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A l'origine, la
langue
d'oc est une des langues
romanes (ou néo-latines) formée par l'évolution du latin
parlé du Sud de la Loire aux Pyrénées. On la distingue de la langue
d'oïl, parlée au Nord de la Loire, ainsi que de l'espagnol,
de l'italien et du portugais,
désignés sous le nom de langues de si, distinction tirée des particules
oc,
oïl (oui), si, par lesquelles les Français du nord et du
midi, les Espagnols, les Italiens et les Portugais font une réponse affirmative.
La particule oc est le neutre de l'adjectif latin hic, hoec,
hoc, qui signifie "cela," comme le si des Espagnols et des Italiens
est l'adverbe latin sic, qui signifie "ainsi."
Bien des auteurs on prétendu que la langue
d'oc provint de la corruption du latin amenée par la conquête germanique
: c'est une erreur. Elle est bien un latin décomposé; mais cette décomposition
remonte jusqu'au temps de la conquête de Jules César, où le latin fut
introduit dans la Gaule. Les peuples de cette contrée, amenés par la
politique de Rome à adopter le latin, y transportèrent la structure de
la langue celtique, parlèrent et écrivirent la nouvelle langue selon
cette base. Les gens instruits purent parler un latin correct; mais la
masse de la population dut insensiblement créer un idiome qui, dans le
midi de la Gaule, ne devait pas beaucoup différer de la langue d'oc. La
langue d'oc a dû garder des traces des langues divers parlés en Gaule
au moment de la conquête romaine. Outre le latin, qui devint la principale
langue, on y parlait, au Ve siècle, le
celte, le grec et l'ibérien, qui n'est autre que le basque. On retrouve
dans la langue d'oc des échantillons nombreux de ces langues, auxquels
s'ajoutèrent, mais en petit nombre, certains vocables germaniques.
La langue d'oc a été quelquefois exclusivement
désignée par le nom de langue romane ou de langue provençale; c'est,
en effet, les termes par lequel les troubadours nommaient toujours leur
propre langue. II est certain que les pays de langue d'oc furent ceux qui
perdirent les derniers les traditions romaines; d'où vient que la renaissance
de la poésie eut lieu dans leurs limites. Toutefois, ces appelations ne
sont plus utilisées; car le dialecte du nord, qui est devenu le français,
est une langue tout aussi romane, c.-à -d. tout aussi formée du latin,
langue des Romains, que le dialecte du midi. Le terme de langues romanes
s'applique donc aujourd'hui à toutes les langues qui sont dans ce cas.
Par ailleurs, la langue d'oc s'est diversifiée au fil du temps pour donner
naissance à ce qu'on appelera l'occitan ou les langues d'oc
au pluriel.
L'occitan comprend ainsi plusieurs dialectes
et sous-dialectes, souvent regroupés en différentes subdivisions régionales.
Voici un tableau simplifié des principales subdivisions de l'occitan :
Subdivision
|
Région
|
Caractéristiques
|
Languedocien |
Languedoc
(Occitanie) |
Influence
du latin vulgaire, système vocalique distinctif |
Provençal |
Provence
(Sud-Est de la France) |
Richesse
littéraire, influence italienne, accents particuliers |
Gascon |
Gascogne
(Sud-Ouest de la France) |
Système
vocalique unique, influence basque, distinction phonologique entre /s/
et /ʃ/ (ch) |
Limousin |
Limousin
(Nouvelle-Aquitaine) |
Conservation
de certaines caractéristiques médiévales, subtilités phonologiques |
Auvergnat |
Auvergne
(Auvergne-Rhône-Alpes) |
Influence
du franco-provençal, conservation de traits anciens |
Vivaro-alpin |
Vivarais
et Alpes (Sud-Est) |
Influence
de l'occitan médiéval, certains traits distincts |
Languedocien
rhodanien |
Rhône
(Occitanie, Auvergne-Rhône-Alpes) |
Fusion
de traits languedociens et rhodaniens, proximité avec le franco-provençal |
Quoique plus analytiques que le latin,
puisqu'elles possèdent l'article et les verbes auxiliaires, les langues
d'oc que l'on vient de citer présentent moins de caractère que le français,
et se rapprochent beaucoup plus, en général, du latin. Ainsi, elles supprime
le pronom dans la conjugaison, et désignent les personnes par des flexions
particulières. Leurs locutions sont, en général, moins chargées de
mots, plus concises que celles du français; ce qui explique la volubilité
qu'apportent les méridionaux dans la prononciation de la langue française.
(E. B.).
Au Moyen Âge, l'occitan
était une langue littéraire prestigieuse et largement utilisée dans
la poésie, la chanson, la prose et d'autres formes de littérature. Des
troubadours, comme les célèbres troubadours occitans, ont contribué
à la richesse culturelle de la langue en composant des poèmes et des
chansons. Au fil du temps, en particulier à partir du XIVe
siècle, avec l'essor du français comme langue de l'administration et
de la cour royale, l'occitan a progressivement perdu de son prestige et
de son utilisation. Cependant, il existe aujourd'hui des efforts de revitalisation
de la langue, avec des initiatives visant à promouvoir son apprentissage,
sa présence dans les médias et sa reconnaissance institutionnelle. |
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