| Enfin, le mardi 20 février 1431, Jeanne d'Arc fut citée pour le lendemain à comparaître devant ses juges. « Nous, évêque de Beauvais, après enquête attentive et délibération préalable d'hommes compétents, nous avons décrété que Jeanne devait être appelée, citée et entendue sur les articles concernant la foi qui seront dressés contre elle et au sujet desquels on lui fera subir un interrogoire. » Jeanne répondit à cette citation qu'elle comparaîtrait volontiers, mais demanda qu'on adjoignît à ses juges des hommes d'Eglise du parti de la France en nombre égal à ceux du parti d'Angleterre, et supplia qu'on lui permît, avant sa comparution, d'entendre la messe; à ces deux souhaits de Jeanne on refusa inexorablement satisfaction, « vu l'inconvenance de l'habit qu'elle persévérait à porter ». Le 21 février 1431, à huit heures du matin, eut lieu le premier interrogatoire public, dans la chapelle royale du château de Rouen. A côté de l'évêque de Beauvais siégeaient ce jour-là 43 assesseurs : le nombre de ceux-ci, durant les six interrogatoires publics, varia de quarante à soixante. A côté de l'évêque, Pierre Cauchon, on remarquait Jean Lemaître, prieur d'un couvent de dominicains, chargé par l'Inquisition de la représenter au procès; Jean d'Estivet, dit Benedicite, chanoine de Bayeux et de Beauvais; Jean de la Fontaine, le conseiller instructeur du procès; Guillaume Manchon, Guillaume Colles et Nicolas Taquet, notaires de Rouen et greffiers durant ces audiences; les six représentants de l'Université de Paris, Jean Beaupère, ancien recteur de l'Université, chanoine de Paris et de Besançon; Thomas de Courcelles, recteur émérite, chanoine d'Amiens et de Laon; Gérard Feuillet, docteur en théologie; Nicolas Midi, prédicateur renommé; Pierre Morice, ancien recteur, chanoine de Rouen; Jacques de Touraine, frère mineur et docteur en théologie. Citons encore Nicolas Loiseleur, chanoine de Rouen, créature de Cauchon, un des plus acharnés contre Jeanne, et les chanoines de Rouen, Raoul Roussel de Vernon, Jean Alépée, Raoul Auguy, Jean Basset, Guillaume de Baudribosc, Jean Brulloi, colas Caval, et dix-sept autres, trois prieurs, Pierre de la Cricque, Guillaume Laboure, Pierre Migiet, onze seigneurs abbés, Gilles Duremort, Guillaume Bonnel, G. de Conti, Jean Dacier, Thomas Frique, Robert Jolivet, Jean Labbé, Nicolas Leroux, Guillaume du Mesle, Jean Moret et G. Theroude; enfin, une soixantaine d'assesseurs ou de consulteurs bacheliers, licenciés ou docteurs. Il y eut six interrogatoires publics, le 21 février, le 22, le 24, le 27, le jeudi 1er mars et le samedi 3. Puis vinrent neuf interrogatoires dans la prison, les trois premiers (samedi 10 mars et lundi 12 dans la matinée et l'après-midi) au nom de l'évêque de Beauvais auquel fut adjoint comme juge le vice-inquisiteur, Jean Lemaître, pour les six derniers interrogatoires (le 13 mars, le 14 matin et après-midi, le 15 et le 17, deux durant ce dernier jour). -- Jeanne d'Arc interrogée dans sa prison par le cardinal de Westminster, par Paul Delaroche (1823). A ces interrogatoires assistaient des assesseurs et des témoins, quatre ou cinq d'ordinaire; comme assesseurs, les universitaires Nicolas Midi et Gérard Feuillet; comme témoins, Isambard de la Pierre, le notaire apostolique Nicolas de Hubent et plusieurs autres qui figurent dans quelques-unes des séances. Nous regrettons de ne pouvoir étudier en détail ces longues séances durant lesquelles cette Jeanne, seule, sans conseil et sans avocat, sut tenir tête à ces juges acharnés contre elle. On la requiert, presque à chaque séance, de jurer; les mains sur les Evangiles, qu'elle dira la vérité sur les questions qu'on lui adressera; mais elle fait ses réserves : « Pour les révélations qui me sant venues de la part de Dieu, je n'en ai oncques rien dit ni confié à personne, sinon à