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Cameroun
République du Cameroun

6 00 N, 12 00 E
Le Cameroun est  un Etat de l'Afrique de l'Ouest, riverain de l'Atlantique (golfe de GuinĂ©e) et frontalier avec le Nigeria, le Tchad, la rĂ©publique Centrafricaine, le Congo-Brazzaville, le Gabon et la GuinĂ©e Equatoriale. D'une population de 27 millions d'habitants (2025), il a une superficie de 475.440 km². Capitale : YaoundĂ© (1,30 million d'habitants); autres villes importantes : Douala (11,34 million d'habitants), Garoua (434 000 hab.), KoussĂ©ri (435 000), Bamenda (394 000), Maroua (319 000), etc. D'un point de vue administratif, le Cameroun se divise en 10 rĂ©gions :

Les régions du Cameroun

Adamaoua
Centre
Est
Extreme-Nord
Littoral
Nord
Nord-Ouest
Ouest
Sud
Sud-Ouest

Géographie physique du Cameroun

Les grandes régions.
Le Cameroun est souvent qualifié d'Afrique en miniature en raison de la variété de ses paysages, de ses climats et de sa végétation.

La zone côtière.
La zone cĂ´tière est basse et marĂ©cageuse, couverte vĂ©gĂ©tation serrĂ©e de roseaux, de palĂ©tuviers, de raphias. Mais la barre est moins redoutable sur la cĂ´te du Cameroun que dans le reste du golfe de GuinĂ©e; de plus, un estuaire large et profond permet aux bateaux de 6 mètres Ă  6,50 m de tirant d'accĂ©der Ă  Douala, d'oĂą partent deux voies ferrĂ©es vers l'intĂ©rieur. 

La forĂŞt dense.
A la zone côtière succèdent des terrains plissés, mais sans relief encore précis, occupés par la forêt dense. La forêt du Cameroun est particulièrement humide et la végétation y est d'une étonnante vigueur; de très nombreux cours d'eau la traversent, se dirigeant soit vers la côte, soit vers la Sangha, mais ils ne sont navigables que sur quelques kilomètres à partir de leur embouchure. Elle abonde en produits riches : le caoutchouc; le palmier à huile, qui non seulement occupe toute la région forestière mais la dépasse largement et représente un produit de haute valeur; les bois (ébène, acajou, okoumé, azobé, bang, etc.); dans les régions qu'on a éclaircies, le cacao, le tabac, le kolatier, le ricin, des textiles comme le fourcroya et le sisal, des fruits (bananes, ananas).
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Carte du Cameroun.
Carte du Cameroun. Source : The World Factbook.
(Cliquer sur l'image pour afficher une grande carte).

Les hauts massifs.
A l'ouest et au sud-ouest, la grande forĂŞt est flanquĂ©e d'une zone de hauts massifs, ligne de fracture des monts de Cristal, jalonnĂ©e de volcans. 

« Le moutonnement des montagnes herbeuses, quelquefois boisées, apparaît sur d'immenses horizons. Les ruisseaux torrentiels dévalent des cônes de déjection vers les cours d'eau qui se précipitent dans les vallées d'équilibre en bonds tumultueux et grandioses, à travers la sauvagerie des roches énormes amoncelées, chaotiques. Ici, un cratère avec son lac suspendu [...]; sur les flancs, les plantations dessinant des rectangles montent jusqu'à ses lèvres. Là, une gorge étroite, d'où la végétation touffue de fougères arborescentes, de parasoliers, d'arbres gigantesques, de dracaena à longues feuilles en bouquets s'élance, droite et raidie, vers la lumière à travers le brouillard des altitudes. Un climat doux et frais, un air légerr, un sol remarquablement fertile, cultivé avec soin [...]. Des huttes hautes, spacieuses, calfeutrées, couvertes d'un chaume épais, percées d'une porte minuscule, sont dispersées dans la campagne parmi les champs de taro,de maïs, de patates, de manioc, d'arachides, de pommes de terre, au milieu de touffes de bananiers. Plus loin, une jungle immense, habitat de troupeaux d'éléphants et de buffles, inondée une partie de l'année, infestée de mouches et de moustiques, couverte de hautes herbes andropogon, ou l'homme rarement s'aventure... En parcourant ce beau pays montagneux où les épanchements volcaniques et les cratères avec leurs orgues basaltiques voisinent les massifs de granite et de schiste cristallin, on ne peut s'empêcher de le comparer [au] Massif Central. " (Gaston-Joseph, début du XXe s.).
A 200 kilomètres environ de la côte, le sol de la forêt, qui n'était encore qu'à 200 mètres d'altitude, commence à s'élever par gradins : il atteint de 500 à 750 mètres dans les régions de la Kadei, du Njong et de la Sangha, de 750 à 900 mètres au cours supérieur de la Sanaga, de 800 à 1000 mètres dans la région de Banjo, Yoko, Tibati et Ngaoundéré. Par l'effet de ce changement d'altitude, la forêt fait place aux steppes plus ou moins boisés du plateau central de l'Adamaoua. Paysage monotone, à peine varié par des îlots montagneux qui n'ont pas perdu tout caractère volcanique. Puis viennent les plaines du Cameroun septentrional, au sol argileux et parfois sablonneux, couvert d'une petite brousse épineuse et troué de mares dont le fond à la saison sèche se fendille et se transforme en un lit de poussière noire.

