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Peter Cornelius
est un peintre allemand, né
à Düsseldorf le 23 septembre
1783, mort à Berlin le 6 mars 1867.
Fils d'un inspecteur de la galerie de Düsseldorf, il commença
dès l'âge de treize ans, sous la direction de Peter Langer,
ses études artistiques à l'académie de cette ville.
Son père mourut en 1799; mais, grâce à sa mère
qui avait deviné sa vocation, il put continuer de se vouer à
la peinture. En 1804 et 1805, il concourut, mais sans succès, pour
les prix de Weimar, institués à
l'instigation de Goethe, et c'est vers la même
époque qu'il peignit à la détrempe, sur les indications
de Walraf, de Cologne, quelques scènes
bibliques dans le choeur de l'église de Neuss.
Mais ces peintures, aux trois quarts effacées par le temps, ont
été entièrement refaites. Il avait eu jusqu'alors
beaucoup à souffrir tant du manque de moyens d'instruction complets
que d'une vague inquiétude intime qu'il ne trouvait pas à
satisfaire dans les oeuvres de l'art contemporain.
« Nous avons la tête pleine de poésie, et nous ne pouvons rien faire! »Tel était alors en Allemagne le cri de beaucoup de jeunes gens. On a conservé de ces années d'apprentissage et d'attente inquiète deux tableaux à l'huile dans l'oratoire des soeurs de la Miséricorde, à Essen. En 1809, après la mort de sa mère, Cornelius vint à Francfort, où le prince-primat Dalberg lui accorda sa protection libérale et éclairée. C'est alors qu'il fit les six premières feuilles de son Faust et une suite de compositions romantiques pour le livre des Légendes et traditions de La Motte-Fouqué, qui le mirent en rapport avec Reimer à Berlin, Wenner à Francfort, et lui valurent, grâce à l'entremise du célèbre collectionneur Sulpice Boisserée, la sympathie et les encouragements de Goethe. En 1811, il se mit en route, avec son ami Xeller, et gagna l'Italie par la Suisse, Côme et Milan; le 14 octobre, il arrivait à Rome et entrait immédiatement en rapport avec le groupe de jeunes artistes allemands, Overbeck, Pforr, Vogel, Wintergerst, etc., qui avaient fondé la confrérie du cloître San Isidoro. Cornelius avait de commun avec les « frères » de San Isidoro le mépris et l'horreur de l'académisme qui, à cette heure encore, dominait en Allemagne; mais, par son goût instinctif pour les grandes peintures monumentales et le sentiment des formes héroïques, il se rapprochait beaucoup plus des maîtres du XVIe siècle. Dans une lettre du 3 novembre 1844, il disait : « Le moyen le plus puissant, je dirais même infaillible, de donner à l'art allemand un fondement nouveau, en harmonie avec la grandeur des circonstances et l'esprit de la nation, ce serait de remettre en vigueur la peinture à fresque, telle qu'elle se comporta en Italie depuis le grand Giotto jusqu'au divin Raphaël. »Il résolut pour sa part de chercher dans le passé légendaire de son pays un sujet de composition répondant à ce programme, et c'est alors qu'il conçut et qu'il exécuta ses premiers dessins d'après les Niebelungen ![]() ![]() - ![]() Joseph se faisant reconnaître par ses frères, par Peter Cornelius (1817). Pour se préparer à
l'oeuvre qu'il s'était proposée, il était allé
faire, en 1813, un séjour à Orvieto,
où il étudia les fresques de Luca
Signorelli. Niebuhr, qui était alors
ambassadeur de Prusse, signala à
son gouvernement les tentatives du jeune artiste et fit tous ses efforts
pour lui procurer l'occasion d'exécuter dans son pays quelque grande
peinture monumentale. Ce fut encore un Italien, le marquis de Massimi,
qui lui en fournit les moyens en lui commandant une grande décoration
pour sa maison de Rome. Cornelius composa quelques morceaux dont les sujets
étaient tirés de la Divine Comédie Comme il se mettait au travail, il fut appelé par le gouvernement prussien à la décoration de l'académie de Düsseldorf qu'il s'agissait de réorganiser; il accepta cette charge en se réservant les mois d'été pour ses peintures de Munich. En octobre 1823, la Salle des Dieux de la Glyptothèque était terminée; il commençait, le mois suivant, les études préparatoires de la Salle des Héros. Parmi les élèves qui travaillaient sous sa direction, on comptait Forster, Stürmer, Eberle, Kaulbach, etc.; la plupart le suivirent à Munich quand il vint s'y établir à demeure, en 1826, pour occuper le poste de directeur de l'académie des beaux-arts, que la mort de Langer venait de rendre vacante. La Salle des Héros était terminée en 1830, et, dès 1825, le roi Louis avait conféré à Cornelius l'ordre du Mérite avec des lettres de noblesse. Pour la Salle des Dieux, Cornelius
s'inspira de la Théogonie ![]() Les Cavaliers de l'Apocalypse, par Peter Cornelius (ca. 1845). Sa renommée avait rapidement grandi
: de toutes parts les occasions lui furent bientôt offertes de réaliser
ses rêves de grand peintre monumental et symbolique. Il trouva dans
ses élèves des collaborateurs dévoués et put,
grâce à eux, suffire à ses multiples et importants
travaux. En 1829, on lui confia la décoration de l'église
Saint-Louis, que Gartner venait de construire; la préparation de
ce travail l'occupa jusqu'en 1834 et il ne l'acheva qu'en 1840. Les cartons
originaux, conservés au musée national de Berlin, sont très
supérieurs, comme il arrive pour toutes les oeuvres de Cornelius,
aux peintures définitives. Ils représentent les Patriarches,
les Prophètes, les Docteurs de la Foi, les Fondateurs
d'ordres religieux, les Quatre Evangélistes, l'Adoration
des mages et des bergers, la Crucifixion et le Jugement dernier.
