantique (Amérique du Sud).
Les zones côtières de la Colombie, du Venezuela, de l'Équateur et du Pérou abritent des peuples autochtones (Embera, Wayuus et groupes afro-descendants dans des communautés mixtes) vivant dans des environnements maritimes ou proches des mangroves et des forêts côtières. Ces populations pratiquent la pêche, l'artisanat, et l'agriculture. Leurs traditions incluent des fêtes et des cérémonies en lien avec l'océan. Les côtes sont menacées par le développement touristique, les industries de pêche commerciale, et la pollution, ce qui perturbe l'écosystème marin et les moyens de subsistance des communautés locales.

Histoire des populations autochtones d'Amérique du Sud

Origines et premières migrations.
Les premiers peuples autochtones sont arrivés en Amérique du Sud et dans les Caraïbes il y a environ 15 000 à 20 000 ans, via la migration depuis l'Asie par le détroit de Béring, puis vers le sud. Ces premières populations se sont établies dans des environnements variés, allant des plaines de Patagonie aux forêts tropicales de l'Amazonie. Les premiers groupes se sont rapidement adaptés aux climats et reliefs de la région, adoptant des modes de vie basés sur la chasse, la cueillette, puis l'agriculture. Par exemple, les peuples des Andes ont développé l'agriculture de haute montagne avec la culture de pommes de terre et de quinoa, tandis que les peuples amazoniens ont perfectionné l'agriculture itinérante.

Premières civilisations et sociétés complexes.
Plusieurs civilisations ont précédé celle des Incas dans les Andes. Parmi elles, on trouve les cultures Caral, Chavín, et Paracas au Pérou. Caral, par exemple, est l'une des plus anciennes civilisations d'Amérique, datant de 3000 av. JC. Ces sociétés ont développé des systèmes agricoles, de l'architecture monumentale, et des arts sophistiqués (sculpture, poterie, textile). Les Mochicas (100-800 ap. JC) sur la côte nord du Pérou sont connus pour leur céramique réaliste et leur maîtrise de l'irrigation. La civilisation Nazca, au sud, est célèbre pour ses géoglyphes, d'immenses lignes tracées dans le désert qui représentent des animaux, des plantes et des formes géométriques. Située près du lac Titicaca en Bolivie, la civilisation de Tiwanaku (Tiahuanaco, 500-1000 ap. JC)  a influencé l'architecture et la culture des Andes avec ses monolithes et ses temples imposants. La culture Huari, quant à elle, a établi un empire qui a unifié de nombreuses sociétés dans les Andes centrales et est souvent considérée comme le précurseur de l'Empire inca.

L'Empire inca (1438-1533).
Les Incas, une petite ethnie de la région de Cuzco, ont rapidement étendu leur territoire pour former l'un des plus grands empires de l'Amérique précolombienne, le Tawantinsuyu, qui s'étendait du sud de la Colombie jusqu'au nord du Chili et de l'Argentine. Ils ont intégré divers peuples, cultures et langues sous un système administratif centralisé. Les Incas se signalent par leurs techniques de construction avancées (ex. Machu Picchu), leurs routes pavées et leur réseau de communication, le quipu, un système de cordes nouées servant à enregistrer des informations. L'agriculture inca reposait sur des terrasses construites dans les montagnes, permettant de cultiver des aliments à des altitudes élevées. Ils ont également développé des techniques de stockage alimentaire et de conservation des sols, jouant un rôle crucial dans la prospérité de leur empire. Les Incas vénéraient le dieu Soleil (Inti), et leurs rituels étaient centrés sur la nature et les astres. Leur panthéon comprenait également des divinités comme la Terre-Mère (Pachamama) et les esprits des montagnes (Apus).

Les cultures des Caraïbes.
Les Taïnos, présents dans les Grandes Antilles (Cuba, Hispaniola, Porto Rico, Jamaïque) et dans certaines îles des Bahamas, étaient une société agricole et de pêcheurs. Ils vivaient dans des villages organisés autour de places cérémonielles, où ils pratiquaient des rituels religieux centrés sur les zémis (statues représentant des esprits ou des ancêtres).  Dans les Petites Antilles, les Kalinagos avaient une organisation plus guerrière et étaient réputés pour leur résistance aux incursions des colonisateurs. Ils avaient des traditions maritimes fortes et maîtrisaient la navigation entre les îles. L'arrivée des Européens a eu des conséquences dévastatrices pour ces peuples, notamment les Taïnos, qui ont subi de lourdes pertes dues aux maladies, aux mauvais traitements et aux guerres. Les Kalinagos ont résisté plus longtemps, mais ont également été décimés ou dispersés au fil des siècles.

Colonisation et résistance.
En 1533, les Espagnols ont conquis l'Empire inca, provoquant l'effondrement des structures politiques et sociales andines. La colonisation européenne s'est accompagnée d'une exploitation intense des populations autochtones, en particulier dans les mines d'or et d'argent. Les Espagnols ont imposé des systèmes comme l'encomienda et le repartimiento, obligeant les autochtones à travailler pour les colons. La conversion au christianisme a été forcée, même si de nombreuses communautés ont intégré leurs croyances ancestrales dans les pratiques chrétiennes. Les peuples autochtones ont mené de nombreuses révoltes, comme celle de Tupac Amaru II au Pérou en 1780. Des populations isolées dans des zones inaccessibles, comme l'Amazonie, ont aussi pu conserver leurs modes de vie traditionnels.

Résilience et renouveau culturel (XIXᵉ au XXIᵉ siècle).
Après l'indépendance des pays sud-américains, les populations autochtones ont continué à subir des discriminations et à être marginalisées. Les gouvernements nationaux ont cherché à assimiler les peuples autochtones ou à les ignorer, et beaucoup de leurs terres ancestrales ont été accaparées pour des projets économiques. Depuis le milieu du XXe siècle, des mouvements de revitalisation culturelle et des organisations indigènes se sont formés pour défendre les droits des autochtones. Des événements tels que la Conférence mondiale des peuples indigènes en 1977 ont contribué à attirer l'attention internationale sur leur situation. Dans certains pays, les constitutions récentes reconnaissent désormais les droits des peuples autochtones. En Bolivie, par exemple, la Constitution de 2009 accorde des droits importants aux populations autochtones. Cependant, les luttes pour l'autonomie et la préservation des terres sont encore actives dans de nombreux pays.



Maria Beltrão, Le peuplement de l'Amérique du Sud (Essai d'archéologie, une approche interdisciplinaire), Riveneuve, 2008.
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Dictionnaire Villes et monuments
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