Le plateau central.
Le plateau central de l'Adamaoua et la plaine du Cameroun septentrional se prĂŞtent Ă  la culture du mil, de l'arachide, de textiles comme le fourcroya et le sisal, Ă  l'exploitation des nombreux peuplements de karitĂ©, Ă  l'apiculture et  mĂŞme Ă  la sĂ©riciculture.

Hydrographie.
Le pays est une source importante pour plusieurs grands systèmes fluviaux drainant dans différentes directions. Les principaux fleuves se jettent soit dans l'océan Atlantique (Sanaga, Nyong, Wouri, Cross River), soit dans le bassin du Niger via la Bénoué, un affluent majeur, soit dans le lac Tchad (Logone, Chari). La Sanaga est l'un des plus longs fleuves entièrement camerounais et draine une grande partie du centre du pays vers l'Atlantique. La Bénoué prend sa source sur le plateau de l'Adamawa et coule vers le nord-est, rejoignant le Niger au Nigeria. Le Logone et le Chari, formant une partie de la frontière est avec le Tchad, se dirigent vers le nord pour alimenter le lac Tchad, dont une petite partie appartient au Cameroun. Les Hautes Terres de l'Ouest abritent également plusieurs lacs de cratère, dont les tristement célèbres lacs Nyos et Monoun, connus pour leurs éruptions limniques.

Climat.
Le climat du Cameroun varie considérablement du sud au nord et avec l'altitude. Le sud connaît un climat équatorial chaud et humide toute l'année avec deux saisons des pluies. Le centre a un climat tropical avec une saison des pluies plus longue et une saison sèche distincte, avec des températures plus variables. Le nord est caractérisé par un climat semi-aride de type sahélien, chaud et sec, avec une courte saison des pluies et une longue saison sèche marquée par l'influence de l'Harmattan. Les régions montagneuses bénéficient de températures plus fraîches et souvent de précipitations plus importantes que les basses terres environnantes, avec une zonation climatique et végétationnelle marquée par l'altitude.

Flore et faune.
L'hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© climatique et topographique  du Cameroun a donnĂ© naissance Ă  une mosaĂŻque d'Ă©cosystèmes, qui abritent une faune et une flore exceptionnellement riches et diversifiĂ©es. Cette immense richesse biologique est cependant confrontĂ©e Ă  de nombreuses menaces. La dĂ©forestation due Ă  l'agriculture sur brĂ»lis, l'exploitation forestière illĂ©gale, la production de charbon de bois et l'expansion des infrastructures rĂ©duit et fragmente les habitats. Le braconnage pour la viande de brousse et le commerce illĂ©gal d'espèces sauvages dĂ©cime les populations animales, en particulier les espèces emblĂ©matiques comme les Ă©lĂ©phants et les gorilles. Le changement climatique, la pollution et les conflits homme-faune exacerbent ces pressions. Des efforts de conservation sont en cours, qui impliquent le gouvernement, les ONG locales et internationales, ainsi que les populations locales, Ă  travers la crĂ©ation et la gestion de parcs nationaux et de rĂ©serves, la promotion de pratiques durables et la sensibilisation.

Partant du nord, on trouve les écosystèmes sahéliens et soudaniens caractérisés par un climat chaud et sec avec une longue saison sèche. La végétation y est dominée par des steppes épineuses, des savanes arbustives et des savanes herbeuses clairsemées d'arbres adaptés à la sécheresse comme les acacias et les baobabs. Cette région abrite des parcs nationaux importants comme Waza, Bénoué et Bouba Ndjidda.

