.
-

Histoire Comique des États
et Empires de la Lune et du Soleil
Savinien Cyrano de Bergerac, 1662 

Chapitre 6

Cyrano 
Me voilà donc dégagé pour la troisième fois, et lors le plus ancien prit la parole et plaida contre moi. Je ne me souviens pas de sa harangue, à cause que j'étais trop épouvanté pour recevoir les espèces de sa voix sans désordre, et parce qu'aussi il s'était servi pour déclamer d'un instrument dont le bruit m'étourdissait : c'était une trompette qu'il avait tout exprès choisie, afin que la violence de ce son martial échauffât leurs esprits à ma mort, et afin d'empêcher par cette émotion que le raisonnement ne pût faire son office, comme il arrive dans nos armées, où le tintamarre des trompettes et des tambours empêche le soldat de réfléchir sur l'importance de sa vie.

Quand il eut dit, je me levai pour défendre ma cause, mais j'en fus délivré par une aventure qui vous va surprendre. Comme j'avais la bouche ouverte, un homme qui avait eu grande difficulté à traverser la foule, vint choir aux pieds du Roi, et se traîna longtemps sur le dos en sa présence. Cette façon de faire ne me surprit pas, car je savais que c'était la posture où ils se mettaient quand ils voulaient discourir en public. Je rengainai seulement ma harangue, et voici celle que nous eûmes de lui : 

 
« Justes, écoutez-moi! vous ne sauriez condamner cet homme, ce singe, ou ce perroquet, pour avoir dit que la Lune est un monde d'où il venait; car s'il est homme, quand même il ne serait pas venu de la lune, puisque tout homme est libre, ne lui est-il pas libre aussi de s'imaginer ce qu'il voudra ?
Quoi? pouvez-vous le contraindre à n'avoir pas vos visions? Vous le forcerez bien à dire que la Lune n'est pas un monde, mais il ne le croira pas pourtant; car pour croire quelque chose, il faut qu'il se présente à son imagination certaines possibilités plus grandes au oui qu'au non; à moins que vous ne lui fournissiez ce vraisemblable, ou qu'il ne vienne de soi-même s'offrir à son esprit il vous dira bien qu'il croit, mais il ne le croira pas pour cela [1]
J'ai maintenant à vous prouver qu'il ne doit pas être condamné, si vous le posez dans les catégories des bêtes. 
Car, supposé qu'il soit animal sans raison, en n'auriez-vous vous-mêmes de l'accuser d'avoir péché contre elle? Il a dit que la Lune était un monde; or, les bêtes n'agissent que par instinct de nature; donc c'est la nature qui le dit, et non pas lui. De croire que cette savante nature qui a fait le monde et la lune ne sache ce que c'est elle-même, et que vous autres qui n'avez de connaissance que ce que vous en tenez d'elle, le sachiez plus certainement, cela serait bien ridicule. Mais quand même la passion vous ferait renoncer à vos principes, et que vous supposeriez que la nature ne guidât pas les bêtes, rougissez à tout le moins des inquiétudes que vous causent les caprices d'une bête. En vérité, Messieurs, si vous rencontriez un homme d'âge mûr qui veillât à la police d'une fourmilière, pour tantôt donner un soufflet à la fourmi qui aurait fait choir sa compagne, tantôt à en emprisonner une qui aurait dérobé à sa voisine un grain de blé, tantôt mettre en justice une autre qui aurait abandonné ses oeufs, ne l'estimeriez-vous insensé de vaquer à des choses trop au-dessous de lui, et de prétendre assujettir à la raison des animaux qui n'en ont pas l'usage?
Comment donc, vénérables pontifes, appellerez vous l'intérêt que vous prenez aux caprices de ce petit animal? Justes, j'ai dit. »
Dès qu'il eut achevé, une sorte de musique d'applaudissements fit retentir toute la salle, et après que toutes les opinions eurent été débattues un gros quart d'heure, le roi prononça : 
[1] "Et cependant elle tourne!" avait dit à voix basse
en se relevant Galilée, contraint de rétracter à genoux et publiquement la prétendue erreur du mouvement de la Terre. Selon toute évidence, il est fait allusion ici à ce mot du célèbre astronome; toujours est-il que ce plaidoyer, où il est déclaré que "tout homme est libre et peut s'imaginer ce qu'il voudra", est une violente critique de cette formalité dite amende honorable, qui était si souvent obtenue par la crainte des tourments, et qui prouvait si peu la sincérité de la rétractation.
« Que dorénavant je serais censé homme, comme tel mis en liberté, et que la punition d'être noyé serait modifiée, en une amende honteuse (car il n'en est point, en ce pays-là, d'honorable), dans laquelle amende je me dédirais publiquement d'avoir soutenu que la lune était un monde, à cause du scandale que la nouveauté de cette opinion aurait pu apporter dans l'âme des faibles. »
Cet arrêt prononcé, on m'enlève hors du palais, on m'habille par ignominie fort magnifiquement; on me porte sur la tribune d'un magnifique chariot; et traîné que je fus par quatre princes qu'on avait attachés au joug, voici ce qu'ils m'obligèrent de prononcer aux carrefours de la ville : 
« Peuple, je vous déclare que cette lune-ci n'est pas une lune, mais un monde; et que ce monde là-bas n'est pas un monde, mais une Lune. Tel est ce que le Conseil trouvent bon que vous croyiez. »
Après que j'eus crié la même chose aux cinq grandes places de la cité, j'aperçus mon avocat qui me tendait la main pour m'aider à descendre. Je fus bien étonné de reconnaître, quand je l'eus envisagé, que c'était mon démon. Nous fûmes une heure à nous embrasser.
 « Et venez-vous-en chez moi, me dit-il; car de retourner en Cour après une amende honteuse, vous n'y seriez pas vu de bon oeil. Au reste, il faut que je vous dise que vous seriez encore parmi les singes, aussi bien que l'Espagnol votre compagnon, si je n'eusse publié dans les compagnies la vigueur et la force de votre esprit, et brigué contre vos ennemis, en votre faveur, la protection des grands. »
La fin de mes remerciements nous vit entrer chez lui: il m'entretint, jusqu'au repas, des ressorts qu'il avait fait jouer pour obliger mes ennemis, malgré tous les plus spécieux scrupules dont ils avaient embabouiné le peuple, à se déporter d'une poursuite si injuste. Mais, comme on nous eut avertis qu'on avait servi, il me dit qu'il avait, pour me tenir compagnie, ce soir-là, prié deux professeurs d'académie de cette ville de venir manger avec nous.
« Je les ferai tomber, ajouta-t-il, sur la philosophie qu'ils enseignent en ce monde-ci, et, par même moyen, vous verrez le fils de mon hôte. C'est un jeune homme autant plein d'esprit que j'en aie jamais rencontré; ce serait un second Socrate, s'il pouvait régler ses lumières et ne point étouffer dans le vice les grâces dont Dieu continuellement le visite, et ne plus affecter le libertinage [2], comme il fait, par une chimérique ostentation et une affectation de s'acquérir la réputation d'homme d'esprit. Je me suis logé céans pour épier les occasions de l'instruire. »
Il se tut, comme pour me laisser à mon tour la liberté de discourir; puis, il fit signe qu'on me dévêtit des honteux ornements dont,j'étais encore tout brillant.
[2] Le mot libertinage s'entendait alors dans le sens d'impiété. 
Les deux professeurs que nous attendions entrèrent presque aussitôt.
Le moment du repas étant venu, nous nous étendîmes sur des matelas fort mollets, couverts de grands tapis; et un jeune serviteur, ayant pris le plus vieux de nos philosophes, le conduisit dans une petite salle séparée, d'où mon démon lui cria de nous venir trouver sitôt qu'il aurait mangé.

