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Cologne

Cologne, Colonia Agrippina des anciens, Koeln ou Köln en allemand, est une ville d'Allemagne (lande de Rhénanie du Nord-Westphalie), sur la rive gauche du Rhin, à 45 m d'altitude au-dessus du niveau de la mer, à 450 kilomètres au Nord-Est de Paris, 480 kilomètres au Sud-Ouest de Berlin; 980 000 habitants (2014). La ville de Cologne doit sa prospérité à l'industrie et au commerce qui y sont également florissants. Les centres industriels voisins d'Ehrenfeld, Lind, Bayenthal, Nippes, Riehl, etc., dépendent de Cologne. Le commerce se fait beaucoup par la voie fluviale, et la navigation sur le Rhin l'a beaucoup stimulé.

Cette ville, une des plus importantes de l'Allemagne par ses souvenirs historiques, ses monuments artistiques, par sa richesse commerciale et industrielle, se développe en demi-cercle le long du Rhin, en face de la petite ville de Deutz. Elle occupe une superficie de 849 hectares. 
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Le Rhin à Cologne.
Le Rhin à Cologne; au fond, le pont de Deutz (Deutzer Brüke) et la cathédrale (Kölner Dom),
devant laquelle se détache l'église Saint-Martin-Majeure (Groß St. Martin).

Cologne fut fondée par les Ubiens, 37 ans av. J.-C.; agrandie plus tard par l'empereur Claude, à l'instigation de sa femme Agrippine, qui y était née, elle prit de là le nom de Colonia Agrippina; elle devint capitale de la Germanie 2e, puis fut comprise dans la monarchie des Francs, 475. Elle eut dès l'an 314 un évêché, érigé en archevêché au VIIIe siècle. En 957, Cologne fut déclarée par l'empereur Othon le Grand ville libre et impériale. Du XIIe au XVe siècle, elle tint un rang considérable dans la ligue hanséatique et fit un grand commerce avec le Nord. Prise en 1795 par les Français, Cologne fut de 1801 à 1814 chef-lieu d'arrondissement. dans le département de la Roër. Après 1814 elle appartint à la Prusse

Jusqu'en 1881, elle restait murée dans une enceinte trop étroite pour la ville moderne, puisqu'elle remontait au XIIe siècle, et n'ouvrait que huit portes sur le dehors; elle était donc enfermée dans un espace de 397 hectares. Un traité avec l'Empire lui a permis de raser ces anciennes fortifications, achetées moyennant 12 millions de marks environ, et de s'agrandir de 122 hectares de terrain domanial et de 330 de terrains privés. Cologne est relié à la rive droite du Rhin par plusieurs ponts, dont un pont de fer, autrefois  flanqué de six tours, construit de 1855 à 1859, et sur lequel passe le chemin de fer.

Comme l'importance de Cologne remonte à une date éloignée, et que l'ancienne ville, trop exiguë pour la vie moderne, était relativement grande, nous n'y trouvons pas un noyau d'anciennes rues, d'anciennes places aussi étroit que dans d'autres cités. Le vieux marché, le marché au foin (Heumarkt) au centre de la ville et non loin du fleuve, le Wallrafplatz et l'Appellhot, le Frankenplatz devant la cathédrale, le nouveau marché, planté de quatre rangées d'arbres, la place de Saint-Géréon, sont les plus importantes; parmi les rues, nous mentionnons la Marzellenstrasse, la Hochstrasse et la Severinsstrasse qui la prolonge parallèlement au Rhin; elles sont, la seconde surtout, le centre des affaires; la Maximin et l'Eigelsteinstrasse qui mènent du Frankenplatz hors la ville, la Géréonstrasse, la Bayenstrasse, le long du port fluvial, le Ring tracé sur l'emplacement des anciennes fortifications. 
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Cologne : Kranhaus.
Deux des trois Kranhaüser (maisons-grues), devenues les emblèmes de la rénovation du Rheinauhafen, le port sur le Rhin de Cologne. Ci-dessous (et un peu plus au Sud), Agrippinawerft,
un ensemble d'édifices d'allure toute rhénane.
Cologne : Agrippinawerft.

Cologne a acquis une renommée européenne par son eau spiritueuse si connue sous le nom d'eau de Cologne, qui y fut inventée par Jean Marie Farina à la fin du XVIIIe siècle. La ville a été le lieu de naissance d'Agrippine, de Saint Bruno, de Corneille Agrippa, du poète Vondel; séjour de Rubens. Marie de Médicis y mourut. 

Les monuments de Cologne

La ville, bâtie en demi-cercle était défendue par 83 tours. On remarque la cathédrale, commencée par l'archevêque Engelbert en 1248, interrompue pendant plusieurs siècles et achevée seulement en 1861 (on en admire surtout le choeur); un nombre très grand d'églises, dont les principales sont celles de Sainte-Ursule, des Apôtres, des Macchabées; l'hôtel de ville, le jardin botanique, la bibliothèque des Jésuites, etc. Au Moyen âge, on venait de toutes parts adorer dans cette ville les nombreuses reliques qu'elle possède, celles des trois Mages, de Sainte Ursule et des prétendues onze mille vierges. 

Les églises romanes.
Les plus remarquables peut-être, sinon les plus célèbres monuments ecclésiastiques de Cologne, sont les églises romanes (reconstruites à l'identique après les graves dommages causés par les bombardements de la Seconde Guerre mondiale) : 

Santa Maria in Capitolio.
Santa Maria in Capitolio consacrée en 1049 par le pape Léon IX, est une basilique en forme de croix; le transept et le choeur sont du XIIe siècle; tout l'ensemble de l'église a été restauré et décoré à neuf au XIXe siècle siècle; quelques tombeaux carolingiens, des tableaux de l'école de maître Etienne (Meister Stephan), une cuve baptismale de 1594 ont été conservés. La maison du Temple (Tempelaus), ou les Baptistes célèbrent leur culte, est un édifice roman du début du XIIIe siècle (restauré), maison des Overstolz.

L'église Saint-Georges.
L'église Saint-Georges, dédiée en 1067, a été construite par l'archevêque Anno Il (mort en 1075); c'était primitivement une basilique à colonnes avec une crypte reposant sur huit piliers. Elle a été voûtée au XIIe siècle; elle a été remaniée au XVIe siècle. 