Plus au sud, les savanes deviennent plus humides et plus denses, et forment la zone de transition vers la forêt. Ces savanes soudano-guinéennes présentent des herbes plus hautes et une plus grande variété d'arbres et d'arbustes, servant de corridor écologique et abritant une faune différente de celle du nord aride.

La partie sud du pays est dominée par la dense forêt tropicale humide, qui fait partie du vaste Bassin du Congo, deuxième massif forestier tropical au monde après l'Amazonie. Cet écosystème est caractérisé par des précipitations abondantes, une humidité élevée et une structure végétale complexe en plusieurs strates, depuis la canopée émergente jusqu'au sous-bois sombre. On y trouve des forêts de plaine denses, des forêts marécageuses et des forêts galeriess le long des cours d'eau. Cette zone comprend des parcs nationaux célèbres comme Korup, Campo Ma'an, Lobéké et Boumba Bek, ainsi que la Réserve du Dja, classée au patrimoine mondial de l'Unesco.

Sur le littoral atlantique, les estuaires et les zones côtières abritent de vastes mangroves, un écosystème adapté aux eaux saumâtres et aux marées. Ces forêts de palétuviers sont des zones de reproduction essentielles pour de nombreuses espèces marines et offrent une protection contre l'érosion côtière.

Les massifs montagneux (Mont Cameroun, Plateau de l'Adamaoua et Monts Mandara), créent des écosystèmes altitudinaux distincts. La végétation change avec l'altitude, passant de la forêt tropicale de basse altitude aux forêts submontagnardes, montagnardes, puis aux prairies et formations arbustives d'altitude (afro-alpines) sur les sommets les plus élevés. Ces zones de montagne sont des refuges pour des espèces endémiques.

La faune du Cameroun est tout aussi spectaculaire que ses écosystèmes. Le pays abrite une grande variété de grands mammifères. Dans les savanes du nord, on peut trouver des éléphants (éléphants de savane), des lions, des girafes, diverses espèces d'antilopes (comme les gazelles, les bubales), des buffles, des hyènes et des léopards. La forêt tropicale abrite l'éléphant de forêt, une espèce distincte et plus petite, ainsi que des populations significatives de gorilles (principalement le Gorille de l'Ouest), de chimpanzés, de nombreuses espèces de singes (mandrills, drill, cercopithèques, colobes, etc.), de buffles de forêt, de bongos, de sitatungas, de pangolins, de civettes et une multitude de petits mammifères. Les zones humides et les rivières sont le domaine des hippopotames et des loutres.

L'avifaune est d'une richesse exceptionnelle, faisant du Cameroun une destination prisée par les ornithologues. Plus de 900 espèces d'oiseaux ont été recensées, incluant des oiseaux forestiers endémiques, des oiseaux de savane, des rapaces, des calaos, des perroquets, des oiseaux aquatiques et migrateurs. La diversité des couleurs et des chants est stupéfiante, des grands rapaces comme l'aigle couronné aux petits passereaux colorés.

Les reptiles et les amphibiens sont également très présents dans tous les écosystèmes. Les rivières et les marais abritent des crocodiles (Nil, à museau fin), tandis que les forêts et savanes sont peuplées d'une grande variété de serpents (pythons, vipères, cobras), de lézards (dont de grands varans) et de caméléons. Le Cameroun est un point chaud pour la diversité des grenouilles, avec de nombreuses espèces encore peu connues ou récemment découvertes, beaucoup sont endémiques des zones montagneuses ou forestières spécifiques.

Les eaux douces (fleuves, rivières, lacs) regorgent de poissons, et jouent un rôle écologique et économique majeur pour les populations locales. Le monde des insectes, bien que moins visible du grand public, est d'une diversité colossale et joue des rôles essentiels dans la pollinisation, la décomposition et les chaînes alimentaires. Les papillons, en particulier, présentent une variété incroyable dans les forêts.

La flore camerounaise est incroyablement riche, avec des milliers d'espèces végétales recensées, allant des arbres gigantesques de la forêt tropicale (iroko, ébène, acajou) aux palétuviers des côtes, en passant par les herbes et arbustes des savanes et les espèces adaptées aux conditions extrêmes des montagnes. La forêt abrite une multitude de lianes, d'épiphytes (dont de nombreuses orchidées), de fougères et de plantes médicinales traditionnelles. Beaucoup de ces espèces végétales ont une importance économique (bois, produits forestiers non ligneux) ou sont vitales pour l'équilibre écologique.