Charles, mon roi, et je n'en parlerai pas, dut-on me couper la tête parce que mon conseil secret - j'entends mes visions - m'a défendu d'en rien confier à personne. » Interrogée sur son enfance, elle répond simplement et naïvement, parle de ses parents, de ses compagnes, de tout ce qui entourait dans son village, l'arbre des Fées, le bois chenu. Nous avons déjà eu l'occasion de citer ses réponses, quand les juges la questionnent au sujet de ses visions, et comme elle se lève indignée quand on lui demande si sainte Marguerite ne parlait pas anglais : « Comment parlerait-elle anglais, puisqu'elle n'est pas du parti des Anglais? » Mais c'est en vain qu'on la presse pour lui faire avouer soit ce que lui a dit saint Michel soit ce qu'elle-même a révélé au roi. « Vous n'aurez pas cela de moi; je n'ai pas congé de vous l'apprendre. » Et elle renvoie ses accusateurs aux interrogations qu'elle a subies à Poitiers : « Je voudrais bien que vous eussiez une copie du livre qui est dans cette ville, pourvu que Dieu en fût content. » Dans tous ses actes d'ailleurs, c'est la volonté de Dieu qui l'a guidée. « Aviez-vous congé de Dieu pour venir en France? lui demande-t-on. - J'aimerais mieux être tirée à quatre chevaux que d'être venue en France sans congé de Bien. » Mais le dessein prémédité du tribunal était d'abuser de son ignorance pour La prendre au piège de ses propres paroles, et voici le sommaire en douze articles qu'on arriva à extraire des dires de l'accusée et qu'on transmit, le 5 avril aux « docteurs et autres gens experts en droit divin et humain, afin d'avoir d'eux conseil, pour le bien de la foi sur les assertions qu'on leur aura soumises » : 1e Cette femme dit et affirme avoir vu des yeux de son corps saint Michel et saint Gabriel lui apparaissant sous forme corporelle. Chaque jour, elle voit sainte Catherine et sainte Marguerite qu'elle est arrivée à baiser et à embrasser, en les touchant de manière sensible et corporelle. De leurs vêtements ou de leurs personnes, sauf de la tête, elle n'a rien voulu dire. En outre, ces saintes ont commandé à cette même femme, sur l'ordre de Dieu, de prendre un habit d'homme qu'elle s'est obstinée à porter au prix de la privation de la messe et de la communion eucharistique, au temps où l'Eglise fait une obligation de recevoir ce sacrement. De plus ces saintes ont poussé Jeanne à partir de la maison paternelle vers l'âge de dix-sept ans. Et Jeanne a encore refusé de soumettre à l'Eglise militante sa personne, ses faits et ses dits, ne voulant s'en rapporter qu'au seul jugement de Dieu. - La sacrée faculté de théologie et l'Université de Paris consultée sur ce sommaire en douze articles, « déclare doctrinalement qu'il n'y a là que mensonges imaginés à plaisir, également séducteurs et pernicieux; ou que lesdites superstitions et révélations sont superstitieuses, procédant des esprits malins et diaboliques, Belial, Satan et Béhémoth. 2e art. : La même femme dit que le signe qui détermina le prince Charles à croire en ses révélations fut que saint Michel vint à lui, accompagné d'anges et des saintes Catherine et Marguerite, et remit au prince une couronne de l'or le plus pur, en lui faisant la révérence. « Tout cela, bien loin de paraître vrai, n'est que mensonge présomptueux, séducteur, pernicieux, attentatoire à la dignité des anges », dit la faculté de théologie. 