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Rue du Petit-Musc, à Paris (IVe'arrondissement). - Le nom d'origine de cette rue, qui va de la rue Saint-Antoine au Quai des célestins, était Pute y muce, parce qu'elle servait de repaire à des prostituées. A son extrémité, près de la Seine, était le couvent des Célestins. Ces religieux furent établis à Paris en 1352 par Garnier Marcel, parent du fameux Etienne Marcel, prévôt des marchands, qui donna aux Célestins le terrain de leur couvent, où il fut lui-même enterré. Charles V bâtit le monastère et l'église en 1366, et l'on voyait sa statue et celle de sa femme sur le portail, avec le titre de fondateurs. L'un des fils de ce roi, le duc d'Orléans, qui fut assassiné par Jean-Sans-Peur, ajouta au côté droit de cette église une vaste chapelle, où il fut enterré avec sa femme, Valentine de Milan, et deux de ses fils. Cette chapelle, avec celles de Rostaing et de Gesvres qui y furent adjointes, composait une sorte d'église annexée à la première et qui était l'un des édifices les plus curieux de Paris par la quantité de marbres funéraires, de statues, de colonnes, qu'elle renfermait. 
« Il n'y a pas de lieu dans le royaume, dit Piganiol, plus digne de la curiosité des amateurs des beaux-arts, et les chefs-d'oeuvre de sculpture y sont, pour ainsi dire, entassés. » 
En effet, on y trouvait, outre le tombeau d'Orléans, monument magnifique orné des statues des douze apôtres, les tombeaux de Renée d'Orléans-Longueville, des ducs de Brissac, de Tresmes, de Gesvres, de Sébastien Zamet, de l'amiral Henri Chabot : celui-ci avait été sculpté par Jean Cousin et Paul Ponce. Une colonne, oeuvre de Paul Ponce, supportait dans une urne le coeur de François II; une autre, oeuvre de Barthélemy Prieur, renfermait le coeur d'Anne de Montmorency; un obélisque, orné de bas-reliefs, de trophées et de statues, renfermait les coeurs des princes de Longueville-: c'était l'un des plus beaux ouvrages de François Anguier; enfin, on y trouvait le magnifique groupe des trois Grâces, chef-d'oeuvre de Germain Pilon, supportant dans une urne de bronze les coeurs de Henri II, de Charles IX et de François, duc d'Anjou. 

Outre les objets d'art contenus dans la chapelle d'Orléans, l'église renfermait encore les tombeaux de Lusignan, roi d'Arménie, de la duchesse de Bedford, fille de Jean-Sans-Peur, de la femme de Charles V, d'Antonio Perez, le favori disgracié de Philippe II, et d'une foule d'autres seigneurs et grandes dames. Enfin, le cloître, rebâti dans le XVIIe siècle, était orné d'une magnifique colonnade, de statues, de bas-reliefs, de plafonds peints, de pavés en mosaïque.
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Rue du Petit-Musc, à Paris (4e arrondissement).
La rue du Petit-Musc, à Paris.

Les Célestins furent supprimés en 1780, et l'on fit de leur maison un hôpital. En 1792, cette maison devint un magasin d'approvisionnement pour les armées; l'église fut en partie démolie; ses monuments furent dispersés ou détruits; aujourd'hui, il en reste à peine quelques pans de muraille. Son emplacement fut occupé par une vaste caserne aux airs de une citadelle. (Th. Lavallée).
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Hôtel Fieubet, à Paris (4e arrondissement).
L'Hôtel Fieubet, à l'angle de la rue du Petit-Musc et du Quai des célestins.
(© Photos : Serge Jodra, 2009).
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Dictionnaire Villes et monuments
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