L'église Saint-Géréon.
L'église Saint-Géréon est une des plus curieuses églises romanes. Elle est sous l'invocation de Géréon, le chef légendaire de la légion thébaine martyrisée, dit-on, au temps de Dioclétien; c'est sainte Hélène, la mère de l'empereur Constantin, qui aurait fondé cette église; les fondations sont romaines; c'est l'archevêque Anno qui fit élever le choeur, édifice allongé, flanqué à l'extrémité de deux tours quadrangulaires. La basilique ronde qui le précédait fut rebâtie en décagone surmonté d'une coupole de 1219 à 1227; elle a 17 m de large, 18 de longueur, 47 de hauteur. Au XIVe et au XVe siècle furent édifiées, en style gothique, la voûte du choeur et la salle d'entrée; un baptistère est à droite de l'église; la crypte placée sous le choeur remonte au XIe siècle; le pavé en mosaïque représentant la vie de David est des plus curieux. 
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Cologne : église St-Gereon.
L'église Saint-Géréon, à Cologne.
(Photochrome, ca. 1900).

L'église Sainte-Cécile.
L'église Sainte-Cécile, fondée de 930 à 941, renferme encore des parties de la basilique du Xe siècle; elle a été rebâtie au XIIe; sa crypte est fort belle et considérée à tort comme remontant à une ancienne église épiscopale de saint Maternas. 

Saint-Pantaléon.
Saint-Pantaléon a des fondations de l'an 964; commencée par l'archevêque Bruno, frère d'Otton le Grand, qui y employa les matériaux du pont romain achevé en 980, cette première église fut reconstruite au début du XIIIe siècle. Au  XVIIe siècle le plafond de la basilique fut voûté et le choeur refait en style néo-gothique. La galerie extérieure de la grande tour servit de télégraphe optique; on y a établi au XIXe siècle une station de pigeons voyageurs. Dans l'église sont les tombeaux de l'archevêque Bruno et de l'impératrice Theophano, femme d'Otton II. 

L'église Saint-Martin.
L'église Saint-Martin-Majeure est dans une ancienne île du Rhin, réunie à la terre ferme; son origine remonte à l'époque mérovingienne; l'édifice actuel, élevé par les soins de l'abbé Adalard, fut consacré en 1172 par l'archevêque Philippe. L'intérieur est d'une simplicité sévère; le portail de l'ouest, de style ogival, était précédé d'un vestibule carré; à l'Est se dresse une tour haute de 85 m flanquée de quatre tourelles; elle date du XIIIe siècle, a été restaurée au milieu du XVe; on remarque à l'intérieur une pierre baptismale envoyée, dit-on, par le pape Léon Ill en 803. 
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Cologne : église St-Martin.
L'église Saint-Martin, à Cologne.

L'église Saint-André.
L'église Saint-André a une nef romane de 1220, un choeur gothique de 1414, un beau reliquaire doré de la fin de l'époque gothique.

L'église Saint-Séverin.
L'église Saint-Séverin, commencée au temps de l'archevêque Bruno, sur les débris d'une église du IVe siècle, fut encore rebâtie au XIIIe siècle et consacrée en 1237; la tour carrée date du XIVe siècle (1393-1411), la nef fut voûtée en 1479, le baptistère bâti en 1505; le sarcophage de Saint-Séverin remonte au XIIe siècle.

Saint-Cunibert.
Saint-Cunibert représente à Cologne le style de transition; consacrée en 1247 par l'archevêque Conrad, un an avant la pose de la première pierre de la cathédrale, c'est une basilique voûtée avec deux transepts et trois tours; elle a été complètement restaurée. Les beaux vitraux du XIIIe siècle, les sculptures du XIVe et du XVIe, des tableaux d'autels de l'école de Cologne valent une mention. 

L'église des Apôtres.
L'église des Apôtres fut commencée en 1021 par l'archevêque Héribert pour remplacer une chapelle; achevée en 1030, elle fut brûlée, reconstruite à partir de l'an 1200 jusqu'au milieu du XIIIe siècle. L'édifice actuel, maintes fois restauré, comporte une triple nef, un double transept, deux tours flanquant une coupole; le choeur et le transept oriental se terminent par de grandes absides circulaires. 

L'église Sainte-Ursule.
L'église Sainte-Ursule date du Ve siècle; détruite par les Vikings elle a été encore, à plusieurs reprises, modifiée, notamment au XIIe siècle, puis à l'époque gothique (voûte et portail). On y voit des reliquaires romans et gothiques.
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Cologne : la Chambre d'or de l'église Sainte-Ursule.
La Chambre d'or (trésor) de l'église Sainte-Ursule, à Cologne,
sur un photochrome (ca. 1900).

La cathédrale de Cologne.
C'est à l'époque et dans le style gothique que fut construite la célèbre cathédrale de Cologne, un des édifices les plus célèbres d'Europe. 

La construction de la cathédrale.
Sur l'emplacement d'une citadelle romaine, I'évêque Hildebold avait fondé, en 816, une église qui ne fut consacrée qu'en 874, et que l'on plaça sous l'invocation de Saint Pierre. L'archevêque saint Engelbert conçut le projet de la remplacer par un majestueux édifice dont les dimensions répondraient à l'importance de l'église de Cologne et à la renommée des reliques déposées à la cathédrale. La mort ayant arrêté Engelbert (1225), le second de ses successeurs, l'archevêque Conrad de Hochstaden, reprit son projet. Un incendie venait d'endommager la vieille cathédrale. La chose fut décidée en 1247. Le 14 août 1248 l'archevêque posa solennellement la première pierre de la nouvelle, l'édifice qui existe aujourd'hui. La cathédrale de Cologne, magnifique monument de l'architecture gothique, éblouit tellement les générations du Moyen âge, qu'elles en regardèrent la conception comme supérieure au génie de l'humain, et l'attribuèrent à l'intervention du diable

On commença les travaux par le choeur, continuant d'utiliser l'édifice roman pour le culte. L'auteur du plan est, croit-on, maître Gérard, à qui le chapitre paya ses services en lui donnant un terrain sur la Marzellenstrasse (1257). On apportait les pierres du Drachenfels. Le plan de la colossale église gothique ne s'exécuta que très lentement; malgré les collectes, les dons, l'attribution à cette oeuvre du revenu des bénéfices vacants, l'argent manqua souvent. La construction du choeur n'avança guère pendant les luttes sanglantes des archevêques et de la ville, qui ne s'affranchit qu'à la fin du XIIIe siècle (V. ci-dessous § Histoire). Cependant en 1297 on pouvait célébrer la messe dans les chapelles du choeur; celui-ci fut enfin terminé, on le ferma à l'Ouest par une haute muraille provisoire, les chapelles latérales furent achevées et le 27 septembre 1322 l'église provisoire formée par le choeur fut solennellement consacrée par l'archevêque Henri de Virneburg. 

