| Transposition, n. f. - Opération par laquelle une gamme, une mélodie ou un morceau de musique sont élevés ou abaissés d'un ou de plusieurs degrés dans l'échelle musicale. La transposition est nécessitée quelquefois par la tessiture d'une voix ou d'un instrument. La transposition s'effectue par un changement de ton, sans que le mode soit modifié. La transposition a lieu par écrit, par la lecture à vue, ou d'oreille. Si l'on transpose par écrit, il est nécessaire, après avoir armé la clef des signes d'altération qu'exige le nouveau ton choisi, d'inscrire les notes sur la portée en les haussant ou les abaissant de l'étendue de l'intervalle voulu. Si l'on transpose en lisant, on suppose un changement de clef et d'armure qui, en laissant chaque figure de note à la place qu'elle occupe sur la portée, lui donne une signification et un nom différents. Le chanteur ou l'instrumentiste doués d'une oreille musicale transposent d'instinct. La pratique raisonnée de la transposition écrite et de la transposition par la lecture à vue sont, indispensables au compositeur, au chef d'orchestre, à l'accompagnateur. Les méthodes populaires d'enseignement musical sont fréquemment basées sur la transposition orale. Au premier abord, dans un mode donné, majeur ou mineur, rien ne fixe la hauteur de la tonique d'un morceau. Par le changement de la tonique s'effectue la transposition. Est-il indifférent qu'un morceau soit exécuté dans le ton choisi par son auteur, ou dans un autre ton (du même mode majeur ou mineur) plus favorable à la voix ou à l'instrument qui l'exécute? C'est à quoi répondrait négativement tout musicien mis au courant de la caractéristique des tons ou qui en aurait observé les nuances. Si un instrument à sons fixes est accordé suivant le tempérament égal, tous les demi-tons, dans toute l'étendue de la gamme, ont la même valeur; tous les sons ont le même timbre; il n'y a donc aucune raison pour que des morceaux écrits en divers tons présentent des caractères différents. On ne remarque pas la diversité du caractère des tons sur l'orgue. En revanche, sur les instruments à archet, les divers caractères des tons sont nettement tranchés. La gamme d'ut majeur et sa voisine, celle de ré bémol majeur, sonnent différemment. « On peut s'assurer que cette différence ne dépend pas de la hauteur absolue, en comparant deux instruments' accordés à des hauteurs différentes », dit Helmholtz. Mais cet auteur laisse le fait sans explication. Dans la musique vocale ancienne (chant grégorien, musique vocale polyphonique), la transposition était pratiquée fréquemment, selon les nécessités de l'exécution, et sans qu'il fût besoin de l'écrire; une fois l'intonation prise sur un degré quelconque, le plus favorable, l'exécution s'ensuivait sans difficulté et sans que fût altérée la nature du mode. Au XVIIe s., l'usage de la modulation et du chromatisme ayant entraîné un fléchissement de la doctrine des modes et préparé l'abandon de l'ancienne modalité ecclésiastique, les théoriciens eurent à définir les règles de la musica ficta, ou de la transposition, par le moyen des accidents. L'enseignement de ces règles devenait indispensable pour la musique instrumentale. (Michel Brenet). | |