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On donne, en France, le nom d'arène à la plupart des amphithéâtres romains. Par un abus de langage on applique au tout, en le pluralisant, ce qui caractérise une partie seulement. L'espace ovale et plat où combattaient gladiateurs et bêtes féroces mérite seul l'appellation d'Arène, car c'est là que l'on avait coutume de répandre du sable, arena, pour empêcher les pieds de glisser d'abord, puis, après le combat, pour faire disparaître le sang des hommes et celui des animaux. Hors de France, nous ne connaissons aucun amphithéâtre (Le Colisée) qui soit désigné sous le nom d'Arènes. Le singulier, par exception, se trouve employé à Padoue où une place s'appelle la Piazza dell'Arena et une église voisine la Madonna dell'Arena. Mais pareille manière de parler a eu longtemps son explication dans l'absence extérieure de toute sorte de construction. On pouvait croire que l'amphithéâtre, dont le mot arena cherchait à perpétuer le souvenir, n'existait pour ainsi dire plus en dehors de la partie centrale, tant le sol était nivelé. Mais depuis que des fouilles ont montré l'erreur dans laquelle on vivait, la vieille dénomination n'a plus de sens, ce qui ne l'empêche pas de persister toujours. A Paris, le monument tout entier, aujourd'hui appelé Arènes de Lutèce, avait également disparu sous un amas de décombres qui, dans certains endroits, ne mesurait pas moins de 15 à 20 mètres d'épaisseur. Mais l'on connaissait le lieu de son emplacement grâce au nom de clos des Arènes donné, durant tout le Moyen Âge, à des terrains dépendant de l'abbaye de Saint-Victor. Aussi la découverte, faite en 1870, des vestiges de cet ancien monument n'a-t-elle étonné personne. Arènes de Lutèce, lors de leur mise au jour en 1870. A Senlis, les indications semblaient moins précises au premier abord et si, dans un texte latin, l'on n'eût trouvé fons arenarum pour désigner la fontaine dite des Reines, l'idée ne fût pas venue sans doute de fouiller les terrains avoisinants. Il est vrai que parfois, comme au village d'Areines, près de Vendôme, au lieu d'un amphithéâtre, c'est un théâtre que l'on rend à la lumière. Mais, alors, le nom s'explique par l'étendue donnée à la cavea qui décrit plus d'un demi-cercle. Dans les petites localités il fallait bien pouvoir, au besoin, remplacer les représentations plus ou moins littéraires par des exercices équestres ou des combats de gladiateurs. Or la disposition indiquée laissait toute facilité, par l'enlèvement de la scène qui était en bois, de transformer l'orchestre en une vaste arène. Les plus curieux théâtres de ce genre se voient à Naix (Meuse) et à Sanxay (Vienne). On a prétendu que les arènes de Paris avaient eu, elles aussi, une double destination. Mais cette opinion repose sur un examen superficiel des constructions mises au jour. Le théâtre dont l'existence est constatée par une série de pans de murs en demi-cercles concentriques a précédé l'amphithéâtre de plusieurs années et ses débris ont été simplement utilisés dans le nouvel édifice. Si les choses, du reste, se fussent passées autrement, les extrémités de la cavea, au lieu de se présenter obliquement, feraient face à l'arène. Loge des gladiateurs à Senlis. La forme adoptée pour les amphithéâtres prédestinait ces édifices à servir de lieux de défense en temps de troubles. On avait là des enceintes toutes trouvées et dont la force de résistance était d'autant plus grande que la série de voûtes destinées à soutenir les gradins formait un glacis continu. Dans certaines villes, comme à Arles par exemple, l'occupation avait pris un caractère permanent. Plus de deux cents familles vivaient à l'intérieur du vieux monument qui, grâce à la construction de hautes tours sur la dernière précinction, présentait la physionomie la plus pittoresque et s'appelait le Château des Arènes. C'est seulement en 1825 que l'on songea à prendre des mesures pour faire disparaître tout ce que les siècles avaient entassé et l'opération ne dura pas moins de six ans. Les arènes d'Arles. Le plus grand amphithéâtre des Gaules se