Cette fantaisie de manger à part me donna la curiosité d'en demander la cause.

« Il ne goûte point, me dit-il, d'odeur de viande, ni même des herbes, si elles ne sont mortes d'elles-mêmes, à cause qu'il les pense capables de douleur.
- Je ne suis pas si surpris, répliquai-je, qu'il s'abstienne de la chair et de foules choses qui ont en vie sensitive; car, en notre monde, les pythagoriciens et même quelques saints anachorètes ont usé de ce régime; mais de n'oser, par exemple, couper un chou, de peur de le blesser, cela me semble tout à fait ridicule.

- Et moi, répondit mon démon, je trouve beaucoup d'apparence (de raison) en son opinion [3]. Car, dites-moi, ce chou dont vous parlez n'est-il pas comme vous un être existant de la nature? Ne l'avez-vous pas tous deux pour mère également? Encore semble-t-il qu'elle ait pourvu plus nécessairement à celle du végétant que du raisonnable, puisqu'il est rare que l'homme compte jamais plus d'une vingtaine d'enfants, au lieu que d'un chou il en pourra naître au moins quatre cent mille, tant les graines de cette plante sont nombreuses. De dire que la nature a pour tant plus aimé l'homme que le chou, c'est que nous nous chatouillons, pour nous faire rire [4]; étant incapable de passion, elle ne saurait ni bâtir ni aimer personne; et, si elle était susceptible d'amour, elle aurait plutôt des tendresses pour ce chou que vous tenez, qui ne saurait l'offenser, que pour cet homme qui voudrait la détruire, s'il le pouvait. Ajoutez à cela que l'homme ne saurait naître sans crime, étant une partie du premier criminel; mais nous savons fort bien que le premier chou n'offensa pas son Créateur. Si on dit que nous sommes faits à l'image du premier Être, et non pas le chou : quand il serait vrai, nous avons, en souillant notre âme, par où nous lui ressemblons, effacé cette ressemblance, puisqu'il n'y a rien de plus contraire à Dieu que le péché. Si donc notre âme n'est plus son portrait, nous ne lui ressemblons pas plus par les pieds, par les mains, par la bouche par le front et par les oreilles que ce chou par ses feuilles, par ses fleurs, par sa tige, par son trognon et par sa tête. Ne croyez-vous pas, en vérité, si cette pauvre plante pouvait parler, quand on la coupe, qu'elle ne dit : 

