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Charles De Gaulle

Charles De Gaulle est militaire et homme d'Etat français, né à Lille le 22 novembre 1890, au sein d'une famille catholique et patriote, profondément marquée par l'histoire de France et les valeurs morales. Son père, Henri De Gaulle, est professeur de lettres et anime dans sa maison un milieu intellectuel stimulant pour ses enfants. Charles grandit dans cet environnement cultivé, nourri par la lecture des classiques, l'histoire militaire et un sens aigu du devoir. Dès son jeune âge, il manifeste un intérêt marqué pour la chose militaire, influencé par les récits de son grand-père maternel, officier. Sa vocation militaire se précise rapidement et il prépare activement le concours d'entrée à l'École Spéciale Militaire de Saint-Cyr.

En 1912, il intègre Saint-Cyr, oĂą il se distingue par son intelligence, sa stature imposante et son caractère indĂ©pendant et volontaire. Il en sort en 1914, classĂ© 13e sur 221 Ă©lèves, et choisit de servir dans l'infanterie, au 33e rĂ©giment d'infanterie d'Arras, commandĂ© par le colonel Philippe PĂ©tain. La Première Guerre mondiale Ă©clate quelques semaines plus tard. De Gaulle est immĂ©diatement engagĂ© dans les combats. Il est blessĂ© Ă  plusieurs reprises, notamment en aoĂ»t 1914 et en mars 1915. En mars 1916, lors de la bataille de Verdun, il est fait prisonnier par les Allemands après avoir Ă©tĂ© blessĂ© et laissĂ© pour mort. Durant sa captivitĂ©, il tente Ă  plusieurs reprises de s'Ă©vader, sans succès. 

Après l'armistice de 1918, il est libéré et reprend sa carrière militaire. Il sert dans différentes garnisons et participe à des missions, notamment en Pologne en 1919-1921, où il contribue à l'instruction de l'armée polonaise. Il poursuit sa formation militaire à l'École Supérieure de Guerre, dont il sort diplômé en 1924. De Gaulle se distingue par sa pensée originale et critique, remettant en question les doctrines militaires françaises de l'époque, qu'il juge trop statiques et inadaptées aux évolutions technologiques, notamment l'essor de l'aviation et des blindés.

Durant les années 1920 et 1930, De Gaulle développe ses théories sur la nécessité d'une armée de métier, mobile et mécanisée, capable de mener des actions rapides et en profondeur. Il critique la doctrine de la ligne Maginot, qu'il considère comme une illusion de sécurité et une entrave à la mobilité et à l'offensive. Il expose ses idées dans plusieurs ouvrages, notamment La Discorde chez l'ennemi (1924), Le Fil de l'épée (1932) et surtout Vers l'armée de métier (1934). Ce dernier ouvrage, dans lequel il plaide pour une armée professionnelle, mécanisée et offensive, suscite de vives controverses au sein de l'état-major français, majoritairement attaché à la doctrine de la défense statique et de l'armée de masse.

Malgré le soutien de quelques personnalités influentes comme Paul Reynaud, les idées de De Gaulle rencontrent peu d'écho auprès des décideurs militaires et politiques de l'époque. Il est perçu comme un officier brillant mais iconoclaste, trop en avance sur son temps et peu enclin aux compromissions. Il est affecté à des postes secondaires et sa carrière militaire progresse lentement. Il continue cependant à défendre ses conceptions et à alerter sur la menace allemande et la nécessité de moderniser l'armée française.

Au début de la Seconde Guerre mondiale, en septembre 1939, de Gaulle est colonel et commande les chars de la 5e armée. En mai 1940, lors de l'offensive allemande, il se distingue à la tête de la 4e Division Cuirassée de Réserve (DCR) par ses contre-attaques énergiques et temporairement efficaces, notamment à Montcornet. Ces succès tactiques, bien que limités face à la puissance de l'offensive allemande, mettent en lumière ses qualités de chef de guerre et la pertinence de ses conceptions sur l'emploi des blindés.

Le 17 mai 1940, Paul Reynaud, devenu Président du Conseil, nomme De Gaulle général de brigade à titre temporaire et le fait entrer dans son gouvernement comme sous-secrétaire d'État à la Guerre et à la Défense nationale. Dans ce contexte de crise aiguë, De Gaulle se montre déterminé et lucide sur la gravité de la situation. Il s'oppose à la politique d'armistice prônée par le maréchal Pétain et une partie du gouvernement. Face à l'avancée inexorable des troupes allemandes et à la décision du gouvernement de demander l'armistice, de Gaulle prend la décision historique de quitter la France pour Londres le 17 juin 1940. Le lendemain, 18 juin 1940, il lance depuis les studios de la BBC son célèbre appel à la résistance, marquant le début de son engagement pour la libération de la France et le point de départ de son rôle majeur dans l'histoire du XXe siècle.

