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Les Indiens d'Amérique du Nord
Les Indiens des Plaines
Les Indiens des Plaines étaient des groupes autochtones qui vivaient dans les vastes plaines de l'Amérique du Nord, en particulier dans les régions qui correspondent aujourd'hui aux États-Unis du Midwest et du Sud-Ouest, ainsi qu'au Canada. Ces tribus étaient caractérisées par leur mode de vie nomade, basé sur la chasse du bison, qui était leur principale source de nourriture, de vêtements, et d'outils.

Les peuples des Plaines.
Le tableau ci-dessous répertorie les populations autochtones des Grandes Plaines, rangées selon les familles linguistiques auxquelles elles sont rattachées :
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Siouans Sioux Dakota (Santee) Mdewakanton, 
SissetonWahpekute, Wahpeton, .
Nakota Yanktonai, Yankton
Lakota (Teton) Hunkpapa, Itazipco (ou Sans-Arcs), Sihasapa (ou Pieds-Noirs), Miniconjou,  Oohenumpa (ou Deux-Kettles), Sicangu (ou Brûlés), Oglala
Assiniboines, Mandan, Hidatsa, Crow, Ponca, Omaha, Iowa, Oto, Kansa, Missouri, Osage
Caddoans Arikara, Caddo
Pawnee Skidi, Chaui, Kitkehaki, Pitahauenat
Wichita Wichita proprement dits, Kichai, Waco, Tawakoni
Algonquiens Cree des Plaines (Nehiyawak), Objiwé des Plaines (NakawÄ“k),  Niitsítapi (Blackfoot), Atsina (Gros Ventre), Arapaho
Cheyenne Suhtai, Tsitsistas
Aztéco-Tanoans Commanche, Kiowa
Na-Déné Kiowa-Apache, Jicarilla

Structure politique et sociale.
La tribu était l'unité politique de base. Chaque tribu avait son propre territoire, ses propres coutumes et ses propres dirigeants. Les tribus étaient souvent divisées en bandes, qui étaient des groupes de familles apparentées qui vivaient et chassaient ensemble. Les bandes étaient généralement nomades et se déplaçaient en fonction des saisons et de la disponibilité de la nourriture. Chaque tribu ou bande avait un conseil des anciens, composé de chefs et de sages qui prenaient les décisions importantes pour la communauté. Les conseils des anciens étaient souvent composés d'hommes, mais certaines tribus avaient des conseils de femmes ou des conseils mixtes. Les tribus avaient souvent un chef de guerre qui dirigeait les raids et les batailles contre les ennemis. Le chef de guerre était habituellement choisi pour son courage et ses compétences en matière de combat.

Les tribus étaient souvent divisées en clans, qui étaient des groupes de familles apparentées qui partageaient un ancêtre commun. Les clans étaient responsables de la transmission des traditions et des coutumes. La famille était l'unité sociale de base. Les familles étaient souvent composées de plusieurs générations et vivaient ensemble dans des tipis ou des maisons en peau de bison.  Par ailleurs, les tribus avaient souvent des sociétés de guerriers, qui étaient des groupes d'hommes qui s'étaient distingués dans les batailles et les raids. Les sociétés de guerriers étaient  responsables de la défense de la tribu et de la protection de ses intérêts.

Il exitait une division sexuelle du travail. Le plus souvent, les hommes étaient responsables de la chasse et de la guerre, tandis que les femmes étaient responsables de la cueillette, de la préparation des repas et de l'éducation des enfants. Cependant, certaines tribus avaient des rôles des sexes plus flexibles, et les femmes pouvaient jouer un rôle important dans les décisions politiques et sociales.

Cérémonies et rituels.
Plusieurs  tribus amérindiennes célébraient  des cérémonies de la pleine lune, qui étaient des rituels qui marquaient les phases de la lune et les saisons. La danse du soleil était une cérémonie importante dans de nombreuses popukations. Elles consistait à danser autour d'un poteau central pour honorer le soleil et les esprits. Il existait par ailleurs de rituels de passage qui marquaient les étapes importantes de la vie, telles que la naissance, la puberté, le mariage et la mort.