« Homme, mon cher frère, que t'ai-je fait qui mérite la mort? Je ne crois que dans les jardins, et l'on ne me trouve jamais en lieu sauvage [5], où je vivrais en sûreté; je dédaigne toutes les autres sociétés, hormis la tienne; et, à peine suis-je semé dans ton jardin que, pour te témoigner ma complaisance, je ni épanouis, je te tends les bras, je t'offre mes enfants en graine, et, pour récompense de ma courtoisie, tu me fais trancher la tête! »
Voilà le discours que  tiendrait ce chou s'il pouvait s'exprimer. Hé quoi! à cause qu'il ne saurait se plaindre, est-ce à dire que nous pouvons justement lui faire tout le mal qu'il ne saurait empêcher? Si je trouve un misérable lié, puis-je sans crime le tuer, à cause qu'il ne peut se défendre? Au contraire, sa faiblesse aggraverait ma cruauté; car, combien que cette misérable créature soit pauvre et dénuée de tous nos avantages, elle ne mérite pas la mort. Quoi! de tous les biens de l'être, elle n'a que celui de rejeter, et nous le lui arrachons. Le péché de massacrer un homme n'est pas si grand, parce qu'un jour il revivra, que de couper un chou et lui ôter la vie, à lui qui n'en a point d'autre à espérer. Vous anéantissez la chou en le faisant mourir; mais, en tuant un homme, vous ne faites que changer son domicile; et je dis bien plus, puisque Dieu chérit également ses ouvrages, et qu'il a partagé ses bienfaits également entre nous et les plantes, qu' il est très juste de les considérer également comme nous. Il est vrai que nous naquîmes les premiers; mais, dans la famille de Dieu, il n'y a point de droit d'aînesse; si donc les choux n'eurent point de part avec nous du fief de l'immortalité, ils furent sans doute avantagés de quelque autre qui, par sa grandeur, récompensa sa brièveté c'est peut-être un intellect universel, une connaissance parfaite de toutes les choses dans leurs causes; et c'est aussi pour cela que ce sage Moteur ne leur a point taillé d'organes semblables aux nôtres, qui n'ont qu'un simple raisonnement faible et souvent trompeur, mais d'autres plus ingénieusement travaillés, plus forts et plus nombreux, qui servent à l'opération de leurs spéculatifs entretiens. Vous me demanderez peut-être ce qu'ils nous ont jamais communiqué de ces grandes pensées. Mais dites-moi, que nous ont jamais enseigné certains êtres que nous admettons au-dessus de nous, avec lesquels nous n'avons aucun rapport ni proportion, et dont nous comprenons l'existence aussi difficilement que l'intelligence et les façons avec lesquelles un chou est capable de s'exprimer à ses semblables, et non pas à nous, à cause que nos sens sont trop faibles pour pénétrer jusque-là?
[3] La philosophie épicurienne et gassendiste admettant la diffusion d'une âme universelle, il s'ensuit que les végétaux doivent être considérés comme des êtres réellement animés. Ce poétique raisonnement a depuis rallié beaucoup de partisans.

[4] Expression empruntée à Rabelais.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

[5] Les botanistes   ne sont pas encore absolument certains de connaître la plante sauvage dont le culture a fait le chou des jardins.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

Moïse, le plus grand de tous les philosophes, et qui puisait la connaissance de la nature dans la source de la nature même, signifiait cette vérité, lorsqu'il parlait de l'arbre de science, et il voulait sans doute nous enseigner, sous cette énigme, que les plantes possèdent, privativement à nous, la philosophie parfaite. Souvenez-vous donc, ô de tous les animaux le plus superbe! qu'encore qu'un chou que vous coupez ne dise mot, il n'en pense pas moins. Mais le pauvre végétant n'a pas des organes propres à hurler comme vous; il n'en a pas pour frétiller ni pour pleurer; il en a, toutefois, par lesquels il se plaint du tort que vous lui faites et par lesquels il attire sur vous la vengeance du ciel. Que si enfin vous insistez à me demander comment je sais que les choux ont ces belles pensées, je vous demande comment vous savez qu'ils ne les ont point, et que tel d'entre eux, à votre imitation, ne dise pas le soir, en s'enfermant : 
«Je suis, monsieur le Chou Frisé, votre très humble serviteur Chou Cabus. »
Il en était là de son discours, quand le jeune garçon qui avait emmené notre philosophe le ramena. 
« Et quoi! déjà dîné?. » lui cria mon démon.
Il répondit que oui, à l'issue (dessert) près, d'autant que le physionome lui avait permis de tâter de la nôtre.

