|
. |
|
Washington (George), général et homme d'État américain, fondateur de l'indépendance des États-Unis, né dans le comté de Westmoreland (Virginie) le 22 février 1732, mort à Mount Vernon le 14 décembre 1799. Fils d'Augustin Washington, riche planteur, descendant d'émigrés anglais établis en Amérique en 1657, et de Maria Boll, il reçut une instruction sommaire, étant destiné à la vie active du planteur. En 1750, les rapports s'étant tendus entre la France et l'Angleterre à la suite des envahissements des Anglais du côté du Canada, Washington reçut le commandement d'un des districts militaires de la Virginie (1751), puis fut chargé d'une mission en territoire indien (1753), au cours de laquelle il leva les plans d'un fort à construire sur l'Ohio, et recueillit des informations sur les établissements français. Promu lieutenant-colonel en 1754, George Washington recruta une petite armée, et, retournant sur l'Ohio, y surprit un parti français commandé par Jumonville, qui opérait une simple reconnaissance, et l'extermina. Ce fait de guerre, qui n'était au fond qu'un assassinat froidement médité et accompli, et qui pèsera toujours sur la mémoire de Washington, inaugura la série d'hostilités qui aboutit à la perte des colonies françaises en Amérique. Le 3 juillet 1754, il était obligé de capituler aux Grandes Prairies où était venu l'assiéger le capitaine de Villiers. En 1755, George Washington devenait aide de camp du général Braddock, se faisait battre complètement avec lui, près du fort Duquesne (9 juillet) et ramenait les troupes de Braddock, mortellement blessé, sur le fort Cumberland. Washington reçut le commandement en chef des milices de Virginie : il passa deux ans à organiser ces bandes inexpérimentées, et le 25 novembre 1758 il occupait le fort Duquesne. Après ce succès, il rentra dans la vie privée, se maria avec une jeune et riche veuve, Martha Curtis (1759), et cultiva ses propriétés de Mount Vernon. La maison de George Washington. Dès les débuts de mésintelligence entre l'Angleterre et les colonies d'Amérique, Washington se déclara avec ardeur pour la résistance aux prétentions fiscales de la métropole. Dans la convention des représentants de la Virginie (1774), il se met résolument à la tête du mouvement, et propose de recourir aux armes. Membre du congrès de Philadelphie, il signe la déclaration des droits, puis concourt au recrutement des milices. A l'unanimité le Congrès lui confie le commandement en chef (20 juin 1775). Il rejoint l'armée sous Boston, l'enflamme d'enthousiasme par ses proclamations : « Forcés de prendre les armes, nous ne rêvons ni gloire, ni conquête, mais nous voulons défendre, jusqu'à la mort, nos biens et notre liberté, héritage de nos pères. Les représentants du pays comptent sur nous, et vous pourrez compter sur moi ».George Washington organise soigneusement ses troupes, ne voulant rien laisser au hasard, puis brusquement il tombe sur Boston, et oblige les Anglais à l'évacuer (10 mars 1776). Dans l'ivresse de ce premier triomphe, les Américains proclament l'indépendance des États-Unis (4 juillet). « Maintenant, dit Washington à ses soldats, la paix et le salut du pays ne dépendent plus que de vos armes. Servez bien un État qui peut récompenser votre mérite et vous faire participer aux honneurs d'une patrie libre et heureuse. »La campagne commença mal. Battu à New York (27 août), il battit en retraite en bon ordre et réussit à tenir en échec l'armée anglaise. Ses troupes étant extrêmement indisciplinées, il se fit donner plein pouvoir par le Congrès (décembre 1776). Aussitôt, il remporte coup sur coup deux brillants succès à Trenton (25 décembre) et à Princetown (3 janvier 1777). Ces victoires attirent davantage l'attention de l'Europe sur l'Amérique, et partout se manifeste pour elle un courant de sympathie. La Fayette, mandaté par une France préoccupée de contrer partout où elle le peut la puissance anglaise, vient offrir ses services. Cependant les Anglais avaient pris une revanche éclatante à Brandyvine-Creek (11 septembre 1777), et Howe était entré à Philadelphie (26 septembre); George Washington, après avoir battu en retraite, vint l'y bloquer. - George Washington. Lorsque les Anglais l'évacuèrent en 1778, il en voulut injustement à Lee de ne pas les avoir écrasés dans leur retraite, et il le fit traduire devant un conseil de guerre, rigueur qui eut peut-être pour cause - on l'a fait remarquer - le ressentiment qu'il avait conservé de ce qu'on avait voulu, un moment, mettre Lee à sa place. Pendant toute l'année 1779, George Washington temporisa, s'attachant à fatiguer les Anglais par les lenteurs de la lutte. En 1780, il se borna à une guerre d'avant-postes contre l'armée de New York. Mais en 1781, puissamment secondé par la France, il résolut de reprendre l'offensive. Il vient mettre le siège devant Yorktown, et oblige Cornwallis à capituler (19 octobre). C'était un coup décisif. On le sentit en Angleterre. « Tout est perdu! » s'écria le premier ministre; et aussi en Amérique : «-La cause de l'humanité est gagnée, s'écriait La Fayette », et George Washington de conclure : « Puissent ces événements apprendre, non seulement à l'Angleterre, mais encore à tous les tyrans du monde que la route la meilleure et la seule qui