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L'histoire de l'île de la Dominique
L'île de la Dominique a d'abord été habitée par les Kalinagos (Caribs). Cette population amérindienne avait établi des communautés prospères dans les Petites Antilles, et la Dominique était l'une de leurs îles principales. Ils vivaient de la pêche, de la chasse et de l'agriculture. Christophe Colomb, lors de son deuxième voyage aperçut la Dominique le 3 novembre 1493. Il nomma l'île d'après le jour de la semaine de sa découverte : dimanche (dominica en latin). Cependant, les Espagnols ne s'établirent pas sur l'île à cause de la résistance des Kalinagos et de la nature montagneuse de l'île.

La Dominique demeura largement inexplorée et non colonisée pendant le début du XVIIe siècle, servant de refuge pour les Kalinagos, qui continuaient de résister aux tentatives européennes de colonisation. Toutefois, à mesure que les puissances coloniales européennes, notamment la France et la Grande-Bretagne, étendaient leur emprise sur les Caraïbes, la Dominique devint un enjeu stratégique. La France revendiqua officiellement la Dominique en 1635, bien qu'elle n'y ait pas établi de colonie permanente à cette époque. L'île resta largement aux mains des Kalinagos.

En 1660, les Français et les Britanniques signèrent un accord pour reconnaître la Dominique (ainsi que Saint-Vincent) comme territoire neutre, ce qui signifiait qu'aucune des deux puissances ne coloniserait officiellement l'île. Cet accord visa à réduire les conflits entre les colons européens et les Kalinagos. À partir des années 1690, des colons français de la Martinique et de la Guadeloupe commencèrent à s'installer sur l'île, malgré l'accord de neutralité. Ils développèrent des plantations, introduisant le système de la plantation de canne à sucre, ainsi que l'esclavage pour exploiter la main-d'oeuvre africaine. La population d'esclaves augmenta rapidement pour soutenir l'économie sucrière, alors florissante dans les Caraïbes.

Le Traité de Paris de 1763, qui mit fin à la guerre de Sept Ans, marqua un tournant décisif dans l'histoire de la Dominique. En vertu de ce traité, la France céda l'île à la Grande-Bretagne, ainsi que d'autres colonies des Caraïbes. Les Britanniques héritèrent d'une population mixte composée de colons français, d'esclaves africains, et des Kalinagos restants. Pendant la guerre d'indépendance américaine, la France, alliée des États-Unis, tenta de reprendre la Dominique. En 1778, les forces françaises prirent brièvement le contrôle de l'île, mais les Britanniques la reconquirent peu après. En 1805, les Français, sous le commandement du général Jean-Baptiste Victor Hugues, tentèrent une nouvelle invasion. Ils attaquèrent et incendièrent la capitale, Roseau, mais ne purent conserver l'île, qui resta sous domination britannique.

La Dominique devint une colonie de plantation typique des Caraïbes, avec une économie centrée sur la production de sucre, de café, de coton et de tabac. Ces cultures étaient exploitées par des esclaves africains, qui constituaient la majorité de la population de l'île. Comme dans d'autres colonies, les esclaves à la Dominique résistèrent à leur oppression. Les esclaves marrons, des esclaves échappés, formèrent des communautés dans les montagnes, où ils organisèrent une résistance active contre les colons. Les marrons trouvèrent des alliés parmi les Kalinagos, qui continuaient de défendre leur territoire. En 1834, l'Empire britannique abolit officiellement l'esclavage dans toutes ses colonies. Cependant, comme dans d'autres parties des Caraïbes, une période d'« apprentissage » de quatre ans fut imposée, où les anciens esclaves devaient continuer à travailler pour leurs anciens maîtres. Ce système prit fin en 1838, et les esclaves furent complètement émancipés.