voyait à Poitiers (142 mètres sur 123); il a été malheureusement détruit en 1853 pour faire place à un marché couvert. Puis venaient, dans un ordre que nous avons lieu de croire régulier, ceux d'Arles (140 m sur 103); de Tours (135 m sur 120); de Nîmes (133 m sur 104); de Saintes (132 m sur 106). A Bordeaux nous trouverions probablement des dimensions à peu près égales avec le prétendu Palais Gallien. Mais Fréjus n'a plus que 113 m sur 82 et Cimiez (Alpes-Maritimes) descend jusqu'à 65 m sur 54. Dans l'intervalle figurent Limoges, Cahors, Angers, Soissons, Paris, Sens, Béziers, Périgueux, Autun, Meaux, Senlis et Chenevière (Loiret). Plan des Arènes de Nîmes. Les particularités les plus intéressantes se rencontrent non dans les grands amphithéâtres, mais dans les petits. C'est ainsi qu'à Senlis, à chaque extrémité du petit axe, se voit une pièce carrée où, avant de se produire sur l'arène, les gladiateurs venaient faire tous leurs préparatifs. L'une d'elles possède même dans ses parois une série de niches qui, évidemment, étaient destinées non à contenir, comme on l'a cru, des statues pieuses, mais des huiles et des onguents. En second lieu les bêtes, que l'on amenait sans doute peu de temps avant le spectacle, étaient gardées dans des loges ménagées sous les premiers gradins et communiquant, d'un côté, avec l'arène et, de l'autre, avec le vomitoire voisin. Du reste comme le monument, au lieu d'émerger au-dessus du sol, était creusé dans le coteau, il fallait bien, si l'on ne voulait être entraîné dans de trop grandes dépenses, s'ingénier à trouver des dispositions nouvelles. Au point de vue de la conservation, si Nîmes tient le premier rang, Arles l'emporte assurément pour la beauté de l'ordonnance et la parfaite exécution. Dans ce dernier amphithéâtre rien n'est admirable surtout comme la galerie de pourtour où l'architecte a habilement remplacé l'habituelle voûte d'arêtes et les arcs-doubleaux multipliés par un plafond formé de larges dalles qui se prolonge indéfiniment. Nous sommes là en présence d'une influence grecque bien déterminée, et il n'y a pas lieu d'en être surpris, vu le pays où elle se produit. Tous les amphithéâtres ne sont pas, comme ceux d'Arles et de Nîmes, bâtis en pierres de grand appareil et faits pour présenter, de quelque côté qu'on les aperçoive, l'apparence d'un monument plein d'ampleur et de majesté. La plupart du temps, afin de diminuer les frais de construction, on a, du moins pour une partie importante, utilisé, comme à Paris, la déclivité du sol. Saintes et Trèves occupent même le fond d'un vallon et, sauf aux deux extrémités du grand axe, il n'y a pas trace d'enceinte. Naturellement le petit appareil, est seul employé, quand on ne se sert pas de la brique pour dérober aux regards un noyau de moellons noyés dans du ciment. Notre intention n'est pas de revenir sur les dispositions générales qui ont été expliquées à l'article Amphithéâtre. Sur un seul point peut-être il y aurait à ajouter, et ce sont les arènes de Paris qui en fournissent l'occasion. Là, en effet, les fouilles de 1870 ont montré qu'en avant du podium régnait, comme dans les cirques (plazas de toros, en espagnol, dites aussi arènes en France) où sont donnés des spectacles de taureaux une barrière en planches, très propre à ménager un refuge en cas de danger pressant. Un dallage circulaire dans lequel se voient des feuillures et des trous de scellements ne laisse aucun doute à cet égard. Les jeux de l'amphithéâtre ne disparurent pas avec les Romains. Grégoire de Tours, au contraire, nous apprend qu'ils étaient encore en vigueur sous les Mérovingiens, et l'un des premiers soins de Chilpéric, en montant sur le trône (561), fut de faire restaurer les arènes de Paris et celles de Soissons (Histoire, I. V, C. XVIII). Mais nous nous refusons à voir dans la carrière du petit village de Douces, près de Doué (Maine-et-Loire), un monument analogue aux précédents. Aucun des aménagements nécessaires aux combats d'hommes on d'animaux n'existait en cet endroit. (L. Palustre). |
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