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John
Dos
Passos est un écrivain américain,
né à Chicago le 14 janvier 1896 et
mort à Baltimore le 28 septembre 1970.
Il a connu un cheminement complexe et souvent contradictoire, Ã la fois
en tant qu'écrivain et intellectuel. Si ses oeuvres majeures, comme la
trilogie U.S.A., ont marqué la littérature moderniste avec une
critique incisive de la société américaine. Par la suite, ses opinions
politiques évoluent de l'extrême gauche vers un conservatisme marqué.
Cette réorientation politique l'éloigne de nombreux intellectuels de
son époque, mais son apport à la littérature américaine reste incontestable,
notamment par son style innovant et son approche expérimentale du roman.
John Roderigo Dos Passos naît d'une mère célibataire, Lucy Sprigg Madison, et d'un père avocat prospère, John Randolph Dos Passos, qui ne reconnaît officiellement son fils qu'à l'âge de 16 ans. Dos Passos est éduqué dans des écoles privées de New York et du Connecticut avant de s'inscrire à la Choate School, une école préparatoire prestigieuse. Sa jeunesse est marquée par de fréquents voyages, ce qui influence son intérêt pour les langues, la culture européenne et les voyages. En 1912, il part en Europe, notamment à Paris, pour y étudier les arts et la littérature, et développe un intérêt pour la culture européenne. En 1916, il obtient son diplôme de l'université de Harvard, où il étudie la littérature et la philosophie. Après ses études à Harvard, Dos Passos se porte volontaire pour le service durant la Première Guerre mondiale. En 1917, il devient ambulancier pour la Croix-Rouge en France et en Italie, aux côtés d'écrivains comme Ernest Hemingway et E.E. Cummings. Cette expérience aura une influence profonde sur ses premières oeuvres, notamment sa critique de la guerre, du nationalisme et du militarisme. En 1919, Dos Passos publie son premier roman, One Man's Initiation: 1917, qui s'inspire directement de son expérience en tant qu'ambulancier pendant la guerre. Ce livre témoigne de son désenchantement face au conflit, dénonçant les horreurs de la guerre moderne et le gâchis de vies humaines. Après son premier roman, Dos Passos publie Three Soldiers en 1920, qui lui vaut une reconnaissance plus large. Ce roman raconte l'histoire de trois soldats américains durant la Première Guerre mondiale et critique la militarisation de la société et le traitement des soldats. L'oeuvre est marquée par une représentation réaliste et brutale de la guerre et de ses effets déshumanisants. On l'a comparée à À l'ouest, rien de nouveau d'Erich Maria Remarque. Après la guerre, Dos Passos passe beaucoup de temps en Europe, notamment à Paris, où il se lie d'amitié avec d'autres écrivains dits de la « Génération perdue », comme Ernest Hemingway. Il participe aux discussions littéraires et artistiques de l'époque, influencé par le modernisme et l'avant-garde. Son engagement politique à gauche s'intensifie, et il se montre de plus en plus critique à l'égard du capitalisme et de l'impérialisme américain. En 1925, Dos Passos publie Manhattan Transfer, un roman qui lui assure une reconnaissance durable. Cette oeuvre dépeint la vie à New York, dépeignant un vaste éventail de personnages issus de différentes classes sociales. Manhattan Transfer utilise des techniques modernistes, telles que la juxtaposition de scènes et de récits fragmentés, pour offrir une image dynamique et complexe de la ville moderne. Le livre est salué pour sa représentation réaliste de la vie urbaine et pour son style innovant. À la fin des années 1920, Dos Passos devient de plus en plus actif sur le plan politique. Ses voyages en Union soviétique en 1928 et son soutien aux causes ouvrières le rapprochent des milieux socialistes et communistes. Il s'intéresse également au cinéma et au théâtre d'agitprop (agitation-propagande) pour sensibiliser aux problèmes sociaux. En 1927, Dos Passos publie Orient Express, un roman moins connu, qui raconte des histoires croisées de voyageurs en Europe à la veille de bouleversements politiques. Pendant cette période, il s'engage également contre les injustices politiques aux États-Unis, notamment en soutenant les anarchistes Sacco et Vanzetti, exécutés en 1927. Cet événement marque profondément Dos Passos, et il devient de plus en plus critique de la société américaine. L'année 1930 marque le début de l'oeuvre la plus célèbre de Dos Passos, la trilogie U.S.A., qui comprend trois romans : The 42nd Parallel (1930), 1919 (1932) et The Big Money (1936). Ces romans décrivent l'histoire des États-Unis au début du XXe siècle à travers un mélange de récits individuels, de collages de coupures de presse, de biographies de personnages célèbres et de fragments poétiques appelés camera eye. Cette technique narrative innovante illustre le chaos et la fragmentation de l'Amérique moderne. Le premier volume de la trilogie, The 42nd Parallel, se concentre sur la vie de cinq personnages principaux issus de différentes régions des États-Unis. Le roman montre comment ces personnages sont façonnés par les forces sociales, économiques et politiques de