La Dominique se distingua des autres colonies caribéennes en raison de la montée d'une petite classe moyenne noire formée d'anciens esclaves affranchis et de leurs descendants, qui acquirent des terres et devinrent politiquement actifs. En 1831, avec l'adoption de la loi dite des Brown Privilege Bills, les hommes libres de couleur avaient déjà obtenu des droits politiques égaux à ceux des colons blancs, un cas unique dans les Caraïbes britanniques. A partir de 1838, la Dominique devint la seule colonie britannique des Antilles à disposer d'une législature dominée par une majorité noire, en grande partie en raison de la participation active des affranchis dans les affaires locales. Cependant, les tensions entre l'élite noire, les planteurs blancs, et le gouvernement colonial persistaient, ce qui entrava le développement économique de l'île.

En 1865, en réaction à l'instabilité économique et politique, le gouvernement britannique reprit un contrôle plus direct sur la Dominique, en remplaçant la législature élue par un conseil législatif plus restreint et en réintroduisant une domination coloniale plus stricte. Cette mesure réduisit l'influence politique de l'élite noire et entraîna des frustrations qui allaient marquer la politique de l'île pour les décennies à venir. Dès cette époque et jusqu'au début du XXe siècle, l'économie des plantations déclina, principalement en raison de la baisse des prix du sucre et de la concurrence d'autres colonies sucrières. L'agriculture de subsistance et la culture de bananes prirent de l'importance, mais l'économie resta fragile.

Durant les années 1930, la Dominique, comme beaucoup d'autres colonies caribéennes, connut des troubles sociaux en raison de la pauvreté et des inégalités sociales. Ces conditions poussèrent à des réformes politiques et sociales. Le gouvernement britannique introduisit certaines réformes visant à améliorer les conditions de vie des travailleurs, mais celles-ci restèrent insuffisantes pour apaiser les tensions. Les années qui suivirent la Seconde Guerre mondiale virent la montée des mouvements nationalistes. Les revendications pour une plus grande autonomie et pour des droits politiques et économiques pour la population noire prirent de l'ampleur. L'un des événements les plus marquants fut alors l'introduction du suffrage universel en 1951. Cela permit à tous les adultes, hommes et femmes, de voter, sans restrictions de propriété ou d'alphabétisation. Ce changement fut une étape majeure vers la participation politique des citoyens de la Dominique.

 En 1955, le Dominica Labour Party (DLP), sous la direction de Phyllis Shand Allfrey et Edward Oliver LeBlanc, émergea comme un parti politique important. Le DLP défendait les droits des travailleurs et plaidait pour une meilleure représentation des habitants de la Dominique dans la gestion des affaires publiques. En 1958, la Dominique rejoignit la Fédération des Indes occidentales, une tentative de fédération des colonies britanniques des Caraïbes. Cependant, cette expérience pris fin en 1962. La Dominique, comme d'autres territoires, continua donc à évoluer vers l'autonomie de manière indépendante après cet échec. En 1967, la Dominique obtint le statut d'État associé au Royaume-Uni en vertu de la loi sur les États associés. Cela signifiait que la Dominique gérait désormais ses affaires internes, tandis que le Royaume-Uni conservait la responsabilité de la défense et des relations extérieures.  Edward Oliver LeBlanc, Premier ministre depuis 1961, joua un rôle crucial dans cette transition. Il mena des réformes sociales et économiques en faveur des classes populaires et chercha à améliorer les infrastructures et l'éducation. Cependant, sa position en faveur de l'indépendance était tempérée par les préoccupations économiques.

Finalement, la Dominique devint officiellement une nation indépendante le 3 novembre 1978, exactement 485 ans après sa découverte par Christophe Colomb. Patrick John, leader du DLP, devint le premier Premier ministre de l'île indépendante. Le pays adhéra au Commonwealth des Nations, reconnaissant la reine Elizabeth II comme chef d'État symbolique, avec un gouverneur général comme son représentant. L'indépendance fut suivie de troubles politiques. L'île a connu notamment une période de troubles (tentatives d'invasions par des mercenaires, coups d'État manqués). Le gouvernement de Patrick John fut aussi rapidement entaché de scandales liés à la corruption et à des tentatives d'imposer des mesures répressives. En 1979, un soulèvement populaire, combiné à des pressions internes et internationales, aboutit à la chute de son gouvernement.

