| Cousin (Jean), dit le Vieux (ou le Père), un des plus grands artistes de la Renaissance française, né à Soucy, près de Sens, en 1500 ou 1501, mort à Paris vers 1590. Sa vie est mal connue : pendant très longtemps, on l'a confondu avec son fils (ci-dessous), qui portait le même prénom, et il existait aussi à la même époque qu'eux un autre Jean Cousin, qui lui était sculpteur et n'avait pas d'autre rapport avec les précédents, si bien qu'il reste bien difficile de dire aujourd'hui ce qui appartient à la biographie de l'un ou de l'autre. Autant qu'on puisse le savoir, de même que certains maîtres italiens de son temps, Jean Cousin le Vieux marqua dans toutes les branches de l'art : géomètre, peintre, graveur, dessinateur pour illustrations, sculpteur peut-être, écrivain d'art et même quelque peu architecte. Dans sa jeunesse, il exerça dans son pays les modestes fonctions de géomètre et d'expert arpenteur. Plus tard, il figure dans les comptes royaux des bâtiments à Fontainebleau (1540-1550) en qualité d'imagier à raison de 14 livres par mois. En 1563, il fut chargé d'exécuter les décorations pour lp'entrée de Charles IX à Sens. Néanmoins sa prodigieuse activité s'exerça principalement en dehors de la cour et il jouit en son temps d'une telle renommée qu'en style emphatique de l'époque on le qualifiait « en l'art de portraiture et peinture non infime à Zeusis ou Apelles ». Son grand savoir en géométrie est attesté par son Livre de perspective (Paris, 1560, gr in-fol.), composé d'après une méthode personnelle et originale. Il est orné de gravures « portraittes de sa main sur planches de bois » et taillées par l'imprimeur Jehan le Royer, où apparaît la science des raccourcis dans laquelle Jean Cousin excellait. Son Livre de pourtraicture ( Paris, 1571, in-4 obl.), qui eut un nombre considérable d'éditions et fait encore autorité en la matière, prouve combien il avait approfondi l'art de dessiner. Jean Cousin est également l'auteur de l'Eva prima Pandora, qui est à Sens. De ses autres tableaux (s'ils ne sont pas de son fils), on ne possède plus de lui que cinq portraits de membres de la famille Bovyer, où il prit l'une de ses épouses et dans laquelle il maria sa fille; celui de son petit-fils porte la date 1582. Dans toutes les oeuvres de sa main qui subsistent encore, c'est la sûreté, la force et le caractère du dessin qu'il convient de remarquer avant tout. Comme sculpteur, on lui attribue le Tombeau de l'amiral Philippe de Chabot (Musée du Louvre, provenant de l'église des Célestins); avant même que l'on sache qu'un autre Jean Cousin, sculpteur, vivait à la même époque, on avait émis doutes à l'égard de sa paternité, même si elle est attestée par Taveau, compatriote et contemporain de notre Jean Cousin, dans une histoire manuscrite de Sens, rédigée vers 1572. On lui attribue aussi le superbe monument funéraire de Louis de Brezé, mari de Diane de Poitiers (dans la cathédrale de Rouen), et il aurait aussi travaillé aux sculptures du château de Chambord. Mais Cousin fut surtout un peintre verrier. Nombre de ses oeuvres en ce genre ont péri, notamment les trois vitraux de l'église Saint-Gervais, à Paris. La Sainte-Chapelle, à Vincennes, en possède plusieurs d'une rare beauté qui pourraient être de lui; il s'en est conservé deux superbes (Vie et Martyre de saint Eutrope et la Sibylle Tiburtine) dans la cathédrale de Sens, et un non moins beau dans la chapelle du château de Fleurigny (la Sibylle Tiburtine). Comme graveur, Jean Cousin laissa plusieurs eaux-fortes, toutes signées et deux datées : l'Annonciation, Jésus descendu de la croix, la Sainte Famille (1544), la Conversion de saint Paul, Bacchus et la Vendange (1582). Ces gravures, dit G. Duplessis « donnent la mesure réelle du talent de ce maître, qui possédait à un degré fort élevé la science de la forme, le sentiment de l'élégance et de la beauté ». Léonard Gaultier et Etienne Delaune ont gravé nombre d'estampes d'après des compositions de J. Cousin. (G. Pawlowski). | |
| Cousin (Jean), dit le Jeune (ou le Fils), né en 1522 à Sens, mort en 1594, à Paris. On sait à son sujet encore moins de choses que sur son père. Les archives le montrent étudiant à l'université de Paris en 1542, et il se signala ensuite par la même activité de peintre, de graveur, d'illustrateur de livres, de sculpteur et de verrier que son père. Ses hautes qualités d'art sont résumées dans son célèbre Jugement dernier (Musée du Louvre), composition compliquée, mais remarquable de clarté, de science anatomique et de perspective. Si l'imitation de Michel-Ange y est visible, l'artiste y apporta, comme partout ailleurs, une large part d'originalité propre, puisée aux meilleures traditions de l'art national. Il se représenta lui-même sur cette toile qui est l'un des plus anciens monuments de la peinture française à l'huile. On lui attribue encore l'exécution de deux cents dessins d'un manuscrit de 1568, conservé à la bibliothèque de l'Institut; ils ont été publiés en fac-similé par L. Lalanne : le Livre de Fortune (Paris, 1883, in-4). S'il fallait s'en rapporter au témoignage de Papillon, l'historien de la gravure sur bois, presque toutes les estampes des livres imprimés à Paris sous les règnes de Henri II, François II, Charles IX et Henri III, seraient « des dessins ou de la gravure en bois » de Jean Cousin (père et fils?), et il en nomme une longue série. L'accord n'est pas encore fait entre les iconographes sur toutes les attributions de Papillon, et, à l'exception de quelques-unes, il faut s'en tenir sur une sage réserve. |