Géographie humaine du Cameroun

Population.
La population totale du Cameroun est estimée à environ 27 millions d'habitants en 2023, un chiffre qui a considérablement augmenté au cours des dernières décennies. Cette croissance est principalement le résultat d'un taux de natalité élevé, caractéristique de nombreux pays africains. Le taux de fécondité total, c'est-à-dire le nombre moyen d'enfants par femme, reste supérieur à la moyenne mondiale, et contribue à un renouvellement rapide de la population.

Malgré un taux de mortalité infantile et juvénile qui demeure une préoccupation de santé publique, bien qu'en amélioration progressive grâce aux efforts en matière de santé et d'assainissement, l'espérance de vie à la naissance a tendance à augmenter lentement mais sûrement, reflet d'une meilleure prise en charge médicale et d'une légère amélioration des conditions de vie pour une partie de la population. Néanmoins, des défis persistent, notamment l'accès inégal aux soins de santé, les maladies infectieuses comme le paludisme et le VIH/Sida, et les conditions sanitaires précaires dans certaines régions.

Une très large proportion de la population a moins de 15 ans, tandis que la proportion de personnes âgées (65 ans et plus) est relativement faible. Cette pyramide des âges crée un fort rapport de dépendance des jeunes, ce qui impose une pression considérable sur les systèmes éducatifs, de santé et sur le marché de l'emploi. Elle représente également un "dividende démographique" potentiel, à condition que cette jeunesse soit éduquée, formée et intégrée dans l'économie.

Si une part importante de la population réside encore dans les zones rurales, l'urbanisation s'accélère rapidement. Les deux principales métropoles, Douala (capitale économique et portuaire) et Yaoundé (capitale politique), concentrent une part sans cesse croissante de la population. Cela entraîne des défis en termes d'infrastructures, de logement, d'accès aux services et de gestion de l'environnement urbain. D'autres centres urbains régionaux connaissent également une croissance notable. La densité de population varie grandement, plus élevée dans les régions de l'Ouest, du Littoral et dans les grandes villes, et beaucoup plus faible dans les vastes régions de l'Est et du Nord. Le Cameroun accueille également des réfugiés venus de pays voisins confrontés à l'instabilité, ce qui ajoute une composante à ses dynamiques migratoires.

Les taux d'alphabĂ©tisation et de scolarisation sont en amĂ©lioration, mais l'accès Ă  une Ă©ducation de qualitĂ© est inĂ©gal, en particulier entre les zones urbaines et rurales et entre les sexes. La pauvretĂ© reste un problème majeur, affectant une proportion significative de la population, avec des disparitĂ©s rĂ©gionales marquĂ©es. L'accès Ă  l'eau potable, Ă  l'assainissement et Ă  l'Ă©lectricitĂ© reste limitĂ© dans de nombreuses zones rurales. L'Ă©conomie est largement basĂ©e sur l'agriculture et l'exploitation des ressources naturelles, mais le secteur informel occupe une place prĂ©pondĂ©rante dans l'emploi. 

Quelques-unes des principales villes du Cameroun

• Yaoundé est la capitale politique du Cameroun et le siège des institutions gouvernementales, diplomatiques et militaires du pays. Située au centre-sud, dans une région de collines verdoyantes, elle a été fondée par des colons allemands au XIXe siècle et conserve une structure administrative héritée de la période coloniale. La ville accueille le palais présidentiel, l'Assemblée nationale, les ministères, ainsi que des universités comme l'université de Yaoundé I. Yaoundé est également connue pour son musée national, sa cathédrale Notre-Dame-des-Victoires, et ses marchés animés comme Mfoundi. Malgré des problèmes d'urbanisation, elle joue un rôle stratégique dans la gestion étatique et les relations internationales.

• Douala, située sur la côte atlantique, est la capitale économique du Cameroun. Elle abrite le principal port maritime du pays, qui assure plus de 80 % des échanges commerciaux, ainsi que l'aéroport international de Douala, le plus fréquenté du pays. C'est une ville dynamique, marquée par une forte activité industrielle, commerciale et bancaire. Le centre-ville, avec ses quartiers comme Bonanjo et Akwa, concentre les sièges d'entreprises, hôtels, ministères et centres culturels. Ville cosmopolite, Douala attire une main-d'œuvre importante venue de tout le pays. Cependant, elle est confrontée à des défis d'infrastructures et de gestion urbaine en raison de sa croissance rapide.