Parmi les architectes on relève les noms de Gérard de Ketwich ou de Rile, maître Arnold, puis son fils Jean qui mourut en 1330; vinrent ensuite maître Rutger, maître Michaël, maitre André d'Everdingen jusqu'en 1412; Nicolas de Buren (mort en 1446), maître Conrad Kuyn, enfin Jean de Frankenberg. Ceux-ci continuèrent la construction de la cathédrale, sans pouvoir la mener à bonne fin. 
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Cologne : nef de la cathédrale.
Cologne : vitrail de la cathédrale.
Intérieur de la nef de la cathédrale de Cologne.
Vitrail offert par Louis Ier de Bavière.

Aussitôt après la consécration du choeur, on jeta les fondations des transepts; celles du transept septentrional de suite, celles du transept méridional dès 1325. A mesure qu'on progressait, on démolissait les parties atteintes de l'ancienne cathédrale. En 1388 la nef était assez avancée pour qu'on pût y établir des autels et y commencer la célébration du culte. Mais de plus en plus les ressources faisaient défaut et l'ardeur s'épuisait. En 1447, la tour méridionale était en mesure de recevoir les cloches, la plus grande pesait 250 quintaux. 

Vers la fin du XVe siècle on renonça définitivement à l'espoir d'achever la cathédrale selon le plan primitif. On donna un toit provisoire à la nef centrale et aux nefs latérales et on se contenta d'en orner l'intérieur. On voûta cependant quatre travées de la nef septentrionale pour y placer les grands vitraux préalablement commandés et livrés (1508). Tel quel l'édifice inachevé frappait peut-être plus l'imagination et s'il n'eût menacé ruine, on pourrait se demander si ceux qui le complétèrent ont rendu service à l'art et à sa renommée.

Les Français l'avaient transformé en grenier à fourrages en 1796, mais en 1801 le rendirent au culte comme église paroissiale. Il était alors très endommagé; il fallait ou bien l'abandonner en le transformant en ruine historique, comme ce fut proposé, ou le réparer à fond. Le prince royal de Prusse, convaincu par les architectes Sulpice Boisserée et Joseph de Goerres, en fit décider l'achèvement. Les travaux de restauration commencèrent en 1823, sous les ordres d'Ahlert. Après sa mort, survenue en 1833, la direction passa à Zwirner, un partisan enthousiaste du style gothique. Celui-ci entreprit une reconstruction totale, qu'il dirigea jusqu'en 1864 et qui fut poursuivie sous la direction de Voigtel. Le 4 septembre 1842 on posa la première pierre du nouvel édifice; on y dépensa 300,000 marks par an, dont moitié fournie par l'Etat prussien, moitié par des souscriptions et, à partir de 1863, par une loterie spéciale. 

Les travaux durèrent trente-huit ans et coûtèrent 18,427,552 marks. Le 19 juin 1880 furent achevées les deux flèches des clochers; le 15 octobre 1880, en présence de l'empereur Guillaume et de la plupart des princes allemands, on fêta en grande pompe l'achèvement de l'oeuvre.
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Cathédrale de Cologne : Retable anversois.
Partie centrale du rétable anversois du XVIe s.
exposé dans le transept Sud de la cathédrale.

Description de la cathédrale.
Le plan de la cathédrale de Cologne, tracé par l'architecte Gérard de Saint Trond, dont le nom a été longtemps ignoré, est calqué sur celui de la cathédrale d'Amiens, mais dans des dimensions plus considérables. 

Ce plan général est celui d'une croix. La cathédrale a cinq nefs; les transepts en ont trois. L'ensemble de l'édifice mesure 165,6 m de long, 61 m de large, 86,25 m dans les transepts; la hauteur jusqu'au plafond inférieur est de 46 m, jusqu'au toit de 61,5 m; celle de la flèche centrale de 109,8 m, celle des deux flèches des clochers est de 156 m, dépassant tous les édifices en pierre de l'Europe. 
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Plan de la cathédrale de Cologne.
Plan de la cathédrale de Cologne.

Au point de vue esthétique, l'effet ne répond pas aux efforts déployés.

« L'architecte a suivi rigoureusement les données géométriques; sa composition est une formule qui ne tient compte ni des effets de la perspective, ni des déformations que subissent les courbes en apparence à cause de la hauteur où elles sont placées. Aussi le choeur de Cologne surprend plus qu'il ne charme. » (Viollet-le-Duc).
Si les différents maîtres de l'oeuvre ont respecté le plan primitif dans ses dispositions générales, ils ont exécuté les détails suivant le goût dominant à chaque époque; de sorte que l'on trouve, à côté de la noble simplicité du XIIIe siècle, la prodigalité d'ornements du XVIe. Le choeur est composé de 4 travées parallèles; les bas-côtés sont doubles en avant des chapelles absidales; ils se retournent dans les transepts. Ces transepts se composent de 4 travées chacun.

La façade, pour laquelle on a repris le plan du XIVe siècle, est d'exécution correcte; sur la tour méridionale, qui ne dépassait pas 12 m, se dressa pendant quatre siècles une grue de 12 m restée là en attendant la reprise des travaux; on y a installé en 1874 une cloche de 500 quintaux fondue avec le bronze de canons français. Le portail avait été décoré dès le XVe siècle par Kuyn. La nef, longue de 119 m, est portée par 56 piliers en 1863 on a abattu le mur qui la séparait du choeur. Celui-ci est entouré de sept chapelles bien décorées; Saint-Engelbert, Saint Maternus, Saint-Jean, les Trois-Rois, Sainte-Agnès, Saint-Michel, Saint-Etienne. 
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Cathédrale de Cologne.
La cathédrale de cologne vue depuis la Roncalliplatz (façade Sud).

