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Djibouti
a été peuplé dès l'Antiquité par des populations couchitiques, principalement
les Issas (Somalis) et les Afars. Ces deux groupes ethniques, qui occupent
encore aujourd'hui le territoire, ont développé des sociétés fondées
sur le pastoralisme nomade et l'élevage.
Avec l'expansion
de l'islam au VIIe siècle, la région
de Djibouti a progressivement adopté cette religion. Les commerçants
arabes
jouèrent un rôle central dans la diffusion de l'islam. Djibouti faisait
alors partie de la grande région islamique de la Corne de l'Afrique, marquée
par l'influence de cités-États musulmanes comme Zeila (en actuelle Somalie).
Djibouti est intégré à plusieurs sultanats locaux, notamment le sultanat
d'Ifat, puis le sultanat d'Adal. Ces royaumes avaient des relations tendues
avec les royaumes chrétiens d'Abyssinie
(Éthiopie) voisins, avec lesquels ils menaient souvent des guerres.
À partir du XVIe
siècle, les puissances européennes commencent à s'intéresser à la
région, notamment les Portugais qui explorent
la mer Rouge et l'océan Indien. Cependant, c'est au XIXe
siècle que les Européens établissent une véritable présence coloniale.
En 1862, la France signe un traité avec
les chefs locaux afar pour acquérir le port d'Obock. Ce petit territoire
constitue le point de départ de la colonisation française dans la région.
En 1888, la France transfère son administration à Djibouti ville, qui
devient un port stratégique en raison de sa position sur la route maritime
vers l'Indochine et l'Extrême-Orient.
En 1896, Djibouti
devient officiellement la Côte française des Somalis (CFS). Le chemin
de fer Djibouti-Addis-Abeba, construit
au début du XXe siècle, renforce l'importance
stratégique de Djibouti, facilitant le commerce entre l'Éthiopie
enclavée et le reste du monde. Au fil des décennies, l'agitation
politique grandit parmi les populations locales, en particulier après
la Seconde Guerre mondiale. Le
sentiment nationaliste commence à émerger, avec des revendications pour
l'indépendance. En 1958, un référendum est organisé pour décider du
maintien sous souveraineté française. Une majorité vote en faveur du
maintien, mais les tensions restent vives. En 1967, un autre référendum
est organisé sous forte pression. Malgré les accusations de fraude, le
résultat officialise le maintien de Djibouti sous contrôle français,
mais la colonie est rebaptisée Territoire français des Afars et des Issas.
En 1975, la pression internationale et locale pour l'indépendance s'accentue.
En 1977, un nouveau référendum est organisé où plus de 98 % des votants
optent pour l'indépendance.
Le 27 juin 1977,
Djibouti (qui a prend désormais le nom de sa capitale) devient officiellement
indépendant, avec Hassan Gouled Aptidon, chef du Rassemblement populaire
pour le progrès (RPP), comme premier président. Celui-ci instaure un
régime autoritaire où le parti unique domine. Sous son leadership, Djibouti
cherche à maintenir l'équilibre entre les communautés afars et issas,
tout en consolidant l'unité nationale. Cette période est toutefois marquée
par des tensions internes. En 1991, une guerre civile éclate, principalement
alimentée par la frustration des Afars qui se sentent marginalisés. Le
Front pour la restauration de l'unité et de la démocratie (FRUD), une
organisation rebelle afar, prend les armes contre le gouvernement dominé
par les Issas. Ce conflit dure jusqu'en 1994, date à laquelle un accord
de paix est signé, bien que la réconciliation reste fragile.
En 1999, Hassan Gouled
Aptidon se retire du pouvoir pour des raisons de santé et désigne son
neveu, Ismaïl Omar Guelleh (IOG), comme successeur. IOG est élu président
lors d'un scrutin controversé et devient ainsi le deuxième président
de Djibouti. Sous sa présidence, Djibouti renforce sa position stratégique,
en profitant de son emplacement au carrefour de la mer Rouge et de l'océan
Indien. Le pays, qui accueillait déjà une base militaire française,
ouvre ses portes à plusieurs autres bases militaires étrangères, notamment
américaines, et plus récemment chinoises, ce qui lui permet de bénéficier
d'une aide économique tout en jouant un rôle pivot dans la lutte contre
le terrorisme dans la région.
Malgré la stabilité
relative, le régime d'IOG est régulièrement critiqué pour son autoritarisme.
Les élections, régulièrement marquées par des accusations de fraude,
maintiennent le RPP au pouvoir. En 2010, une réforme constitutionnelle
permet à IOG de se présenter pour un troisième mandat, ce qui déclenche
des protestations de l'opposition. Il remporte toutefois les élections
de 2011, puis celles de 2016 et de 2021, bien que le processus électoral
soit toujours contesté.
Djibouti, malgré
sa petite taille, est devenu aujourd'hui un hub logistique et commercial
majeur en Afrique de l'Est. Son port, modernisé avec l'aide de la Chine,
sert de point d'entrée pour les marchandises à destination de l'Éthiopie
voisine, qui dépend de Djibouti pour ses échanges extérieurs. Cependant,
la population reste confrontée à des problèmes économiques comme le
chômage élevé et la pauvreté. Le développement économique est inégal,
profitant surtout à une élite proche du pouvoir.
En plus de son rôle
militaire stratégique, Djibouti joue un rôle diplomatique important en
abritant des pourparlers de paix pour les conflits dans la région, notamment
en Somalie et au Soudan
du Sud. Toutefois, Djibouti doit gérer des relations parfois tendues
avec ses voisins, notamment l'Érythrée,
avec qui il a eu des différends frontaliers. |
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