Culture matérielle.
Habitat.
Les tipis étaient des habitations portables faites de peaux de bison ou de toile, soutenues par des poteaux de bois. Ils étaient faciles à monter et à démonter, ce qui les rendait idéaux pour les nomades. Certaines tribus, comme les Sioux, construisaient aussi des maisons en peau de bison qui étaient plus permanentes que les tipis. Ces maisons étaient faites de peaux de bison cousues ensemble et soutenues par des poteaux de bois.

Vêtements.
Les robes de bison étaient des vêtements chauds et confortables faits de peaux de bison. Elles étaient souvent décorées de perles, de plumes et de peintures. Les femmes portaient des jupes et des tuniques faites de peaux de daim ou de toile. Les jupes étaient souvent décorées de perles et de plumes. Les hommes portaient des coiffes et des bonnets faits de peaux de daim ou de toile. Les coiffes pouvaient être décorées de plumes et de perles.

Alimentation.
La viande de bison était la base de l'alimentation des populations des Grandes Plaines. Ils chassaient les bisons à cheval et les tuaient avec des lances et des arcs. Les populations des Grandes Plaines cueillaient aussi des fruits et des légumes sauvages, tels que les baies, les racines et les herbes, et elles récoltaient des noix et des graines, telles que les noix de pin et les graines de tournesol.

Outils et armes.
Les lances et les arcs étaient les armes principales des populations des Grandes Plaines. Ils les utilisaient pour chasser les bisons et se défendre contre les ennemis. Les couteaux et les scalpels étaient utilisés pour écorcher les animaux et préparer la nourriture. Les haches et les marteaux étaient utilisés pour couper du bois et construire des habitations.

Objets de décoration.
Les perles et les plumes étaient utilisées pour décorer les vêtements, les coiffes et les objets personnels. Les populations des Grandes Plaines créaient des peintures et des dessins sur des peaux de bison, des rochers et des arbres. Elles créaient aussi des sculptures et des masques en bois, en pierre et en os.

Histoire

Période pré-européenne.
Les premiers habitants et le mode de vie nomade.
Avant l'an 1000, les Plaines étaient habitées par des peuples chasseurs-cueilleurs qui vivaient de la faune locale, notamment les bisons, les cerfs et les petits animaux. Ces communautés semi-nomades se déplaçaient en fonction des saisons pour suivre les migrations des animaux et la croissance des plantes comestibles. Les premiers habitants utilisaient des arcs et des flèches, des lances et des techniques de piégeage pour chasser le bison, une ressource essentielle pour leur survie.

À cette époque, les populations autochtones n'avaient pas encore de chevaux, ce qui limitait la portée de leurs déplacements. Ils chassaient le bison en le poursuivant à pied ou en le rabattant vers des falaises appelées « pièges à bisons », où les animaux étaient abattus pour subvenir aux besoins de la communauté. Le bison fournissait non seulement de la viande, mais aussi des peaux pour fabriquer des vêtements, des abris, et des outils.

Émergence des villages agricoles et des grandes sociétés
Entre l'an 1000 et 1500, certaines populations des Plaines, particulièrement dans la région de la vallée du Missouri (dans l'actuel Dakota du Nord), commencèrent à adopter l'agriculture. Les Mandans, les Arikaras et les Pawnees, par exemple, pratiquaient l'agriculture sédentaire. Ils cultivant le maïs, les haricots et les courges dans des villages permanents, souvent entourés de palissades pour se protéger des attaques.

Arrivée des Européens et transformation des sociétés nomades .
L'arrivée des Espagnols en Amérique s'est accompagnée de l'introduction des chevaux, puis de leur adoption par les populations autochtones dès le début du XVIIe siècle. Cette nouveauté a transformé profondément les sociétés des Plaines. Les chevaux, se propagèrent dans toute la région au fil des échanges et des vols entre tribus, et devinrent essentiels. Les chevaux permettaient de chasser le bison de manière plus efficace et de parcourir de grandes distances, facilitant les échanges et les alliances entre tribus. Les sociétés qui vivaient jusque-là de façon semi-nomade, comme les Sioux et les Comanches, adoptèrent un mode de vie encore plus mobile et axé sur la chasse au bison. Une culture équestre distinctive fit son apparition. Les chevaux devinrent un signe de prestige et de richesse mais aussi le moteur d'un ulture guerrière nouvelle, où les conflits pour le contrôle des terres, des ressources et des chevaux devinrent fréquents.