Le jeune hôte n'attendit pas que je lui demandasse l'explication de ce mystère: « Je vois bien, dit-il, que celte façon de vivre vous étonne. Sachez donc, quoiqu'en votre monde on gouverne la santé plus négligemment, que le régime de celui-ci n'est pas à mépriser.

« Dans toutes les maisons il y a un physionome, entretenu du public, qui est à peu près ce qu'on appellerait chez vous un médecin, hormis qu'il n'y gouverne que les sains, et qu'il ne juge des diverses façons dont il nous fait traiter que par la proportion, figure et symétrie de nos membres, par les linéaments du visage, le coloris de la chair, la délicatesse du cuir, l'agilité de la masse, le son de la voix, la teinture, la force et la dureté du poil. N'avez-vous pas tantôt pris garde à un homme, de taille assez courte, qui vous a considéré? C'était le physionome de céans. Assurez-vous que, selon qu'il a reconnu votre complexion, il a diversifié l'exhalaison de votre dîner. Regardez combien le matelas où l'on vous a fait coucher est éloigné de nos lits; sans doute qu'il vous a jugé d'un tempérament bien éloigné du nôtre, puisqu'il a craint que l'odeur qui s'évapore de ces petits robinets sous notre nez ne s'épandit jusqu'à vous ou que la vôtre ne fumât jusqu'à nous. Vous le verrez, ce soir, qui choisira les fleurs pour votre lit avec la même circonspection. »
Pendant tout ce discours, je faisais signe à mon hôte qu'il tâchât d'obliger les philosophes à tomber sur quelque chapitre de la science qu'ils professaient; il m'était trop ami pour n'en pas faire naître aussitôt l'occasion; c'est pourquoi je ne vous dirai point ni les discours ni les prières qui firent l'ambassade de ce traité; aussi bien, la nuance du ridicule au sérieux fut trop imperceptible pour pouvoir être imitée. Tant y a, lecteur, que le dernier venu de ces docteurs, après plusieurs autres choses, continua ainsi :
« II me reste à prouver qu'il y a des mondes infinis dans un monde infini. Représentez-vous donc l'univers comme un animal; que les étoiles, qui sont des mondes, sont dans ce grand animal, comme d'autres grands animaux, qui servent réciproquement de mondes à d'autres peuples, tels que nous, nos chevaux, etc., et que nous, à notre tour, sommes aussi des mondes à l'égard de certains animaux encore plus petits sans comparaison que nous, comme sont certains vers, des poux, des cirons; que ceux-ci sont la terre d'autres plus imperceptibles; qu'ainsi, de même que nous paraissons chacun en particulier un grand monde ù ce petit peuple, peut-être que notre chair, notre sang, nos esprits ne sont autre chose qu'une tissure de petits animaux qui s'entretiennent, nous prêtent mouvement par le leur, et, se laissant aveuglément conduire à notre volonté, qui leur sert de cocher, nous conduisent nous-mêmes et produisent tous ensemble cette action que nous appelons la vie. Car, dites-moi, je vous prie, est-il malaisé à croire qu'un pou prenne votre corps pour un monde, et que, quand quelqu'un d'eux voyage depuis l'une de vos oreilles jusqu'à l'autre, ses compagnons disent qu'il a voyagé aux deux bouts de la terre ou qu'il a couru de l'un à l'autre pôle? Oui, sans doute, ce petit peuple prend votre poil pour les forêts de son pays, les pores pleins de sueur pour des fontaines, les bubes pour des lacs et des étangs, etc.; et, quand vous vous peignez en devant et en arrière, ils prennent cette agitation pour le flux et le reflux de l'Océan. La démangeaison ne prouve-t-elle pas mon dire? Le ciron qui la produit, est-ce autre chose qu'un de ces petits animaux qui s'est dépris de la société civile pour s'établir tyran de son pays? Si vous me demandez d'où vient qu'ils sont plus grands que ces autres imperceptibles, je vous demande pourquoi les éléphants sont plus grands que nous et les Hibernais que les Espagnols.... »
Il acheva.

Le second philosophe s'aperçut que nos yeux assemblés sur les siens l'exhortaient de parler à son tour. 