• Garoua est la principale ville du nord du Cameroun et le chef-lieu de la région du Nord. Située au bord de la rivière Bénoué, elle joue un rôle important dans le commerce transfrontalier avec le Nigeria et dans le transport fluvial. Garoua est également un centre d'activités agro-industrielles, avec des usines de transformation du coton, produit phare de la région. Elle abrite une population majoritairement musulmane et constitue un carrefour culturel entre les peuples peuls, haoussas et autres ethnies locales. Elle dispose d'un aéroport international et d'institutions universitaires régionales.

• Maroua, capitale de la région de l'Extrême-Nord, est une ville sahélienne au carrefour du Cameroun, du Tchad et du Nigeria. Elle se distingue par son architecture en terre, ses marchés traditionnels et ses savoir-faire artisanaux comme la vannerie, la poterie et le tissage. Maroua est un centre d'échanges culturels et commerciaux, malgré les défis sécuritaires liés à la présence de groupes armés dans la région. Elle est aussi un centre religieux musulman majeur, avec plusieurs mosquées, écoles coraniques, et une tradition de coexistence interethnique. Son université contribue à l'éducation des jeunes dans une région historiquement marginalisée.

• Bamenda, dans la rĂ©gion du Nord-Ouest, est le centre administratif de la zone anglophone du Cameroun. SituĂ©e dans une vallĂ©e entourĂ©e de collines verdoyantes, elle est connue pour sa tradition Ă©ducative, son dynamisme associatif et son rĂ´le politique dans les revendications 

anglophones. Bamenda est aussi une ville de culture, avec des marchés locaux comme celui de Ntarinkon, des écoles renommées, et une vie religieuse active. Le climat tempéré, les paysages montagneux et les initiatives agricoles en font une ville stratégique malgré les tensions politiques récurrentes dans la région.

• Buea, située sur les pentes du mont Cameroun, est l'ancienne capitale coloniale allemande et aujourd'hui le chef-lieu de la région du Sud-Ouest. Elle conserve des vestiges coloniaux comme les bâtiments administratifs et la résidence du gouverneur. Ville universitaire, elle accueille l'université de Buea, l'une des principales du pays, qui attire des étudiants de tout le Cameroun. Le mont Cameroun, plus haut sommet d'Afrique centrale, domine la ville et attire les amateurs de randonnée. Buea est aussi un pôle de recherche et d'innovation, avec plusieurs centres technologiques et start-ups.

• Ngaoundéré, capitale de la région de l'Adamaoua, est une ville de transition entre le nord musulman et le sud chrétien. C'est un centre religieux important pour les Peuls, avec son lamidat traditionnel. Située dans une zone de hauts plateaux, Ngaoundéré bénéficie d'un climat plus frais et d'une richesse agricole fondée sur l'élevage, la culture du maïs, du mil et du manioc. La ville est aussi un nœud de communication grâce à sa gare ferroviaire qui relie le nord au sud, et elle sert de base pour explorer le parc national de la Bénoué et les réserves naturelles avoisinantes.

• Ebolowa, dans la région du Sud, est une ville à forte vocation agricole, en particulier dans la culture du cacao, du café et de la banane. C'est aussi le siège du commandement traditionnel des peuples fang et bulu. Ebolowa joue un rôle dans le développement rural et l'aménagement du territoire, grâce à des projets agricoles pilotés par l'État et des ONG. Elle est également sur l'axe stratégique reliant Yaoundé au sud du pays, jusqu'aux frontières avec la Guinée équatoriale et le Gabon.

• Kribi est une ville balnéaire sur la côte atlantique, connue pour ses plages de sable fin, ses chutes de la Lobé qui se jettent directement dans l'océan, et ses infrastructures touristiques en développement. C'est aussi une ville en mutation rapide grâce au projet du port en eau profonde de Kribi, qui ambitionne de devenir un hub logistique régional. Kribi est prisée pour son tourisme balnéaire, ses fruits de mer, ses hôtels côtiers, et son cadre naturel propice à l'écotourisme.

• Limbe, autre ville côtière située au pied du mont Cameroun, est réputée pour ses plages volcaniques, son jardin botanique, et son zoo qui abrite des espèces protégées comme les primates. Elle abrite une raffinerie de pétrole et des installations industrielles majeures. Limbe est aussi une ville anglophone, influencée par l'histoire coloniale britannique, avec une forte identité culturelle. Son développement économique est soutenu par la pêche, l'agriculture, le tourisme et l'industrie.