Les premiers contacts directs avec les Européens datent du  XVIIIe siècle, quand les Indiens des Plaines entrèrent en contact, notamment avec les marchands français, espagnols et britanniques, qui introduisirent de nouveaux biens (outils en métal, armes à feu, perles), changeant par là les dynamiques économiques. Les échanges avec les commerçants, souvent établis le long du fleuve Missouri, introduisirent également des maladies européennes, telles que la variole, qui décimèrent des communautés entières. Les guerres entre tribus devinrent aussi plus fréquentes et plus meurtrières avec l'introduction des armes à feu, et les alliances se formèrent parfois avec les Européens en fonction des intérêts commerciaux ou politiques. Les Comanches, par exemple, devinrent l'une des populations dominantes des Plaines du Sud grâce à leur maîtrise des chevaux et des armes, leur permettant d'étendre leur influence du Texas au Nouveau-Mexique.

Vers la fin des années 1700, les pressions coloniales s'intensifièrent, notamment avec l'expansion américaine vers l'Ouest après l'indépendance des États-Unis en 1776. Les territoires des Plaines devinrent l'enjeu de rivalités entre Espagnols, Britanniques, Français et Américains. Bien que de nombreux peuples autochtones aient cherché à préserver leur indépendance, les pressions exercées par la colonisation européenne ajoutèrent aux maladies leurs ravages parmi les tribus des Plaines.

La colonisation.
La cession de la Louisiane et le début de l'expansion américaine
En 1803, la France vend le territoire de la Louisiane aux États-Unis, une transaction qui ouvre un vaste espace de 2 millions de kilomètres carrés aux colons et aux explorateurs américains. Les nations des Plaines vivent alors dans un environnement en équilibre, en grande partie nomade, basé sur la chasse au bison. Cependant, avec l'extension de la frontière américaine, les relations commencent à changer. Les explorateurs Lewis et Clark (1804-1806) ouvrent la voie, bientôt suivis par des trappeurs, des commerçants et des colons.

Dans les années 1830, les États-Unis adoptent une politique d'expulsion et de déplacement des nations autochtones, illustrée par l'Indian Removal Act (1830). Bien que cela concerne surtout les tribus de l'Est, les pressions migratoires vers l'Ouest entraînent une concurrence pour les ressources et les terres dans les Plaines. Le gouvernement américain signe plusieurs traités pour "acheter" des terres aux nations des Plaines, souvent sous la menace ou en échange de promesses non tenues. Dans les années 1850, les premiers conflits sérieux apparaissent entre les colons et les populations autochtones, tandis que les réserves commencent à être établies pour contenir les tribus.

Les guerres indiennes.
La période de 1860 à 1890 est marquée par les guerres indiennes, une série de conflits entre les tribus des Plaines et l'armée américaine. La découverte d'or dans les montagnes Black Hills (territoire sacré des Sioux Lakota) et la construction de chemins de fer transcontinentaux accentuent les tensions. De plus, pendant cette période, le bison, ressource essentielle pour les peuples des Plaines, est chassé à grande échelle par les colons et les soldats, poussant les nations autochtones à la famine et les forçant à la reddition. Parmi les batailles les plus significatives :

• Le massacre de Sand Creek, qui a eu lieu le 29 novembre 1864 dans le Colorado, est l'une des tragédies les plus infâmes de l'histoire américaine. Les troupes de la milice du Colorado, sous le commandement du colonel John Chivington, ont attaqué un campement de Cheyennes et d'Arapahos. Bien que ces derniers aient agité un drapeau blanc en signe de paix, les soldats ont tué environ 150 à 200 hommes, femmes et enfants. Ce massacre a suscité une indignation nationale et a exposé les violences extrêmes infligées aux populations autochtones par les colons et les autorités militaires.

