| Prose, n. f. - Forme de chant religieux issue de la Séquence, et qui consistait en un développement ajouté, paroles et mélodie, à la suite d'un chant. La prose était en rythme libre, à l'origine. Les plus anciennes sont celles des moines de Jumièges (première moitié du IXe siècle) et celles que Notker de Saint-Gall écrivit à leur imitation, vers 850-910; ces dernières ont formé le style notkérien. Adam de Saint-Victor, au XIIe s., s'illustra par la composition des proses et eut pour émules et successeurs plusieurs religieux du même monastère parisien, dont les oeuvres firent donner à ce genre le surnom de victorin. Leur succès fit éclore par centaines les pièces du même genre, que l'on fut, par cet « excès » même, amené à supprimer des livres liturgiques. Cinq proses seulement ont été conservées dans le Missel Romain et le Graduel Vatican Victimae paschali (XIe s.), Veni, Sancte Spiritus (XIIIe s.); Lauda Sion (XIIe-XIIIe s.); Dies irae, oeuvre de Thomas de Celano (mort en 1256); Stabat mater, dont les paroles sont de Jacopone de Todi, et qui a reçu plusieurs mélodies, dont la plus répandue, avectoutes les strophes sur le même thème, s'est établie vers la fin du XVIe s. Les proses Inviolata (XIe s.) et Ave verum (XIIIe s.) sorties depuis longtemps des livres officiels, sont demeurées un peu partout en usage. Les proses contenues dans les propres diocésains sont presque toutes modernes (XVIIIe s.) et « ordinairement d'un goût détestable » (Gastoué). Il a été longtemps de mode de « faire des gorges chaudes » à l'occasion de la « prose de l'âne », le célèbre Orientis partibus. Les écrivains qui se repassaient ces lieux communs n'avaient à peu près aucune idée du véritable texte de l'office de la Circoncision, tel que l'avait réglé Pierre de Corbeil, archevêque de Sens (mort en 1221). La publication de l'Office par Villetard en 1908, et quelques exécutions de la prose, notamment à la Sainte-Chapelle pendant le Congrès musical de 1914, ont présenté sous un jour tout autre, et qui est le vrai, cette pièce de poésie populaire chantée, du XIIIe s.; le refrain Hez, sire asne, hez! n'a rien de choquant. La prose Laetabundus fut peut-être la plus célèbre de tout le Moyen âge. Destinée à la fête de Noël et adaptée ensuite, par des modifications de textes, à une quinzaine de fêtes différentes, traduite en langue vernaculaire, transformée en cantique, travestie en chanson, elle fut extrêmement populaire en France du XIIe au XVIIe s. (Michel Brenet). | |