Il y a dans cette dernière composition, avec des souvenirs inévitables
du Campo Santo et de Michel Ange, une grandeur
de conception dont la puissance est incontestable. Ce qui fait défaut,
c'est l'exécution souvent insuffisante et impersonnelle. Au cours
de ce travail, Cornelius fit un voyage en France et à Paris, où
il fut reçu avec honneur, décoré par le roi Louis-Philippe
et nommé membre correspondant de l'Académie des beaux-arts.
Pour la collection Raczynski, il exécuta le Christ délivrant
les âmes du Purgatoire, primitivement destiné à
l'église Saint-Louis.
En 1842, Cornelius fut créé,
avec Humbold, vice-chancelier de l'ordre « pour le Mérite
», et il entreprit l'exécution des cartons destinés
à la décoration de la chapelle funéraire royale à
Berlin. C'était, dans sa pensée, une sorte d'épopée
chrétienne, un cycle symbolique et encyclopédique de la Religion.
(Les cartons en sont conservés au musée national de Berlin
et au musée de Weimar.) Ce travail, interrompu à plusieurs
reprises, notamment en 1848 par les événements politiques,
devait l'occuper jusqu'à la fin de sa vie. Il l'exécuta en
partie à Berlin, en partie à Rome. Voici les principales
scènes qu'il embrasse : Parabole des vierges sages et des vierges
folles; le Christ jugeant le Monde; la Dispersion de Babel; les Cavaliers
de l'Apocalypse (une de ses plus belles inspirations); le Résurrection
de la chair; les Oeuvres de la Miséricorde; les Béatitudes
du sermon sur la montagne; la Chute de Satan; la Jérusalem nouvelle;
le Don du Saint-Esprit aux apôtres, etc.
![]() Les Trois Maries, par Peter Cornelius. Parmi les autres travaux dont il fut chargé, il faut citer : les cartons des vitraux de la chapelle funéraire du grand-duc de Mecklembourg-Schwerin (1843-1844); les cartons des peintures murales de l'abside du mausolée de Charlottenbourg (exécutés par Pfannschmidt); un grand nombre de dessins de médailles commémoratives. En 1843, il fit un nouveau voyage à Rome et il y revint souvent à dater de ce moment avec le secret désir de ne plus la quitter. Il y exerçait, sur la colonie des artistes allemands, une grande influence, et y était de leur part l'objet des respects les plus empressés et des hommages les plus doux à son coeur. Mais la surveillance et l'achèvement sans cesse interrompu, contrarié ou ajourné, des peintures murales de la chapelle royale funéraire, le rappelèrent à Berlin, où il mourut. Son école et son esthétique sont depuis longtemps passés de mode., Il n'en fut pas moins, à son heure, par la grandeur et la sincérité de ses intentions, la puissance de son imagination et la noblesse de ses inspirations, l'artiste national par excellence, et, d'une façon absolue, un grand artiste. Malheureusement ses conceptions, souvent nuageuses, se revêtirent de formes généralement trop froidement classiques. Il traduisit ses pensées originales et grandioses en prose italienne; il n'eut pas le secret des grandes formes vivantes et créées. Il concevait en philosophe plus qu'en peintre; il faisait des traductions, et la vie manque à ses plus nobles inventions. (André Michel). |
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