leur époque. Le deuxième volume, 1919, se concentre sur les effets de la Première Guerre mondiale et de la montée du capitalisme. Ce livre approfondit les histoires des personnages tout en décrivant les événements historiques mondiaux, comme la Révolution russe et les luttes ouvrières aux États-Unis. Dos Passos termine sa trilogie U.S.A. avec la publication de The Big Money en 1936. Ce troisième volume décrit les années folles, la montée des inégalités économiques et la corruption dans l'Amérique des années 1920. La trilogie est considérée comme un monument de la littérature moderniste américaine, combinant des récits individuels avec des fragments journalistiques et des biographies de personnalités historiques. Elle critique vivement le capitalisme américain et est largement saluée comme l'une des oeuvres majeures de la littérature du XXe siècle. Dans les années 1930, Dos Passos est fortement engagé à gauche. Comme d'autres écrivains de sa génération, il est profondément préoccupé par la montée du fascisme en Europe. En 1936, il se rend en Espagne avec son ami Ernest Hemingway pour soutenir les forces républicaines pendant la guerre civile espagnole. Cependant, leur amitié se détériore rapidement en raison des divergences politiques grandissantes entre les deux hommes. Le tournant dans la vie politique de Dos Passos survient en 1937 avec l'exécution de son ami José Robles, un traducteur et professeur espagnol, par les forces communistes lors de la guerre civile. Cet événement le choque profondément et le pousse à remettre en question son soutien à la cause communiste. Dos Passos devient alors de plus en plus critique à l'égard du communisme soviétique et des purges staliniennes. Cet épisode marque le début de son éloignement progressif de la gauche radicale. En 1939, Dos Passos publie Adventures of a Young Man, premier volet de sa trilogie appelée District of Columbia. Ce roman est une sorte de suite thématique à la trilogie U.S.A., mais avec une approche plus personnelle. Il raconte l'histoire d'un jeune idéaliste qui devient désillusionné par le mouvement communiste. Le livre reflète clairement le changement politique de Dos Passos, qui, après avoir été un fervent partisan de la gauche, devient de plus en plus conservateur. Pendant la Seconde Guerre mondiale, Dos Passos, bien que critique du capitalisme, devient de plus en plus méfiant envers l'Union soviétique et le communisme international. Il soutient l'effort de guerre américain et s'implique dans la cause des Alliés, mais avec une perspective plus patriotique et moins radicale que par le passé. A la fin des années 1940, Dos Passos est confronté à des événements personnels difficiles. La mort de son père en 1949 l'affecte profondément et le pousse à aborder des thèmes plus introspectifs dans ses Åoeuvres. Ses préoccupations littéraires se déplacent de la critique sociale à une réflexion plus philosophique et existentielle. Dans les années 1950, Dos Passos se rapproche de plus en plus de positions conservatrices. Il devient un critique virulent du socialisme et soutient les politiques anti-communistes du gouvernement américain. Ce changement radical dans ses opinions politiques provoque son éloignement des cercles littéraires et intellectuels qu'il fréquentait auparavant, en particulier ceux qui étaient associés à la gauche progressiste. Il se retrouve quelque peu marginalisé, notamment par ses anciens amis écrivains. En 1957, Dos Passos publie The Great Days, qui fait suite à District of Columbia et illustre davantage son tournant conservateur. Le livre, tout comme ses oeuvres précédentes de cette période, ne rencontre pas le succès critique ni public de ses oeuvres plus anciennes. Ses critiques de la politique américaine, vues à travers un prisme de plus en plus conservateur, le placent en porte-à -faux avec ses contemporains. Durant cette période, Dos Passos se consacre aussi à l'écriture historique et aux essais. Il publie plusieurs biographies d'Américains célèbres, notamment de figures historiques comme Thomas Jefferson et George Washington, montrant son intérêt pour l'histoire américaine et ses fondements idéologiques. En 1961, sa femme, Katy Smith, avec qui il était marié depuis 1929, meurt dans un accident de voiture dont Dos Passos sort gravement blessé. Cet événement tragique marque la fin de sa période créative la plus prolifique. Dos Passos reste profondément affecté par cette perte, et sa production littéraire décline par la suite. En 1963, Dos Passos publie Midcentury, une oeuvre tardive qui dépeint l'Amérique de l'après-guerre et critique la société américaine moderne. Le roman est cependant moins bien reçu que ses travaux précédents, et son écriture est jugée moins incisive que dans la trilogie U.S.A. John Dos Passos meurt le 28 septembre 1970 à Baltimore, Maryland, à l'âge de 74 ans. À sa mort, bien qu'il ait été un écrivain important des années 1920 et 1930, son héritage littéraire est quelque peu éclipsé par des écrivains contemporains plus populaires, comme Ernest Hemingway ou F. Scott Fitzgerald. |
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