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Groupes ethnolinguistiques.
Le pays abrite une incroyable diversité de peuples et de langues, et se classe parmi les nations les plus hétérogènes du continent africain. On estime généralement qu'il existe plus de 250 groupes ethniques distincts et un nombre similaire de langues parlées sur son territoire. Cette diversité n'est pas uniformément répartie, mais suit de grandes lignes géographiques et historiques. On observe généralement une distinction entre les populations du Nord, situées dans les régions de savane et du Sahel, et celles du Sud, occupant les forêts équatoriales, la côte et les hautes terres de l'Ouest. Ces grandes divisions correspondent en partie aux familles linguistiques prédominantes dans chaque zone.

Le Sud du pays est majoritairement peuplĂ© de groupes appartenant Ă  la grande famille linguistique bantoue, qui s'Ă©tend sur une vaste partie de l'Afrique sub-Ă©quatoriale. Parmi les groupes bantous les plus importants et les plus connus figurent les BĂ©ti (englobant les Ewondo, Eton, Bulu, Fang, etc., majoritaires dans la rĂ©gion du Centre et du Sud), les Bassa (prĂ©sents dans le Centre, le Littoral et l'Est), les Douala et les peuples cĂ´tiers (Wouri, Sawa) dans la rĂ©gion du Littoral, ou encore les Makaa et les Kwassio dans l'Est et le Sud. Ces populations sont traditionnellement des agriculteurs et, pour certains, des pĂŞcheurs le long des cĂ´tes et des fleuves. 

Les rĂ©gions de l'Ouest (Ouest et Nord-Ouest, Sud-Ouest) sont particulièrement denses et abritent des groupes nombreux et organisĂ©s en chefferies traditionnelles fortes. Les BamilĂ©kĂ©, regroupĂ©s en de multiples chefferies sur les hautes terres de l'Ouest, parlent une variĂ©tĂ© de langues apparentĂ©es. Ă€ leurs cĂ´tĂ©s, les Bamoun, centrĂ©s autour du royaume de Foumban, possèdent leur propre langue et une riche histoire marquĂ©e par l'invention d'une Ă©criture autochtone. 

Les régions anglophones (Nord-Ouest et Sud-Ouest), héritage de la colonisation britannique, accueillent une multitude d'autres groupes bantous ou semi-bantous comme les Kom, Bafut, Limba, Bali dans le Nord-Ouest, et les Bakweri, Bafaw, ou peuples côtiers comme les Isubu et Victoria dans le Sud-Ouest.

Le Nord du Cameroun, quant Ă  lui, prĂ©sente une diversitĂ© tout aussi grande mais diffĂ©rente, avec des groupes appartenant principalement aux familles linguistiques Adamawa-Ubangi et Tschadique. Le groupe dominant numĂ©riquement et politiquement dans certaines rĂ©gions est celui des Peuls (ou FoulbĂ©), un peuple traditionnellement pasteur et commerçant, majoritairement musulman, qui a migrĂ© dans la rĂ©gion il y a plusieurs siècles et a jouĂ© un rĂ´le majeur dans l'histoire de la rĂ©gion Ă  travers l'Ă©tablissement de lamidats (chefferies islamiques) dans l'Adamaoua, le Nord et l'ExtrĂŞme-Nord. 

À côté des Peuls se trouve une multitude d'autres groupes, souvent désignés collectivement par le terme « Kirdi ». Ce mot, d'origine peule, signifie littéralement « païens » et était historiquement utilisé pour distinguer les populations non converties à l'Islam (souvent animistes ou chrétiennes) des Peuls majoritairement musulmans. Ce terme fourre-tout regroupe en réalité des ethnies très distinctes par leurs langues, leurs cultures et leurs structures sociales, telles que les Kapsiki, les Massa, les Tupuri, les Moundang, les Guidar, les Mafa, les Podoko, les Giziga, etc. Ces populations "Kirdi" sont majoritairement sédentaires, pratiquant l'agriculture dans des conditions souvent difficiles des zones sahéliennes et soudanaises. On trouve également dans l'Extrême-Nord des minorités comme les Arabes Choa, présents autour du lac Tchad.

Cette mosaïque ethnique et linguistique est superposée à l'héritage colonial, qui a divisé le pays entre zones d'influence française (la majeure partie) et britannique (les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest). Cela a créé une fracture linguistique et administrative entre les régions anglophones et francophones, une dualité qui ne coïncide pas parfaitement avec les divisions ethniques, mais qui ajoute une autre couche de complexité à l'identité nationale. Les langues officielles, le français et l'anglais, héritées de la colonisation, servent de langues véhiculaires dans l'administration, l'éducation et les affaires, et constituent des éléments d'unité au-dessus de la myriade de langues locales. Parallèlement, des langues de contact comme le Pidgin English et le Camfranglais émergent dans les centres urbains comme langues de communication interethnique informelle.