A l'extérieur, du côté de l'abside, la cathédrale de Cologne est achevée, et produit un effet merveilleux: 28 arcs-boutants s'y appuient sur autant de contre-forts surmontés d'élégantes pyramides, dont chacune présente 12 niches garnies de statues. Rien ne peut donner une idée de l'abondance et de la délicatesse de leurs ornements.

Le maître autel, érigé en 1346, est en marbre blanc, avec table et plinthe en marbre noir; il est orné des statuettes des 12 Apôtres, et d'un bas-relief représentant le couronnement de la Vierge. Dans la chapelle dite des Trois Rois, située derrière le maître autel, on voit, au milieu d'un édicule moderne en marbres de diverses couleurs, une châsse du XIIe siècle, chef-d'oeuvre d'orfèvrerie, qui contient les reliques prétendues des rois Mages, apportées à Constantinople dès le IVe siècle, données à Saint Eustorge, archevêque de Milan, enlevées de cette ville par l'empereur Frédéric Ier Barberousse, et qu'il donna à l'église de Cologne en 1164. Plus de 1500 pierres fines ou pierres gravées, dont une topaze de grandeur extraordinaire, sont incrustées à la surface de cette châsse, qui ne le cède qu'à la châsse des grandes reliques d'Aix-la-Chapelle; les couronnes de diamants des rois Mages ont été vendues par les chanoines à la fin du XVIIIe siècle, et des cercles dorés garnis de pierres de Bohème les ont remplacées. Les reliques sont exposées à la vénération publique le jour de l'Épiphanie

Les fenêtres de la cathédrale de Cologne sont garnies de beaux vitraux, qui appartiennent à la dernière époque de la peinture sur verre. Les nefs latérales sont pavées de dalles funéraires assez bien conservées; derrière le choeur et devant la chapelle des Mages, on aperçoit une modeste pierre tombale, recouvrant le coeur de Marie de Médicis, mère du roi de France Louis XIII. Sur le côté gauche du choeur se trouve la Chambre d'or, contenant le trésor de la cathédrale, aujourd'hui dépouillé de la plupart de ses richesses. (B.).
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Cologne : Façade principale de la cathédrale.
Cologne : détail du transept méridional de la cathédrale.
Façade de la cathédrale de Cologne.
Détail du transept méridional.
Cologne : détail de la façade principale de la cathédrale.
Les portails principaux de la cathédrale.

Les autres églises (gothiques et modernes).
Il faut encore citer à Cologne une autre église gothique, celle des Minorites, avec des bas-côtés très minces et un choeur à un seul vaisseau; la chapelle du Conseil, élégant édifice de 1426, avec une sacristie de 1474, l'église moderne de Saint-Maurice (1661-65); l'église des jésuites (1618-1629). 

Les monuments civils.
Les monuments civils, sans avoir l'importance des églises, sont aussi très intéressants. L'Hôtel de ville, de style gothique, remonte au début du XVe siècle, avec la salle de la Hanse restaurée à la fin du XIXe s.; la tour septentrionale est de 1407-1414; d'autres parties ont été exécutées dans le style renaissance au milieu du XVIe siècle (la façade du vieux marché); une restauration complète a été faite après 1870. Le Gurzenich, en face de l'Hôtel de ville, fut bâti de 1441 à 1445 pour servir de salle de fêtes; on a donné des fêtes superbes, dans la grande salle longue de 54 m, large de 24; elle a été restaurée en 1857. 
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Cologne : l'ancien Hôtel de volle (Rathaus).
L'ancien Hôtel de Ville (Rathaus) de Cologne.
Ci-dessous : détails de l'ornementation du beffroi.
Ornementation de l'Hôtel de ville de Cologne.

On remarque encore la Hahnentor, porte fortifiée d'époque romaine, le Wolkenburg, demeure patricienne du XVe siècle, et un certain nombre d'édifices et de monuments modernes statues : de Frédéric Guillaume III, de Bismarck, de Moltke, Werth, etc.

L'histoire de Cologne

La ville.
L'origine de la ville de Cologne remonte au delà de la conquête romaine. Les Ubiens, à cheval sur le Rhin, avaient là une ville. Les Romains l'occupèrent et deux légions campèrent à l'Ara Ubiorum. En 50 ap. J.-C., l'impératrice Agrippine, la femme de Claude, fille de Germanicus, y établit une colonie de vétérans (Colonia Agrippinensis, Colonia Claudia Agrippina); un espace d'environ 70 hectares fut entouré d'une forte enceinte dont certains fragments subsistent encore. La ville romaine prospéra; devint le principal centre de la région, résidence du légat de la Germanie inférieure. Constantin le Grand y bâtit à partir de 308 un solide pont de pierre qui fut plus tard détruit par les Vikings et dont l'archevêque Bruno employa les pierres pour son église de Saint-Pantaléon. En 355 les Francs prirent Cologne; ils en furent chassés, mais s'y établirent définitivement en 462. Les temples, les palais romains, s'écroulèrent peu à peu, mais les fortifications furent conservées. 

Les rois des Francs Ripuaires firent de cette place leur capitale. A côté de l'évêché (fondé au IVe siècle), les païens continuèrent leurs cérémonies, jusqu'au jour où, sous le roi Thierry, saint Gall abattit leurs autels. Chef-lieu des Ripuaires, Cologne ne resta pas la capitale des rois d'Austrasie; elle conserva toutefois une grande importance et au VIe siècle son évêque Cunibert (622-663) était un des principaux personnages du royaume. Au VIIIe siècle, elle servit de refuge à Plectrude, veuve de Pépin d'Héristal, Charles-Martel la prit. Charlemagne érigea l'évêché en archevêché et y plaça son chapelain Hildebold (785) (V. ci-dessous le § Archevêché). Celui-ci bâtit la première cathédrale et fonda une bibliothèque dont quelques manuscrits existent encore. Par sa position sur le Rhin intérieur, Cologne était particulièrement exposée aux raids des Vikings et eut beaucoup à en souffrir; deux fois elle fut mise à feu et à sang. Elle se releva vite et s'entoura d'une enceinte qui comprenait environ la moitié de la ville moderne. Le traité de Mersen de 870 l'attribua au royaume des Francs orientaux ou de Germanie. En 911 celui de France la reprit mais pour la reperdre avec la Lotharingie en 923. 
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Traités de Cologne

