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Les
îles qui constituent aujourd'hui Tuvalu ont été peuplées au
premier millénaire après de notre ère par des voyageurs venus des îles
Samoa ou des îles Tonga. Tuvalu ensuite fourni un tremplin à diverses
populations polynésiennes installées plus tard en Mélanésie et en Micronésie.
Ces populations pratiquaient l'agriculture de subsistance, principalement
la culture du taro et la pêche, pour assurer leur survie dans un environnement
pauvre en ressources. La vie était organisée autour de clans, avec des
chefs locaux. La structure sociale était similaire à celle des autres
sociétés polynésiennes, caractérisée notamment par une gestion collective
des terres et des ressources.
Le premier Européen
à visiter Tuvalu fut Álvaro de Mendaña, qui
passa par les îles en 1568 lors d'une expédition à la recherche de terres
riches en ressources dans le Pacifique. Mendaña nomma l'archipel les Îles
de la Lagune. Tuvalu a ensuite été visité par une série de navires
américains, britanniques, néerlandais et russes. Les îles ont été
nommées les îles Ellice en 1819 par Peyster. Elles ont été explorées
par Wilkes en 1840 et ont exploitées ensuite
par une compagnie allemande. Les baleiniers, des marchands et des navires
de passage commencèrent aussi à visiter Tuvalu plus régulièrement.
Le commerce avec ces étrangers apporta des outils en métal, des tissus
et d'autres marchandises européennes qui modifia progressivement la vie
quotidienne des habitants. Les missionnaires chrétiens, principalement
de la London Missionary Society (LMS), arrivèrent dans les années 1860.
A peu près au même moment, plusieurs centaines de Tuvaluans ont été
kidnappés par des trafiquants d'esclaves prétendant être des missionnaires
et envoyés travailler dans des plantations du Pérou et d'Hawaï.
Le Royaume-Uni
a déclaré un protectorat sur les îles Ellice en 1892 et l'a fusionné
avec les îles Micronésiennes Gilbert (auj. rattachées au Kiribati).
Le protectorat des îles Gilbert et Ellice est devenu une colonie en 1916.
L'administration coloniale était centrée sur les îles Gilbert, et les
îles Ellice étaient souvent reléguées au second plan. Cependant, les
Britanniques instaurèrent certaines infrastructures de base, comme les
écoles et les systèmes de gouvernance locaux, tout en encourageant la
mission chrétienne. Pendant la Seconde
Guerre mondiale, Tuvalu eut une importance stratégique mineure, servant
de base de ravitaillement pour les forces alliées. Les atolls furent utilisés
par les Américains pour soutenir leurs
opérations dans le Pacifique contre les Japonais,
ce qui introduisit des technologies et des infrastructures temporaires,
comme des pistes d'atterrissage. En 1943, après que le Japon se soit emparé
de nombreuses îles Gilbert du nord, le Royaume-Uni a transféré dans
le Sud, à Funafuti, l'administration de
la colonie. Après la guerre,
Tarawa
dans les îles Gilbert est redevenue la capitale de la colonie et le centre
du pouvoir se trouve alors clairement dans les îles Gilbert, où l'on
trouve aussi la seule école secondaire de la colonie.
Dans les années
1950 et 1960, les habitants des îles Ellice commencèrent à réclamer
une plus grande autonomie. Ils se sentaient souvent négligés par l'administration
coloniale basée dans les îles Gilbert, et des tensions ethniques commencèrent
à se manifester entre les Polynésiens de Tuvalu et les Micronésiens
des îles Gilbert. En 1974, un référendum fut organisé pour déterminer
si les îles Ellice devaient se séparer des îles Gilbert. La majorité
des Tuvaluans votèrent en faveur de la séparation. En 1975, les îles
Ellice devinrent une colonie séparée sous le nom de Tuvalu (un
nom qui signifie « groupe de huit », en référence aux huit des neuf
atolls habités), tandis que les îles Gilbert devinrent Kiribati. Tuvalu
obtint une autonomie interne, ce qui permit aux autorités locales de prendre
en charge les affaires domestiques, bien que la Grande-Bretagne restât
responsable des affaires étrangères et de la défense.
