|
. |
|
La découverte du monde > Le ciel > Jupiter |
La planète et son atmosphère |
Aperçu |
Jupiter
est de toutes les planètes
observables au télescope celle qui dévoile le plus volontiers
la complexité de son atmosphère
nuageuse divisée en larges bandes colorées parallèles
à l'équateur. Dès le XVIIe
siècle,
de nombreux observateurs, à l'instar de Cassini,
le découvreur de la Grande tache rouge, en ont étudié
assidûment les détails, et les variations (elle a parfois
quasiment disparu comme en 1882,
avant de réapparaître identique à elle-même).
D'autres taches, moins importantes, éphémères, ont
également été signalées au fil du temps. De
quoi mieux apprécier la période de rotation
de la planète, variable selon la latitude,
et les autres caractéristiques de la circulation atmosphérique.
Le recours à la spectroscopie à partir de la seconde moitié du XIXe siècle, inauguré par Huggins et Vogel, mettra ensuite les astronomes sur la piste de la composition chimique de cette atmosphère, dont on va peu à peu comprendre, qu'elle constitue l'essentiel de la planète. Dates clés : |
|
Jalons |
Les
taches et la rotation de la planète
La première série d'observations a été commencée par J. D. Cassini au mois de juillet 1665. La tache observée par cet astronome était foncée (la couleur rouge ne lui sera attribuée qu'en 1872, après que lord Rosse l'ait étudiée à l'aide d'une télescope très puissant) et paraissait adhérente à la bande méridionale; elle lui donna pour la durée de rotation : 9 h 56 min. Plus tard, en 1672, des observations analogues faites sur une tache que cet astronome crut identique avec celle qu'il avait observée en Italie, lui donnèrent 9 h 55 m 51 s. En reprenant cette recherche en 1677, il arriva à une rotation de 9 h 55 m 20 s. Mais un si bel accord s'évanouit en 1690. Ayant alors observé une tache qui paraissait adhérente à la bande méridionale voisine du centre, il trouva 9 h 51 m. Ce résultat, si différent des premiers, fut confirmé en 1691 par l'observation de deux taches brillantes placées sur la bande obscure la plus voisine du centre vers le nord, et aussi par une tache obscure placée entre les deux bandes centrales. En 1692, d'autres taches ne donnèrent même que 9 h 50 min. Les différences
considérables de ces divers résultats avaient déjà
conduit à supposer que les taches sont des nuages nageant dans une
atmosphère très agitée, et qu'elles ont un mouvement
d'autant plus rapide qu'elles occupent une position plus voisine du centre
du disque de la planète. Ainsi, disait déjà Fontenelle,
on pourrait comparer les mouvements de ces taches à celui des courants
qui soufflent près de l'équateur terrestre.
Viennent ensuite les observations de Beer et Maedler, en 1834. Ces astronomes se sont trouvés dans le même cas que tous ceux qui ont observé avant eux : les taches qu'ils ont suivies ne sont pas des régions fixes, mais, selon toute apparence, des produits atmosphériques analogues aux nuages. Leur grandeur proportionnelle, leur intensité et leur stabilité les distinguent, il est vrai, d'une manière essentielle des nuages de la Terre; mais l'année de Jupiter, plus longue que la nôtre, la faible variation des saisons, et l'atmosphère plus dense, de cette planète, expliquent parfaitement ces différences, d'autant plus que l'intensité de la pesanteur doit apporter un obstacle considérable à tout mouvement atmosphérique. Néanmoins, quoique les taches ne soient pas fixes, elles peuvent servir à indiquer approximativement le mouvement de rotation. En combinant toue les aspects observés, ces deux astronomes ont conclu que la valeur moyenne des rotations ainsi déterminées est de 9 h 55 mn 26 s. La même année,
Airy,
à Greenwich, déduisit une période de 9h 55 mn 24 s.
Bessel fit également quelques observations
sur les passages de ces taches par le centre apparent, et trouva un temps
de rotation assez rapproché du précédent.
Pendant les années 1873, 1874, 1875 et 1876, Flammarion signale qu'il a assidûment observé Jupiter en ces quatre périodes successives d'opposition, et en a pris chaque année une trentaine de dessins. Il en conclura qu'il est impossible d'expliquer les mouvements des taches, si l'on suppose une rotation uniforme. D'après les irrégularités des bandes, il trouve pour la rotation : à l'équateur, 9h 54 mn 30s, et vers 35° de latitude, 9 h 55 mn 45 s, et, de plus, un mouvement propre de plusieurs taches blanches indépendant du mouvement de rotation, tantôt plus rapide, tantôt moins; ce qui montre que ce sont là des nuages supérieurs poussés tantôt par un vent d'ouest et tantôt par un vent d'est. Trois années consécutives de mesures donnèrent 9 h 55 mn 35 s à March, de 1878 à 1881 et 9 h 55 mn 35 s, à Hough pour la même époque. En 1879, Pratt et Brewin trouvèrent 9h 55 mn 34s, et en 1880, Cruls 9h 55 mn 36 s.
D'après toutes ces comparaisons, les astronomes de la fin du XIXe siècle concluent que la durée de la rotation de l'atmosphère de Jupiter est de 9 heures 55 minutes 35 secondes vers le 25° degré de latitude; mais qu'elle est plus rapide à l'équateur. C'est aussi ce qui arrive pour le Soleil, dont la durée de rotation est de 24 jours 22 heures 11 minutes à l'équateur, de 25 jours 17 heures 8 minutes à 20° de latitude boréale, et de 27 jours 10 heures 41 minutes à 60°. Quant au globe de Jupiter lui-même, que l'on croit encore exister à une profondeur relativement faible sous l'atmosphère, on se contente de noter qu'il il doit tourner plus vite encore. |
|
Études
spectroscopiques
Dans ses premières recherches sur le spectre de cette planète, Huggins avait déjà remarqué en 1864, et encore en 1866 qu'il y a dans ce spectre "des raies prouvant l'existence d'une atmosphère absorbante. Une bande foncée, ajoutait-il, correspond à quelques raies atmosphériques terrestres, et indique probablement la présence de vapeurs semblables à celles de notre atmosphère. Une autre bande n'a pas sa correspondante parmi les raies d'absorption de notre atmosphère, et elle révèle la présence de certains gaz ou vapeurs n'existant pas dans l'atmosphère terrestre."Un examen plus minutieux a été fait à cet égard par Vogel. Ses dernières recherches prouvent que la plupart des raies du spectre de Jupiter (et elles sont nombreuses) coïncident avec celles du spectre solaire. Une différence digne d'attention, cependant, se fait remarquer par la présence de certaines bandes obscures dans la portion la moins réfrangible, surtout dans le rouge. Les autres raies étrangères au spectre solaire coïncident avec des raies telluriques. En 1931, Widt montrera que les bandes présentes dans le spectre de Jupiter que ses prédécesseurs n'avaient pu identifier devaient en fait être attribuées à la présence de molécules de méthane et d'ammoniac. |
. |
|
|
||||||||
|