Après la chute de Patrick John, un gouvernement intérimaire fut mis en place sous la direction d'Oliver Seraphin pour assurer la stabilité jusqu'à la tenue de nouvelles élections. En 1980, Mary Eugenia Charles, du Dominica Freedom Party (DFP), devint la première femme à être élue Premier ministre de la Dominique, et la première femme Premier ministre dans les Caraïbes. Son mandat de 15 ans apporta une relative stabilité politique et économique. Le gouvernement de Charles entreprit des réformes économiques pour relancer l'économie dominicaise, qui avait été affaiblie par les troubles politiques et les catastrophes naturelles (en particulier, l'ouragan David, qui avait infligé en 1979 de graves destructions, tuant des centaines de personnes et causant des dommages considérables). Elle encouragea le développement de l'agriculture, notamment la production de bananes, tout en cherchant à diversifier l'économie en favorisant le tourisme et d'autres industries. En 1983, Mary Eugenia Charles soutint l'invasion de la Grenade menée par les États-Unis pour renverser un régime marxiste. Son soutien à cette intervention renforça sa position sur la scène internationale en tant que leader déterminée à défendre la démocratie dans la région, en même temps qu'elle exprimait son alignement sur les Etats-Unis.

La Dominique, comme d'autres îles des Caraïbes, subit une série de revers économiques dans les années 1990, notamment en raison du déclin de l'industrie bananière, qui était l'un des piliers de son économie. La fin des accords commerciaux préférentiels avec l'Union européenne, qui favorisaient les exportations de bananes des Caraïbes, frappa durement l'économie dominicaise.

Mary Eugenia Charles a cédé la place en janvier 2000 à Rosie Douglas, leader du Parti travailliste. Celle-ci meurt au mois d'octobre suivant et est remplacée par Pierre Charles. Celui-ci meurt à son tour en 2004, et Roosevelt Skerrit (confirmé dans ses fonctions par les élections de mai 2005) , du Dominica Labour Party (DLP), lui a succédé. Il fut le plus jeune chef de gouvernement de l'histoire de la Dominique et instaura une politique visant à moderniser l'économie et à renforcer les relations diplomatiques avec divers pays, notamment la Chine et le Venezuela. La Dominique chercha à diversifier son économie en se concentrant sur l'écotourisme et la promotion de l'île comme destination "nature". Grâce à ses forêts tropicales, ses parcs nationaux, et ses sites classés au patrimoine mondial de l'Unesco, le pays a développé une image de destination écotouristique par excellence.
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Les Kalinagos de la Dominique

Environ 3000 à 4000 Kalinagos (Caribs) vivent sur l'île de la Dominique. Ils vivent principalement dans le Kalinago Territory, une zone spécialement réservée pour eux. Ce territoire couvre environ 15% de l'île, soit environ 7000 hectares. Malgré les défis modernes, les Kalinagos ont réussi à préserver une grande partie de leur culture et de leurs traditions. La langue kalinago est encore parlée par certains membres de la population et fait l'objet d'efforts de revitalisation. Une partie de leur économie repose sur l'artisanat (paniers tissés, sculptures en bois et bijoux). Ils sont aussi engagés dans des initiatives de tourisme durable pour partager leur culture avec les visiteurs tout en bénéficiant économiquement de cette activité.

Le 18 septembre 2017, l'ouragan Maria, un ouragan de catégorie 5, ravagea la Dominique, détruisant 90 % des infrastructures de l'île et causant des dégâts estimés à plus d'un milliard de dollars. Ce fut l'une des pires catastrophes de l'histoire moderne de la Dominique. Depuis lors, l'île s'est lancée dans des efforts de reconstruction tout en adoptant des stratégies pour devenir plus résiliente face aux catastrophes naturelles.

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