| On regroupe sous le terme de franc-maçonnerie un ensemble de sociétés secrètes à vocation philanthropique, implantées dans différents pays du globe, surtout en Angleterre, en Allemagne et en France, ainsi qu'en Amérique (États-Unis, Brésil...). Ces associations revendiquent dans leurs statuts : " l'exercice de la bienfaisance, l'étude de la morale universelle, et la pratique de toutes les vertus. " Les Francs-Maçons se considèrent comme frères et doivent s'entraider en quelque lieu qu'ils se trouvent, à quelque nation, à quelque classe de la société qu'ils appartiennent. On n'est admis dans l'ordre qu'après certaines cérémonies initiatrices et certaines épreuves dites voyages; les initiés jurent de ne rien révéler des secrets de l'ordre. Ils ont des signes convenus pour se reconnaître. Les Francs-Maçons ont adopté certains symboles qui sont tous empruntés a l'art de bâtir : le tablier de peau, la truelle, l'équerre, le compas; ils sont distribués en un certain nombre de petites assemblées dites loges, présidées chacune par un vénérable; le lieu dans lequel ils se réunissent est appelé temple, en mémoire du Temple de Salomon. Ils reçoivent, selon qu'ils sont plus ou moins avancés dans l'initiation, des grades divers, dont le nombre ne s'élève pas à moins de 33; mais il n'y a que trois de ces grades vraiment essentiels, ceux d'apprenti, de compagnon et de maître; les initiés qui sont arrivés au grade le plus élevés forment une espèce de conseil. Beaucoup de mythes ont été entretenus sur l'origine de la maçonnerie : les uns la font sortir des mystères de l'Égypte et de la Grèce les autres la font remonter à la fondation du temple de Jérusalem sous Salomon, et lui donnent pour instituteur Hiram, architecte de ce temple; d'autres enfin la regardent comme un reste de l'ordre des Templiers, des Francs-Juges ou de la Société des Rose-Croix. Selon une opinion plus plausible, l'institution maçonnique trouverait ses racines (lointaines) dans une confrérie ou association d'architectes et de maçons qui ne commence à être connue qu'au VIIIe siècle de notre ère; ces artistes, voyageant d'un bout de l'Europe à l'autre, auraient construit ces basiliques, ces cathédrales gothiques du Moyen âge si remarquables par leur élégance et leur uniformité. C'est en Lombardie que ces maçons exercèrent d'abord leurs talents; de là ils se répandirent dans la Gaule, pénétrèrent dans l'Allemagne à la suite de Charlemagne, et passèrent ensuite en Angleterre où ils formaient déjà au Xe siècle une puissante corporation, qui eut pour président le prince Edwin, frère du roi Athelstan; on les voit au, XIIIe siècle construire la magnifique cathédrale de Strasbourg sous la direction d'Erwin de Steinbach (1277). Ils avaient obtenu des empereurs et des papes le privilège exclusif d'exécuter certains travaux d'architecture : pour éviter toute concurrence, ils tenaient leurs procédés secrets et exigeaient un long noviciat. Avec le temps, et lorsque les procédés de l'architecture furent universellement connus, l'association maçonnique perdit son caractère primitif; un grand nombre de personnes étrangères à l'architecture y furent admises; néanmoins les instruments et les dénominations tirés de l'art de construire y furent conservés, mais ce ne furent plus que des symboles; les réunions ne conservèrent bientôt plus de l'organisation primitive que l'esprit de fraternité. C'est en Angleterre que l'on trouve les traces les plus anciennes de la franc-maçonnerie organisée à peu près comme il l'est aujourd'hui : en 1327 tous les lords étaient maçons; en 1502 Henri VII se déclara protecteur de l'ordre et tint une loge dans son propre palais. Ce n'est qu'on 1725 que cette nouvelle maçonnerie fut introduite en France; elle, le fut par lord Derwent-Waters, gentilhomme dévoué aux Stuarts. Elle ne tarda pas à se répandre elle eut pour grand maître en 1771 le duc de Chartres, par la suite duc d'Orléans); sous le premier Empire, Joseph, frère de Napoléon; sous le second, le prince Murat. Les associations maçonniques ont de tout temps alimenté les fantasmes. Dans le passé, elles ont excité la défiance des gouvernements, par la facilité qu'elles offrent aux conspirateurs de se réunir secrètement; on les a aussi regardées comme hostiles à la religion. Elles furent proscrites en 1425 par le parlement anglais, en 1561 par la reine Élisabeth; en 1757, le Châtelet de Paris procéda contre elles; elles furent également poursuivies en Espagne, en Russie; eu Italie, les papes Clément XII, Benoît XIV, Pie VII, Léon XII et Pie IX les ont condamnées. Elles ont continué à subsister partout. Devenues des laboratoires d'idées, les loges ont largement aujourd'hui perdu l'impact qu'elles ont pu avoir jadis sur la société. Ils restent des réseaux d'influence importants, mais seulement parmi d'autres (par exemple, réseaux d'anciens élèves de grandes écoles ou réseaux plus informels). Ainsi, malgré les abus auxquels le culte du secret les expose, et malgré tout l'appareil rituel un peu exotique dont ils se nourrisent, les liens maçonniques ont-ils finalement un caractère moins spécial, au fond, que celui que l'on tend d'ordinaire à leur prêter. (A19). | |