3e art. La même Jeanne reconnaît saint Michel et les saints qui lui donnent bon conseil et se nomment à elle. « Cette femme croit légèrement et affirme témérairement. » 4e art. Elle affirme, pour des choses purement contingentes, qu'elle a la certitude que ces choses arriveront, comme elle est sûre de celles qu'elle voit se passer sous ses yeux. Ainsi elle sait quelle sera délivrée de prison; ainsi par révélation elle a reconnu certains hommes qu'elle n'avait jamais vus et fait découvrir une épée dans la terre. « Tout cela est pure superstition, divination, assertion présomptueuse, vaine jactance. » 5e art. Elle dit et affirme qu'elle porte l'habit d'homme par l'ordre de Dieu; elle a reçu plusieurs fois l'Eucharistie sous cet habit. Elle ajoute que pour rien au monde elle ne ferait serment de ne pas porter l'habit d'homme. «-Cette femme se montre blasphématrice envers Dieu, prévaricatrice de la loi divine, imitatrice d'usages païens, suspecte d'idolatrie, ainsi que d'exécration de soi et de ses vêtements. » 6e art. Elle avoue avoir fait écrire beaucoup de lettres sur lesquelles étaient apposés ces noms Jhésus Maria, avec le signe de la croix, qui parfois signifiait qu'elle ne voulait pas qu'on fit ce que, dans sa lettre même, elle ordonnait de faire. Elle a promis de faire tuer, au nom de Dieu, ceux qui n'obéiraient pas à ses lettres. « Cette femme se montre perfide, cruelle, altérée de sang humain, blasphématrice de Dieu dans les ordres qu'elle lui attribue. » 7e art. A dix-sept ans elle alla trouver un écuyer qu'elle n'avait jamais vu, fuyant ses parents fous de douleur; l'écuyer lui donna un habit d'homme, une épée, et l'envoya au prince à qui elle promit de vaincre les ennemis, agissant par révélation et sur l'ordre de Dieu. « Elle est impie envers ses parents, scandaleuse, errante en la foi, présomptueuse en ses promesses. » 8e art. Sans y être contrainte et malgré la défense des saintes Marguerite et Catherine, elle s'est précipitée du haut d'une tour très élevée, ne pouvant, dit-elle, s'empêcher elle-même de se précipiter. Elle a péché, mais déclare que le péché lui a été remis. « Cela prouve une pusillanimité touchant au désespoir et au suicide ; il y a là encore une grave erreur sur le libre-arbitre. » 9e art. Des saintes lui ont promis le paradis si elle restait vierge. « C'est là une assertion présomptueuse et un mensonge pernicieux. » 10e art. Cette femme affirme que Dieu aime le roi de France plus encore qu'il n'aime Jeanne, sainte Catherine et sainte Marguerite le lui ont avoué, parlant en français et non en anglais, car elles ne sont pas du parti des Anglais. « C'est là une assertion présomptueuse et téméraire, divination superstitieuse, blasphème envers les saintes. » 11e art. Cette femme salue les voix et esprits qu'elle nomme Gabriel, Michel, Catherine, etc., elle baise le sol où ils marchent, elle obéit à leurs ordres, elle croit que les révélations lui viennent de Dieu par les saints et saintes; elle leur a juré, sur sa propre initiative, de ne point révéler le signe de la couronne qui devait être envoyée au prince. « Elle est idolâtre, invocatrice des démons, errante en la foi, coupable d'un serment illicite. 12e art. Elle déclare que, si L'Eglise lui ordonnait quelque chose contraire aux commandements qu'elle dit avoir reçus de Dieu, elle n'obéirait pas. On lui a en vain rappelé l'art.: Je crois en l'Eglise une, sainte, catholique. « Cette femme est schismatique, mal pensante sur l'unité et l'autorité de l'Eglise, apostate et obstinée dans l'erreur en matière de foi. » De son côté, la Faculté des décrets de l'Université de Paris déclara Jeanne schismatique, errante en la foi, apostate, menteuse et devineresse. « Si elle ne veut revenir de bon gré à l'unité de la foi catholique, abjurer publiquement son erreur, ladite femme doit être abandonnée à la discrétion du juge séculier pour en recevoir le châtiment dû à l'importance de son forfait. » Jeanne, malade dans sa prison, avait déjà reçu la 18 avril une exhortation charitable de l'évêque, assisté du vice-inquisiteur et de sept autres personnes; on la pressa de se soumettre à l'Eglise militante. « Je suis bonne chrétienne, répond-elle, bien baptisée et je mourrai bonne chrétienne et je voudrais aider la sainte Eglise de tout mon pouvoir. » Le mercredi, 2 