Un traité d'alliance et de confédération entre Charles VII et Christian Ier, roi du Danemark, fut signé à Cologne le 27 mai 1456. Louis XI y conclut le 27 mai 1475, avec l'empereur Frédéric III et les électeurs de l'empire, un traité d'alliance contre le duc de Bourgogne. Un troisième traité y fut signé en 1651 entre les électeurs ecclésiastiques et plusieurs autres princes allemands pour former une confédération en vue de leur garantie mutuelle et de la défense des libertés germaniques; ce fut l'origine de la confédération rhénane de 1656, et, par conséquent, de la Ligue du Rhin de 1658.

Chef-lieu du canton (Gau) de Cologne et résidence des comtes, la ville se développa assez rapidement pour être en mesure de résister aux prétentions des archevêques qui voulaient l'accaparer. Enrichis par le commerce, les habitants défendirent jalousement leur indépendance. Les familles de commerçants et de propriétaires formèrent un patriciat puissant qui prit la direction des affaires. Un premier conflit eut lieu entre eux et l'archevêque Anno en 1074. D'abord expulsé, l'archevêque reprit le dessus, mais sans faire triompher ses prétentions de souveraineté complète. Pendant toute la fin du XIIe et le XIIIe siècle la lutte continua, très âpre entre les bourgeois et les archevêques. Philippe de Heinsberg (1167-1191), Conrad de Hochstaden (1238-1261), Engelbert de Falkenburg (1261-1274), Siegfried de Westerburg (1275-1297). 
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Cologne : Cologne-Hahnentor.
Hahnentor, l'une des anciennes portes de la ville (à l'Ouest) existe toujours.
Elle remonte à l'époque romaine. (Photochrome, ca. 1900).

Après de sanglants combats, la bataille de Worringen (5 juillet 1288) décida en faveur des bourgeois. L'archevêque transféra sa résidence à Brühl, puis à Bonn. Ils conservèrent la juridiction supérieure, mais on ne leur prêtait serment de fidélité qu'à la condition d'observer les anciennes coutumes et les privilèges de la ville. Celle-ci obtint, par privilèges de 1207 et de 1212, de Philippe de Souabe et d'Otton IV les droits de ville libre impériale; en 1231 elle fut représentée à la diète de Worms; en 1274 l'empereur Rodolphe de Habsbourg lui confirma formellement ce droit de représentation à la diète. La ville était divisée à l'intérieur par les querelles violentes du patriciat et des métiers, querelles que les archevêques tentèrent à plusieurs reprises d'utiliser au profit de leurs intérêts. Après des crises et des luttes répétées, en 1396 les corps de métiers remportèrent un succès complet. Leurs principaux adversaires furent bannis, les amendes imposées aux patriciens vaincus servirent à bâtir un magnifique Hôtel de ville (1406-1413). La constitution démocratique que l'on substitua au régime aristocratique ne demeura pas incontestée; de nouvelles révolutions intestines eurent lieu en 1482, en 1513, en 1608, en 1681. Mais elles ne mirent pas obstacle à la fortune croissante de la ville.
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Conférences de Cologne

Louis XIV ayant, dans l'hiver qui suivit sa première campagne contre les Provinces-Unies (1672), accepté la médiation de la Suède, les puissances décidèrent d'envoyer des plénipotentiaires à Cologne, qui fut neutralisée. Les conférences s'ouvrirent en juin 1673. La France y était représentée par le duc de Chaulnes, Courtin et Barillon. Louis XIV, dans les instructions qu'il leur avait données le 18 avril 1673, réclamait la cession de Maastricht, Bois-le-Duc, Breda, Nimègue, et la restitution de Berg-op-Zoom au comte d'Auvergne. Devant la résistance des Hollandais, il renonça (août) à Nimègue et à Berg-op-Zoom; ces propositions furent encore repoussées par les Etats généraux à la suite de leur alliance avec l'empereur et l'Espagne, et des succès de Ruyter. Le 15 septembre, Louis XIV n'exigeait plus que Maastricht du
gouvernement des Provinces-Unies, mais il lui demandait d'intervenir afin d'obtenir la cession : 1° d'Aire, Saint-Omer et Cambrai; 2° d'Ypres, Cassel et Bailleul ou de la Franche-Comté, ou du Luxembourg à la France par l'Espagne, que la République aurait indemnisée au détriment de son propre territoire. La résistance des alliés, qui ne voulaient traiter que d'une paix générale et obtenir, en faveur de leurs concessions, le règlement des questions relatives à la situation de la Lorraine, de l'Alsace, et des feudataires allemands des Trois-Evêchés que Louis XIV eût préféré traiter directement et seul à seul avec les autorités de l'Empire, décida le roi à baisser ses prétentions encore une fois; il se serait contenté de la cession d'Aire, Saint-Omer et Cambrai, et de la démolition des fortifications de Maastricht (octobre). Les négociations traînèrent plusieurs mois sans résultats. L'enlèvement par les Impériaux (14 février 1614) dans Cologne neutralisée, du principal ministre de l'électeur, le prince Guillaume de Fürstenberg, tout dévoué à la France, qui fut emmené en Autriche et menacé de mort et qui ne recouvra sa liberté qu'en mai 1679, décida le roi à rappeler ses plénipotentiaires (avril). Les négociations furent reprises en 1677 à Nimègue. (L. Del).