Le 1er
octobre 1978, Tuvalu devint officiellement un État indépendant au sein
du Commonwealth britannique. Sir Toaripi Lauti devint le premier Premier
ministre du pays. Cette indépendance fut pacifique et soutenue par le
Royaume-Uni, qui continua d'apporter une aide au jeune État insulaire.
En 1979, les États-Unis renoncèrent à leurs revendications sur les îles
tuvaluanes et signèrent un traité d'amitié.
Dans les années
1980, Tuvalu s'est concentré sur la consolidation de ses institutions
politiques et la gestion de son développement économique, tout en maintenant
des relations étroites avec ses partenaires internationaux, notamment
le Royaume-Uni, la Nouvelle-Zélande
et l'Australie. Tuvalu a dû faire face
à une économie vulnérable en raison de son isolement géographique,
de son faible marché intérieur (moins de 10.000 habitants), et de l'absence
de ressources naturelles significatives. L'agriculture est limitée à
des cultures de subsistance comme le taro et les cocotiers, et la pêche
constitue une autre source de subsistance. Le pays dépend ainsi fortement
de l'aide étrangère pour soutenir son budget national. Le Tuvalu Trust
Fund a été créé en 1987 pour assurer un avenir économique à long
terme au pays. Des accords de pêche avec des pays étrangers, notamment
des pays asiatiques, ont aussi été signés afin de générer des revenus
à partir de sa vaste zone économique exclusive (ZEE), bien plus grande
que ses terres émergées.
Les années 1990
ont vu une relative stabilité politique, avec des transitions démocratiques
pacifiques entre les gouvernements. Le pays a mis en place un système
parlementaire unicaméral où les représentants des îles forment le Parlement
de Tuvalu. Bien que Tuvalu ait connu quelques changements de leadership,
il n'a pas été marqué par de graves crises politiques. En 1998, Tuvalu
a rejoint l'ONU (Organisation des Nations unies),
renforçant sa reconnaissance internationale et lui donnant une plateforme
pour défendre ses intérêts dans les discussions globales. L'un des développements
les plus significatifs pour Tuvalu depuis 2000 est l'intensification de
ses efforts pour attirer l'attention mondiale sur les effets du changement
climatique, qui menace directement son existence en raison de l'élévation
du niveau de la mer. En tant que membre de la communauté internationale,
le pays a activement participé aux conférences de l'ONU sur le climat
(COP) et a plaidé pour des actions immédiates et drastiques afin de limiter
le réchauffement climatique.
Tuvalu a par ailleurs
commencé à envisager des stratégies d'adaptation, notamment une éventuelle
migration climatique. Des accords ont été signés avec la Nouvelle-Zélande,
permettant à un certain nombre de ses citoyens de s'installer dans ce
pays. Le programme de migration pour raisons environnementales offre une
solution partielle, mais le gouvernement de Tuvalu insiste sur le fait
que la priorité reste la protection de son territoire et la lutte contre
le changement climatique. Des efforts sont également faits pour protéger
les îles contre les effets de l'érosion et des inondations, par exemple
par la construction de digues, l'amélioration des infrastructures, et
l'utilisation de techniques d'agriculture résistantes au sel. Des efforts
qui restents limités par les ressources financières du pays.
En 2000, le Tuvalu
a négocié, pour un montant de 50 millions de dollars, un contrat de location
de l'extension du nom de domaine internet en « .tv » (TV comme télévision...)
lui permettant son exploitation pour une période de 12 ans. Le contrat
a été renouvelé en 2011 pour une durée de dix ans.
Ajoutons que Tuvalu
fait partie des rares pays qui reconnaissent diplomatiquement Taïwan,
ce qui lui vaut un soutien financier et technique important de la part
de Taipei. Cette reconnaissance s'inscrit dans un cadre où de nombreux
pays du Pacifique Sud sont courtisés à la fois par Taïwan et la Chine
continentale. |
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