conduise sûrement à l'honneur, à la gloire, à la vraie dignité, c'est la justice ».Les hostilités terminées, car il ne se produisit plus, dès lors, que quelques rencontres insignifiantes, George Washington eut à parer aux dangers suscités par son armée mécontente du Congrès qui l'avait mal payée, qui se montrait peu disposé à récompenser ses services et qui parlait de la licencier. Il fut question de renverser le gouvernement et de donner la dictature à George Washington. Il résista énergiquement à ce mouvement. « Jamais je ne manquerai aux devoirs supérieurs que j'ai à remplir envers ma patrie. Jamais je ne violerai le respect dû aux autorités civiles. »Et il obtint des subsides qui calmèrent les mécontents. New York fut évacué par les Anglais à la fin de novembre 1783. Washington y fit une entrée triomphale. L'armée fut licenciée. Son général lui adressa l'ordre du jour suivant : « Le général Washington, au moment de quitter la carrière des armes pour jamais, adresse ses plus affectueux souhaits aux braves qui ont assuré à leurs concitoyens la jouissance des biens les plus précieux, la liberté et la paix ».Il vint à Philadelphie rendre compte de sa gestion financière, puis à Annapolis où siégeait le Congrès, où on lui fit une ovation et où ont l'appela le père de la patrie. De là, il se rendit à Mount Vernon où il reprit avec joie ses travaux agricoles. La Fayette y vint prendre congé de lui. Les adieux furent émouvants. « En vous voyant partir, dit Washington, il me semble voir s'éloigner de moi l'image de cette généreuse France qui nous a tant aimés, et que j'ai aimée en vous aimant. »Cependant, il fallait organiser la République américaine où un état anarchique avait immédiatement suivi la paix. Sur le conseil de George Washington, une constituante fut élue, C'est la Convention de Philadelphie (14 mai 1787). Il en fut nommé président. On hésita quelque peu sur la forme constitutionnelle à adopter. Il y avait beaucoup de partisans d'un régime monarchique, et Washington fut discrètement sondé. On l'eut nommé roi. Il répondit avec indignation : « Vous m'avez fait injure. Rejetez à jamais une idée sacrilège. L'établissement d'une monarchie serait le plus grand malheur qui pût affliger notre nation. Admettre un chef se perpétuant au pouvoir et le transmettant à son fils est contre nature. L'autorité ne doit être que temporairement déléguée; et rien n'est héréditaire, hors la vie et la liberté-».La Constitution adoptée, cette Constitution dont il disait : « Nous avons jeté une semence de liberté et d'union qui germera peu à peu dans toute la terre. Un jour, sur le modèle des États-Unis d'Amérique, se constitueront les États-Unis d'Europe »,George Washington fut nommé à l'unanimité président des États-Unis (avril 1789) et réélu une seconde fois en 1793. Naturellement, il n'échappa pas à l'impopularité. La foule est versatile, elle se lasse des gloires consacrées. Couvert d'injures à propos de la conclusion du traité de commerce entre l'Angleterre et l'Amérique (1795), il commença par accueillir philosophiquement cette saute de vent : « C'est accréditer l'outrage qu'en faire cas », disait-il. Mais les campagnes de presse deviennent si violentes qu'il finit par s'indigner : « Je n'imaginais pas qu'il fût possible que, quand j'usais mes dernières forces pour établir une politique nationale et pour préserver le pays des horreurs de la guerre, tous les actes de mon administration fussent torturés, défigurés de la manière la plus grossière et la plus perfide, et dans des termes si exagérés, si indécents qu'ils conviendraient à peine à un Néron, à un malfaiteur notoire, ou même à un misérable filou ».Aussi à l'expiration de sa magistrature, refusa-t-il absolument le renouvellement de son mandat. « On ne me déterminera pas à rester encore au pouvoir. M'y perpétuer ainsi ce serait créer un précédent favorable au retour de la monarchie. »On sait que son exemple a fait loi en Amérique. George Washington déposa donc ses pouvoirs le 4 mars 1797, et se retira à Mount Vernon. Il y goûta pleinement les joies de la vie de famille. On le tira de son repos en juillet 1798, les dissentiments entre la France et l'Amérique laissaient entrevoir la perspective d'une guerre. Il accepta la lieutenance genérale des armées, et se mit à organiser fébrilement la défense nationale. La rupture à peine écartée, il mourait des suites d'un refroidissement. Ses obsèques furent très modestes, comme il en avait témoigné le désir. Le Congrès ordonna pour la nation un deuil de trente jours. En France, Bonaparte fit célébrer une cérémonie aux Invalides. - Mort de George Washington. Depuis, on a élevé à George Washington de nombreux monuments en Amérique, dont les plus remarquables sont la colossale statue du Parc du Capitole à Washington, la statue équestre de Richemond, celle de Boston, celle de l'Union Square à New York, celle de Philadelphie. Sa correspondance et ses papiers officiels ont été publiés par Jared Sparks : The writings of George Washington (Boston, 1834-37, 12 vol. in-8) et traduits en partie en français par Guizot (Vie, correspondance et écrits de Washington, Paris, 1839-40, 6 vol. in-8), en allemand par E. Van Raumer (Leipzig, 1839, 2 vol.). (R. S.). |
. |
|
| |||||||||||||||||||||||||||||||
|