« Hommes, dit-il, vous voyant curieux d'apprendre à ce petit animal notre semblable quelque chose de la science que nous professons, je dicte maintenant un traité que je serais bien aise de lui produire, à cause des lumières qu'il donne à l'intelligence de notre physique, c'est l'explication de l'origine Éternelle du monde. Mais, comme je suis empressé de faire travailler à mes soufflets (car demain sans remise la ville part), vous pardonnerez au temps, avec promesse toutefois qu'aussitôt qu'elle sera arrivée où elle doit aller, je vous satisferai. »
Je le priai de me dire ce qu'il entendait parce voyage de la ville; et si les maisons et les murailles cheminaient. Il me répondit : 
«Entre nos villes, cher étranger, il y en a de mobiles et de sédentaires; les mobiles, comme par exemple celle où nous sommes maintenant, sont faites comme je vais vous dire. L'architecte construit chaque palais, ainsi que vous voyez, d'un bois fort léger; il pratique dessous quatre roues; dans l'épaisseur de l'un des murs, il place dix gros soufflets, dont les tuyaux passent, d'une ligne horizontale, à travers le dernier, étage, de l'un à l'autre pignon, en sorte que, quand on veut traîner les villes autre part (car on les change d'air à toutes les saisons [6]), chacun déplie sur l'ondes côtés de son logis quantité de larges voiles au-devant des soufflets; puis, ayant bandé un ressort pour les faire jouer, leurs maisons, en moins de huit jours, avec les bouffées continuelles que vomissent ces monstres à vent, sont emportées, si on veut, à plus de cent lieues. Quant à celles que nous appelons sédentaires, les logis en sont presque semblables à vos tours, hormis qu'ils sont de bois, et qu'ils sont percés au centre d'une grosse et forte vis, qui règne de la cave jusqu'au toit, pour les pouvoir hausser et baisser à discrétion.
Or, la terre est creusée aussi profond que l'édifice est élevé, et le tout est construit de cette sorte, afin qu'aussitôt que les gelées commencent à morfondre le ciel, ils puissent descendre leurs maisons en terre, où ils se tiennent à l'abri des intempéries de l'air. Mais, sitôt que les douces haleines du printemps viennent à le radoucir, ils remontent au jour, par le moyen de leur grosse vis, dont je vous ai parlé. »
[6] Dans le Songe, Kepler imagine aussi que les habitants de la Lune sont contraints au nomadisme et à l'enfouissement temporaire sous le sol pour des raisons climatiques.
Je le priai, puisqu'il avait déjà eu tant de bonté pour moi, et que la ville partait le lendemain, de me dire quelque chose de cette origine éternelle du monde, dont il m'avait parlé quelque temps auparavant : 
« Et je vous promets; lui dis-je, qu'on récompense, sitôt que je serai de retour dans ma Lune, dont mon gouverneur (je lui montrai mon démon) vous témoignera que je suis venu, j'y sèmerai votre gloire, en y racontant les belles choses quo vous m'aurez dites. Je vois bien que vous riez de celle promesse, pause que vous ne croyez pas que la Lune dont je vous parle soit un monde, et que j'en suis un habitant; mais je vous puis assurer aussi que les peuples de ce monde-là, qui ne prennent celui-ci que pour une Lune, se moqueront de moi, quand je dirai que votre Lune est un monde, et qu'il y a des campagnes avec des habitants. »
Il ne me répondit que par un souris, et parla ainsi : 
« Puisque nous sommes contraints, quand nous voulons recourir à l'origine de ce grand Tout, d'encourir trois ou quatre absurdités, il est bien raisonnable de prendre le chemin qui nous fait le moins broncher. Je dis donc que le premier obstacle qui nous arrête, c'est l'éternité du monde; et l'esprit des hommes n'étant pas assez fort pour la concevoir, et ne pouvant non plus s'imaginer que ce grand univers, si beau, si bien réglé, pût s'être fait soi-même, ils ont eu recours à la création; mais, semblable à celui qui s'enfoncerait dans la rivière, de peur d'être mouillé de la pluie, ils se sauvent, des bras nains, à la miséricorde d'un géant; encore, ne s'en sauvent-ils pas; car cette. éternité, qu'ils ôtent au monde pour ne l'avoir pu comprendre, ils la donnent à Dieu, comme s'il avait besoin de ce présent, et comme s'il était plus aisé de l'imaginer dans l'un que dans l'autre. Car, dites-moi, je vous prie, a-t-on jamais conçu comment de rien il se peut faire quelque  chose? Hélas! entre rien et un atome seulement il y a des proportions tellement infinies que la cervelle la plus aiguë n'y saurait pénétrer; il faudra, pour échapper à ce labyrinthe inexplicable, que vous admettiez une matière éternelle avec Dieu. Mais, me direz-vous, quand,je vous accorderais la matière éternelle, comment ce chaos est-il arrangé de soi-même? Ah! je vous le vais expliquer [6].