La coexistence de ces nombreux groupes a façonné l'histoire du Cameroun, marquée à la fois par des périodes de coopération, d'échanges culturels intenses (dans la cuisine, la musique, les traditions vestimentaires) et, parfois, de tensions ou de rivalités, qu'elles soient d'ordre historique, économique ou politique. L'urbanisation croissante a entraîné un brassage important des populations dans les grandes villes comme Douala, Yaoundé, Bafoussam ou Garoua, créant de nouveaux espaces d'interaction, de métissage et de négociation identitaire.

Culture.
Au coeur de la culture camerounaise se trouve la coexistence, parfois tendue mais souvent pacifique, des plus de 250 groupes ethniques et linguistiques distincts que 'on vient d'évoquer, chacun apportant ses traditions, ses coutumes et ses spécificités.

Sur le plan religieux, la population est composée majoritairement de chrétiens (catholiques et diverses dénominations protestantes), d'une importante communauté musulmane, et de personnes pratiquant des croyances traditionnelles africaines, souvent en parallèle avec l'une des religions monothéistes. La répartition géographique des religions présente des tendances, l'islam étant plus présent dans le nord du pays, tandis que le christianisme domine dans le sud, avec des zones de mixité dans d'autres régions. La coexistence religieuse est généralement pacifique, malgré des défis occasionnels.

La structure sociale est profondément marquée par l'importance de la famille étendue, du clan et de l'ethnie. Le respect des anciens, l'hospitalité et le sens de la communauté sont des valeurs cardinales. Les chefferies traditionnelles conservent une influence significative, surtout en milieu rural, jouant un rôle de médiation et de gardien des coutumes, qui coexiste avec l'administration moderne.

La musique et la danse sont omniprésentes, accompagnant les célébrations, les rituels et la vie quotidienne. Des genres musicaux comme le makossa, originaire de Douala, avec ses rythmes entraînants et ses paroles souvent engagées, et le bikutsi, musique dynamique des régions du Centre et du Sud, sont des symboles forts de l'identité culturelle. L'artisanat est également très développé et varié selon les régions : sculpture (masques, statues, objets rituels, très réputée dans l'Ouest avec les Bamilékés et les Bamouns), vannerie, travail du bois, du bronze, et des textiles (batik, broderie, pagnes aux motifs colorés). Ces objets d'art ne sont pas de simples décorations; ils ont ordinairement une fonction sociale, religieuse ou historique.

L'oralité a longtemps été le principal vecteur de transmission culturelle, à travers les contes, les légendes, les proverbes et les épopées, racontés par les anciens et les griots. Aujourd'hui, cette tradition est complétée par une littérature écrite florissante, avec des auteurs reconnus qui abordent les thèmes de l'identité, de la colonisation, de la modernité, et des défis sociaux.

Les plats de base varient selon les régions et les ethnies : le ndolé (feuilles amères cuites avec de la pâte d'arachide ou des noix, souvent accompagné de plantain ou de manioc), l'eru (feuilles de Gnetum), l'achu (plat de l'Ouest à base de taro pilé), le koki (haricots enveloppés dans des feuilles de bananier), les différentes formes de fufu (pâte à base de manioc, maïs, ou igname), servis avec une multitude de sauces (arachide, gombo, tomate, etc.). Les saveurs varient grandement selon les régions, le Nord privilégiant les céréales et les viandes, le Sud les tubercules, les légumes-feuilles et les produits de la forêt. Le repas est souvent un moment de partage essentiel et convivial.

Les célébrations et les rituels rythment la vie sociale, qu'il s'agisse de fêtes traditionnelles (danses masquées, cérémonies d'initiation, fêtes des récoltes), de fêtes religieuses (Noël, Pâques, Aïd el-Fitr, Aïd al-Adha) ou de fêtes nationales (Fête de l'Unité le 20 mai). Ces événements sont l'occasion de renforcer les liens communautaires et de perpétuer les traditions.

Le football est une passion nationale qui transcende les différences ethniques et régionales, les succès des Lions Indomptables unissant le pays dans un élan de fierté partagée. Le sport en général joue un rôle social important.