• La bataille de Little Bighorn, également connue sous le nom de « Dernier Combat de Custer » (Custer’s Last Stand), s'est déroulée les 25 et 26 juin 1876 dans le Montana. Elle a opposé les troupes américaines du 7e régiment de cavalerie du lieutenant-colonel George A. Custer aux Sioux Lakotas et aux Cheyennes, menés par des chefs comme Sitting Bull et Crazy Horse. Les forces amérindiennes, en nombre supérieur et unies dans un moment d'exceptionnelle solidarité, ont remporté une victoire éclatante, anéantissant presque toutes les forces de Custer. Cette victoire symbolique a renforcé la résistance autochtone, bien que la répression par l'armée américaine se soit intensifiée dans les années qui suivirent.

• Le massacre de Wounded Knee s'est produit le 29 décembre 1890 dans le Dakota du Sud, marquant une fin tragique aux guerres indiennes. Après une période de tension croissante liée à la Ghost Dance, un mouvement politico-religieux pacifique (V. encadré) chez les Sioux qui espérait la fin de l'expansion blanche, les troupes américaines ont encerclé un groupe de Lakotas à Wounded Knee. L'ordre de les désarmer les Lakotas conduisit à une confrontation violente et à l'ouverture du feu par les soldats américains, aboutissant à la mort de 250 à 300 hommes, femmes et enfants sioux. Ce massacre mit un terme brutal au mouvement de la Ghost Dance et symbolisa la fin de la résistance organisée des peuples autochtones face à l'expansionnisme américain.

La Ghost Dance

Le mouvement de laa Ghost Dance (ou « Danse des Esprits ») a émergé à la fin du XIXe siècle parmi les populations autochtones des Grandes Plaines et de l'Ouest des États-Unis, en particulier chez les Sioux. Initié dans les années 1880 par le prophète Paiute Wovoka, ce mouvement portait un message d'espoir pour les populations, qui subissaient alors les effets dévastateurs des politiques d'expansion américaine, la spoliation de leurs terres, et la répression de leur culture.

Le mouvement  est né à une époque de crise profonde pour les peuples autochtones, qui avaient perdu de vastes étendues de terres, leurs modes de vie traditionnels, et beaucoup de membres de leur communauté à cause des maladies et de la violence. Wovoka, le chef religieu Paiute, déclara avoir eu une vision en 1889 dans laquelle il aurait rencontré une figure divine. Cette figure lui aurait annoncé la venue d'une ère de paix et de renouveau où les peuples autochtones pourraient retrouver leurs terres, leurs bisons, et une vie en harmonie.

Wovoka enseignait que pour hâter l'arrivée de ce renouveau, les Autochtones devaient suivre des principes de non-violence et exécuter des rituels de danse et de chant, notamment la Danse des Esprits. Le mouvement avait une dimension apocalyptique : il prophétisait qu'une transformation de la terre aurait lieu et que les colons blancs seraient effacés de la surface du territoire, permettant aux ancêtres autochtones de revenir.

Les enseignements de Wovoka se propagèrent rapidement, en particulier chez les tribus Lakotas et autres populations des Plaines, épuisés par des années de souffrance,. La Ghost Dance devint un symbole de résistance spirituelle, avec l'espoir que les danses et chants sacrés ramèneraient l'ordre d'autrefois. Cependant, les autorités américaines considéraient le mouvement comme une menace potentielle et regardaient la Ghost Dance comme un rassemblement insurrectionnel.  Craignant que la popularité de ce mouvement ne débouche sur une rébellion ouverte, les autorités fédérales décidèrent d'arrêter plusieurs leaders sioux. L'un des chefs les plus importants, Sitting Bull, fut tué lors de son arrestation. Par la suite, une escouade militaire encercla un campement de Sioux Lakotas, où des partisans de la Ghost Dance étaient présents, à Wounded Knee Creek, lieu du massacre survenu le 29 décembre 1890.