Cologne étant le principal entrepôt commercial du Rhin, intermédiaire entre les Pays-Bas, l'Alsace, les régions intérieures et maritimes de l'Allemagne, elle s'allia avec plusieurs des grandes villes commerçantes. En 1367, elle entra dans la confédération de la Hanse formée contre Waldemar de Danemark, et y prit un rôle de premier ordre   (le commerce dans les pays du Nord au Moyen âge). Derrière sa nouvelle enceinte bâtie de 1200 à 1260, avec ses magnifiques monuments, elle parvint à une prospérité extraordinaire. On lui comptait plus de 120,000 habitants; seuls, Gand et Paris étaient plus grands. Elle se donnait pour fille très fidèle de Rome, inscrivant sur son sceau la légende : Sancta Colonia sanctae Romanae ecclesiae fidelis filia; chassant les juifs en 1425. Une bulle du pape Urbain VI lui donna une université qui s'ouvrit le 8 janvier 1389, qui prospéra et fut plus tard très ardente pour la foi catholique

Cette période du XIVe et du XVe siècle marque l'apogée de la renommée de Cologne. Le mouvement de foi religieuse (accentué par l'acquisition des reliques dites des Trois-Rois), qui avait provoqué la construction des basiliques romanes du XIe et du XIIe siècle, diminua, mais on continua de bâtir, agrandissant le choeur des anciennes églises, adoptant le style gothique venu de France et l'appliquant à la gigantesque entreprise de la cathédrale. A la fin du XIVe siècle se forma une école de peintres qui dura deux générations (L'Ecole de Cologne).

A partir du XVIe siècle, la décadence commence; les peintres subissent l'influence des Flamands sans les égaler; les constructions se font rares. La Hanse n'a plus la même importance; la part prise par son université à la lutte contre les humanistes lui fait peu d'honneur, surtout les guerres qui, à partir de la Réforme, vont désoler sans interruption l'Allemagne occidentale, ruinent le commerce. Cologne resta fidèle au catholicisme, repoussa les tentatives de réforme faites par l'archevêque Hermann de Wied (1515-1546) et refusa jusqu'au bout d'admettre des protestants. Ce n'est qu'en 1788 que ceux-ci obtinrent de l'archevêque-électeur Maximilien-François la permission de célébrer leur culte dans un navire à l'ancre sur le fleuve. 
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Congrès de Cologne

Pendant la guerre de Dévolution, l'électeur de Cologne, qui était de connivence avec la France, convoqua en congrès à Cologne les membres de l'« étroite union » qui avait remplacé la Ligue du Rhin, et tous les princes allemands qui s'intéressaient au maintien de la paix, en vue d'empêcher que l'Empire fût impliqué dans aucun danger en prenant part à la guerre (juillet 1666). Tous les électeurs envoyèrent des délégués au congrès, qui, en somme, entrava dans une certaine mesure l'action de la diplomatie française en Allemagne. Les délégués résolurent d'envoyer près des puissances belligérantes une ambassade collective, qui ne fut pas écoutée, et prorogèrent le congrès (novembre) jusqu'au retour des députés qui ne revinrent qu'après la signature de la paix, négociée d'ailleurs sans leur concours. (L. Del).

En 1780, la ville n'avait plus que 40,000 habitants, dont 6000 bourgeois. La Révolution française fut accueillie avec enthousiasme par cette population appauvrie et mécontente; la vieille constitution fut abolie et on adhéra à la république Cisrhénane, puis à la République française. L'université fut abolie, les couvents fermés, l'aristocratie urbaine émigra; cependant la domination française fut avantageuse à Cologne; à partir de ce moment elle reprit ses progrès qui se sont continués après l'annexion à la Prusse (1815). La paix, presque constante, a favorisé la reprise de son importance commerciale.

Le XIXe siècle marque une période de forte industrialisation de la ville, qui s'agrandit en même temps par l'absorption de ses faubourgs, et malgré le frein à son expansion que peuvent constituer ses deux ceintures de fortifications. Objet de raids aériens pendant la Première Guerre mondiale, Cologne va passer après le conflit et jusqu'en 1923 sous administration britannique. A cette époque, les fortifications sont détruites dans le cadre de la démilitarisation de la Rhénanie commandée par le Traité de Versailles. Cela donne l'occasion à la ville de se doter d'une double ceinture verte constituée de grands parcs (Grüngürtel). En 1939, la population de Cologne atteint presque les 800 000 habitants.

Lors de la Seconde Guerre mondiale, Cologne, cible de plus de 260 raids de l'aviation alliée est détruite à 95%. Toutes les églises romanes sont touchées et pratiquement entièrement détruites. Une grande partie de la population se réfugie dans les campagnes environnantes, mais ces bombardements feront 20 000 victimes civiles. A la fin de la guerre, la population remonte à 500 000 habitants, et la reconstruction commence. Certains monuments historiques n'on vu la fin de leur restauration que dans les années 1990. Dans l'intervalle, la Cologne s'est modernisée juqu'à devenir la quatrième plus importante ville d'Allemagne.
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Cologne : Alter Markt
Alter Markt, dans le centre de Cologne. Photos : © Angel Latorre.

L'archevêché de Cologne. 
l'archevêché de Cologne est une ancienne principauté allemande, l'une des plus importantes du Saint-Empire. La légende fait remonter à saint Maternus l'origine de l'évêché de Cologne; le premier évêque connu est un Maternus, mais du IVe siècle; saint Cunibert, évêque de 622 à 663, fit bénéficier l'évêché de son importance personnelle et l'enrichit notamment en l'accroissant de ses possessions de Zeltingen, Rhense, Boppard, etc. Le siège de Cologne fut érigé en archevêché en 785 au profit d'Hildebold et on lui subordonna les évêchés de Liège, Minden, Utrecht, Munster, Osnabruck. En 953, l'empereur Otton Ier nomma archevêque de Cologne son frère Bruno; il lui donna aussi le titre de duc de Lorraine que durent conserver tous ses successeurs. L'importance de l'archevêché de Cologne en fut très accrue, bien que ses possessions directes restassent médiocres, d'une bande de territoire le long du Rhin. 

Les successeurs de Bruno, Folkmar, Garo, Marinus, Héribert marquèrent peu; Pilgrim, élu en 1021, fut chancelier de l'empereur Henri II. Hermann II, son successeur, fut archichancelier du siège apostolique. Anno II (1056-1075) fut chancelier d'Henri III, tuteur d'Henri IV et administrateur impérial; Arnold II (1151-1156), comte de Wied, obtint du pape l'immédiateté et le privilège d'oindre et de couronner l'empereur; l'église métropolitaine de Cologne put avoir six prêtres-cardinaux. L'archevêque Reinald de Dasel (1159-1167) servit fidèlement Frédéric Barberousse, l'accompagna en Italie. Il en reçut, après la prise de Milan, le précieux cadeau des reliques des Trois-Rois. Son successeur, Philippe de Heinsberg (1167-1191), fit un progrès décisif. Il se mit à la tête de la ligue des princes de la basse Allemagne contre Henri le Lion et obtint une large part de ses dépouilles. Il reçut la moitié occidentale de l'ancienne Angrie et de la Westphalie, avec le titre de duc de Westphalie et Angrie (Engern) qu'il transmit à ses successeurs. 