Il faut, ô petit animal! après avoir séparé mentalement chaque petit corps visible en une infinité de petits corps invisibles, s'imaginer que l'univers infini n'est composé d'autre chose que de ces atomes infinis, très solides des, très incorruptibles et très simples, dont les uns sont cubiques, les autres parallélogrammes, d'aubes angulaires, d'autres ronds, d'autres pointus, d'autres pyramidaux, d'autres hexagones, d'autres ovales, qui tous agissent diversement chacun selon sa figure. Et qu'ainsi ne soit, posez une boule d'ivoire ronde sur un lieu fort uni à la moindre impression que vous lui donnerez, elle sera un demi-quart d'heure sans s'arrêter. Or, j'ajoute que, si elle était aussi parfaitement ronde que le sont quelques-uns de ces atomes dont je parle, et la surface où elle serait posée, parfaitement unie, elle ne s'arrêterait jamais. Si donc l'art est capable d'incliner un corps au mouvement perpétuel, pourquoi ne croirons-nous pas que la nature le puisse faire?
[6] Dans le discours qui suit unit  le philosophe lunaire ne fait qu'exposer, d'après le poème de Lucrèce  d'abord,  la théorie de la constitution  atomique de l'univers imaginée par Epicure, avec  les modifications introduites  par Gassendi
Il en est de même des autres figures, desquelles l'une, comme carrée, demande le repos perpétuel, d'autres un mouvement de côté, d'autres un demi-mouvement comme de trépidation; et la ronde, dont l'être est de se remuer, venant à se joindre à la pyramidale, fait peut-être ce que nous appelons feu, parce que non seulement le feu s'agite sans se reposer, mais perce et pénètre facilement. Le feu a, outre cela, des effets différents, selon l'ouverture et la qualité des angles où la figure ronde se joint, comme par exemple le feu du poivre est autre chose que le feu du sucre, le feu du sucre que celui de la cannelle, celui de la cannelle que celui du clou de girofle, et celui-ci que le feu du fagot: Or, le feu, qui est le constructeur des parties et du tout de l'univers, a poussé et ramassé  dans un chêne la quantité des figures nécessaires à composer ce chêne. Mais, me direz-vous, comment le hasard peut-il avoir ramassé en un lieu toutes les choses nécessaires à produire ce chêne? Je vous réponds que ce n'est pas merveille que la matière, ainsi disposée, ait formé un chêne; mais que la merveille eût été plus grande, si, la matière ainsi disposée, le chêne n'eût pas été produit; un peu moins de certaines figures, c'eût été un orme, un peuplier, un saule; un peu plus de certaines figures, c'eût été la plante sensitive, une huître à l'écaille, un ver, une mouche, une grenouille, un moineau, un singe, un homme. Quand, ayant jeté trois dés sur une table, il arrive rafle de deux ou bien de trois, quatre et cinq, on bien six et un, direz-vous:
« O le grand miracle! A chaque dé il est arrivé le même point, tant d'autres points pouvant arriver! Ô le grand  miracle! il est arrivé trois points qui se suivent. Ô grand miracle !  il est arrivé justement deux fiches et le dessous de l'autre fiche! » 
Je suis assuré que, étant homme d'esprit, vous ne ferez jamais ces exclamations : car, puisqu'il n'y a sur les dés qu'une certaine quantité de nombres, il est impossible qu'il n'en arrive quelqu'un.
Et, après cela, vous vous étonnez comment cette matière, brouillée pêle-mêle au gré du hasard, peut avoir constitué un homme, vu qu'il y avait tant de choses nécessaires à la construction de son être. Vous ne savez donc pas qu'un million de fois cette matière s'acheminant au dessein d'un homme, s'est arrêtée à former tantôt une pierre, tantôt du plomb, tantôt du corail, tantôt une fleur, tantôt une comète, et tout cela à cause du plus ou du moins de certaines figures qu'il fallait, ou qu'il ne fallait pas, pour former un homme? Si bien que ce n'est pas merveille qu'entre une infinité de matières qui changent et se remuent incessamment, elle ait rencontré à faire le peu d'animaux, de végétaux, de minéraux que nous voyons; non plus que ce n'est pas merveille qu'en cent coups de dés il arrive une rafle; aussi bien est-il impossible que de ce remuement il ne se fasse quelque chose, et cette chose sera toujours admirée d'un étourdi qui ne saura pas combien peu s'en est fallu qu'elle n'ait pas été faite.
Quand la grande rivière de   fait moudre un moulin, conduit les ressorts d'une horloge [7], et que petit ruisseau de  ne fait que couler et se dérober quelquefois, vous ne dires pas que cette rivière a bien de l'esprit, parce que vous savez qu'elle a rencontré les choses disposées à faire tous ces beaux chefs-d'oeuvre; car, si son moulin ne se fût pas trouvé dans son cours, elle n'aurait pas pulvérisé le froment; si elle n'eût point rencontré l'horloge, elle n'aurait pas marqué les heures; et, si le petit ruisseau dont j'ai parlé avait eu la même rencontre, il aurait fait les mêmes miracles. Il en va tout ainsi de ce feu qui se meut de soi-même, car, ayant trouvé les organes propres à l'agitation nécessaire pour raisonner, il a raisonné; quand il en a trouvé de propres seulement à sentir, il a senti; quand il en a trouvé de propres à végéter, il a végété; et qu'ainsi ne soit, qu'on crève les yeux de cet homme que le feu de cette âme, fait voir, il cessera de voir, de même que notre grande horloge cessera de marquer les heures si l'on en brise le mouvement.