Les réserves et l'assimilation.
Après la défaite militaire des Indiens des Plaines, les politiques américaines se concentrent sur l'assimilation des populations autochtones dans la société américaine. Les enfants sont envoyés de force dans des pensionnats où ils subissent une éducation visant à effacer leur culture, leur langue et leurs traditions. En 1887, le Dawes Act (ou General Allotment Act) vise à diviser les terres tribales en parcelles individuelles, avec l'objectif de faire des Autochtones des agriculteurs, un mode de vie en décalage complet avec leur culture de chasseurs nomades. Cette période est caractérisée  par la pauvreté, la perte des pratiques traditionnelles et la dépendance économique pour beaucoup de communautés autochtones. Cependant, la culture et l'identité autochtones continuent de survivre malgré les tentatives d'assimilation.  Le mouvement spirituel de la danse des esprits (Ghost dance) naît dans les années 1880 comme un moyen de résistance culturelle, bien qu'il soit rapidement réprimé par les autorités américaines.

Le temps des réformes.
La Grande Dépression a fortement touché les Amérindiens des Plaines, comme d'autres populations aux États-Unis. En raison des difficultés économiques générales, les conditions de vie des réserves, déjà précaires, se sont détériorées davantage. Beaucoup d'Amérindiens étaient pauvres, manquaient d'infrastructures de base et avaient peu d'accès à l'emploi en dehors des réserves. La dépendance aux aides gouvernementales s'est accentuée à cette époque.

Toutefois, sous l'administration du président Franklin D. Roosevelt, une politique de réformes, connue sous le nom de "New Deal indien", a été introduite par John Collier, commissaire aux affaires indiennes. La loi la plus importante de cette époque était l' Indian Reorganization Act (IRA)de 1934. Cette loi avait pour objectif de mettre fin à l'assimilation forcée et à la perte de terres des tribus, en encourageant la réorganisation des gouvernements tribaux et en rendant des terres aux tribus. Cette loi visait aussi à promouvoir l'autonomie politique des tribus et à favoriser le développement économique. Certaines tribus ont vu cela comme une chance de restaurer leur gouvernance et leur culture, mais d'autres ont rejeté l'IRA, ne souhaitant pas adopter des structures de gouvernance basées sur des modèles occidentaux.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, de nombreux Indiens des Plaines se sont engagés dans l'armée, rejoignant les forces américaines pour combattre à l'étranger. Ces hommes et femmes ont servi dans diverses branches de l'armée, et beaucoup ont contribué de manière significative, notamment en tant que "code talkers" utilisant leurs langues indigènes pour transmettre des messages codés. Après leur retour, cependant, ils ont souvent retrouvé des conditions difficiles sur les réserves. Les vétérans autochtones ont été confrontés aux mêmes inégalités et à la pauvreté qu'ils avaient laissées, malgré leur service et leurs sacrifices. Cela a conduit à une prise de conscience accrue des injustices dont souffraient les Amérindiens et a poussé certains d'entre eux à s'organiser pour leurs droits.

Dans les années 1950, le gouvernement américain a adopté une nouvelle politique connue sous le nom de termination policy. L'idée était de mettre fin à la reconnaissance fédérale de certaines tribus et de dissoudre les réserves, dans le but d'encourager l'assimilation des Amérindiens dans la société américaine. Cette politique visait à intégrer les Amérindiens dans les zones urbaines, et des programmes de "relocation" ont été mis en place pour inciter les individus à quitter les réserves pour s'installer dans les villes. Bien que certains Indiens des Plaines aient tenté de s'adapter à la vie urbaine, beaucoup ont eu du mal à s'intégrer, manquant de ressources et de soutien dans leur transition. La termination policy a eu des effets désastreux pour de nombreuses tribus, en termes de perte de terres, d'autonomie et de liens culturels.

Face aux politiques d'assimilation et de termination, plusieurs populations autochtones ont commencé à se mobiliser pour défendre leurs droits et préserver leurs cultures. Les années 1950 ont vu les prémices d'un activisme autochtone qui allait s'intensifier dans les décennies suivantes. 