mai, elle fut amenée dans la salle ordinaire du château de Rouen devant l'évêque Cauchon, assisté de 63 révérends pères ou maîtres, de docteurs et maîtres habiles « de divers états, de diverses facultés », qui l'exhortèrent à se soumettre à l'Eglise universelle, au pape; « de mes faits et dits je m'en rapporte à Dieu, à qui je m'attends de tout, et non à autre », telle fut la réponse de Jeanne. Désespérant de la voir se soumettre, les juges se résolurent à la menacer de la torture; mais après une délibération qui ne se trouve pas dans le procès-verbal officiel, les treize conseillers qui s'étaient réunis chez l'évêque décidèrent à la majorité de surseoir à l'application de la torture « vu l'endurcissement de l'âme de cette femme et sa façon de répondre ». Alors, le 19 mai, on décida qu'on s'associerait à la délibération de la Faculté des décrets de l'Université de Paris que nous avons déjà mentionnée et que, si Jeanne résistait à une nouvelle admonition charitable, l'on clôturerait la cause et l'on prendrait jour pour prononcer la sentence. L'admonition eut lieu le 23 mai, dans une chambre du château, voisine de la prison de Jeanne : « Si j'étais en jugement, que je visse le feu allumé et que je fusse dans le feu, encore je soutiendrais ce que j'ai dit au procès jusqu'à la mort. » Telle fut la seule réponse que les juges obtinrent de la courageuse héroïne; ils décidèrent alors qu'ils « concluent en la cause » et assignèrent Jeanne au lendemain pour essayer d'ébranler son courage par la vue d'une foule immense, la lecture de la sentence, la crainte du bûcher qui se dressait tout auprès et du bourreau prêt à y mettre le feu. Leur espoir ne fut pas trompé, Jeanne défaillit à ce spectacle : « Je veux tenir tout ce que l'Eglise ordonne et tout ce que vous, juges, voudrez dire et sentencier. » Elle fit et formula la révocation et l'abjuration selon la forme de la cédule qui lui fut lue, rédigée en langue française, et cette abjuration elle la prononça elle-même et signa la cédule de sa propre main. Alors fut prononcée une nouvelle sentence : « Nous te condamnons à la prison perpétuelle, avec le pain de douleur et l'eau d'angoisse, pour que tu y déplores tes fautes et n'en commettes plus qui te forcent à pleurer. » Jeanne consentit alors à reprendre des habits de femme et à laisser raser ses cheveux qu'elle avait toujours taillés en rond; mais des habits d'homme étaient toujours à sa portée, et dès le lendemain Jeanne, qui se voyait entourée de soldats grossiers tout disposés à la traiter brutalement, reprit ses anciens vêtements, jugeant, répondit-elle à ses accusateurs, « qu'il est plus convenable d'avoir habit d'homme étant entre les hommes que d'avoir habit de femme ». Ses voix d'ailleurs la blâmaient de la trahison qu'elle avait consentie en abjurant pour sauver sa vie, et Jeanne retira les termes de son abjuration : « C'est seulement par peur du feu que j'ai révoqué ce que j'ai révoqué. » Jeanne prononçait ainsi sa sentence. Le lendemain mardi 29 mai, dans la chapelle du manoir archiépiscopal de Rouen, sur l'avis conforme de quarante-deux assesseurs, l'évêque Cauchon conclut « qu'il devra être procédé contre Jeanne comme relapse, ainsi que de droit et de raison ». C'est le mercredi 30 mai, sur la place du Vieux Marché à Rouen, que fut exécutée la sentence : « Toi, Jeanne, membre pourri dont nous voulons empêcher que l'infection ne se communique aux autres membres, nous te déclarons hérétique et relapse, et nous décidons que tu dois être arrachée du corps de l'Eglise et livrée à la puissance séculière. » - | | La condamnation de Jeanne d'Arc. Manuscrit authentique du procès (en latin). | Jeanne d'Arc sur le bûcher. Hermann Stilke, 1843 | Jeanne crut un moment alors que ses voix l'avaient trompée, elles qui lui avaient promis la délivrance. Elle se confessa à frère