Depuis Londres, le général de Gaulle représente l'espoir d'une France Libre face à l'occupation allemande. Après l'appel du 18 juin 1940, il organise la France Libre, une structure politique et militaire visant à poursuivre la lutte contre l'Axe. Ces années de guerre sont marquées par des efforts constants pour obtenir la reconnaissance des Alliés, notamment des États-Unis et du Royaume-Uni, et pour unifier la résistance intérieure et extérieure. De Gaulle s'affirme comme le chef légitime de la France combattante, malgré les tensions et les rivalités avec d'autres figures françaises et les réticences initiales des puissances alliées. Il s'installe à Alger en 1943 après la libération de l'Afrique du Nord et y établit le Comité Français de Libération Nationale (CFLN), qui deviendra le Gouvernement Provisoire de la République Française (GPRF) en 1944. La Libération est l'aboutissement de ces années de lutte. De Gaulle rentra triomphalement à Paris en août 1944 et le GPRF s'installe comme gouvernement légitime de la France libérée. Il oeuvra à la restauration de l'autorité de l'État, à la mise en place d'institutions provisoires et à la préparation du retour à la démocratie.

Après la guerre, de Gaulle, chef du GPRF, met en place des réformes importantes et supervise la rédaction d'une nouvelle constitution. Cependant, il démissionne en janvier 1946, en désaccord avec le système politique de la Quatrième République qu'il juge trop faible et trop instable, caractérisé par un régime d'assemblée. Commence alors une période que l'on appelle parfois la traversée du désert. Il fonde le Rassemblement du Peuple Français (RPF) en 1947, un mouvement politique qui vise à promouvoir ses idées sur la réforme de l'État et une politique d'indépendance nationale. Le RPF connaît un certain succès initial, mais s'essouffle progressivement et De Gaulle se retire à Colombey-les-Deux-Églises (Haute-Marne), tout en restant une figure politique majeure et un recours potentiel en cas de crise.

La crise algérienne, à partir de 1954, va progressivement ramener De Gaulle sur le devant de la scène. Face à l'instabilité politique et aux divisions profondes provoquées par cette guerre, et alors que la Quatrième République semble incapable de résoudre la situation, un appel est lancé à De Gaulle. Dans le contexte de la crise de mai 1958, il accepte de revenir au pouvoir à condition de réformer les institutions. Il est investi Président du Conseil en juin 1958 et met en place la Cinquième République, dont il est le principal architecte. La nouvelle constitution, approuvée par référendum, renforce considérablement le pouvoir exécutif et notamment celui du Président de la République. De Gaulle est élu Président de la République en décembre 1958.

La question algérienne reste prioritaire. De Gaulle évolue progressivement vers la solution de l'indépendance de l'Algérie, malgré l'opposition d'une partie de l'armée et des pieds-noirs. Les accords d'Évian sont signés en 1962, mettant fin à la guerre d'Algérie et ouvrant la voie à l'indépendance. Durant les années 1960, De Gaulle met en oeuvre une politique de grandeur de la France et d'indépendance nationale. Il développe la force de frappe nucléaire française, retire la France du commandement intégré de l'OTAN, et mène une politique étrangère marquée par une certaine distance vis-à-vis des États-Unis et une volonté de construire une Europe indépendante. Il promeut également une politique de modernisation économique et sociale, avec notamment la "participation".

Mai 68 marque une pĂ©riode de contestation sociale et Ă©tudiante importante. De Gaulle, d'abord dĂ©stabilisĂ©, reprend la main en prononçant un discours Ă  la radio et en organisant une dissolution de l'AssemblĂ©e Nationale. Les Ă©lections lĂ©gislatives qui suivent donnent une large victoire Ă  la majoritĂ© gaulliste. Cependant, en 1969, de Gaulle propose un rĂ©fĂ©rendum sur la rĂ©gionalisation et la rĂ©forme du SĂ©nat, qu'il considère comme un vote de confiance. Le "non" l'emporte et, conformĂ©ment Ă  ses engagements, il dĂ©missionne de la PrĂ©sidence de la RĂ©publique en avril 1969. Il se retire Ă  Colombey-les-Deux-Églises oĂą il commence Ă  rĂ©diger ses MĂ©moires d'Espoir Il dĂ©cède soudainement le 9 novembre 1970, laissant derrière lui une Ĺoeuvre politique considĂ©rable et une empreinte profonde sur l'histoire de la France.

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Dictionnaire biographique
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