[7] On se servait encore en certains pays d'horloges à eau ou clepsydres.
Enfin, ces premiers et indivisibles atomes font un cercle, sur qui roulent sans difficulté les difficultés les plus embarrassantes de la physique; il n'est pas jusqu'à l'opération des sens que personne n'a pu encore bien concevoir, que je n'explique fort aisément par les petits corps. commençons par la vue: elle mérite, comme la plus incompréhensible, notre premier début.
Elle se fait donc, à ce que je m'imagine, quand les tuniques de l'oeil, dont les pertuis sont semblables à ceux du verre, transmettent cette poussière de feu qu'en appelle rayons visuels, et qu'elle est arrêtée par quel que matière opaque qui le fait rejaillir chez soi; car, alors, rencontrant en chemin l'image de l'objet qui l'a repoussée, et celte image n'étant qu'un nombre infini de petits corps qui s'exhalent continuellement, en égale superficie, du sujet regardé, elle la pousse jusqu'à notre oeil. Vous ne manquerez pas de m'objecter que le verre est un corps opaque et fort serré, et que cependant, au lieu de rechasser ces autres petits corps, il s'en laisse pénétrer? Mais je vous réponds que ces pores du verre sont taillés de même figure que ces atomes de feu qui le traversent, et que, comme un crible à froment n'est pas propre à l'avoine ni un crible à l'avoine à cribler du froment, ainsi une boîte de sapin, quoique mince et qu'elle laisse pénétrer les sons, n'est pas pénétrable à la vue; et une pièce de cristal, quoique transparente, qui se laisse percer à la vue, n'est pas pénétrable au toucher. »
Je ne pus là m'empêcher de l'interrompre. 
« Un grand poète [8] et philosophe de notre monde, lui dis-je, a parlé après Epicure, et lui après Démocrite, de ces petits corps, presque comme vous; c'est pourquoi vous ne me surprenez point par ce discours; et je vous prie, en le continuant, de me dire comment, par ces principes, vous expliqueriez la façon de vous peindre dans un miroir.
[8] Lucrèce.
- Il est fort aisé, me répliqua-t-il; car figurez-vous que ces feux de votre oeil ayant traversé la glace, et rencontrant derrière un corps non diaphane qui les rejette, ils repassent par où ils étaient venus; et, trouvant ces petits corps cheminant en superficies égales sur le miroir, ils les rappellent à nos yeux; et notre imagination, plus chaude que les autres facultés de notre âme, en attire le plus subtil, dont elle fait chez soi un portrait en raccourci.
L'opération de l'ouïe n'est pas plus malaisée à concevoir, et, pour être plus succinct, considérons-la seulement dans l'harmonie d'un luth touché par les mains d'un maître de l'art. Vous me demanderez comment il se peut faire que j'aperçoive si loin de moi une chose que je ne vois point? Est-ce qu'il sort de mes oreilles une éponge qui boit celle musique pour me la rapporter? ou ce joueur engendre-t-il dans ma tête un autre petit joueur avec un petit luth, qui ait ordre de me chanter comme un écho les mêmes airs? Non; mais ce miracle procède de ce que la corde tirée venant à frapper. de petits corps dont l'air est composé, elle le chasse dans mon cerveau, le perçant doucement avec ces petits riens corporels; et, selon que la corde est bandée, le son est haut, à cause qu'elle pousse les atomes plus vigoureusement; et l'organe, ainsi pénétré, en fournit à la fantaisie de quoi faire son tableau; si trop peu, il arrive que, notre mémoire n'ayant pas encore achevé son image, nous sommes contraints de lui répéter le même son, afin que, des matériaux que lui fournissent, par exemple, les mesures d'une sarabande, elle en prenne assez pour achever le portrait de cette sarabande. Mais cette opération n'a  rien de si merveilleux que les autres, par lesquelles, à l'aide du même organe, nous sommes émus tantôt à la joie, tantôt à la colère.  Et cela se fait lorsque, dans ce mouvement, ce petit corps en rencontre d'autres, en nous remués de même façon, ou que leur propre figure rend susceptibles du même ébranlement; car alors les nouveaux venus excitent leurs hôtes à se remuer comme eux; et, de cette façon, lorsqu'un air violent rencontre le feu de notre sang, il le fait incliner au même branle, et il l'anime à se pousser dehors: c'est ce que nous appelons ardeur de courage.
Si le son est plus doux, et qu'il n'ait la force de soulever qu'une moindre flamme plus ébranlée, en la promenant le long des nerfs, des membranes et des pertuis de notre chair, elle excite ce chatouillement qu'on appelle joie. II en arrive ainsi de l'ébullition des autres passions, selon que ces petits corps sont jetés plus ou moins violemment sur nous, selon le mouvement qu'ils reçoivent par la rencontre d'autres branles, et selon qu'ils trouvent à remuer chez nous; c'est quant à l'ouïe.
