| Vittore, surnommé Pisano, ou Pisanello, est peintre et médailleur italien, né à Vérone vers 1380, mort à Rome vers 1455. L'on ne saurait établir d'une façon précise les origines du talent de cet artiste; toutefois, il convient de tenir compte de l'opinion de Crowe et Cavalcaselle, d'après laquelle Lorenzo Monaco, Pietro de Montepulciano, puis Gentile da Fabriano et, très incidemment, Donatello, auraient exercé quelque ascendant sur la manière du peintre véronais. Réaliste sans exagération, ou, pour mieux dire, naturaliste, dans la meilleure acception du terme, Pisanello se distingua par la vivacité de ses conceptions primesautières, l'agrément des détails, l'esprit et la hardiesse dans la composition, un dessin très serré, une facture sobre et solide. Doué du sens particulier de l'observation, il nous a laissé dans ses tableaux les enseignements les plus curieux au point de vue du costume de l'époque. Au début de sa carrière, il s'appliqua à l'étude de l'Antiquité, subit ensuite quelque peu l'influence des peintres flamands, mais, malgré tout, foncièrement indépendant, il ne prit de l'antique autre chose que des documents, et conserva sa personnalité propre dans l'école du pittoresque. - Princesse d'Este, par Pisanello (ca. 1440). Pisanello eut une existence assez heureuse et conquit, de son vivant, une réputation brillante. Il fréquenta successivement les cours de Milan, Ferrare, Mantoue, Rome, Naples. En 1422, il reçut pour mission de continuer, au Palais Ducal, à Venise, l'oeuvre de décoration commencée par Gentile da Fabriano. En 1431, il travailla sur l'ordre du pape Eugène IV, à la basilique de Latran. En 1435, il résida près de Lionel d'Este et exécuta pour celui-ci un portrait de Jules César; il fit un nouveau séjour à Ferrare en 1441. Des nombreuses fresques de Pisanello, celles de Vérone, seules, subsistent encore. Dans cette ville, on peut voir à l'église San Fermo - au tombeau de Brenzoni - une Annonciation du maître; à Santa Anastasia, sur la façade de la chapelle des Pellegrini, Saint Georges tuant le dragon, figure pleine d'expression dans un paysage intéressant. A Milan, on lui attribue quelques fresques découvertes en 1868 et représentant les Evangélistes, avec des saints ou saintes. Parmi les tableaux de chevalet dus au pinceau de Vittore Pisano, il faut citer : au musée de Berlin, une Adoration des Mages; à la Galerie nationale, à Londres, Saint Antoine et saint Georges; Saint Hubert; une Vierge à l'Enfant, au musée de Vérone, d'une authenticité contestable, et dans la collection Morelli, à Bergame, un beau portrait de Lionel d'Este; au Louvre, le portrait d'une Princesse d'Este. Pisanello a laissé, en outre, une quantité de dessins; le cabinet des estampes de Berlin, l'Ambrosienne de Milan, et plusieurs collections particulières en ont recueilli des lots importants, mais la plus belle série appartient au musée du Louvre (recueil Vallardi). Les tableaux, les médailles, les dessins de Pisanello nous révèlent son talent très remarquable d'animalier. Peintre d'un réel mérite, c'est néanmoins dans l'art du médailleur retrouvé et rénové par lui que cet artiste acquit sa gloire la plus populaire. Ses médailles sont des chefs-d'oeuvre de netteté, de concision, d'élégance, dont la facture hardie n'a pas été surpassée. Il exécuta ses principaux médaillons de 1438 à 1449. Les plus célèbres sont ceux qui représentent le duc Philippe-Marie Visconti, les marquis Lionel et Nicolas d'Este, Louis de Gonzague, le roi Alphonse V d'Aragon, les Malatesta, Nicolas Piccinino, Decembrio, Victorinda Feltre, Aurispa, et enfin le profil spirituel et plein de bonhomie de l'éminent artiste lui-même. (P. de Corlay). | |