Martin de l'ordre des prêcheurs à qui elle répéta : « Je crois en Dieu seul et je ne veux plus ajouter foi en mes voix puisqu'elles m'ont ainsi trompée. » Puis elle fut conduite au bûcher. Nous empruntons le récit de sa mort à Isambart de la Pierre, l'un de ses juges : « Ladite Jeanne eut à la fin une si grande contriction et si belle repentance que c'était une chose admirable en disant paroles si dévotes, piteuses et catholiques que tous ceux qui la regardaient en grande multitude pleuraient, à chaudes larmes, tellement que le cardinal d'Angleterre et plusieurs autres Anglais ne purent s'empêcher de pleurer et d'en avoir compassion; la pieuse femme me supplia humblement d'aller en l'église prochaine et de lui apporter la croix pour la tenir élevée tout droit devant ses yeux jusqu'au pas de la mort, afin que la croix où Dieu pendit fût en sa vie continuellement devant sa vue. Dedans la flamme oncques ne cessa jusqu'à la fin de confesser à haute voix le saint nom de Jésus en implorant et invoquant sans cesse l'aide des saints et saintes du Paradis, et en rendant son esprit et inclinant la tête, proféra le nom de Jésus en signe qu'elle était fervente en la foi de Dieu. » On remarquera, avec Quicherat, que Jeanne fut jugée et condamnée suivant une procédure régulière : celle d'inquisition. Le peuple ne crut pas facilement à la mort de la Lorraine, bien que le roi d'Angleterre eût signifié par lettres au duc de Bourgogne et aux autres princes, de publier en tous lieux cette exécution de justice « afin que leurs gens et sujets fussent mieux avertis de non avoir créance en telles ou semblables erreurs qui avaient régné pour l'occasion de ladite Pucelle ». Malgré ces précautions, en 1436 apparaît une nouvelle Jeanne qui, grâce à sa ressemblance avec la malheureuse héroïne, se fait reconnaître des frères de la Pucelle et avouer pour leur soeur; l'émotion fut extrême en France, la ville d'Orléans envoya un messager vers Jeanne, qui était déjà partie pour Rome et l'Italie où elle combattit avec l'armée du pape; revenue en France en 1438, elle lutta contre les Anglais en Poitou et en Guyenne, entra à Orléans en juillet 1439, et parut enfin devant le roi, qui démasqua son imposture et la fit condamner par le Parlement de Paris à être montrée au peuple, au Palais, sur la pierre de marbre. Charles VII se souvint enfin de la vraie Jeanne et en février 1450, alors que Rouen fut redevenue ville française, il ordonna de faire une enquête sur le procès de la Pucelle que les Anglais « avaient mise à mort iniquement et très cruellement ». L'enquête s'ouvrit à Domrémy, à Orléans, à Paris et à Rouen, après que le pape eut consenti à cette révision du procès, - et il ne le fit que le 11 juin 1455; - et le 7 juillet 1456 la commission rendit l'arrêt suivant : « Nous, juges, délégués spécialement par notre très saint seigneur le pape actuel, ayant Dieu seul devant les yeux, déclarons lesdits procès et sentences dol, calomnie, iniquité, et, avec l'abjuration, exécution et tout ce qui s'en est suivi, nuls, invalides et de nul effet, déclarant ladite Jeanne, avec ses ayants cause et ses parents, n'avoir encouru, en cette occasion, aucune tache d'infamie, et être exempte et purgée de tout effet desdits procès et sentences ». On planta une « croix convenable » sur la place où « ladite Pucelle avait été cruellement et horriblement brûlée ». Quatre siècles plus tard, l'évêque d'Orléans, Dupanloup, voulut obtenir plus encore du souverain pontife pour la réhabilitation de Jeanne : il demanda qu'elle fut élevée au rang de sainte, mais ses voeux ne furent pas exaucés. Cependant le 1er décembre 1885, le pape a fait introduire devant la congrégation des Rites la cause de la béatification de Jeanne d'Arc, et décida que jusqu'à sa béatification elle porterait le titre de vénérable. (Maxime Petit). | |