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David (Gérard). - Peintre d'origine hollandaise, mais qui vint s'établir en Flandre et peut être regardé comme Flamand, né à Oudewater (Hollande méridionale), vers le milieu du XVe siècle, mort à Bruges le 13 août 1523. On ignore ses débuts et les maîtres qu'il put avoir en Hollande. Complètement oublié autrefois, il n'a repris un nom et une personnalité dans l'histoire de l'art que depuis les recherches de James Weale dans les archives de Bruges. En 1484, on le trouve installé dans cette ville, reçu le 14 janvier franc-maître de la corporation de Saint-Luc. Memling était alors le chef incontesté de la peinture à Bruges, et Gérard David subit fortement son influence. Il occupa successivement les fonctions de vinder dans la gilde des peintres en 1488, 1495-1496 et 1498-1499. Il en fut doyen en 1501-1502. Egalement estimé comme enlumineur, Gérard David fit aussi partie de la gilde des libraires et miniaturistes, et plus tard, en 1515, entra dans celle des peintres d'Anvers. La plus ancienne oeuvre de lui dont il soit fait mention dans les comptes, est une importante commande officielle : certains tableaux, dont un représentant le Jugement et la sentence de Jésus (Jugement dernier ou Christ devant Pilate), aujourd'hui perdus, et qui furent exécutés entre février 1488 et septembre 1498, pour la salle des échevins, à l'hôtel de ville de Bruges. Il peut se faire que les deux panneaux du Jugement de Cambyse, dont un porte la date de 1498, aujourd'hui au musée de l'Académie de Bruges, dépendent de cette suite, faite pour enseigner aux magistrats le respect de la justice, comme celles de Rogier Van der Weyden à Bruxelles ou de Bouts à Louvain. Toutefois, ils sont d'une manière assez différente de celle qu'on lui connaît. |
Un chef-d'oeuvre incontesté de maître Gérard est la Vierge entourée de saintes, avec deux anges musiciens, et les portraits du peintre et de sa femme, comme donateurs, qu'il offrit, en 1509, au couvent des carmélites de Sion, à Bruges, et qu'on peut voir aujourd'hui au musée de Rouen. Ce tableau, d'assez grandes dimensions, charmant par la douceur calme du coloris et des visages, et qui est comme d'un Memling modernisé, a permis de restituer à Gérard David presque sûrement, par comparaison, un certain nombre d'oeuvres intéressantes : ainsi le grand et très beau triptyque du Baptême du Christ, à l'Académie de Bruges, depuis Iongtemps célèbre, et si important dans l'histoire du paysage, dû peut-être à une collaboration avec Patenier, exécuté vers 1508; les Noces de Cana, au musée du Louvre, peintes de 1519 à 1524; un grand triptyque du palais municipal de Gênes (Vierge entre saint Jérôme et saint Benoît); un volet de retable datant de 1504 environ (Bernardin de Salviatis et trois saints) à la National Gallery de Londres; une Vierge entre des anges musiciens, au musée de Darmstadt; le petit triptyque au Saint Michel, de l'ancienne collection Artaria, au musée du Belvédère à Vienne; l'Annonciation, au musée de Sigmaringen; un Mariage mystique de sainte Catherine et peut-être une Adoration des Mages, à la Pinacothèque de Munich; d'autres tableaux dispersés en Italie, en Angleterre ou en Allemagne. Gérard David paraît avoir beaucoup produit et avoir eu de nombreux élèves. Homme pieux et doux, fait pour les sujets de nature tranquille, les délicates assemblées de saintes, les Vierges trônantes, il a continué Memling d'un pinceau parfois inégal, mais avec un grand charme de sentiment et une mélancolie presque moderne. Il connut également Metsys et l'imita. Une Descente de croix, exécutée vers 1520 et conservée dans la chapelle du Saint-Sang à Bruges, est presque textuellement copiée du chef-d'oeuvre du maître au musée d'Anvers. Le portrait de Gérard David figure dans le recueil d'Arras. Sa collaboration à certains manuscrits importants, entre autres au bréviaire Grimani, n'est pas douteuse, et il faut probablement voir en lui le Gérard de Bruges que citent Vasari et Guichardin parmi les plus célèbres miniaturistes. (Paul Leprieur). |
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