A partir de ce moment, l'archevêque de Cologne est un des grands princes d'Allemagne et un des électeurs impériaux, privilège qui lui fut reconnu sans difficulté. Pourvu désormais de possessions territoriales considérables, l'archevêché fut impliqué dans les querelles de tous les petits princes ses voisins; il eut aussi à lutter contre les villes de Cologne (V. ci-dessus) et de Soest. Vaincu par les bourgeois de Cologne, il ne cessa de les harceler jusqu'à la fin du XVIIIe siècle. 

Les archevêques Conrad de Hochstaden (1238-1261), Engelbert de Falkenburg (1261-1274), Siegfried de Westerburg (1275-1297), Wikbold de Hotte (1297-1304), Henri de Virneburg (1304-1332) , Walram de Juliers (1332-1349), Guillaume de Gennep (1349-1362), Adolphe II de la Mark (1363-1364), Engelbert III de la Marck (1364-1369) furent absorbés par ces querelles locales, exploitant parfois l'archevêché au profit de leur maison et s'endettant considérablement. 
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Conciles de Cologne 
(Concilia Agrippinensia, Lippiensia, Coloniensia)

346, condamnation et déposition d'Euphratas, évêque de Cologne, accusé d'avoir nié la divinité de Jésus. Comme cet évêque siégea l'année suivante au concile de Sardique (347) parmi les évêques orthodoxes, Baronius conteste l'existence du concile qui l'aurait condamné; Sirmond suppose que Euphratas, ayant abjuré son affirmation initiale, avait été rétabli dans son office; d'autres auteurs pensent qu'il avait été acquitté; d'autres, qu'il y a eu successivement à Cologne deux évêques portant le même nom.

782, concile mixte mentionné par Eginhard : Charlemagne y reçut la soumission des Saxons, qu'il fit baptiser aussitôt. On ne connaît aucun règlement ecclésiastique provenant de cette assemblée. 

870, décisions diciplinaires. Les actes de ce concile sont perdus. 

873, confirmation du privilège précédemment accordé aux chanoines de l'église cathédrale de Cologne, d'avoir leur mense particulière et d'élire leur prévôt. 

886, renouvellement des anciens canons contre ceux qui s'emparent des biens du clergé, qui oppriment les pauvres, ou qui contractent des mariages prohibés. 

1056, décisions relatives aux différends des comtes de Flandre. 

1106, contre l'empereur Henri V

1119, même objet.

1260, quatorze canons concernant les clercs. I. Enjoint aux clercs concubinaires, sous peine d'excommunication, de renvoyer leurs concubines, leur défend d'assister aux noces de leurs enfants et de rien leur léguer. Dix-huit canons pour la réforme des bénédictins.

1280, dix-huit canons. Il. Mesures de répression contre les prêtres concubinaires et leurs concubines. VIII. Défense aux prêtres d'imposer à leurs pénitents l'obligation d'employer les restitutions à la construction d'églises ou à la fondation de chapelles et de monastères. L'objet de la restitution devra être rendu aux propriétaires ou aux héritiers de celui-ci. XVIII. Dispositions relatives à l'interdit ecclésiastique. D'autres canons il résulte que, à cette époque, on baptisait encore par immersion, dans la province de Cologne, et qu'il était permis à un prêtre de dire plusieurs messes le même jour, principalement pour les morts. 

1310, vingt-neuf canons. I. Condamne et annule les ordonnances des laïques contre la liberté ecclésiastique, particulièrement les défenses de donner, vendre ou aliéner de quelque autre manière, au profit des ecclésiastiques ou religieux, des terres ou des seigneuries. IX. Renouvellement des pénalités édictées contre les clercs concubinaires ou corrupteurs des religieuses. XV. Les bénéficiers ne pourront point léguer à leurs bâtards pendant l'année de grâce. XIX. On ne fondera pas d'églises ni de cimetières, sans les doter. XXIII. A l'avenir, on commencera l'année à la fête de Noël, suivant la coutume de l'église de Rome. 

1423, onze canons. I. Anathèmes contre les prêtres concubinaires. V. Défense de nommer d'autres personnes que des prêtres pour prêcher les, indulgences ou recueillir les aumônes.

1452, le cardinal de Cusa, légat a latere, y fit un règlement pour l'Exposition du Saint Sacrement, le premier qui soit connu sur cet objet. 

1470, canons disciplinaires. 

1536, concile très important, qui entreprit de supprimer par voie d'autorité les abus dont les luthériens faisaient des motifs d'accusation contre l'Eglise romaine. Il édicta un grand nombre de règlements, quil répartit en quatorze chapitres ou titres subdivisés en canons. Ces canons reproduisent pour la plupart les décisions tant de fois votées et si constamment inobservées des anciens conciles : devoirs des évêques, trente-six canons; offices publics et particuliers, trente-deux canons; curés, vicaires et prédicateurs, dix-huit canons; devoirs et moeurs des curés, huit canons; prédication, vingt-sept canons; administration des sacrements, cinquante-deux canons; subsistance des prêtres, sept canons; constitutions et coutumes établies dans l'église, vingt et un canons; vie et conduite des moines, dix-neuf canons; établissements hospitaliers et oeuvres de charité, sept canons; écoles, imprimeries, librairies, vingt-quatre canons; juridiction contentieuse des ecclésiastiques, quatorze canons; synodes et visites, vingt-quatre canons. 

1549, continuation de l'oeuvre entreprise par le concile précédent : dix règlements comprenant un grand nombre d'articles. Les premiers concernent le relèvement des études chez les ecclésiastiques. (E.-H. Vollet).

