| Aqaba ou Akaba (Kalaat-el) est une ville de 100 000 habitants située en Jordanie, à la limite du Hedjaz et du Sinaï, au fond d'un petit golfe que la mer Rouge et auquel elle donne son nom. Petit port, devenu station balnéaire, mais qui a longtemps dépendu de l'Égypte et était le rendez-vous des Musulmans de l'Afrique orientale qui entreprennent le pèlerinage de la Mecque. Le nom de Aïla ou Elath qu'on lui a aussi donné se retrouve aujourd'hui dans celui de la ville d'Eilat (55000 habitants) en Israël, qui lui est adjacente de l'autre côté de la frontière. Le golfe d'Aqaba. Le golfe d'Aqaba, qui s'appelait dans l'Antiquité golfe Aelanitique (sinus Aelaniticus), sépare la presqu'île du Sinaï à l'Ouest, de la côte de l'Arabie à l'Est. Sa longueur est d'environ 154 km et sa largeur varie de 10 à 22 km. Par son orientation, l'importance du golfe d'Aqaba est presque entièrement subordonnée à celle du pays d'Arabah; mais la navigation n'y est possible qu'aux mois d'avril et de mai ; pendant le reste de l'année, elle est rendue difficile par la violence des vents du Nord-Nord-Est. Ce golfe prolonge vers le Nord la mer Rouge; la dépression se continue par le pays d'Arabah et au delà par la mer Morte et la profonde vallée du Jourdain. Burckhardt avait supposé que c'était par le golfe d'Aqaba que s'écoulaient autrefois les eaux de la mer Morte vers la mer Rouge; mais Heinrich Schubert, qui a reconnu l'Arabah en 1836, a constaté que le sol se relevait pour former une crête de partage, d'où les eaux du versant septentrional coulaient en hiver non pas vers le golfe d'Aqaba, mais vers le lac Asphaltique. Le golfe d'Aqaba est profond (plus de à 550 m). Son entrée est commandée par un certain nombre d'îles entourées de coraux, dont la plus importante est la montagneuse Tiran : si elles venaient à se réunir, au-dessus du niveau de la mer, à la côte du Sinaï et au Râs Fartak qu'elles continuent sous les eaux, le golfe d'Aqaba deviendrait une véritable mer Morte; ses bords, dominés par de hautes montagnes, présentent partout l'image d'une solitude morte, stérile; c'est à peine si quelques lits fluviaux comme l'oued-al-Aïn, l'oued-Nasb à l'Ouest, viennent aboutir dans son bassin; aucune population, si ce n'est dans quelques localités insignifiantes comme Dahab à l'Ouest, Charm Dabbah et Makna à l'Est, Aqaba et son château fortifié au Nord. Il y a trois mille ans, le golfe était sillonné par les vaisseaux marchands; on trouvait à l'Ouest Dizeheb, au Nord Eziongabar et Elath qui étaient rattachées à Petra par des voies fréquentées, et c'est dans ces villes que, selon la Bible, les matelots phéniciens apportaient à Salomon les richesses de l'Inde ou du pays d'Ophir. Ses bords avaient à cette époque une certaine importance stratégique; la ville d'Elath (Eilath) fut souvent assiégée; elle fut prise successivement par Joab, Azariah et Retzîn. (G. Cardon). | |