| L'île d'Egine occupe une placé importante dans l'histoire des beaux-arts de l'ancienne Grèce. Dès la plus haute antiquité, Smilis y fonda une école de sculpture : Pausanias cite de cet artiste un grand nombre d'ouvrages en bois, entre autres, une statue d'Héra dans le temple de cette déesse à Samos, des statues des Saisons dans le temple d'Héra à Élis, une statue d'Artémis en bois d'ébène dans un temple de Tégée. Il nous a conservé les noms d'une foule d'autres sculpteurs éginètes : Callon, auteur de la statue d'Athéna dans la citadelle de Trézène, contemporain de la bataille de Marathon selon Pline, de celle d'Aegos-Potamos selon Quintilien; Myron, à qui l'on devait la statue d'Hécate dans le temple de cette déesse à Égine; Glaucias, qui fit des statues d'athlètes vainqueurs; Théopropos, dont on voyait un taureau de bronze dans le temple de Delphes; Onatas, à la fois peintre, statuaire et fondeur, le plus illustre représentant de l'art éginétique, et de fort peu antérieur à Phidias. Jusqu'au Ve siècle avant l'ère chrétienne, l'art éginétique porta l'empreinte du style primitif, reconnaissable à la raideur des attitudes et au défaut de mouvement. Pausanias le distingue de l'ancien style attique et du style égyptien : mais comment le définir et le caractériser? Les archéologues n'avaient pu résoudre cette question, faute de données suffisantes, de monuments authentiques et complets, et Quatremère de Quincy avait conjecturé que le style d'Égine était identique au style étrusque, lorsqu'en 1811, Cockerell et Forster, Linck et le baron Haller fouillèrent les ruines du temple de Zeus Panhellénien dans le Nord-Est de l'île, et découvrirent des statues qui en avaient orné les frontons, et auxquelles on a donné le nom de Marbres d'Egine. Ces statues, restaurées par Thorwaldsen, achetées 10 000 ducats par le roi Louis de Bavière, ornent aujourd'hui la glyptothèque de Munich; on en voit des plâtres au musée du Louvre. Elles paraissent avoir représenté le combat des Grecs et des Troyens autour du corps de Patrocle. Quand on les découvrit, elles portaient encore des traces de peintures. Les marbres d'Égine ont éclairé d'un jour nouveau l'histoire de l'art : les archéologues admettent que le style éginétique, conservant un type hiératique et traditionnel pour les têtes, les cheveux, la barbe et les vêtements, suivit le progrès dans l'exécution des autres parties de la statuaire, en sorte qu'il réunissait dans une même oeuvre l'imperfection et la perfection de l'art, l'immobilité conventionnelle de la physionomie, et l'aisance, le naturel; la vigueur des attitudes. (B).
| En bibliothèque. - Wagner, Jugement sur les statues d'Égine, 1817 ; H. Fortoul, Études sur les marbres d'Egine, dans ses Études d'archéologie et d'histoire, 1854, 2 vol. in-8°. | | |