Thierry de Meurs (1414-1463) perdit la ville de Soest exaspérée par ses exactions; son successeur, l'archevêque et comte palatin Robert, vit se soulever contre lui ses administrés; vainement il appela Charles le Téméraire qui vint assiéger Neuss (1474), mais dut se retirer. Robert le Palatin mourut en 1480 et fut remplacé par Hermann le Pacifique, l'administrateur qu'on lui avait substitué (1480-1515). Hermann V de Wied (1515-1546) combattit d'abord la Réforme, puis il s'y rallia et en 1542 laissa Buces la prêcher à Bonn. Gebhard Truchsen de Waldburg fit plus; il y adhéra à la foi nouvelle, se maria en 1583. Excommunié et déposé, il fut soutenu par l'électeur palatin contre Ernest de Bavière qu'on avait élu à sa place, vaincu par l'intervention des Espagnols et des Bavarois, il se retira à Strasbourg avec Agnès de Mansfeld, sa femme. Le résultat de cette guerre fut d'endetter encore l'archevêché, à qui la Bavière seule réclamait 1,600,000 thalers et où les troupes bavaroises campèrent. 

Le neveu d'Ernest, Ferdinand de Bavière, lui succéda (1612-1650). Il s'associa à la ligue catholique dans la guerre de Trente ans. Il prit pour coadjuteur un autre prince bavarois, Maximilien-Henri, et obtint la renonciation de la Bavière à sa créance (1642). Maximilien-Henri prit une part active à toutes les combinaisons politiques de son
temps; il se montra très dévoué à Louis XIV, l'aida contre la Hollande; les Impériaux et les Hollandais occupèrent son électorat. Il fut plus utile à ses sujets en leur donnant un code (Kœlnische Rechtsordnung). 
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Cologne et le Rhin.
Cologne en 1891, par William Callow.

A sa mort, son coadjuteur, le prince de Furstenberg, protégé de la France, fut élu;
mais il n'eut pas la majorité canonique des deux tiers des voix et le pape le déposa et proclama Joseph-Clément, fils de l'électeur de Bavière; Furstenberg ne put se maintenir et se retira à Paris; avec le trésor électoral (avril 1689). Joseph-Clément fut néanmoins allié de la France dans la guerre de succession d'Espagne; les alliés occupèrent son archevêché et il dut, en 1703, se réfugier en France; en 1706 il fut mis au ban de l'Empire; mais après la paix il rentra dans ses biens et dignités. Il mourut en 1723. Son neveu et coadjuteur depuis 1722, Clément-Auguste, fils de l'électeur de Bavière Maximilien-Emmanuel, lui succéda. Il entretint une armée de 12,000 hommes qui lui valut une réelle importance dans les affaires allemandes. Il s'allia à l'empereur dans la guerre de Sept ans. A sa mort (1761), l'archevêché-électorat sortit de la maison de Bavière qui le possédait depuis deux siècles; la coalition des petits princes rhénans eut la majorité dans le chapitre qui élut Maximilien-Frédéric comte de Koenigseck-Aulendorf (1761-1785); son successeur, Maximilien-François d'Autriche (1785) fut tout dévoué à l'empereur Joseph Il; il administra fort bien ses Etats; il en fut chassé en 1794 par les français et mourut en 1801.

Le chapitre élut l'archiduc Amédée-Victor, mais la paix de Lunéville sécularisa l'archevêché; les territoires de la rive gauche du Rhin étaient annexés à la France, ceux de la rive droite furent cédés à la maison de Nassau-Usingen; Altenwied au prince de Wied-Runkel; le duché de Westphalie à la Hesse-Darmstadt, le comté de Recklinghausen au duc d'Arenberg, puis en 1811 au grand-duc de Berg. Au point de vue ecclésiastique, les évêchés d'Aix-la-Chapelle, vicariat, de Deutz et d'Arnberg se partagèrent les dépouilles de l'archevêché.

A ce moment la principauté électorale sécularisée formait un Etat de 6600 km² avec 230,000 habitants, dont 2750 km² et 100,000 habitants pour l'archevêché proprement dit, le reste pour le duché de Westphalie et le comté de Recklinghausen. L'archevêque de Cologne était l'un des trois électeurs ecclésiastiques du Saint-Empire romain germanique; il votait le second lors de l'élection, était archichancelier de l'Empire pour le royaume d'Italie et archichancelier du pape. Innocent IV lui avait donné le titre de légat perpétuel. En Allemagne, il se plaçait à gauche de l'empereur; dans l'archevêché et hors d'Allemagne, à sa droite. Il disputa à l'archevêque de Mayence le droit de couronner l'empereur; en 1657 une transaction intervint attribuant le couronnement à celui des prélats dans le diocèse duquel aurait lieu l'élection; si elle avait lieu en dehors des deux, ils alterneraient. L'électorat était administré par l'archevêque et les Etats (chapitre, comtes, chevaliers, villes). Les diètes se tenaient à Bonn ; le chapitre de la cathédrale (Status primarius) siégeait à Cologne. Les revenus annuels de la principauté étaient évalués à 600,000 thalers.

Les traités de 1814-1815 attribuèrent à la Prusse tout l'ancien archevêché-électorat de Cologne. L'archevêché fut réorganisé en 1821 par la bulle De salute animarum; les évêchés de Trèves, Munster, Paderborn lui furent subordonnés, celui d'Aix-la-Chapelle, et les parties prussiennes de ceux de Roermonde et de Liège annexés. Joseph-Antoine, comte de Desenberg et Canstein, fut nommé archevêque (1824); il eut pour successeur Clément-Auguste de Droste; une discussion au sujet des mariages mixtes le fit suspendre par le gouvernement prussien (1837). On lui donna en 1842 un coadjuteur, Jean de Geissel, qui lui succéda en 1846 et mourut en 1864. L'archevêché passa alors aux mains de l'évêque d'Osnabruck, Paul Melchers. Il se rallia aux décisions du premier concile du Vatican, entra en conflit avec le gouvernement, quitta son diocèse (1873), fut déposé. Le pape le nomma cardinal et consentit en 1885 à lui désigner un successeur, l'évêque Krementz. (A.-M. B.).
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Cologne au clair de Lune.
Cologne au clair de lune, sur un photochrome (ca. 1900).
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Dictionnaire Villes et monuments
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