Depuis les 1960.
Inspirés par les mouvements pour les droits civiques aux États-Unis, les Indiens des Plaines et d'autres communautés indigènes se sont organisés pour exiger la reconnaissance de leurs droits. Le mouvement pan-indien a pris de l'ampleur, rassemblant diverses tribus dans des actions collectives. En 1968, la fondation de l'American Indian Movement (AIM) a marqué un tournant. L'AIM a mené des actions pour dénoncer la pauvreté, les abus et l'aliénation culturelle subis par les Amérindiens.

A la fin des années 1960, des militants indigènes ont occupé l'île d'Alcatraz pour réclamer les droits des Amérindiens et attirer l'attention sur les injustices dont ils étaient victimes. En 1973, dans le Dakota du Sud, des membres de l'AIM et des Sioux Oglala ont occupé le site de Wounded Knee pour protester contre le traitement des Amérindiens par le gouvernement américain et contre la corruption des gouvernements tribaux locaux. Face à la pression des mouvements autochtones, le gouvernement américain a commencé à revoir certaines de ses politiques. Sous l'administration de Richard Nixon, une politique de self-determination (autodétermination) a été introduite pour remplacer la termination policy des années 1950. Cette politique visait à accorder plus de pouvoir aux tribus pour qu'elles puissent s'autogouverner et gérer leurs affaires sans ingérence fédérale excessive. En 1975, la Loi sur l'autodétermination et l'assistance à l'éducation des Indiens (Indian Self-Determination and Education Assistance Act) a été adoptée, permettant aux tribus de prendre en charge leurs programmes de santé, d'éducation et de services sociaux. Par ailleurs, la Loi sur la liberté de religion des Indiens d'Amérique (1978) a permis aux autochtones de pratiquer leurs traditions religieuses librement, après des décennies de restrictions.

Les Indiens des Plaines ont intensifié leurs efforts pour préserver et revitaliser leur culture. Des programmes linguistiques ont été mis en place à partir des années 1980 pour sauvegarder et enseigner les langues autochtones aux nouvelles générations. Les pow-wows, les cérémonies religieuses et les rites traditionnels ont été encouragés et ont contribué au renouveau de l'identité culturelle. Les populations des Plaines ont également investi dans l'éducation en créant des programmes de préservation culturelle dans les écoles tribales et les universités communautaires. Ces initiatives visaient à transmettre l'histoire et les valeurs des peuples des Plaines aux jeunes générations. Dans les années 1980 encore, certaines tribus ont commencé à exploiter des casinos sur leurs terres pour financer leurs communautés. La Indian Gaming Regulatory Act de 1988 a permis aux tribus de gérer leurs propres casinos sous certaines conditions. Les revenus générés par le jeu ont permis d'améliorer les infrastructures, l'éducation et les services de santé dans de nombreuses communautés des Plaines. Toutefois, le succès des casinos n'a pas été uniforme, et les bénéfices ont varié selon les tribus et les régions. Certaines communautés ont pu en tirer des avantages substantiels, tandis que d'autres sont restées dans des conditions de pauvreté.

Dans les années 1990, plusieurs tribus des Plaines ont engagé des batailles judiciaires pour récupérer des terres perdues et obtenir des réparations pour les injustices historiques. Certaines ont réussi à obtenir des compensations pour les terres prises au cours du XIXe siècle. La reconnaissance légale et symbolique a également progressé : en 1990, le Native American Graves Protection and Repatriation Act (NAGPRA) a été promulgué pour permettre la restitution des restes humains et des objets sacrés aux tribus concernées. Cette loi a représenté un grand pas en avant pour les communautés autochtones qui cherchaient à honorer leurs ancêtres.

Au début du XXIe siècle, les Indiens des Plaines ont dû faire face à des problèmes modernes comme la protection de l'environnement, le changement climatique et les droits sur les ressources naturelles. La résistance au projet d'oléoduc Dakota Access Pipeline (DAPL) en 2016 a été un événement marquant. La tribu des Sioux de Standing Rock et de nombreux alliés ont protesté contre ce pipeline, craignant qu'il ne contamine les sources d'eau et ne viole les terres sacrées. Ce mouvement a ravivé l'activisme autochtone et sensibilisé le public aux droits des terres et aux enjeux environnementaux des peuples indigènes.

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