Theodor Herzl

Issu d'une famille juive assimilée, Herzl reçoit une éducation laïque et libérale. Après des études de droit à l'Université de Vienne, il se tourne vers le journalisme et la littérature. Il travailla pour le journal viennois Neue Freie Presse en tant que correspondant à Paris à partir de 1891. Ses premières oeuvres littéraires, des pièces de théâtre et des feuilletons, reflétaient un esprit libéral et cosmopolite, loin des préoccupations spécifiquement juives.

Un événement marquant change radicalement sa perspective : l'affaire Dreyfus. En tant que journaliste couvrant le procès du capitaine Alfred Dreyfus, Herzl est témoin de la montée de l'antisémitisme en France, le bastion même des idéaux de la Révolution. Il est profondément choqué par les cris de "Mort aux Juifs!" qu'il entendit dans les rues de Paris. Cette expérience le convainc que l'antisémitisme n'est pas un phénomène passager ou marginal, mais un problème profondément enraciné et persistant, même dans les sociétés éclairées. Il réalise que l'assimilation, à laquelle il avait cru, ne suffirait pas à protéger les Juifs et que la solution résidait dans la création d'un État juif, un refuge sûr pour le peuple juif.

En 1896, Herzl publie Der Judenstaat (L'État des Juifs), un pamphlet qui expose sa vision d'un État juif moderne et souverain. Ce livre a un impact considérable et devient le texte fondateur du sionisme politique. Herzl y argumente que la question juive est non pas un problème religieux ou social, mais une question nationale qui ne peut être résolue que par la création d'un État-nation pour les Juifs. Il envisage cet État comme un État moderne, laïque et progressiste, inspiré des idéaux des Lumières.

Suite à la publication de Der Judenstaat, Herzl se consacre corps et âme à la cause sioniste. Il organise le premier Congrès sioniste à Bâle en 1897, qui marque la naissance officielle de l'Organisation sioniste mondiale (OSM). Herzl est élu président de l'OSM et devint le leader incontesté du mouvement sioniste. Il travaille inlassablement à mobiliser l'opinion publique juive et internationale en faveur de son projet. Il voyage à travers l'Europe, rencontrant des chefs d'État, des ministres et des personnalités influentes pour obtenir leur soutien politique. Il négocie avec l'Empire ottoman, qui contrôlet alors la Palestine, ainsi qu'avec l'Allemagne, la Grande-Bretagne et d'autres puissances.

Malgré les difficultés et les obstacles, Herzl parvient à donner une impulsion décisive au mouvement sioniste. Il crée des institutions sionistes, telles que la Banque juive coloniale, pour financer la colonisation de la Palestine. Il encourage l'immigration juive vers la Palestine, bien que de manière limitée à son époque. Son charisme, son énergie et sa vision inspireront des milliers de Juifs à travers le monde et jetteront les bases du futur État d'Israël. Épuisé par ses efforts incessants, Theodor Herzl meurt prématurément à l'âge de 44 ans.