Economie.
L'économie du Cameroun présente un profil diversifié mais reste largement dépendante des matières premières et fait face à des défis structurels importants. Classé parmi les pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure, le Cameroun est l'une des économies les plus importantes de la Communauté Économique et Monétaire de l'Afrique Centrale (CEMAC).

Lee secteur tertiaire (services) contribue à la majeure partie du PIB. Il est suivi par le secteur primaire (agriculture, sylviculture, pêche) et enfin le secteur secondaire (industrie). L'agriculture reste un pilier essentiel, employant une part significative de la population active, principalement dans l'agriculture de subsistance, mais aussi avec des cultures de rente importantes comme le cacao (dont le Cameroun est un producteur majeur), le café, le coton, la banane et le palmier à huile. La production alimentaire locale, bien qu'essentielle pour la sécurité alimentaire, est peu mécanisée et vulnérable aux aléas climatiques. L'exploitation forestière et la pêche artisanale complètent ce secteur.

Le secteur secondaire est centré sur l'extraction minière et pétrolière, la transformation agro-industrielle et l'industrie manufacturière légère. La production de pétrole brut et de gaz naturel constitue une source majeure de revenus d'exportation, bien que la production pétrolière soit en déclin depuis plusieurs années. Le pays possède également des réserves de minerais tels que le cobalt, le nickel, le minerai de fer, la bauxite et l'or, dont l'exploitation est en développement ou en projet. L'industrie de transformation inclut la production de boissons, de ciment, de textiles, et le traitement de bois.

Le secteur des services est vaste et comprend le commerce (formel et informel), les transports, les télécommunications (un secteur en forte croissance), la finance, l'administration publique et le tourisme (dont le potentiel reste largement inexploité malgré la diversité des paysages). Le secteur informel est très développé et représente une part considérable de l'activité économique et de l'emploi.

Sur le plan macroéconomique, le Cameroun a généralement affiché une croissance économique relativement stable ces dernières années, bien que sujette aux fluctuations des prix des matières premières et aux chocs externes. L'inflation a été globalement maîtrisée, mais peut être affectée par les prix des denrées alimentaires et les coûts de transport. Le déficit budgétaire et l'endettement public ont augmenté, en partie en raison des investissements massifs dans les infrastructures et des dépenses liées à la sécurité.

Les principales exportations concernent le pĂ©trole brut, le cacao, le bois brut et transformĂ©, le coton, les bananes et le gaz naturel. Les importations sont dominĂ©es par les machines et Ă©quipements, les produits chimiques, les produits alimentaires et les vĂ©hicules. La balance commerciale qui dĂ©pend  fortement de la dynamique des prix des exportations pĂ©trolières et agricoles est souvent dĂ©fivitaire. Les principaux partenaires commerciaux  du Cameroun sont les pays de l'Union EuropĂ©enne, la Chine, les États-Unis et les pays voisins de la CEMAC.

MalgrĂ© ses atouts (ressources naturelles abondantes, position gĂ©ographique stratĂ©gique, diversitĂ© Ă©conomique relative, population jeune), l'Ă©conomie camerounaise est confrontĂ©e Ă  un dĂ©ficit infrastructurel (routes, Ă©nergie, eau), une mauvaise gouvernance (corruption, lourdeur administrative), une dĂ©pendance aux exportations de matières premières brutes (qui la rend vulnĂ©rable aux chocs exogènes), Ă  la taille importante du secteur informel, Ă  un climat des affaires qui nĂ©cessite des amĂ©liorations pour attirer les investissements, Ă   un taux de chĂ´mage et de sous-emploi Ă©levĂ©, en particulier chez les jeunes, et aux impacts des crises sĂ©curitaires rĂ©gionales et internes.

Face Ă  ces dĂ©fis, le gouvernement camerounais a mis en place plusieurs stratĂ©gies de dĂ©veloppement visant Ă  moderniser l'Ă©conomie, Ă  diversifier les sources de croissance, Ă  amĂ©liorer les infrastructures, Ă  renforcer la transformation locale des produits et Ă  amĂ©liorer le climat des affaires. Des projets d'investissement importants dans l'Ă©nergie (barrages hydroĂ©lectriques), les transports (routes, ports) et l'agriculture sont en cours ou planifiĂ©s pour soutenir ces objectifs. Le pays s'efforce Ă©galement de renforcer son intĂ©gration rĂ©gionale au sein de la CEMAC et de jouer un rĂ´le de plateforme logistique et Ă©conomique pour la sous-rĂ©gion. 

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