La démonstration du toucher n'est pas maintenant plus difficile, en concevant que de toute matière palpable il se fait une émission perpétuelle de petits corps, et qu'à mesure que nous la touchons, il s'en évapore davantage, parce que nous les épreignons du sujet même, comme l'eau d'une éponge, quand nous la pressons. Les durs viennent faire à l'organe le rapport de leur solidité; les souples, de leur mollesse; les raboteux, etc. Et qu'ainsi ne soit, nous ne sommes plus si fins à discerner par l'attouchement avec des mains usées de travail à cause de l'épaisseur du cal, qui pour n'être ni poreux, ni animé, ne transmet que fort malaisément ces fumées de la matière. Quelqu'un désirera d'apprendre où l'organe de toucher tient son siège? Pour moi, je pense qu'il est répandu dans toutes les superficies de la masse, vu qu'il sent dans toutes ses parties. Je m'imagine, toutefois, que plus nous tâtons par un membre proche de la tête, et plus vite nous distinguons; ce qui se peut expérimenter, quand, les yeux clos, nous patinons quelque chose, car nous la devinons plus facilement; et si, au contraire, nous la tâtions du pied, nous aurions plus de peine à la connaître. Cela provient de ce que, notre peau étant partout criblée de petits trous, nos nerfs, dont la matière n'est pas plus serrée, perdent en chemin beaucoup de ces petits atomes par les menus pertuis de leur contexture, avant que d'être arrivés jusqu'au cerveau, qui est le terme de leur voyage. II me reste à parler de l'odorat et du goût.
Dites-moi, lorsque je goûte un fruit, n'est-ce pas à cause de la chaleur de la bouche qu'il fond? Avouez-moi donc que, y ayant dans une poire des sels, et que la dissolution les partageant en petits corps d'autre figure que ceux qui composent la saveur d'une pomme, il faut qu'ils percent notre palais d'une manière bien différente, tout ainsi que l'escarre, enfoncée par le fer d'une pique qui me traverse, n'est pas semblable à ce que me fait souffrir en sursaut la balle d'un pistolet, et de même que la balle de ce pistolet m'imprime une autre douleur que celle d'un carreau d'acier.
De l'odorat, je n'ai rien à dire, puisque les philosophes mêmes confessent qu'il se fait par une émission continuelle de petits corps.
Je m'en vais, sur ce principe, vous expliquer la création, l'harmonie et l'influence des globes célestes avec l'immuable variété des météores [9].-»
Il allait continuer, mais le vieil hôte entra là-dessus, qui fit songer notre philosophe à la retraite. II apportait des cristaux pleins de vers luisants, pour éclairer la salle; mais, comme ces petits feux-insectes perdent beaucoup de leur éclat, quand ils ne sont pas nouvellement amassés, ceux-ci, vieux de dix jours, n'éclairaient presque point. Mon démon n'attendit pas que la compagnie en fût incommodée; il monta dans son cabinet, et en redescendit aussitôt avec deux boules de feu si brillantes que chacun s'étonna comment il ne se brûlait point les doigts. 
« Ces flambeaux incombustibles, dit-il, nous serviront mieux que vos pelotons de vers. Ce sont des rayons du Soleil, que j'ai purgés de leur chaleur [10]; autrement, les qualités corrosives de son feu auraient blessé votre vue en l'éblouissant. J'en ai fixé la lumière, et l'ai renfermée dans ces boules transparentes que je tiens. Cela ne vous doit pas fournir un grand sujet d'admiration, car il ne m'est pas plus difficile à moi, qui suis né dans le Soleil; de condenser ses rayons, qui sont la poussière de ce monde-là, qu'à vous d'amasser de la poussière ou des atomes, qui sont de la terre pulvérisée de celui-ci. »


Là-dessus, notre hôte envoya un valet conduire les philosophes, parce qu'il était nuit, avec une douzaine de globes à vers pendus à ses quatre pieds. Pour nous autres (savoir : mon précepteur et moi), nous nous couchâmes, par l'ordre du physionome.

Il  me mit cette fois-là dans une chambre de violettes et de lis, et m'envoya chatouiller à l'ordinaire.

[9] Avons-nous besoin de faire remarquer que, si ingénieuses qu'elles puissent paraître, les théories atomiques énoncées pue l'orateur d'après les enseignements épicuriens et gassendistes ne soutiendraient que très imparfaitement le contrôle de la science actuelle, - qui toutefois en a vérifié et gardé plus d'un principe.

[10] Les électriciens ont vulgarisé de nos jours la production d'un phénomène analogue. Muller veut parler de l'éclairage électrique, mais ce passage fait aussi penser à ce que fera Swift un peu plus tard, dans son Voyage de Gulliver à Laputa, où il nous décrira à l'académie de Lagado un savant occupé à extraire des rayons de Soleil de ses concombres...

.


Dictionnaire Le monde des textes
A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z
[Aide][Recherche sur Internet]

© Serge Jodra, 2004. - Reproduction interdite.